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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 05:17

Surprise, surprise, nous citons Capital sous la plume de Jean-Victor Semeraro : « L’État consacrerait au moins 160 milliards d’euros par an pour régler les factures liées à la sous-traitance de ses missions.

Pour mener à bien ses missions, l’État doit recourir massivement à l’appui d’entreprises privées. Un quart de son budget annuel, entre 160 et 190 milliards d’euros, serait consacré à rémunérer des opérateurs privés. Concrètement, la sous-traitance aussi appelée “externalisation” consiste à “confier à un acteur privé la réalisation de tout ou partie de l’action publique, en autonomie ou en soutien des collectivités publiques”. Elle peut prendre deux formes distinctes : s’opérer sous le régime de la concession ou de la délégation de service public (par exemple pour la gestion des transports publics) ou via des prestations de services privées qui sont des missions plus ponctuelles (à l’hôpital, à l’école…).

La facture coûte très cher à l’État : 120 milliards d’euros de délégation de service public et 43 milliards d’euros par an de marchés de prestations. Ce qui représenterait, au total, environ 7% du produit intérieur brut (PIB). Cette sous-traitance s’est accrue de manière contrainte. Elle constitue une réponse obligée à un certain nombre de normes budgétaires et juridiques imposées à l’administration. La sous-traitance est souvent présentée comme un “ outil de modernisation ” ou encore comme un moyen de “ réduction des coûts de fonctionnement et d’amélioration de leur qualité ”.

Cette politique a été dictée par un raisonnement financier, et symbolisée notamment à l’époque du président Sarkozy par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, qui conduit pourtant à un paradoxe. Faute de trouver les compétences en son sein, l’État est obligé d’embaucher à l’extérieur, à l’instar de consultants spécialisés dont le coût peut s’élever à 1.500 euros hors taxe par jour. Financièrement, le recours à la sous-traitance contredit alors l’objectif initial de réduction des coûts. Au-delà de ce paradoxe financier, la puissance publique s’est progressivement retrouvée dépossédée d’une connaissance fine de certains métiers. C’est donc tout un capital immatériel, tout un savoir-faire que l’État a perdu au fil des ans. Et l’exemple récent du contrat passé avec le cabinet de conseils McKinsey pour le pilotage de la stratégie de vaccination contre le Covid-19 en est une bonne illustration. Le recours aux prestataires privés fonctionne en outre comme un ‘cliquet’ à la fois technique et budgétaire, qui limite tout retour en arrière. C’est la souveraineté de l’État qui est en jeu. »

 

L’Obs décrit les palinodies de Macron face aux brevets sur les vaccins en faisant du suivisme par rapport aux États-Unis : « En juin 2020, Emmanuel Macron avait assuré que le vaccin devait être « un bien public mondial ». Si un texte signé entre les 164 Etats membre de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) protège les brevets, les règles sur la propriété intellectuelle peuvent toutefois être contournées grâce un outil juridique permettant d’imposer à l’industrie pharmaceutique de mettre entre parenthèses des droits de propriété en cas de situation d’urgence, comme une pandémie. Mais depuis juin 2020, la France a voté à deux reprises contre une résolution pour lever des brevets, en s’opposant en octobre et en mars à des propositions déposées à l’OMC. Macron avait estimé en février que la levée des brevets devait être une solution de dernier recours, en cas de manque de coopération de la part des fabricants. Tout récemment, il s’est finalement dit « favorable à la levée de la propriété intellectuelle ». « Nous devons faire de ce vaccin un bien public mondial mais la priorité aujourd’hui est sur deux choses : le don de la production de doses à court terme. La deuxième chose c’est de produire en partenariat, pour et avec les pays les plus pauvres pour qu’il y ait ce transfert de technologie. »

 

Enfin dans Le Monde Diplomatique, Évelyne Pieiller expose les dangers de la résilience : « la résilience est partout et la résistance nulle part : « Jusqu’où aller dans la mise en œuvre de nouvelles contraintes, et comment y aller ? Comment faire pour qu’elles apparaissent justifiées, voire bénéfiques, pour s’assurer de leur acceptabilité sociale ? Le recours aux sciences cognitives permet d’armer dans ce but les politiques publiques et de contribuer à un modelage de nos comportements ; ce qu’illustre la valorisation de la « résilience ».

 

Revue de Presse (353)
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commentaires

E
le dernier évènement en date qui illustre bien cette situation : la suppression de l'ENA. Sous couvert de supposer vouloir répondre à une attente? de la société française notre président fait d'une pierre deux coups : il supprime pour remplacer par des institutions privées qui auront toute latitude pour former notre chère et belle technocratie .
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A
Public/ privé. « Prenons l’exemple que Bernard Friot cite souvent : si je tonds la pelouse de la mairie, c’est un acte non productif économiquement ; si un fonctionnaire territoriale tond cette pelouse, on dira que c’est non seulement improductif mais en plus que c’est une dépense publique ; si c’est dans le cadre d’un emploi chez Veolia qu’un employé tond la pelouse de la mairie, il s’agit alors d’un acte productif de valeur économique. Pourquoi ? Qui institue cette valeur économique ? Qui détient ce pouvoir sur la société ? Sur quels mécanismes reposent les fondements de cette création de valeur économique ? La réponse à la question influe sur nos vies : salaire, chômage, société… tout dépend de la valeur économique ! « <br /> Mais en plus de la question posée par B. Friot il est une autre qui n’est pas moindre, celle du jugement porté par bon nombre sur la personne qui passe la tondeuse. Selon que celle-ci est fonctionnaire ou ne l’est pas elle sera dépréciée ou non. Jugement auquel il faut ajouter celui tout aussi dévalorisant selon lequel le fonctionnaire c’est nous «  qu’on le paye «  alors que l’employé de Véolia, c’est l’entreprise qui le paye. <br /> Le délégation de service public est peu évaluée dans ses conséquences par bon nombre de personnes. J’ai ainsi entendu un employé de Nicollin ( entreprise chargée du ramassage des ordures ménagères à Montpellier, entre autres ) décrire avec avec respect la grandeur de cet homme à d’autres qui approuvaient et qui étaient eux supporters de l’équipe de foot de cette même ville car Nicollin était par ailleurs président du club en question.<br /> Tout ce beau monde ne faisait pas le lien entre la fortune de cet homme et la taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères que les uns et les autres payaient. Sa fortune il la devait à eux, l’équipe de foot ils en payaient également une partie <br /> Mais comme disait dans sa grande sagesse Maurice Chevalier :<br /> Et tout ça, ça fait<br /> D'excellents Français<br /> D'excellents soldats<br /> Qui marchent au pas<br /> Ils n'en avaient plus l'habitude<br /> Mais c'est comme la bicyclette, ça s'oublie pas!
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