J'ai vécu 11 ans en Côte d'Ivoire, mais, ayant quitté ce pays il y a 23 ans, je ne dispose que de témoignages indirects. J'en sais beaucoup moins que ceux qui n'y ont jamais mis les pieds et qui s'expriment avec assurance dans la blogosphère, pour ou contre l'un ou l'autre des deux camps.
Une de mes anciennes étudiantes à Abidjan, aujourd'hui âgée d'une cinquantaine d'années, m'envoie à l'instant le témoignage suivant. Elle écrit sur son portable, dans l'angle mort d'un couloir, loin des fenêtres :
"Nous sommes découragés par les médias français qui font la part belle à Alassane Ouattara. Ses hommes vivent depuis plusieurs jours dans notre quartier. Ils ont pillé des maisons, ils nous ont menacés, mais les médias français parlent d'eux comme s'ils étaient des anges. Ce que fait l'armée française auprès des rebelles est inacceptable. Elle a combattu auprès des rebelles, nous l'avons vu de nos propres yeux. Si la France n'était pas intervenue, nous serions sortis de cet enfer depuis environ une semaine. L'intervention française n'a fait qu'attiser les rancoeurs et la violence. La réconciliation ivoirienne n'est pas pour demain, j'en ai peur, il y a eu trop de morts des deux côtés."