Claude Désirat

Notre très cher ami Claude Désirat est décédé le 14 octobre 2022 à Tours à l’âge de 92 ans. Il avait vaincu une septicémie foudroyante mais son corps a décompensé. Il s’est éteint sans souffrir.

Claude était un éminent linguiste, un fou des mots, auteur de dictionnaires, comme celui (rédigé en collaboration avec Émile Genouvrier et Tristan Hordé) que l’Académie française avait couronné en 1978.

Pour Nathalie et moi, Claude, c’était d’abord un ami sûr et généreux, toujours jeune, doué d’une ouverture d’esprit qui ne s’est jamais démentie, un homme de convictions rare, comme il n’en existe pratiquement plus dans l’Université.

Claude était le fils de Charles Désirat, une des grandes figures du Secours populaire français et du Parti communiste auquel il avait adhéré après les manifestations du 6 février 1934. Résistant, il fut torturé, puis déporté en 1943 à Sachsenhausen où il organisa la résistance dans le camp.

Par une belle ironie, Claude nous a quittés à la veille d’importants mouvements sociaux avec lesquels il n’aurait pas manqué d’exprimer son entière solidarité.

Que de souvenirs en commun ! Bien sûr, les repas à la Poltrie et à Tours où Claude s’avérait un subtil maître-queux. Mais soyons politiques ! Notre souvenir le plus mémorable restera peut-être, alors que nous étions chez nous rue des Balais, l’annonce de la victoire du “ Non ” au référendum de 2005 où nous nous embrassâmes tous les quatre de concert.

Nathalie et moi, aidés de notre beau-frère, artisan en bâtiment capable de repérer le moindre petit défaut en un clin d’œil, avions accompagné Clau et Do dans des pérégrinations pour moi sans fin à la recherche d’un nouvel appartement à Tours. Très motivé, Claude nous avait épuisés dans cette quête. Le résultat, pour lequel nous n’avons finalement été pour rien, en valait tout de même la peine.

Nous n’oublierons pas que Claude – et Dominique, bien sûr – furent toujours présents pour nos filles Raphaëlle et Rébecca. Concernant Raphaëlle, oserais-je évoquer une visite des Désirat à Toulouse, durant laquelle Claude en avait profité pour nous présenter son petit-fils Luc qui résidait en cette ville avec sa mère ? Claude et moi avions pensé, in petto, que le charmant bambin et Raphaëlle, âgés de huit et dix ans, s’étaient beaucoup plu. Mais les histoires d’amour finissent mal, en général.

Sauf celle de Claude et Dominique. Avec Dominique, Claude forma un couple bien connu du tout-Tours intellectuel et cinéphile. Un couple très amoureux, pendant un demi-siècle. On ne disait pas « Claude et Dominique » mais « Clau et Do ». On continuera pendant longtemps à dire « Clau et Do ».

Photos : avec Do, son grand amour et, facétieux, avec Raphaëlle en 2014.