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1 décembre 2022 4 01 /12 /décembre /2022 06:01

Que l’on soit un boy de la Banque Rothschild ou pas, lorsqu’il s’agit de constituer un gouvernement, en particulier si l’on ne dispose pas de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, on doit ratisser large. En nommant Caroline Cayeux ministre, le boy a puisé dans le vivier de la droite la plus dure et y a trouvé une milliardaire. Et aussi, pour des raisons sur lesquelles je ne m’étendrai pas, une vieille femme (elle a mon âge !). La Renaissance en marche, quoi…

 

Avant d’atterrir au gouvernement, Caroline Cayeux avait été maire de Beauvais (la ville de la rebelle Jeanne Hachette), conseillère, régionale, sénatrice, présidente de la Fédération des villes de France et de l’Agence nationale de la cohésion des territoires.

 

Un mot sur la fondation de cette agence. Voulue par le boy de Rothschild (pour le bien de tous les Français, cela va de soi), elle a été pensée par le cabinet EY, connu sous son ancien nom Ernst & Young et associés, cabinet d’audit financier et de conseil d’origine anglaise. Membre du Big Four, ce cabinet était en 2020 le troisième réseau mondial en termes de chiffre d’affaires. D’après Wikipédia, il a été impliqué dans une copieuse liste de scandales comptables et financiers. Il s’est par ailleurs fait remarquer par ses conditions de travail : horaires déments, salaires faibles, rotation du personnel importante, harcèlement, condamnations aux prud’hommes. McKinsey, pas toute seul dans la sphère d’influence préféré du boy.

 

Madame Cayeux avait pris sa carte au RPR après la victoire de la gauche en 1981. En 1988, elle devient secrétaire départemental par intérim du RPR de l’Oise après le départ de Jean-François Mancel. Tout un programme, ce Mancel ! Président de l’Association des amis de l’Azerbaïdjan, adepte de la « diplomatie du caviar ». On lui reproche en 1997 d’avoir rempli ses caddies au supermarché avec l’argent du contribuable. Il rembourse partiellement et l’affaire est classée. En 2002, la Cour de cassation le condamne pour conflit d’intérêts (président du conseil général, il fait attribuer des marchés à une de ses sociétés) à 18 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende.

 

Caroline Cayeux a donc été nommée ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales dans le gouvernement Borne le 4 juillet 2022. Elle a dû démissionner le 28 novembre, soupçonnée par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique d’« évaluation mensongère » dans sa déclaration de patrimoine et de « fraude fiscale ». Elle aurait donc menti et, en trichant dans sa déclaration d’impôt, volé les Français. Pour ne parler que de son patrimoine immobilier – on n’a pas eu accès au reste pour l’instant – elle l’a estimé à 3 millions 900 000 euros. La Haute autorité l’a évaluée au double de cette somme. Nous sommes loin d’un simple différend technique.

 

Soyons juste : Madame Cayeux sut faire preuve de rigueur. Ainsi, alors qu’elle était maire de Beauvais depuis trois ans, elle écarta son premier adjoint en 2004 à la suite de fausses déclarations d’heures supplémentaires pour un agent de la ville.

 

Il ne s’agit pas d’accabler les bourgeois systématiquement, mais il faut bien dire que beaucoup de ceux qui appartiennent à cette classe s’imaginent en êtres différents, supérieurs. Ce n’est donc pas la faute de Caroline Fournier si elle est née dans le XVIe arrondissement, de Pierre Fournier, directeur d’un grand laboratoire pharmaceutique, président de l’Ordre national des pharmaciens de 1979 à 1987, et d’une mère héritière du constructeur automobile Panhard.

 

En 1969, à l’âge de 21 ans, jeune enseignante, elle est nommée chargée de mission au cabinet d’Yvon Bourges (de la droite pompidolienne dure), secrétaire d’État aux Affaires étrangères puis ministre du Commerce et de l’artisanat. Á la mort de son père, elle est administratrice de plusieurs sociétés financières du groupe Didot-Bottin (dictionnaire Vidal, fauteuils de spectacles, alcools de fruit, casinos). Elle siège aux côtés de Philippe Marini, influent homme politique de la droite de droite. En 2013, celui-ci marquera son opposition aux lois relatives à la transparence de la vie publique, affirmant qu’elles engendrent « un climat de suspicion permanente autour des élus ». Sans trembler, la Haute autorité estimera en 2014 que Philippe Marini avait sous-évalué son patrimoine immobilier, notamment un immeuble dans le Ve arrondissement de Paris.

 

Il est, cela dit, un aspect de la personnalité de cette éminence de la République qu’on ne saurait passer sous silence. On oubliera rapidement le fait – qui a dû plaire au boy – qu’en tant que sénatrice elle avait proposé des amendements visant à élargir les droits des chasseurs (c’est par pur hasard qu’elle est propriétaire de forêts en Sologne où, selon son entourage, « elle travaille ses réseaux en y organisant des parties de chasse »). Plus intéressant selon moi, car nous ne sommes plus dans le matériel, elle a affirmé en novembre 2012 son opposition au mariage pour les homosexuels. Elle le qualifie de « dessin contre nature » et de « caprice ». Elle ajoute – en s’enfonçant – à l’occasion d’un entretien pour la chaîne Public Sénat : « J’ai beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là et, franchement, c’est un mauvais procès qu’on me fait et ça m’a beaucoup contrariée ». La communauté homosexuelle, et tous ceux pour qui les mots ont un sens, dénoncent l'expression « ces gens-là », ce qui n’empêche pas Caroline Cayeux d’enfoncer le clou en citant la philosophe Chantal Delsol (qui se définit comme une anticommuniste primaire) : « Avec cette excellente philosophe, je pense que l’exigence du mariage homosexuel et l’adoption des enfants qui va avec, n’est pas un simple dessin qui va contre la nature. C’est plus grave parce qu’on ne débat pas sur la question des limites : tout ce que je veux, et tout de suite, et qu’elles qu’en soient plus tard les conséquences ». Une plainte sera déposée après une réaction outrée de tout un aréopage de personnalités, et classée.

