Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 05:39

http://3.bp.blogspot.com/-1LXReaxmTwQ/TrqWaQc8aUI/AAAAAAAACpE/CGT2fr-yeeI/s1600/filo.jpg« Les plaintes remontent à seize ans en arrière» (« the complaints were filed sixteen years back »). France Info, 26/6/12.

 

Nous sommes dans une anglicanerie au carré, voire au cube. « Les plaintes remontent à seize ans » aurait amplement suffi. Comment voulez-vous que des plaintes puissent remonter à seize ans dans l’avenir ? Il faudrait être un grand journaliste de France Info pour envisager une chose pareille.

 

Cette anglicanerie vient de l’anglais parlé ou d’un anglais écrit peu soutenu. On entend de plus en plus des phrases du style : « il a fait sa communion il y a cinq ans en arrière », la dernière fois que je me suis rendu au Portugal, c’était il y a cinq ans en arrière ».

 

Le passé ne s'exprime pas de la même manière en français et en anglais. C’est ce qui fait tout le charme de l’enseignement de la grammaire anglaise dans le premier cycle et au-delà. Je vous renvoie à vos manuels préférés. « Il y a cinq minutes » se dit en anglais « five minutes ago » (notez que le français utilise le présent pour parler d’un fait antérieur à l’énonciation, alors que le dioula, pour ne parler que de lui, utiliserait le passé, preuve que les universaux ne courent pas les rues). « Ago » vient de « agone » qui signifie « passé » (« gone by »). « Long ago » (« il y a longtemps ») se disait autrefois, de manière soutenue, « in time long gone ».

 

De nos jours, l’anglais un peu moins soutenu utilise (dans certains cas) « back » (en arrière) à la place de « ago ». « His father died five years back (ou ago) » = « son père est mort il y a cinq ans ». Mais alors que l’anglais choisit ou « back » ou « ago », le français contaminé accumule : « son père est mort il y a cinq ans en arrière ».

 

C’est pour cela que France Info est malade.

Partager cet article
Repost0

commentaires

B
Même si ce n'est pas une "anglicanerie" à proprement parler, je crois que je me souviendrai toujours de ce jour où France-Info annonça (suite à de fortes chutes de neige) la fermeture de l'aéroport<br /> de "Bâle-Toulouse" (au lieu, bien entendu, de "Bâle-Mulhouse").<br /> <br /> Ce n'était pas un lapsus, car la bourde fut répétée lors de chaque "flash" (sic) d'information, et ce pendant presque une heure.<br /> <br /> L'ignorance des journalistes, savamment entretenue lors de leur formation (lire à ce sujet le livre édifiant de François Ruffin, "Les petits soldats du journalisme"), rejaillit sur l'ensemble de la<br /> population. Si j'osais, je dirais qu'il s'agit là d'un véritable effet de "trickle-down" (ruissellement vers le bas ?).
Répondre