Père de trois filles et grand-père de deux filles, je suis très attentif à tous les faits de viol, d’où qu’ils viennent.
Ce n’est pas la première fois que Judith Godrèche s’exprime sur des violences sexuelles qu’elle a pu subir. Lorsque l’affaire Weinstein a éclaté en 2017, elle a déclaré, tout comme 92 autres femmes, avoir été agressée par ce producteur lors du festival de Cannes de 1996. 21 ans après les faits, donc. Weinstein l’avait invitée dans une chambre d’hôtel – une pratique assez banale dans ce milieu, semble-t-il (sinon qu’allait-elle faire dans cette galère ?) – pour discuter de la sortie internationale du film Ridicule, dans lequel elle jouait un rôle important. Il lui avait demandé un massage. Elle avait refusé. Il lui avait tiré ses vêtements. Elle s’était sortie de ce mauvais pas de justesse. Elle n’avait pas dénoncé cette agression, sur le conseil d’une collaboratrice de Weinstein, afin de ne pas nuire à la carrière du film. Elle avait ensuite entretenu des rapports – dit-on cordiaux – avec son agresseur.
En 2023, Judith Godrèche se confie au magazine Elle sur sa relation avec le réalisateur Benoît Jacquot. Voir ici et ici.
Godrèche a tourné quatre films avec Jacquot, de 1988 à 1993, dont trois alors qu’elle était mineure, c’est-à-dire avec l’assentiment écrit de ses parents. En 2010, elle évoque dans Libération sa relation avec Jacquot. Elle met les pieds dans le plat en 2023 dans Le Parisien, déclarant avoir été vulnérable à 14 ans face à un homme de 40 ans, capable de la faire exister et de lancer sa carrière : « On peut se faire prendre dans les filets d’une personne plus puissante, et l’art est un teremplin extrêmement favorable à ça. En tant qu’actrice, on a besoin d’être aimée, regardée. C’est comme si, en vous choisissant, le réalisateur vous donnait vie ». Godrèche déclare qu'elle voulait être son amie, qu'elle ne voulait pas de son corps, qu'il l'aurait fouettée avec une ceinture. Elle compare son expérience avec celle que Vanessa Springora (sous l’emprise, à 14 ans de Gabriel Matzneff) a décrite dans son roman Le Consentement. Elle dit ne pas avoir pu terminer la lecture de ce livre tellement il racontait sa propre histoire. Et elle dénonce le manque de soutien du milieu du cinéma qui voit en elle une charmante Lolita.
Mais le plus grave est que rien n’est venu du côté des parents, pourtant théoriquement armés pour faire face à une telle situation : la mère de Judith est psychomotricienne et son père psychanalyste. Mais les cordonniers sont les plus mal chaussés, n’est-ce pas ? Surtout quand on a décidé, comme le père, de laisser une liberté totale à son enfant et que, comme la mère, on a quitté le foyer familial depuis des années.
Quelque chose de très classique va alors se passer entre l’homme d’âge mûr et la baby doll : le renversement de la culpabilité. Jacquot dit qu’elle l’a cherché et séduit. Qu’il était sous son emprise. Qu’elle avait un cinéaste sous la main.
Dans un documentaire de 2011 réalisé par Gérard Miller, Benoît Jacquot évoque ses relations avec des jeunes comédiennes : « Oui c'était une transgression, ne serait-ce qu’au regard de la loi. On n'a pas le droit en principe, je crois. Une fille comme cette Judith qui avait en effet 15 ans et moi 40, en principe je n'avais pas le droit, mais ça elle n'en avait rien à foutre. Cela l'excitait beaucoup, je dirais. »
Godrèche est parvenue, ces dernières années, à regarder vers l’avenir. D’abord en tant que mère : « Si un homme de 40 ans approche ma fille, je le tue, assène-t-elle. C’est parce que j’ai été une fille adolescente que je parviens à réaliser ce qui m’est arrivé, à me dire que j’ai navigué seule dans un monde sans règles ni lois. » Et aussi en tant qu’actrice et réalisatrice : dans la série de 2023 Icon of French Cinema, diffusée sur Arte en décembre 2023, elle fait le point avec lucidité sur son proche passé : « J’étais une jeune fille très solitaire, très idéaliste. Je vivais à travers les livres, ma mère est partie de la maison quand j’avais 9 ans, j’ai été élevée par un homme seul, j’étais vulnérable malgré une certaine maturité ».
PS QUI N'A RIEN À VOIR :
ILN'Y A PAS QUE DU BON CHOCOLAT EN SUISSE : IL Y A AUSSI DES RACISTES. Observez que l'inscription est écrite aussi en hébreu, comme si les Juifs de Suisse connaissaient systématiquement cette langue. On peut parler de racisme au carré.