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17 avril 2024 3 17 /04 /avril /2024 04:26
Tiré du blog Mon combat pour les femmes
La théologienne Marocaine Asma Lamrabet a retiré son voile en 2019.
 
Elle est un des plus importantes islamologues s'exprimant de l'intérieur de l'islam. Un acte très fort, très significatif, un tremblement de terre dans le monde de la pensée islamique.

 

Après avoir décortiqué minutieusement tous les versets relatifs au sujet de l'habillement des femmes en lien avec la situation concrète lors de leur apparition et le sens circonstancié des mots de l'époque (khoumourihina, djilbabihina, rabattre sur leurs poitrines, etc. ), Asma Lamrabet a conclu que le voile actuel répandu à travers le monde n'est en aucun cas justifié par le Coran. Dans son site ASMA-LAMRABET.COM, elle écrivit :

 

 

« […] Le Coran ne légifère donc en rien sur la nécessité d’un « uniforme » religieux qui serait strictement « islamique », comme on aime à le démontrer actuellement ; l’intention spirituelle première n’était pas de déterminer des normes vestimentaires rigides ou figées qui seraient « fixées » une fois pour toutes, mais plutôt de « recommander » une « attitude », ou plutôt une « éthique » relative à la fois au corps et à l’esprit…

 

[...] Il n’a jamais été question dans le Coran d’une quelconque obligation formelle à l'apparence vestimentaire ; imposer des normes vestimentaires standardisés va à l’encontre des principes du message universel et de son éthique spirituelle…

 

[...] Le Coran convie, et les hommes et les femmes, à s’approprier une culture de la décence et du respect réciproque : « Le meilleur vêtement est certes celui de la taqwâ [reconnaissance envers Allah, BG]; c’est là un des signes de Dieu...». [...] C’est cette éthique de l’intériorité, de la rigueur morale et de la décence qui est préférable aux yeux du Créateur ».

 

Concernant spécifiquement le voile, Asma Lamrabet a expliqué ceci : « Le terme Hijab revient sept fois dans le texte coranique et traduit à chaque fois exactement la même signification, et ce à la différence d’autres mots utilisés par le texte sacré et qui, parfois, peuvent être polysémiques.

 

Hijab désigne en arabe rideau, séparation, cloison, autrement dit, tout ce qui cache et dissimule quelque chose. Cela correspond en français au terme de « voile » qui voile, autrement dit, masque et protège quelque chose. Le synonyme de hijab en arabe c’est « satr » et correspond à toute chose qui sépare comme un mur, un paravent ou toute autre  séparation virtuelle.

 

On retrouve le sens de ce terme dans les versets coraniques suivants : « Quand tu récites le Coran, Nous plaçons un rideau invisible (Hijab) entre toi et ceux qui ne croient pas à la vie future » Coran 17 ;45.

 

Il faudrait aussi noter que le hijab, tel qu’il fût décrété à cette période, ne consistait pas du tout à « cloitrer » les épouses du prophète dans un espace reclus et à les isoler de leur environnement. Les épouses du prophète, elles-mêmes, ne l’ont pas compris ainsi puisqu’elles pouvaient sortir et vaquer à leurs occupations comme elle le voulaient et cela n’a pas empêcher Aicha, de voyager, d’accomplir le pèlerinage et de continuer à recevoir dans sa propre demeure, même après la mort du prophète, de nombreux compagnons mais aussi les savant de contrées lointaines qui venaient chez elle en quête de son immense savoir dans les sciences religieuses.

 

Il est donc tout à fait clair que le terme de Hijab ne correspond absolument pas à la signification qu’on lui donne actuellement et qui est celle du foulard recouvrant la tête et qui est, dans la même logique, incorrectement traduite en français par l’expression “ voile ”. Le hijab n’a absolument rien à voir avec une quelconque tenue islamique des femmes, il s’agit comme on l’a vu, d’un symbole de séparation, entre la vie publique et la vie privé du temps du prophète et qui a eu pour but la consécration des épouses du prophète en Mères des croyants.

 

 

 

 

 

Quand une théologienne marocaine retirait son voile
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commentaires

A
C'est mieux, enfin selon moi, que cette prolifération de voiles mais toute cette réflexion se passe à l'intérieur d'un système. C'est-à-dire que tout le reste va de soi et est considéré faisant partie d'une totalité incontestable.<br /> Alors les religieux et les croyants peuvent croire et adorer tout ce qu'ils veulent mais qu'ils permettent à ceux qui n'y croient pas de penser qu'il s'agit de vastes fables et que cela n'est pas sans conséquence humaine et sociale.<br /> Il en est ainsi du Maroc où le roi "commandeur des croyants” rend incontestable son statut politique ou ses décisions et qui est à l'origine du respect servile à son endroit de tous ces sujets à la monarchie islamique du Brunei, au nord de Bornéo, où a été instauré la Charia. un royaume dont on parle peu mais dont le fonctionnement est très instructif.<br /> Quant aux pratiques vestimentaires ou symboliques j'ai toujours trouvé, du temps où ça l'était, que certains s'étonnaient ou se moquaient des plumes sur la tête ou ailleurs portées par des peuplades exotiques selon notre classification et ne se marraient pas des accoutrements, lors des cérémonies officielles, du Pape ou de la Reine britannique.<br /> La religion a comme tout système une logique dont seules les conséquences sont fluctuantes selon l'époque et les situations locales.<br /> Le 8 avril dernier il y avait ici en photo une plaque de rue dédiée à Étienne Dolet que je ne connaissais pas. J'ai pensé alors au livre La nuit du bûcher paru en 1974 de Sandor Marai. En résumé quelques lignes tirées de la présentation de l'éditeur':<br /> " Rome, 1598. L'Inquisition sévit contre les hérétiques. Enfermés dans des cellules, affamés, torturés, ces derniers reçoivent à la veille de leur exécution sur le Campo dei Fiori la visite d'un inquisiteur pour les inciter à se repentir et à reconnaître publiquement leurs fautes.Venu prendre des « leçons d'Inquisition », un carme d'Avila demande à suivre la dernière nuit d'un condamné. Malgré sept ans de prison et de tortures, celui-ci ne s'est jamais repenti. Son nom : Giordano Bruno. L'Espagnol assiste aux dernières exhortations, vaines, des inquisiteurs, et accompagne au petit matin le prisonnier au bûcher. Saisi par la violence de cette expérience, il voit toutes ses certitudes vaciller..."<br /> Si, comme il est dit ici, le carme d'Avila voit toutes ces convictions vaciller en fin du livre le plus marquant et le plus instructif c'est de constater tout du long du récit chez cet élève en inquisition l'absence de questionnement devant la logique qui lui est enseignée et la neutralité émotionnelle face aux tortures. C'est un élève appliqué sans cynisme juste un élève curieux et motivé. On voit donc que contrairement à ce qu'on pourrait penser la torture et le bûcher ne sont pas, dans l'esprit de chez ceux qui l'organisent, l'expression d' une forme de sadisme mais le résultat d'une logique froide et déshumanisante. Le condamné n'est plus un être humain et le bûcher, même, n'est pas seulement , selon les inquisiteurs, un moyen pour augmenter sa souffrance mais au contraire un procédé pour le purifier par le feu. Le raisonnable est impuissant : d' une extrémité à l'autre tout ce tient et la religion est par essence dogmatique.
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