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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 18:50

Elle a d’abord joué les nunuches (Sissi) sous la férule de sa mère tyrannique, proche – pas que géographiquement – d’Hitler et de Bormann, puis les femmes toniques et sans problèmes, et enfin les femmes ravagées et traînant des valises de problèmes. Elle fut l’actrice fétiche de Sautet avant d’être harcelée par la presse à scandales (on ne disait pas people, qui ne veut rien dire) à l’époque. On sut tout de ses amours, de son ancien mari suicidé, son ablation du rein, ses indélicatesses avec les impôts, le drame effroyable de son fils empalé alors qu’il voulait escalader la grille de leur propriété, l’alcool, les cigarettes, les médicaments.

 

Au matin du 29 mai 1982, Romy Schneider est retrouvée morte dans son appartement parisien. Elle avait 43 ans. La police retrouve sur son bureau une lettre inachevée, un mot d'excuse – sa fille ayant la rougeole – pour décommander une séance de photographie.

 

Suicide, excès, on ne le saura jamais.

 

Le magistrat Laurent Davenas préfère classer l'affaire sans autopsie pour, dit-il, « qu'elle garde son secret avec elle ». Il écrira dans un livre de souvenirs : « Ce corps, réduit par la vie à l’état de dépouille, je ne pouvais me résoudre à en faire une carcasse, palpée, manipulée, éventrée […] ».

 

Elle devait tourner une quatrième fois avec Delon.

 

Sa mère lui survivra 14 ans.

 

(Impatienta doloris)

 

 

 

 

Autre star fracassée : Jean Seberg.

 

On retrouva son corps décomposé sur la banquette arrière d’une petite voiture stationnée dans une rue de Paris. La légendaire vendeuse du Herald Tribune dans À bout de souffle finit par ne plus résister aux harcèlements du FBI, selon la thèse de son mari Romain Gary. Nous étions en 1979 et Jean soutenait effectivement des Noirs d’extrême gauche (les Black Panthers). Elle avait 40 ans. Elle vivait depuis longtemps sous antidépresseurs et avait déjà tenté de se suicider. Elle ne tournait plus. Le FBI l’a-t-il aidée à ingurgiter tout ce qu’on a retrouvé dans son sang ?

 

(Æquivocus)

 

 

 

Né en 1878 à Brest, Victor Ségalen fut médecin, romancier, poète, ethnographe, sinologue et archéologue. À l’exotisme « rance » de Loti, il préférait la « perception du Divers, la connaissance que quelque chose n’est pas soi-même. »

 

Après une première dépression nerveuse à cause d’un amour malheureux, il lit Nietzsche et publie au Mercure de France où il rencontre Huysmans, Gourmont. Il soutient sa thèse de médecine en 1902, un travail sur « L´observation médicale chez les écrivains naturalistes » qui traite des névroses dans la littérature contemporaine.

 

En 1903, il part pour Tahiti comme médecin de la marine de deuxième classe. En 1905, il épouse la fille d’un médecin brestois, qui lui survivra 49 ans. Il est médecin militaire sur la ligne de front en 1915. Après un tour du monde qui l’a mené sur les traces de Rimbaud en Afrique de l’est, puis en Chine où il est devenu un authentique sinologue, il rentre en Bretagne en 1919. Profondément neurasthénique, il est hospitalisé au Val-de-Grâce.

 

Le 21 mai 1919, alors qu’il est en convalescence dans sa Bretagne natale, il part en promenade. On le retrouve mort deux jours plus tard au lieu-dit forestier du Gouffre, un exemplaire d’Hamlet à portée de main. Ses amis disent de lui qu’il s’est convié sereinement au « festin du suicide ».

 

L’université de Bordeaux 2, où il a fait ses études, porte son nom, ainsi que l’UFR de lettres et sciences humaines de Brest.

 

(Tædium vitæ).

 

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