… Qui n’est autre que celle du boy de Rothschild qui, lors de sa conférence de presse du 17 janvier 2004, a exprimé une nouvelle fois son mépris pour le peuple, pour les gens « qui ne sont rien » : « Quand je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour des forfaits téléphoniques, se dire qu’on va passer de 50 centimes à 1 euro sur une boîte de médicament, je n’ai pas le sentiment qu’on fait un crime terrible ». Le minuscule tout petit problème c’est que – et le boy le sait très bien – si on choisit d’avoir un téléphone (encore que…), on ne choisit pas d’être malade.
L’idée du boy et des siens est, à terme, de rembourser les soins en fonction des revenus, donc de fouler aux pieds le principe, qui date de l’après Seconde Guerre mondiale, de l’universalité de la Sécurité sociale selon lequel le remboursement d’un médicament ou d’un acte médical est le même, que l’on s’appelle Jean Dupont ou Bernard Arnault. Le Maire se dit « ouvert au débat ». Donc sa religion est faite. Fini le principe énoncé par Saint-Simon, Louis Blanc ou encore Karl Marx au milieu du XIXème siècle, repris à la Libération en 1945, de « à chacun selon les moyens, à chacun selon ses besoins ».
Allons-y pour des économies réalisées sur le dos des assurés sociaux, des malades, donc des personnes en état de fragilité. Le boy du boy a déclaré qu’il réfléchissait à des coupes dans les prises en charge des affections de longue durée (comme le cancer, excusez du peu), dans les remboursements des transports de malades (un cancer généralisé a-t-il jamais empêché quelqu’un de conduire sa voiture ?), et à une augmentation des franchises sur les boîtes de médicaments. « Le médicament, ça ne va pas être open bar », a prévenu le boy du boy dans son français de grand humaniste.
Pour trouver 50 milliards d’euros dans les poches des assurés sociaux, il faut mettre à bas le principe de solidarité, en synchronie et en diachronie. Les gens en bonne santé cotisent pour eux-mêmes, mais aussi et surtout pour tous les malades, qui peuvent se dire qu’ils pourront bénéficier, le cas échéant, du principe de solidarité, c’est-à-dire d’un système de – réfléchissons bien au sens profond de ces deux mots – sécurité sociale.
Si l’on est remboursé en fonction de ses revenus, comme le souhaite le boy du boy de Rothschild, on copie le modèle anglo-saxon dans ce qu’il a de pire. En Grande Bretagne ou aux États-Unis existe un filet de sécurité pour les soins, pour lequel la contribution est obligatoire, le reste relevant des assurances privées, donc de la capacité des individus à cotiser selon leurs moyens, leurs revenus. L’assurance-maladie devient une affaire largement privée (alors que la sécurité sociale est un devoir de l’État selon la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948), avec très peu de redistribution. Á l’encontre de Bismarck qui, souhaitant un État fort – et, ne l’oublions pas, des travailleurs opérationnels – avait créé le premier système d’assurances sociales obligatoires en 1883. Aux États-Unis, les pouvoirs publics ne garantissent les soins qu’aux personnes âgées (Medicare) ou sans revenus (Medicaid). Actuellement 50 millions d’Étasuniens sont hors du système de l’assurance maladie. Le pire étant que, pour bon nombre d’entre eux, il s’agit d’un choix volontaire. Tutto andrà bene, n’est-ce pas ?
Le boy et son boy espèrent que de plus en plus de gens préfèreront s’assurer en fonction de ce qu’ils estiment être leurs risques, en fixant eux-mêmes la nature de leurs cotisations : je m’assure contre le diabète et pas contre le cancer du bras droit.
Pendant ce temps-là, on occulte une vraie réflexion sur les médicaments (par exemple, les médicaments de confort qui ne servent pas à grand-chose), sur leur prix, sur le remboursement de cures de luxe. Et puis l’État pourrait s’inspirer des mutuelles qui, se gérant très efficacement, disposent de matelas considérables d’argent en réserve.