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31 octobre 2015 6 31 /10 /octobre /2015 08:05

 

Dans le numéro de novembre 2015, Serge Halimi voit la France « dégringoler » :

 

Pour trouver un précédent à l’actuel effacement diplomatique de la France, il faut remonter à l’expédition de Suez de 1956 et à la guerre d’Algérie. Ni l’organisation par Paris d’une conférence internationale sur l’environnement, ni les proclamations martiales du président de la République, ni l’incorrigible contentement de soi de son ministre des affaires étrangères ne peuvent plus masquer la dégringolade de la France.

 

En matière européenne, l’alignement sur l’Allemagne fut éclatant pendant l’épisode grec. Le Quai d’Orsay semblait aux abonnés absents ; le ministre des finances se montrait volubile mais inexistant ; et M. François Hollande limita son rôle à celui d’émissaire de Berlin, chargé de faire accepter au premier ministre Alexis Tsipras les oukases de Mme Angela Merkel. Même à Washington, on se déclarait alors surpris par la dureté de l’Union européenne envers Athènes.

 

 

Olivier Zajec observe un basculement stratégique au Proche-Orient :

 

Est-il temps de faire de l’Iran notre ami et de l’Arabie saoudite notre ennemi ? » Sous ce titre provocateur, le chroniqueur britannique Michael Axworthy notait en janvier 2015 que « l’idée selon laquelle l’Iran est devenu une force de stabilité dans la région du Golfe relève désormais de l’évidence acceptée  ».On est bien loin de la rhétorique de l’« axe du mal », reprise sans nuance depuis le 11 septembre 2001 et martelée ensuite avec passion et suivisme. Ni le discours enflammé du premier ministre israélien Benyamin Netanyahou devant le Congrès américain, le 3 mars 2015, ni les combats d’arrière-garde des disciples néoconservateurs de Thérèse Delpech au Quai d’Orsay ne sont parvenus à prévenir ce renversement des mentalités.

 

Un lourd dossier est consacré au chaos climatique.

 

Philippe Descamps et Dominique Raynaud nous emmènent sur les hauteurs de l’Antarctique (où il ne faut pas oublier son foulard) :

 

Durant la nuit polaire, la température monte difficilement au-dessus des — 60 °C sur les hauteurs de l’Antarctique. A l’intérieur des frêles baraquements de la base de Vostok, on chante Georges Brassens ou Vladimir Vissotsky pour garder le moral. Les rares nouvelles ne sont pas bonnes. Le président américain Ronald Reagan vient de lancer son initiative de défense stratégique pour défier une gérontocratie soviétique impuissante à sortir de la stagnation économique et du bourbier afghan. Approvisionnés par des avions américains, scientifiques français et soviétiques bravent les éléments afin de percer ensemble les secrets du climat. Objectif : remonter le temps en descendant toujours plus bas dans les entrailles du glacier de 3 700 mètres d’épaisseur qui gît sous leurs pieds.

 

 

Pour Éric Martin, deux degrés de plus c’est deux degrés de trop :

 

Contenir le réchauffement global à 2 °C par rapport à la période préindustrielle : cette idée s’appuie sur les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui étudie une palette de scénarios et leurs conséquences. Evoqué dès la fin des années 1990, cet objectif était en discussion au sein de la convention des Nations unies depuis les années 2000. Il paraissait susceptible d’empêcher des conséquences graves ou irréversibles à l’échelle du globe. Depuis la conférence de Copenhague en 2009, toutes les parties ont adopté ce chiffre, qui s’est également diffusé auprès du grand public.

 

 

Sommes-nous tous responsables, demande Christophe Bonneuil ?

 

Anthropocène : ce mot désigne une nouvelle époque de l’âge de la Terre, ouverte par une humanité devenue force tellurique. Le point de déclenchement de ce nouvel âge géohistorique reste sujet à controverse : la conquête et l’ethnocide de l’Amérique ? la naissance du capitalisme industriel, fondé sur les énergies fossiles ? la bombe atomique et la « grande accélération » d’après 1945 ? Mais il y a du moins un constat sur lequel les scientifiques s’accordent : bien plus qu’une crise environnementale, nous vivons un basculement géologique, dont les précédents — la cinquième crise d’extinction, il y a 65 millions d’années, ou l’optimum climatique du miocène, il y a 15 millions d’années — remontent à des temps antérieurs à l’apparition du genre humain. D’où une situation radicalement nouvelle : l’humanité va devoir faire face dans les prochaines décennies à des états du système Terre auxquels elle n’a jamais été confrontée.

