Alberto Santos-Dumont, cet intrépide Franco-Brésilien qui s’était d’abord frotté au ballon dirigeable, parvient à se maintenir durant 60 mètres dans le ciel de Bagatelle (en fait au-dessus de l’herbe) le 23 octobre 1906. Quelques semaines plus tard, il pulvérise son record en se maintenant au-dessus des mottes pendant 220 mètres.
Après la Première Guerre mondiale, Santos-Dumont est très inquiet à l’idée que l’aviation puisse se développer uniquement à des fins militaires. En 1928, il est atteint de sclérose en plaque. Il se pend à 59 ans dans une chambre du Grand Hôtel de Guarujà.
(Valetudinis adversæ impatienta)
Sappho, la poétesse qui aimait les femmes, mourra pour l’amour d’un homme qui l’avait laissé choir, en se jetant d’une falaise de l’île de Leucade à l’âge de 55 ans.
Cette aristocrate vécut au VIIe siècle sur l’île de Lesbos. Platon l’avait surnommée la « dixième muse ». Elle était vraisemblablement laide, basanée et de petite taille. L’étonnant n’est pas qu’elle ait été homosexuelle, ce qui était courant dans l’aristocratie de l’époque, mais qu’elle en ait parlé dans ses écrits. Jamais une femme n’avait osé cela. Un seul de ses poèmes a survécu dans son intégralité : “ L’hymne à Aphrodite ”. Comme tous les poètes, elle jouait de la lyre. Elle aurait inventé le plectre, l’ancêtre du médiator.
(Impatienta doloris)
Godefroy (dit Fred) Scamaroni fut un grand résistant corse né en 1914. Il aimait citer ce mot de Napoléon : « Jamais les Romains n’achetaient d’esclaves corses. Ils savaient qu’il était impossible de les plier à la servitude. »
Haut fonctionnaire, Scamaroni rejoint la France libre en 1940. En 1943, il prend la tête de la Résistance en Corse après avoir été membre de l’état major de De Gaulle à Londres. Son réseau est traqué par les fascistes italiens. Il est arrêté le 18 mars 1943. On lui promet la vie sauve s’il parle. « Vous ne savez pas ce qu’est l’honneur », répond-il. On lui arrache les ongles, on lui enfonce des morceaux de fer rouge dans les chairs. À un autre détenu, il dit : « Tu diras à ma mère, à mes sœurs, que ce n'est pas très dur de mourir et que je meurs content ».
Il décide de se suicider en se faisant passer un fil de fer à travers de la veine jugulaire. Il écrit sur les murs de sa cellule avec son sang : « Je n'ai pas parlé. Vive De Gaulle ! Vive la France ! ».
Les Italiens ne connaissent pas sa véritable identité. L'évêque d'Ajaccio refuse des obsèques religieuses à ce suicidé. Son corps est jeté dans une fosse commune.
En janvier 1944, après la libération de la Corse, sa dépouille est exposée à la demande du nouveau maire Eugène Macchini dans la cathédrale d'Ajaccio. Ce dernier l’accueille dans sa propre chapelle familiale du cimetière de la ville natale de Fred Scamaroni.
(Subtractio)