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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 16:04

http://static.skynetblogs.be/media/65120/202_f542f4e53c5ccd1d67012517699a2bb6.jpgTélérama (n° 3234) publie un portrait d'Eva Joly par Éric-Emmanuel Schmitt. J'ai beaucoup aimé le passage suivant :

 

Par sa phonation zézayante qui détache les consonnes, elle réveille les vieux démons xénophobes : devant ces sonorités nordiques, les crétins – qui généralement ne parlent aucune langue étrangère –, au lieu d'apprécier l'hommage qu'apporte tout accent exotique à notre idiome, se moquent d'une polyglotte. En entendant leurs remarques acerbes, j'ai l'impression d'écouter une assemblée de limaces se moquer des animaux qui ont des jambes.

 

Devant sa double nationalité – phénomène précurseur du monde à venir –, certains éructent puis jubilent en se désignant en tant que "vrais Français" ! Comme s'ils gagnaient du mérite à être nés quelque part et à n'avoir jamais voyagé … Comme si la France "choisie" par Eva Joly ne valait pas la France "subie" qui demeure la leur. En face d'une femme qui a plusieurs cultures, ils se sentent supérieurs de n'en avoir qu'une !

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commentaires

T
Oui, certes. Mais l’inverse est vrai aussi. Être polyglotte n’est pas le garant de la qualité humaine. Il se trouve que je connais quelques langues, je suis bilingue depuis l’enfance, mais cela ne<br /> m’a rendu ni beau, ni grand, ni fort, ni intelligent, ni riche. Les gens que j’ai pu admirer dans mon enfance, pour leur culture, leur savoir, leur intelligence ou leur humanité, ne connaissaient<br /> en général que leur langue maternelle. À l’inverse, on trouvera aisément des gens se «débrouillant» dans telle ou telle langue étrangère, ou dans plusieurs, mais qui sont de parfaits crétins. L’on<br /> prête une importance démesurée à la connaissance de langues étrangères, en France en particulier. La croyance qu’apprendre une langue vous hissera aussitôt dans les plus hautes sphères<br /> intellectuelles est un fantasme de monolingue. Je m’irrité souvent de l’attitude de certains qui affectent de considérer avec dédain ceux qui «sont nés quelque part», c’est-à-dire la plupart du<br /> temps des gens de condition modeste. Avoir une connaissance approfondie de sa propre culture, s’y trouver solidement enraciné, et se sentir en profonde adéquation avec elle, ne me paraît pas moins<br /> honorable que d’avoir butiné çà et là, superficiellement, dans d’autres cultures, surtout si c’est pour prendre de petits airs supérieurs ensuite. De sa vie, Kant n’est jamais sorti de son<br /> Königsberg natal, et alors?
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B
Je ne trouve pas que les propos d'E.E. Schmidt soient particulièrement admirables. Ils expriment en fait une autre forme de racisme, le racisme social (pour voyager, il faut d'abord en avoir les<br /> moyens...).<br /> <br /> Ce n'est qu'un exemple de plus de la haine du peuple de la plupart des intellectuels parisiens, d'autant plus insupportable dans ce cas précis que ce monsieur se prétend en position de supériorité<br /> morale, on se demande bien pourquoi.
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I
Effectivement ce passage est remarquable mais l'article tout entier est vraiment réussi .
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