 

 

 

Le Monde Diplomatique (88)

Pour Jean Gadrey, la croissance est « un culte en voie de disparition » :

 

Il existe de multiples explications à la « baisse tendancielle du taux de croissance » observée depuis plusieurs décennies dans les pays riches, et plus récemment dans les pays émergents. Même des économistes médiatiques commencent timidement à envisager l’hypothèse d’un monde sans croissance, du moins dans les pays dits avancés. C’est le cas, aux Etats-Unis, de Paul Krugman et de Larry Summers, pour qui « une stagnation séculaire est plausible  ». En France, Thomas Piketty nous met lui aussi en garde : « Est-il bien raisonnable de miser sur le retour de la croissance pour régler tous nos problèmes ? Cela ne résoudra pas l’essentiel des défis auxquels les pays riches doivent faire face. » A son tour, Daniel Cohen nous exhorte : « Affranchissons-nous de notre dépendance à la croissance. »

 

 

Pour Agnès Sinaï, les négociations internationales sont un théâtre d’ombres :

 

La lenteur des négociations climatiques contraste avec la grande accélération de l’histoire humaine, tandis que les instances internationales se montrent impuissantes à inventer des outils et des modes de pensée à la hauteur des enjeux.

 

 

Maxime Carvin dresse le portrait d’un Robespierre sans masque :

 

La première phase de la Révolution française, visant le renversement du pouvoir absolutiste, fait l’unanimité, ou presque : ne vient-elle pas donner corps à l’esprit des Lumières ? Mais la suite divise violemment. Notamment au sujet de Robespierre, qui, selon certains, conjuguerait tous les vices antidémocratiques : le populisme et l’extrémisme. De quoi se méfier de tout projet radical…

 

 

Un article de Martine Bulard « entre cueillette et internet :

 

En à peine plus de trente ans, la Chine a réussi à éradiquer la famine alors qu’avec 20 % de la population mondiale, elle ne dispose que de 9 % des terres arables, concentrées dans la moitié est et en régression constante. Elle est le premier pays producteur de riz, de blé, de thé… Mais les paysans ne peuvent vivre de leur travail et sont obligés, quand ils n’émigrent pas en ville, de trouver d’autres activités. Le phénomène devrait s’accélérer avec les prochaines réformes.

 

 

Pour Alexeï Malachenko, Moscou parie pour la Syrie :

 

Entrée sur le théâtre d’opérations syrien, l’armée russe entend démontrer sa capacité à honorer ses alliances régionales et à défendre ses intérêts stratégiques. En réaffirmant une coopération ancienne avec le régime de M. Bachar Al-Assad, le président Vladimir Poutine espère peser davantage dans la reconfiguration du Proche-Orient. Mais il prend aussi le risque de dévoiler les limites de la puissance russe.

 

 

Pour Aziz El Massassi, la presse égyptienne a été mise au pas :

 

Que tombe le règne de l’armée ! Nous n’avons pas peur et nous ne baisserons pas la tête ! » Au soir du 5 mars 2015, dans le centre-ville du Caire, les slogans des manifestants répondent à la violence du pouvoir militaire. Sur la place Talaat-Harb, devant le bureau d’Air France-KLM, leurs cris de protestation se mêlent aux hommages à Shaima Al-Sabagh, jeune militante de gauche tuée à cet endroit même le 24 janvier, lors de la répression sanglante d’un rassemblement organisé pour honorer les victimes de la révolution de 2011. « Ils ont énormément de courage », observe avec un respect ému Shahira Amin, parmi les rares journalistes présents sur place. Du courage, il lui en faut à elle aussi. Depuis le coup d’Etat militaire contre l’ancien président Mohamed Morsi, en juillet 2013, et surtout la victoire à l’élection présidentielle du maréchal Abdel Fatah Al-Sissi, en mai 2014, les journalistes indépendants sont devenus, avec les Frères musulmans, les bêtes noires du gouvernement.

