Télérama (n° 3234) publie un portrait d'Eva Joly par Éric-Emmanuel Schmitt. J'ai beaucoup aimé le passage suivant :
Par sa phonation zézayante qui détache les consonnes, elle réveille les vieux démons xénophobes : devant ces sonorités nordiques, les crétins – qui généralement ne parlent aucune langue étrangère –, au lieu d'apprécier l'hommage qu'apporte tout accent exotique à notre idiome, se moquent d'une polyglotte. En entendant leurs remarques acerbes, j'ai l'impression d'écouter une assemblée de limaces se moquer des animaux qui ont des jambes.
Devant sa double nationalité – phénomène précurseur du monde à venir –, certains éructent puis jubilent en se désignant en tant que "vrais Français" ! Comme s'ils gagnaient du mérite à être nés quelque part et à n'avoir jamais voyagé … Comme si la France "choisie" par Eva Joly ne valait pas la France "subie" qui demeure la leur. En face d'une femme qui a plusieurs cultures, ils se sentent supérieurs de n'en avoir qu'une !