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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 05:24

 

 

Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2014 pour Au revoir là-haut, a accordé à mes amis et camarades de l’Institut d’histoire sociale du Gers et à moi-même un entretien passionnant, repris dans les colonnes du Grand Soir. J’en extrais une première réflexion sur le roman populaire :

 

Evidemment que « l’art pour l’art » n’est pas mon slogan préféré. Cela étant, l’expression « littérature populaire » n’est guère pratique non plus... Qu’est-­ce que c’est un « roman populaire » ? Un roman lu par un grand public ? En ce cas, « L’amant » de Marguerite Duras est un roman populaire, il a été lu par plusieurs millions de lecteurs. Un roman assez simple pour être lisible par tous ? On peut alors penser aux Misérables et à Madame Bovary. Un roman qui tente avant tout de séduire, faisant de « populaire » une variante de « populiste » ? On peut alors penser à Gérard de Villiers et sa série des SAS. En fait, personne n’en sait rien. Mais la catégorie romanesque capable de regrouper Duras et de Villiers, Flaubert et Hugo a bien des chances de poser plus de problèmes de classification qu’elle n’en résout. C’est pourquoi, chacun en a une définition. Moi pas. J’écris des romans et il appartient à ceux qui les lisent de dire ce qu’ils en pensent, de les placer sur l’étagère qui leur convient.

 

Et un autre sur l’aspect malheureusement pérenne d’une fiction qui se déroule à la toute fin de la Première Guerre mondiale et dans l’immédiat après-guerre :

 

Tout lecteur peut voir quelle est mon échelle de valeurs et donner à mon histoire le sens qui lui convient. Je la bâtis en espérant que mon point de vue sera clair et accessible, je tâche de faire ce que je dis et de dire ce que je fais. C’est ma manière à moi d’être simple qui est ma conception du roman : tenter de faire très bien des choses très simples.

 

Reste que tout lecteur peut voir des corrélations entre l’époque que je décris et la nôtre : un système social incapable de faire de la place à une population qui pourtant n’a pas démérité, plaçant ceux qui l’ont servie dans une situation de précarité proche de l’exclusion et faisant de ceux qui parviennent à surnager des travailleurs pauvres. Si un lecteur aperçoit ce constat derrière les vicissitudes de mes personnages, ce n’est pas du tout un hasard.

 

 

Puisque nous sommes dans Le Grand Soir, restons-y encore un instant. Dans un article très documenté, Jean-Marie Bourget évoque les liens étroits et déjà anciens de Manuel Valls et du Qatar :

 

Alors qu’il est devenu ministre de l’Intérieur, Doha va être un fidèle soutien d’un pan de la politique de Valls, celle des Cultes. L’argent du Qatar wahhabite, c’est-à-dire salafiste, va aider le gentil Manuel à tenir en main les musulmans comme Sarkozy avait commencé à la faire. En finançant des mosquées, des centres culturels et autres universités islamiques, Doha assure une sorte de paix coranique. Le ministre semble ignorer que, dans son dos, Doha rêve d’embrigader la jeunesse de nos « quartiers ».

À l’automne 2013, lors de la cérémonie de départ du très regretté Mohamed Jaham Al-Kuwari, l’ambassadeur, le ministre est présent. La fête est œcuménique puisque deux autres anciens « Premiers flics », Guéant et Michèle Alliot-Marie sont également présents. Valls, au moment des larmes d’adieu, y va de son couplet : « Nous voulons vous témoigner toute l’amitié que nous vous portons. Plus de dix ans passés en France, ce n’est pas rien. Quand on connaît votre talent, votre gentillesse, votre élégance », au service d’un « partenariat stratégique. Nous savons tous ce que nous vous devons... Le Qatar est un ami de la France ». Tant pis si, de son côté le méfiant Ayrault, que l’on regrettera peut-être bientôt, déclare : « Moi, avant d’aller au Qatar, je réfléchirais »...

 

 

Carré Rouge nous dit que Suez convoite l’eau de Thessalonique et d’Athènes :

 

En Grèce, la privatisation des services de l’eau des deux principales villes grecques, Athènes et Thessalonique, a été exigée par la « troïka » dans le cadre du traitement de choc socio-économique infligé à un pays en pleine crise financière. La troïka, au sein de laquelle sont associés Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international, mais qui fonctionne de manière aussi autonome qu’opaque, a imposé à la Grèce une série de « conditions » pour le versement des tranches successives de l’aide financière internationale – parmi lesquelles une réduction du nombre de fonctionnaires et la cession au privé d’innombrables propriétés et entreprises publiques. La mise en œuvre de cette politique a entraîné, pour les Grecs, une diminution dramatique de leur niveau de vie et de leur accès aux services essentiels, notamment dans le domaine de la santé. Selon ses opposants, la privatisation des services de l’eau de Thessalonique et d’Athènes ne peut que marquer un nouveau recul, au bénéfice exclusif d’intérêts commerciaux (grecs ou internationaux), aux dépens des citoyens grecs et, en dernière instance, de la démocratie.

 

 

Revue de Presse (89)
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