 

 

Marie Bénilde explique pourquoi l’Europe s’intéresse enfin à la régulation du capitalisme numérique :

 

La surveillance par les services secrets américains des données personnelles des Européens attente au « contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie privée ». Ce jugement de la Cour de justice de l’Union européenne rendu le 6 octobre dernier marque un tournant : sous la pression des industriels, les pouvoirs publics s’intéressent soudain à la régulation du capitalisme numérique.

 

 

Rien ne va plus au Brésil, pays où l’on compte « trois cents voleurs avec des titres de docteur » (Namia Oualalou) :

Réélue de justesse en octobre 2014 et affaiblie par un scandale de corruption sans précédent au sein de la société Petrobras, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a souhaité apaiser son opposition en mettant la barre à droite. Peine perdue : elle n’est parvenue qu’à aiguiser l’appétit des libéraux. Coupée de sa base, la voici livrée à des députés rebelles et parfois moins soucieux de politique que d’enrichissement personnel.

 

 

En fait, quelque chose marche au Brésil : le marché de l’art (Anne Vigna) :

 

La crise, quelle crise ? Les déboires économiques du Brésil ont jusqu’à présent épargné le marché de l’art, havre de paix et de prospérité au cœur de la tourmente.

 

 

Selon Henri Léridon, l’Afrique demeure une « énigme démographique » :

 

Les projections démographiques pour l’Afrique déconcertent les analystes. Avec une fécondité toujours élevée, le continent ne suit aucun schéma de transition connu. L’augmentation exceptionnelle de sa population pourrait annihiler les effets bénéfiques attendus des bons taux de croissance enregistrés. Etrangement, cette situation d’urgence ne semble susciter aucune réaction d’envergure.

 

 

Les Bataves seraient-ils plus malins que nous ? En tout cas, ils ferment leurs prisons (Léa Ducré et Margot Hemmerich) : Contrairement à la majeure partie des pays européens, les Pays-Bas enregistrent une baisse de leur population carcérale, au point qu’ils louent désormais des places de prison à la Belgique ou à la Norvège. Une politique de réinsertion très ancienne, un recours accru aux peines courtes et aux sanctions financières, ou encore à une justice négociée, se combinent aux considérations budgétaires pour expliquer ce phénomène.

 

 

 

Pierre Rimbert s’est intéressé à nos intellectuels bougons :

 

Les intellectuels français sont-ils « néoréacs » ? A-t-on encore le droit de débattre ? A intervalles réguliers, des journalistes et essayistes transforment ce genre de questions creuses en controverses nationales. A mesure qu’ils perdent leurs moyens d’informer sous l’effet des concentrations industrielles, les médias se jettent à corps perdu dans ces polémiques où s’affrontent les célébrités — à défaut des idées.

 

 

Un article très enrichissant de Sébastien Lapaque sur Pasolini :

 

Grand perturbateur de l’ordre en place par ses prises de position, ses écrits, ses films, il a la stature d’un héros de légende, témoin de la vigueur subversive des années 1960. Mais c’est peut-être parce qu’il n’a jamais dissocié ses combats politiques de son travail de poète que Pier Paolo Pasolini reste si durablement porteur d’une belle inquiétude.

 

 

 

Enfin, le contrôle que les compagnies d’assurances et les autorités médicales exercent sur nous ne date pas d’hier (Dan Bouk) :

 

Une photographie publiée en 1903 par la société d’assurance-vie New York Life montre une femme en blouse blanche maniant de lourdes boîtes à fiches métalliques, tandis que des hommes en costume noir, assis à leur bureau, plongent le nez dans leur paperasse. Cette image n’illustre pas seulement la division sexuée des tâches, mais aussi une caractéristique peu connue des sociétés d’assurance-vie : le contrôle qu’elles exercent sur les données personnelles de leurs clients. Un volume d’informations plus ample et plus convoité encore que leurs réserves de devises.

 

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