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19 février 2021 5 19 /02 /février /2021 05:07

 

 

Je suis plus que fatigué par l’utilisation intempestive des mots « décryptage » et « décrypter » par les neuneux des médias dominants.

 

Lorsque l’on utilise un terme de manière surabondante (en ce moment, chez les djeuns’, c’est « genre ») ou fausse, il y a un problème, une entourloupe, une manœuvre. Que cela soit conscient ou pas importe peu.

 

Le dictionnaire Robert nous dit que décrypter c’est « traduire des messages chiffrés dont on ne possède pas la clé. Restituer le sens d’un texte obscur. »

 

La traduction d’un message chiffré implique que l’on casse un code qui a permis l’élaboration de ce message. On a tous en mémoire la célèbre machine allemande Enigma durant la Seconde Guerre mondiale, réputée inviolable mais qui, grâce à Alan Turing entre autres, fut retournée contre les Allemands.

 

Le sens littéral a facilement débouché sur un sens figuré : « restituer le sens d’un texte obscur ». Lorsqu’on se plonge dans la lecture d’un auteur ardu du style Schopenhauer (« genre ») il est parfois indispensable d’avoir affaire à une glose, simplificatrice ou pas, qui nous aide à déchiffrer, à éclaircir, bref à comprendre une pensée, une écriture peut-être déroutante au premier abord.

 

Nous ne connaissons pas ce genre de difficulté lorsque nous avons affaire aux neuneux moyens – ou même supérieurs – des médias qui prétendent nous aider à appréhender le sens de la parole dominante.

 

Ce « décryptage » dénote la complicité entre gens des médias et gens de la politique. Ils sortent du même moule (Sciences-po pour les plus en vue) et leur but n’est pas d’informer mais de produire de la communication. Or si informer c’est aller vers l’autre, lui donner quelque chose, l’enrichir, communiquer c’est aller de soi à soi dans une démarche autotélique. Lorsqu’un journaliste annonce qu’il va décrypter le discours du Premier ministre, cela sous-tend forcément un racisme de classe ou culturel.

Décryptage
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commentaires

A
C’est vrai que nos ‘’ analystes’ sont implicitement condescendants et par conséquent méprisants. Ils ne s’en rendent pas compte. Ils sont bien, tranquilles dans leurs petites et grosses certitudes. <br /> Non, parce que franchement il ne sert à rien d’essayer de mettre de l’épaisseur dans des interventions qui sont souvent d’une telle débilité stratosphérique. <br /> Maintenant il risque d’avoir de grosses pertes d’emploi dans les chefferies des médias si jamais on se passait de ces inutiles.<br /> Eux qui voient tout à travers le prisme de l’efficacité quelle est la valeur ajoutée des commentaires d’une N. Saint-Criq ou d’un J. M. Apathie.<br /> A moins que chargés de la docilité du troupeau ils veillent à la sélection des sujets et à leur conformité.<br /> Je signale pour ceux qui ne le sauraient pas une émission sur Orwell sur le site de Là bas si j’y suis avec ce préambule de Mermet :<br /> <br /> George Orwell et les travers de porc ont ceci en commun qu’on peut les accommoder à toutes les sauces. Le Figaro, Marianne, L’Expansion, Causeur, Valeurs actuelles, chacun sa petite recette. Entre un numéro sur « le spectre islamiste » et un autre nous apprenant « comment la CGT ruine la France », le magazine Le Point nous aguiche avec, en couverture : « Orwell, le penseur qui va vous libérer [1] ». Jusque dans l’indispensable Journal de Béziers, le maire de la ville, le souriant Robert Ménard, qui se réclame de l’auteur de Mille neuf cent quatre-vingt-quatre. Sans parler d’un très souverainiste « comité Orwell », requalifié « orwellien » suite à la protestation des ayants droits.<br /> Si chacun tire la couverture à soi et dénonce les impostures des autres, toutes ces nuances de droite partagent une même certitude : Orwell se disait de gauche, en fait il était de droite mais il était obligé de le cacher. Orwell à toutes les sauces, mais surtout contre la gauche.<br /> Pourtant, dès juin 1949, lorsque paraît Mille neuf cent quatre-vingt-quatre, Orwell s’était donné avant de mourir la peine de préciser : « mon roman n’a pas été conçu comme une attaque contre le socialisme ou contre le parti travailliste britannique (dont je suis un sympathisant) mais comme une dénonciation des perversions auxquelles une économie centralisée peut être sujette (…) ». « Cette tendance s’enracine dans les fondations politiques sociales et économiques de la situation mondiale contemporaine » et réside dans « l’acceptation d’une manière de voir totalitaire par les intellectuels de toutes les couleurs (…). L’action du livre se déroule en Grande-Bretagne pour souligner que les peuples de langue anglaise ne sont pas par nature meilleurs que les autres, et que le totalitarisme, S’IL N’EST PAS COMBATTU, pourrait triompher partout. [2] »<br /> <br /> Mais rien n’y fait.
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G
Sur Orwell, bien sûr d'accord.