Boy de Rothschild, énucléeur et désormais affameur !
Remplir son assiette tous les jours. Un défi pour de nombreux Français, surtout depuis la crise du Covid19 . C’est ce que souligne un sondage Ipsos/Secours Populaire sur la précarité en France révélé ce jeudi. Car la crise sanitaire a accéléré la précarisation des plus fragiles et fait basculer dans la pauvreté ceux qui étaient sur le fil.
Nicolas Champion, directeur départemental du Secours populaire, analyse pour 20 Minutes les difficultés croissantes d’une partie de la population pour se nourrit suffisamment et correctement.
La crise sanitaire a-t-elle entraîné une augmentation des difficultés à se nourrir chez certains Français ?
D’après notre sondage, oui. 30 % des Français déclarent avoir de plus en plus de difficultés pour avoir une alimentation saine leur permettant de faire 3 repas par jour. Un résultat qui a bondi de 7 points depuis 2020. Par ailleurs, 27 % des Français disent devoir restreindre leur quantité de nourriture, 37 % revoir à la baisse la qualité de leurs repas et 20 % devoir sauter des repas. Et ce pour des raisons financières. Ce qui signifie que les Français sacrifient de plus en plus ce poste de dépenses. Leur priorité est de garder un semblant de sécurité, donc un toit sur leur tête. Ils paient d’abord leur loyer , quitte à restreindre leur budget nourriture.
Ces restrictions alimentaires semblent toucher des publics très divers…
La crise a fait basculer dans la pauvreté les personnes qui occupaient des petits boulots, les étudiants, les entrepreneurs qui ont déposé le bilan… D’ailleurs, 55 % des Français interrogés dans notre sondage disent connaître quelqu’un de précaire, ce qui prouve que la pauvreté peut toucher tout le monde. Parmi les personnes qui sautent un repas pour des raisons financières, 34 % ont moins de 35 ans, 32 % sont employées et 39 % appartiennent à un foyer dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1.200 euros. La reprise de septembre n’est pas là pour tout le monde. Et l’alimentation est redevenue un sujet de premier plan avec cette crise.
Toujours selon le sondage, 42 % des parents se privent parfois de nourriture pour offrir de bonnes conditions de vie à leurs enfants. Comment expliquer ce chiffre énorme ?
Ce chiffre monte même à 62 % chez les parents vivants sous le seuil de pauvreté. Ils font tout pour cacher à leurs enfants leur situation financière.
Pourtant, les associations caritatives ont multiplié les distributions alimentaires depuis le premier confinement. Ces personnes n’en bénéficient-elles pas ?
Les associations ont en effet développé les distributions alimentaires sur les campus , dans les campagnes… Ce qui nous a permis de toucher davantage de monde, car depuis le début de l’épidémie de coronavirus, le nombre de bénéficiaires a augmenté de 45 %. Mais force est de constater que beaucoup de gens qui auraient besoin qu’on les aide ne nous sollicitent pas. Car ils ont honte de devoir le faire. D’autant plus s’ils sont tombés brusquement dans la précarité depuis la crise.
Le gouvernement a annoncé cette semaine que le chèque alimentaire pour les plus précaires ne serait pas mis en place avant 2022. Comment réagissez-vous ?
Ce retard est dommageable au regard de la situation sociale dans notre pays. Heureusement que le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) a été reconduit jusqu’en 2021, et a augmenté pour atteindre 870 millions d’euros, ce qui va nous permettre de financer davantage de repas.