J'ai publié récemment un article sur les lectures malsaines d'Herman Van Rompoy. J'ai également déposé ce texte dans les colonnes du Grand Soir. Des réactions assez critiques me sont revenues du genre “ il ne faut pas tout mélanger, les hommes politiques ont le droit de lire ce qu'ils veulent, ce n'est pas parce qu'on lit un facho qu'on est soit même facho ”, etc. Je voulais montrer la porosité des idées entre l'extrême droite et la droite qui gouverne toute l'Europe, y compris par Solfériniens interposés.
Aujourd'hui, partout en Europe, sous toutes ses formes, l'extrême droite relève la tête, dicte l'ordre du jour pour la simple raison que son discours est pleinement politique, et elle n'a même plus besoin de faux nez. Comme quand elle veut s'occuper du ventre des femmes espagnoles qui découvrent, comme le chantait Jacques Brel il y a quarante ans, que “ Franco n'est pas tout à fait mort ”.
Cela fait belle lurette que l'extrême droite est vigoureuse en Alsace, que le FN réalise des scores plus qu'honorables, en particulier dans les villages où l'on n'a pas vu un Arabe ou un Noir depuis 250 ans. Cet extrémisme se déchaîne désormais sur le campus de l'université de Strasbourg depuis, par exemple, que l'Action française universitaire a appelé dans un tract à “ Tuer tous les gauchismes ”.
S'agite également le groupe néo-nazi Alsace nationaliste, lié aux Jeunesses nationalistes, proche de l'Œuvre française. Les Jeunesses nationalistes sont dirigées par Alexandre Gabriac, exclu du FN pour sa violence et son goût pour les saluts nazis. “ Qu'ils nous haïssent pourvu qu'ils nous craignent ! ”, écrivait tout récemment sur Twitter cet admirateur de Brasillach et Bardèche en paraphrasant Caligula.
Les Jeunesses nationalistes ont été dissoutes en juillet dernier, tout comme l'Œuvre française. Ils ont néanmoins pignon sur rue et le site de L'Œuvre française, certes en sommeil, est bien présent sur la toile.
Quant au mouvement étudiant d'extrême droite, le GUD, il est à nouveau de plus en plus actif. En novembre 2013, sa branche nancéenne appelait à des violences envers les homosexuels. À Strasbourg, des affiches de ce mouvement, frappées d'un glaive, proclamaient récemment : “ Sionistes, gauchistes, hors de nos facs ”.
Au moment où plus de 30% des Français se disent en phase avec les idées de M. Le Pen, où, selon certains sondages, 40% des ouvriers s'apprêtent à voter pour le FN, où, dans une manifestation, dite traditionnaliste, on a entendu, pour la première fois depuis 70 ans, des “ Mort aux Juifs ”, il ne faut rien prendre à la légère. Surtout pas les idiots utiles d'extrême droite qui sont un des fers au feu du CAC 40 à l'échelle de l'Europe dans son combat quotidien contre la démocratie.