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6 avril 2024 6 06 /04 /avril /2024 05:01

… Qui n’est autre que celle du boy de Rothschild qui, lors de sa conférence de presse du 17 janvier 2004, a exprimé une nouvelle fois son mépris pour le peuple, pour les gens « qui ne sont rien » : « Quand je vois ce que nos compatriotes peuvent dépenser pour des forfaits téléphoniques, se dire qu’on va passer de 50 centimes à 1 euro sur une boîte de médicament, je n’ai pas le sentiment qu’on fait un crime terrible ». Le minuscule tout petit problème c’est que – et le boy le sait très bien – si on choisit d’avoir un téléphone (encore que…), on ne choisit pas d’être malade.

 

L’idée du boy et des siens est, à terme, de rembourser les soins en fonction des revenus, donc de fouler aux pieds le principe, qui date de l’après Seconde Guerre mondiale, de l’universalité de la Sécurité sociale selon lequel le remboursement d’un médicament ou d’un acte médical est le même, que l’on s’appelle Jean Dupont ou Bernard Arnault. Le Maire se dit « ouvert au débat ». Donc sa religion est faite. Fini le principe énoncé par Saint-Simon, Louis Blanc ou encore Karl Marx au milieu du XIXème siècle, repris à la Libération en 1945, de « à chacun selon les moyens, à chacun selon ses besoins ».

 

Allons-y pour des économies réalisées sur le dos des assurés sociaux, des malades, donc des personnes en état de fragilité. Le boy du boy a déclaré qu’il réfléchissait à des coupes dans les prises en charge des affections de longue durée (comme le cancer, excusez du peu), dans les remboursements des transports de malades (un cancer généralisé a-t-il jamais empêché quelqu’un de conduire sa voiture ?), et à une augmentation des franchises sur les boîtes de médicaments. « Le médicament, ça ne va pas être open bar », a prévenu le boy du boy dans son français de grand humaniste.

 

Pour trouver 50 milliards d’euros dans les poches des assurés sociaux, il faut mettre à bas le principe de solidarité, en synchronie et en diachronie. Les gens en bonne santé cotisent pour eux-mêmes, mais aussi et surtout pour tous les malades, qui peuvent se dire qu’ils pourront bénéficier, le cas échéant, du principe de solidarité, c’est-à-dire d’un système de – réfléchissons bien au sens profond de ces deux mots – sécurité sociale.

 

Si l’on est remboursé en fonction de ses revenus, comme le souhaite le boy du boy de Rothschild, on copie le modèle anglo-saxon dans ce qu’il a de pire. En Grande Bretagne ou aux États-Unis existe un filet de sécurité pour les soins, pour lequel la contribution est obligatoire, le reste relevant des assurances privées, donc de la capacité des individus à cotiser selon leurs moyens, leurs revenus. L’assurance-maladie devient une affaire largement privée (alors que la sécurité sociale est un devoir de l’État selon la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948), avec très peu de redistribution. Á l’encontre de Bismarck qui, souhaitant un État fort – et, ne l’oublions pas, des travailleurs opérationnels – avait créé le premier système d’assurances sociales obligatoires en 1883. Aux États-Unis, les pouvoirs publics ne garantissent les soins qu’aux personnes âgées (Medicare) ou sans revenus (Medicaid). Actuellement 50 millions d’Étasuniens sont hors du système de l’assurance maladie. Le pire étant que, pour bon nombre d’entre eux, il s’agit d’un choix volontaire. Tutto andrà bene, n’est-ce pas ?

 

Le boy et son boy espèrent que de plus en plus de gens préfèreront s’assurer en fonction de ce qu’ils estiment être leurs risques, en fixant eux-mêmes la nature de leurs cotisations : je m’assure contre le diabète et pas contre le cancer du bras droit.

 

Pendant ce temps-là, on occulte une vraie réflexion sur les médicaments (par exemple, les médicaments de confort qui ne servent pas à grand-chose), sur leur prix, sur le remboursement de cures de luxe. Et puis l’État pourrait s’inspirer des mutuelles qui, se gérant très efficacement, disposent de matelas considérables d’argent en réserve.

 

Comment rembourser les assurés sociaux : Le Maire a sa petite idée…
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commentaires

S
Hello Bernard, tu nous rajeunis ;)<br /> "lors de sa conférence de presse du 17 janvier 2004" ...<br /> J'en profite pour te remercier pour ce billet (quasi) quotidien.<br /> Web-micalement
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G
J’ai décidé que j’aurai toujours 56 ans.
A
Le problème ou la difficulté ou les 2 en même temps pour ceux qui contestent la logique de ces 2 là et du monde qu'ils représentent est qu'ils nous enferment dans des débats qui à chaque étape ferment le précédent et qui par voie de conséquence font de ce précédent et de ceux qui le devançaient une règle qui n'est pas remise en cause.<br /> Ainsi sur ce sujet nous allons débattre du niveau de remboursement des médicaments, de celui des prises en charges différenciées des maladies, de la justification pour certains des allocations familiales, des allocations chômage ou encore des pensions des retraites en oubliant parfois que tous ces sujets font parti d'un tout et qu'en leur temps étaient regroupés dans ce qu'on nommait la sécurité sociale.<br /> En oubliant que depuis 45 la persévérance de ces gens-là et le soin qu'ils ont apportée à leur entreprise ont détricoté non seulement les moyens alloués à cette œuvre de solidarité mais surtout à détruire sa philosophie.<br /> On finit par oublier que le budget de la sécurité social était un budget autonome et différencié de celui de l'Etat et géré en majorité par les représentants des salariés. Celui-ci d'ailleurs était en équilibre et des mécanismes assuraient cet équilibre grâce un ajustement constant entre recette et dépenses. <br /> Je ne vais pas revenir sur une histoire que tout le monde connaît mais s'il existait dès l'origine des branches ( famille, retraités, etc..... ) l'équilibre budgétaire était globalisée. Au nom d'une meilleure gestion tout ça a éclaté en branche autonome concomitamment avec l'intervention de l'Etat dont se méfiait dès le départ Croizat. <br /> Nous sommes arrivés par ces sauts régressifs et peu perceptibles à un projet dans lequel par exemple l'assurance chômage est excédentaire chaque année sur toute une période d'observation ; aucun déficit n'est enregistré sur ce régime, y compris en 2020 avec la crise sanitaire, et l'excédent dépasse 10 milliards d'euros en 2022 et 2023 et pourtant le gouvernement réduit l'allocation chômage et va y puiser de quoi combler le déficit du budget de l'Etat qui soit dit en passant est un sujet qui mérite lui aussi débat.<br /> Quant aux prises en charge liées à la santé on en arrive à la philosophie prônée sur ce sujet par Alain Minc, il y a quelques années, qui sous couvert d'altruisme personnel et de justice sociale affirmait qu'il lui revenait à lui puisqu'il avait les moyens et non à la société de payer pour la prise en charge des coûts engendrés par la vieillesse et la maladie de son père. <br /> C'est évidemment un des épisodes du séparatisme social qui est reproduit indéfiniment dans tous les domaines, écoles etc.. pour ces raisons s'il n'est pas possible de ne pas contester leurs chiffres parcellaires il faut revenir sans cesse sur la divergence structurelle qui nous différencie d'eux.
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