 

Est-il nécessaire de relever que Caroline Cayeux est chevalier de la Légion d’honneur, officier dans l’Ordre national du mérite et dans l’Ordre des arts et des lettres ?

 

Pour nous résumer, immense et douteuse fortune, accointances nauséabondes, idées rétrogrades.

 

 

PS qui n’a rien à voir, ou plutôt qui a tout à voir (Le Blog d’El Diablo) :

Le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, mis en examen pour «prise illégale d'intérêt» en septembre dernier, est soupçonné d'avoir «participé» en tant que haut fonctionnaire, entre 2009 et 2016, à des décisions relatives à l'armateur MSC (italo-suisse MSC, (second au monde en tonnage), lié à sa famille, selon des éléments de son interrogatoire révélés ce 29 novembre.

D'après ces éléments, les magistrats instructeurs lui reprochent d’avoir «participé», entre 2009 et 2012, en tant qu'administrateur à huit délibérations des instances dirigeantes de STX France (aujourd’hui Chantiers de l’Atlantique) et du Grand port maritime du Havre (GPMH), tous deux liés à MSC. 

Ils soulignent ensuite qu'entre 2012 et 2016 à Bercy, aux cabinets de Pierre Moscovici puis d'Emmanuel Macron, il a notamment «persisté [...] à émettre des avis ou donner des orientations stratégiques ayant trait» à des dossiers impliquant MSC. Or, la mère d’Alexis Kohler est cousine de Rafaëla Aponte, épouse du fondateur du groupe Gianluigi Aponte, un lien familial «simple» mais au «5e degré», «éloigné», s’est défendu l’intéressé devant les juges. 

Le numéro 2 de l'Elysée en examen pour «prise illégale d'intérêt» et «trafic d’influence passif»

L'affaire est née après la parution d'articles de Mediapart en mai 2018. Une information judiciaire a été ouverte en juin 2020. A ce jour, il y a eu au moins 50 auditions et dix perquisitions. 

Devant les magistrats, le secrétaire général de l’Elysée a assuré d’emblée n’avoir «jamais considéré être en situation de conflit d’intérêts». Mais de manière paradoxale, il a martelé avoir tout fait, «dès novembre 2008», pour se trouver loin du dossier MSC. 

Il explique n’avoir participé à aucune décision concernant le groupe, à l’époque STX-GPMH ; avoir averti sa hiérarchie de ses liens familiaux ; avoir demandé à quitter son mandat d’administrateur de STX ; enfin, avoir exprimé dans ses votes en conseil d’administration la position de l’Etat plutôt que la sienne. 

Lorsqu'il était à Bercy, Alexis Kohler assure avoir organisé un déport du dossier MSC «informel», avec Pierre Moscovici (2012-2014) puis via «une lettre» avec Emmanuel Macron (2014-2016). Les magistrats indiquent n’avoir retrouvé «aucun écrit ou note de l’Agence des participations de l’Etat, du Trésor ou du ministère faisant état du lien familial avec la famille Aponte» ou organisant cette mise à l’écart du dossier MSC entre 2010 et 2016. 

A l’issue des 15 heures d’interrogatoire, Alexis Kohler concède un «débat sur [son] degré de formalisme» pour avertir de son déport des dossiers MSC, mais se dit cependant «choqué et indigné» de la «mise en cause» de son «intégrité». Il est mis en examen pour «prise illégale d'intérêt», et témoin assisté pour «trafic d’influence passif». 

Sollicités ce 29 novembre par l’AFP, son avocat n'a pas souhaité réagir alors que l'Elysée a affirmé «ne pas pouvoir commenter une enquête en cours». «On peut se féliciter que la justice avance et fasse son travail, même s'il est dommage que cela prenne autant de temps», a répondu de son côté l'avocat d'Anticor, Maître Jean-Baptiste Soufron.

 

 

Caroline Cayeux : une personne trouble
Caroline Cayeux : une personne trouble
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commentaires

A
Il n'est pas mal non plus "le numéro 1 de la place de l’Alma, son immeuble haussmanien d’environ 500 m2, sur six étages, situé à deux pas de la tour Eiffel et de la sortie de métro Alma-Marceau à Paris."https://www.courrier-picard.fr/id365122/article/2022-11-29/demission-de-caroline-cayeux-un-immeuble-dans-le-xvie-paris-poserait-probleme<br /> On va nous dire que c'est rien que de la jalouseté.<br /> Mais pour moi le pire, le sommet, l'immoralité définitive, l' insulte faite à la République, aux français, à la justice c'est  le système Rothschild dont a bénéficié Macron dans l'affaire Nestlé et qui permet aux associés & gérants de délocaliser une partie de leurs rémunérations à Jersey ou à l’Île-de-Man », des dépendances de la couronne britannique qui sont, comme nous le savons, des paradis fiscaux opaques.<br /> Certains évaluent cette somme ainsi détournée dans cette affaire par Macron entre 5 à 10 millions.<br /> Dire que personne en parle serait faux et injuste.<br /> Là où il y a injustice et scandale c'est le silence de la HATVP à son sujet, l'acceptation de sa déclaration de patrimoine des candidats à la présidentielle qui le place presqu' au niveau de Poutou. <br /> Et pour couronner le tout c'est l' omerta respectée par les médias télé et radio qui devraient pilonner le sujet. Décidément nous sommes devenus une république bananière dans laquelle un président vole le fisc et où les institutions couvrent le délit.
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