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4 mai 2013 6 04 /05 /mai /2013 08:13

Comme disait Paul Valéry, le mélange du vrai et du faux est énormément plus toxique que le faux pur.

 

Marianne.net a retrouvé un plagiat « massif » concernant la période de l’Occupation et la mémoire de l’ancien Grand Rabbin.

 

Dans un numéro spécial des Études du Crif , Bernheim signait un texte très prenant sur la petite ville de Dieulefit, dans la Drôme, où son père avait trouvé refuge sous Vichy, de même que 2 000 autres personnes (juifs et résistants). Aucune de ses personnes ne fut dénoncée ni arrêtée.

 

Bernheim a volé 95% de ce texte au livre de Pierre Emmanuel Jour de Colère (1942). Pierre Emmanuel fut un grand écrivain – disons pour simplifier – chrétien de gauche, qui démissionna de l’Académie française lorsque l’institution accueillit en son sein Félicien Marceau, collaborationniste à ses yeux.

 

Marianne.net concède à Bernheim la « sûreté » de son jugement esthétique, le texte d’Emmanuel étant vraiment très beau.

 

Ce qui me sidère cette fois-ci (j’ai précédemment évoqué le cas de l’ancien rabbin), c’est que pour des lignes très intimes où il est censé évoquer le souvenir de son propre père, Bernheim s’est approprié d’autres souvenirs intimes. Ce n’est plus du mensonge, du vol, c’est peut-être de la schizophrénie. Et je passe sur le fait qu’il fallait être aussi aveugle qu’un Cahuzac ou qu’un Guéant pour imaginer que personne ne s’apercevrait de l’escroquerie.

 

Ci-dessous, un extrait du livre de Pierre Emmanuel, dont Bernheim n’a pas changé une virgule :

 

Le vent ne cesse jamais : il faut s’y faire non sans peine ; mais il est d’essence lumineuse, la vigueur des lignes en est accusée. Ici se vérifie, sur le mode le plus austère, la loi du paysage français : une rigueur, mais presque musicale ; un magistère de l’esprit, mais la flexion harmonieuse du cœur. Terre de sensibilité profonde et pudique, pénétrée loin par la conscience, méditée, retenue longtemps, jusqu’à ne plus se distinguer de l’esprit.

 

Peut-être n’est-il pas sans importance, pour le paysage même, que Dieulefit soit protestant. Sur les hauteurs environnantes subsistent encore des déserts, sortes de cirques naturels, majestueusement assis dans les arbres, loin des routes, près de Dieu : poursuivis par les dragons du Roi, les Réformés, avec un instinct biblique de la grandeur, se choisirent ces hauts lieux pour temples ; la Bible et le paysage y sont en accord.

 

Des générations traquées se sont adossées à cette impasse où la vallée se refermait : elles s’y sont fortifiées ; ont fait front ; ne se sont jamais soumises ; comme cette héroïne protestante, elles ont gravé sur la montagne un mot : « Résister ». Le souvenir des persécutions ne s’est point effacé des mémoires calvinistes : aujourd’hui, comme au temps des dragonnades, le cœur protestant est du côté du proscrit.

 

  

Bernheim : plagiaire un jour, plagiaire toujours

 

Comme disait Paul Valéry, le mélange du vrai et du faux est énormément plus toxique que le faux pur.

 

Marianne.net (http://www.marianne.net/Le-Grand-Rabbin-Bernheim-a-aussi-plagie-la-memoire_a228572.html?com#comments) a retrouvé un plagiat « massif » concernant la période de l’Occupation et la mémoire de l’ancien Grand Rabbin.

 

Dans un numéro spécial des Études du Crif (http://www.crif.org/fr/alireavoiraecouter/Des-mots-sur-l-innommable-Reflexions-sur-la-Shoah-%28*%29--Par-Gilles-Bernheim6737), Bernheim signait un texte très prenant sur la petite ville de Dieulefit, dans la Drôme, où son père avait trouvé refuge sous Vichy, de même que 2 000 autres personnes (juifs et résistants). Aucune de ses personnes ne fut dénoncée ni arrêtée.

 

Bernheim a volé 95% de ce texte au livre de Pierre Emmanuel Jour de Colère (1942). Pierre Emmanuel fut un grand écrivain – disons pour simplifier – chrétien de gauche, qui démissionna de l’Académie française lorsque l’institution accueillit en son sein Félicien Marceau, collaborationniste à ses yeux.

 

Marianne.net concède à Bernheim la « sûreté » de son jugement esthétique, le texte d’Emmanuel étant vraiment très beau.

 

Ce qui me sidère cette fois-ci (j’ai précédemment évoqué le cas de l’ancien rabbin : http://bernard-gensane.over-blog.com/gilles-bernheim-a-t-il-le-bepc), c’est que pour des lignes très intimes où il est censé évoquer le souvenir de son propre père, Bernheim s’est approprié d’autres souvenirs intimes. Ce n’est plus du mensonge, du vol, c’est peut-être de la schizophrénie. Et je passe sur le fait qu’il fallait être aussi aveugle qu’un Cahuzac ou qu’un Guéant pour imaginer que personne ne s’apercevrait de l’escroquerie.

 

Ci-dessous, un extrait du livre de Pierre Emmanuel, dont Bernheim n’a pas changé une virgule :

 

Le vent ne cesse jamais : il faut s’y faire non sans peine ; mais il est d’essence lumineuse, la vigueur des lignes en est accusée. Ici se vérifie, sur le mode le plus austère, la loi du paysage français : une rigueur, mais presque musicale ; un magistère de l’esprit, mais la flexion harmonieuse du cœur. Terre de sensibilité profonde et pudique, pénétrée loin par la conscience, méditée, retenue longtemps, jusqu’à ne plus se distinguer de l’esprit.

 

Peut-être n’est-il pas sans importance, pour le paysage même, que Dieulefit soit protestant. Sur les hauteurs environnantes subsistent encore des déserts, sortes de cirques naturels, majestueusement assis dans les arbres, loin des routes, près de Dieu : poursuivis par les dragons du Roi, les Réformés, avec un instinct biblique de la grandeur, se choisirent ces hauts lieux pour temples ; la Bible et le paysage y sont en accord.

 

Des générations traquées se sont adossées à cette impasse où la vallée se refermait : elles s’y sont fortifiées ; ont fait front ; ne se sont jamais soumises ; comme cette héroïne protestante, elles ont gravé sur la montagne un mot : « Résister ». Le souvenir des persécutions ne s’est point effacé des mémoires calvinistes : aujourd’hui, comme au temps des dragonnades, le cœur protestant est du côté du proscrit.

 

 

 

 

Gilles Bernheim : plagiaire un jour, plagiaire toujours
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