Une des vies les plus tristes qui fut : celle d’Yvonne George. Née en 1896 à Bruxelles, cette amie de Jean Cocteau créa l’inoubliable “ Nous irons à Valparaiso ”. En spectacle, cette chanson déchaîne des bagarres insensées parce que trop « intellectuelle ». Sacrément intello, la chanson :
Hardi les gars, vire au guindeau
Good bye farewell, good bye farewell
Hardi les gars, adieu Bordeaux
Hourra ! oh Mexico ooo
Au cap Horn, il ne fera pas chaud
Haul away hé, hou là tchalez
A faire la pêche au cachalot
Hale matelot et ho hisse et ho
Plus d'un y laissera sa peau
En 1924, Robert Desnos déclare une flamme passionnée à cette homosexuelle revendiquée. Il lui écrit le magnifique poème “ J’ai tant rêvé de toi ” :
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,
Couché avec ton fantôme
Qu'il ne me reste plus peut-être,
Et pourtant, qu'a être fantôme
Parmi les fantômes et plus ombre
Cent fois que l'ombre qui se promène
Et se promènera allègrement
Sur le cadran solaire de ta vie.
Tout d’eux s’initient à l’opium. Yvonne est rongée par la tuberculose. Début avril 1930, un plaisantin annonce son décès à la presse. Le 21 avril, elle avale une surdose de barbiturique et meurt à 33 ans dans une chambre d’hôtel de Gênes, avec Desnos à ses côtés.
(Valetudinis adversæ impatienta).
Fille de l'ambassadeur Guillaume Georges-Picot, et d'une mère russe, Olga Georges-Picot étudie à l'Actor's Studio. En dépit de ses qualités de comédienne, elle connaît une carrière modeste bien qu’elle ait tourné dans près de 30 films (sous la direction d’Alain Resnais ou de Fred Zinnemann, entre autres). Elle tourne dans Adieu l’ami avec Delon et Bronson, Chacal aux côtés de Michael Lonsdale, Guerre et amour de Woody Allen. Le reste de sa filmographie est constituée de films de piètre qualité, son talent n’étant pas en cause. Elle cesse de tourner en 1984 et se suicide en se défenestrant le 19 juin 1997, à l’âge de 53 ans.
(Furor).
Kurt Gerstein (11 août 1905 à Munster, Allemagne - 25 juillet 1945 à Paris, France) est un ingénieur des mines allemand, militant chrétien anti-nazi, mais membre du parti.
Il a été affecté pendant la Seconde Guerre mondiale à l'Institut d'Hygiène de la SS, département « hygiène de l'eau », à Berlin.
Il est le témoin, en août 1942, d'un gazage homicidedans le camp d'extermination de Belzec, en Pologne. Il contacte un diplomate suédois et des personnalités religieuses afin qu'ils alertent les dirigeants politiques et le pape Pie XII sur l'extermination des Juifs d'Europe, mais sans succès. En 1945, il en fourni un récit qui forme le cœur de son « rapport » aux Alliés. Le dramaturge Rolf Hochhuth écrit, dans les années 1960, une pièce de théâtre (Der Stellvertreter. Ein christliches Trauerspiel, en français : Le Vicaire) sur la base du témoignage de Kurt Gerstein, lui faisant une renommée mondiale. En 2002, Costa-Gavras s'inspire de cette pièce pour son film Amen.
Après avoir été soupçonné d'être celui qui a mis au point la chambre à gaz homicide, son récit de la mission dont il avait été chargé laissant apparaître « trop d'invraisemblances »58 aux yeux des officiers français, il est inculpé de participation directe ou indirecte à l'assassinat de nombreux déportés [...] en fournissant deux cent soixante kilogrammes de cyanure destinés à asphyxier les victimes dans les chambres à gaz. À la prison du Cherche-Midi, où il reste incarcéré dans l'attente de passer devant la justice militaire, il est placé en isolement cellulaire le 20 juillet. Dans une lettre inachevée, il demande à un ami hollandais de témoigner en sa faveur60. Lassé d’avoir à se justifier devant des interlocuteurs sceptiques, il se pend avec les lambeaux de sa couverture le 25 juillet 1945, à l’âge de 39 ans.
(Pudor)
Laurent Goddet était le fils du journaliste et directeur du Tour de France Jacques Goddet. À 24 ans, il ouvrit un magasin de disques de jazz. Il fut rédacteur en chef de Jazz Hot. Pour des raisons inexpliquées, il se pendit à son domicile parisien à l’âge de 36 ans. Son père lui survécut 17 ans.
(Impatienta doloris)