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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 05:40

 

 

Je sais bien que la parole ne reflète pas exactement la pensée mais les liens sont tout de même très étroits.

 

J’en ai ras-la-casquette de l’utilisation désormais à toutes les sauces de bashing. Par les neuneux des médias, par des politiques ou des syndicalistes. Tout récemment, par des responsables du monde agricole qui se plaignaient d’être les mal aimés des instances européennes et des Français qui critiquent l’usage des pesticides à 10 mètres des cours d’école ou des habitations.

 

Quand j’utilise un terme étranger alors que ma langue le ferait au moins aussi bien, j’évacue ma propre représentation du monde, j’appauvris mon savoir et je laisse ma pensée divaguer dans une zone grise et floue.

 

Deux mots sur bashing. En anglais, to bash renvoie à une réalité physique, celle d’un coup de poing : he gave me a bash on the nose (il m’a donné un coup de poing dans le nez). Á noter, par parenthèse, que l’anglais est ici plus précis que le français car on ne donne pas un coup de poing dans le nez. Le verbe peut s’appliquer aux choses : the car bumper had a bash (le pare-choc a été bosselé). Au sens figuré, on aura l’idée de mouvement, de sortir de soi : to have a bash at something (tenter un coup, s’essayer à faire quelque chose). Mais qu’il s’agisse de rudoyer, de maltraiter, de bousiller, nous sommes toujours dans le physique.

 

Le couple substantif + bashing est apparu en Grande-Bretagne dans les années soixante, avec des connotations franchement sinistres, quand des jeunes d’extrême droite, généralement des skinheads, s’en prenaient physiquement à des immigrés de fraiche date ou a des hommes homosexuels. Les médias firent alors leur gorge chaude de Paki bashing (chasse aux Pakistanais, l’équivalent en France des “ ratonnades”, les chasses aux Arabes pendant et après la guerre d’Algérie) ou de queer bashing (chasse aux pédés).

 

Nos « braves paysans », comme disait le président Houphouët-Boigny, ne font nullement l’objet de menées, de menaces ou d’attaques physiques. Le bashing qu’ils subissent est purement verbal ou idéologique. Ce mot qui se veut anglais est un arbre creux qui cache une forêt de sens très riche. On a le choix entre dénigrer, critiquer, discréditer, déprécier, médire, rabaisser, vilipender, des mots – il y en a d’autres – qui n’ont pas exactement la même signification.

 

Récemment, dans un article d’un journal belge, je suis tombé sur “ décauser ”, avec bien sûr la notion de dire du mal, dénigrer. Merci, les Belges ! Suggérer que l’on utilise ce verbe en français de France serait peut-être aller un peu vite en besogne…

 

 

Agribashing
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commentaires

J
L'agribashing revient à prendre les agriculteurs pour des serpillières ce qui est un problème récurrent...
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