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29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 06:14

 

J’ai sous les yeux le texte d’un arrêté concernant « le cadre national de la formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat ».

 

12 pages qui en remplacent 12 autres qui devaient leur ressembler furieusement. En les parcourant rapidement, j’ai pensé que rien d’important n’avait changé.

 

Que nenni ! J’étais passé un peu vite sur la phrase suivante :

 

« Le ou les directeurs de thèse siègent au sein du jury sans la qualité de membre. Il ne prennent pas part à la délibération. »

 

C’est là qu’on voit qu’avec Hollande, Valls et Vallaud-Belkacem, le socialisme est en marche. Tout est chamboulé par cette mesure qui ouvre la voie royale à une authentique démocratisation de l’enseignement supérieur.

 

Cela fait au moins vingt ans que par des mesures multiples et variées les dirigeants qui se sont succédé dans notre pays ont avili la fonction d’universitaire, rabaissé le statut, humilié les personnels. Cela fait au moins vingt ans que les universitaires font du travail de secrétariat, changent les tringles des rideaux ou vérifient qu’il y a du PQ dans les toilettes (je ne plaisante pas), se gèlent en hiver dans des bureaux mal chauffés pendant que les couloirs des bâtiments administratifs sont des étuves. Cela fait au moins vingt ans que le temps que les universitaires peuvent consacrer à la recherche et à l’écriture – quand la période des cours et des innombrables réunions où l’on répète ce que l’on a dit précédemment quand on ne remet pas tout en cause sur ordre du ministère – se réduit comme une peau de chagrin (quand j’étais étudiant dans la seconde moitié des années soixante, les profs nous quittaient fin juin, reprenaient le chemin des facs en octobre et les cours commençaient réellement après la Toussaint !).

 

Volens nolens, les universitaires ont accepté tous les reculs qui ont permis leur infantilisation et leur humiliation. À commencer par l’appellation d’« enseignant-chercheur » qui, à elle seule, relève de l’abaissement. Et je ne parle pas des salaires qui n’étonnent même plus les collègues néerlandais, allemands, autrichiens, britanniques, suisses (naturellement), etc. Dans un établissement que je connais désormais assez bien, quoique par contiguïté, l’équipe dirigeante a décidé de transformer de très nombreux cours magistraux en travaux dirigés (60 minutes devenant ainsi 90 minutes) et elle a remplacé les sessions de deux heures par des sessions d’une heure quarante cinq. Mine de rien, ces mesures “ techniques ” ont gonflé les services des enseignants d’environ 40%. Cela a été rendu possible par la tristement célèbre annualisation des services mise en place par Jack Lang en 1993 (les Solfériniens préparent la même petite sauce pour les enseignants du secondaire). J’ajoute que cette annualisation a permis une réelle déréglementation, incitant, par exemple, les chefs d’établissements à ne plus respecter les jours fériés, les congés de maladie ou de maternité.

 

Mais revenons à ce qui a motivé ce billet. Vallaud-Belkacem et ses têtes d’œuf ont inventé les jurés à deux vitesses, ceux qui ont le droit de délibérer et ceux qui ne peuvent pas. Ils peuvent regarder mais il leur est interdit de toucher. Ils peuvent passer des dizaines, voire des centaines d’heures à guider, encadrer, conseiller un étudiant, mais n’ont pas le droit de l’évaluer, d’exprimer un point de vue, d’apporter des informations.

 

Sarkozy détestait les universitaires, notamment parce que ses études supérieures avaient été médiocres, pour ne pas dire de nullité satisfaite. Ce n’est le cas ni de Hollande, ni de Valls, ni de Vallaud-Belkacem. Alors, pourquoi cet acharnement étriqué, mesquin et, pour finir, triste ?

 

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commentaires

G
A Pschitt : Non, c'est de la rhétorique pure.
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P
Sans vouloir vous offenser , vous vous poser encore la question réellement ?
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