Une nouvelle série !
2,6 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas de vraies toilettes. Ils doivent faire dehors ou se contenter d’endroits insalubres, sans eau courante. On peut parler de « crise sanitaire globale », au point que l’année 2008 a été déclarée « année internationale de l'assainissement » par les Nations unies.
La langue française étant, dans ce domaine en particulier, riche, multiple, variée et fleurie, on a le choix pour parler de ce qu’on dénommait par euphémisme, dans mon enfance petite-bourgeoise, des lieux d’aisance : latrines, toilettes, W.C., water-Closets, cabinets, pipi-room, pissodrome, lavabos. Et puis chiottes, gogues, goguenot, cagouinces.
Dans l’acception qui nous intéresse, le mot toilette (s) est apparu au XVIIème siècle. Avant cela, une toilette était une table couverte de dentelle agrémentée d’un miroir. Apparurent alors des expressions telles « salle de toilette », « cabinet de toilette ». Les Québécois utilisent indifféremment la ou les toilettes.
Les cabinets désignaient toute pièce de la maison, plus retirée que les autres (espagnol : retretes), avec le sens de cabinet d’aisance. On alla au petit coin, « là où le roi va seul » (là où tu ne peux pas aller à ma place). Water closet (WC) n’est guère usité en Angleterre. Nos voisins préfèrent toilet, toilets, rest room (salle de repos), wash room (salle pour se laver) et bathroom (salle de bain). Les Allemands, qui ont depuis longtemps démissionné face à leurs responsabilités langagières, disent die Toilette. Das Klo est l’équivalent de chiottes, en un peu moins vulgaire.
Dans l’anglais populaire, on va to the loo. Personne n’est d’accord quant à l’origine de cette expression. Ce pourrait être une déformation de « regardez l’eau », gardy loo, quand on jetait le contenu de son pot de chambre par la fenêtre. Un échange de bons procédés puisque nous utilisons le mot water. Loo pourrait être une déformation du mot « lieu ». Enfin, ce pourrait être un jeu de mots à partir de « Waterloo ».
La première chasse d’eau fut inventée par un des 102 filleuls d’Elisabeth I en 1592. John Harrington était un dramaturge rabelaisien. Pour décrire son invention, il écrivit un petit traité : The Metamorphosis of Ajax.
En Allemagne, les toilettes sont généralement à fond plat. Les matières tombent sur un palier sec, non immergé, ce qui évite les éclaboussures et peut permettre des recherches – à vue de nez, certes – (et oui, ça pue) d’éventuels problèmes dans les feces.
Les Aztèques utilisaient des toilettes publiques faites de roseaux. Les déjections étaient récupérées pour servir dans la tannerie.
En Grande-Bretagne, pour dire qu’on va soulager sa vessie dans une toilette publiques, on dit qu’on va « dépenser un sou » (spend a penny).
Le très délicat poème poème “ Le petit endroit ” :
Vous qui venez ici dans une humble posture,
Débarrasser vos flancs d'un importun fardeau,
Veuillez, quand vous aurez soulagé la nature
Et déposé dans l'urne un modeste cadeau,
Épancher dans l'amphore un courant d'onde pure,
Puis, sur l'autel fumant, placer pour chapiteau
Le couvercle arrondi dont l'auguste jointure
Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau.
n’est pas d’Alfred de Musset mais d’Emmanuel Arago qui l’écrivit pour son ami Maurice Sand qui l’adressera à sa mère George Sand, auprès de laquelle il passera toute son existence. Scato et œdipien, le Momo.