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9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 05:27

Des économistes britanniques (peut-être pas des fans de Cameron), réfléchissent au problème. Qui n'en est d'ailleurs pas un !

 

Travailler moins pour améliorer le bien-être de tous et consommer différemment. C’est ce que préconise un groupe de réflexion britannique.


En France

Le taux de chômage a atteint 10 % en moyenne au dernier trimestre 2009. En métropole, il s’établit à 9,6 % (2,7 millions de personnes), du jamais-vu depuis 1999. Plus généralement, note l’INSEE, 3,4 millions de personnes ne travaillent pas mais souhaiteraient le faire. Les plus durement touchés sont les jeunes. Dans la tranche des 15-24 ans, 25,3 % des hommes et 22,3 % des femmes sont au chômage. Par ailleurs, le chômage technique ou partiel a concerné 144 000 personnes.

 http://www.barreau-evreux.avocat.fr/images/ContratTravail.JPG

Imaginez que la semaine de travail de 21 heures soit la norme. Comment occuperiez-vous une froide journée d’hiver ? Vous pourriez rester plus longtemps au lit, vous auriez plus de temps à passer avec vos enfants, plus de temps pour lire, pour voir votre mère, pour voir vos amis, pour réparer la gouttière, pour faire de la musique, pour préparer le déjeuner, pour vous promener dans le parc. Ou bien est-ce que vous vous demanderiez simplement comment faire pour payer vos factures ?

L’économiste John Maynard Keynes [1883-1946] imaginait une semaine de 15 heures au début du XXIe siècle, parce qu’il pensait que nous n’aurions plus besoin de travailler autant pour satisfaire nos besoins matériels. Mais la liste de ce dont nous estimons avoir besoin s’est considérablement allongée. Et, au lieu de raccourcir, la semaine de travail a fait de même. [La durée légale du travail en Grande-Bretagne est limitée à 48 heures hebdomadaires, plafond fixé par une directive européenne. Les 21 heures correspondent grosso modo à la moyenne actuelle, incluant les temps partiels.]

En France, l’expérience des 35 heures a donné des résultats mitigés

Aujourd’hui, la New Economics Foundation [NEF, Fondation pour une nouvelle économie] propose une semaine de travail beaucoup plus courte – l’objectif est d’arriver à 21 heures – pour faire face à trois crises majeures du XXIe siècle. Tout d’abord, la menace du changement climatique signifie que nous devons réduire drastiquement nos émissions de CO2, en achetant moins de produits gourmands en énergie et en revoyant l’idée que nous nous faisons de nos besoins. Ensuite, du fait de la crise économique mondiale, des millions de personnes sont au chômage ou sous-employées alors que de plus en plus de gens sont surchargés de travail et ont du mal à concilier vie professionnelle et vie familiale. Enfin, le creusement des inégalités socio-économiques a accentué les clivages dans la société, avec des niveaux de bien-être très bas, en particulier chez les enfants.


Alors que certains travaillent, gagnent et consomment trop, d’autres ont à peine de quoi vivre. Une semaine de travail beaucoup plus courte nous aiderait, les uns et les autres, à mener une vie plus satisfaisante en répartissant plus équitablement les activités rémunérées et non rémunérées au sein de la population.

Nous pouvons apprendre des Français, chez qui l’expérience de la semaine de 35 heures, mise en place il y a dix ans, a donné des résultats mitigés. C’est parmi les femmes ayant des enfants en bas âge et les salariés bénéficiant de revenus élevés qu’elle a été le mieux accueillie. D’autres travailleurs, en particulier dans les tranches de revenus les plus faibles, ont eu le sentiment de ne pas pouvoir maîtriser suffisamment leur temps, étant donné que la répartition des 1 600 heures de travail annuelles était fixée par leur employeur. Mais, lorsque le président Sarkozy a supprimé le plafond des 35 heures, la plupart des employeurs ont maintenu les accords existants.

 

http://www.devoir-de-philosophie.com/images_dissertations/1060.jpg


La NEF ne préconise pas un changement soudain ou imposé, mais une lente évolution sur une décennie, voire plus. Les augmentations de salaire pourraient être progressivement troquées contre des horaires plus courts. On aurait le temps d’adapter les incitations offertes aux employeurs, de décourager les heures supplémentaires, de réduire les charges, d’accroître la flexibilité dans un sens qui convienne aux salariés et de développer la formation pour pallier la pénurie de compétences. On aurait aussi le temps d’instaurer un salaire minimum plus élevé et un impôt plus progressif, de faire évoluer les attentes des gens et de s’adapter à un mode de vie pauvre en émissions de carbone, qui requière plus de temps et moins d’argent.

Dans le cadre de cette transition, les services publics doivent être préservés et améliorés de manière que chacun ait accès à l’éducation, aux soins de santé et à d’autres prestations essentielles et se sente relativement protégé des aléas de la vie.

La perception de ce qui est normal peut parfois changer subitement, comme on l’a vu avec l’interdiction de fumer dans les cafés et les restaurants. L’opinion publique peut basculer de l’aversion à l’acceptation, notamment quand se conjuguent de nouvelles données, un nouveau contexte, un sentiment de crise et une campagne forte.

Comme nous le soulignons dans le rapport “21 Hours”, nous avons déjà des données solides, un contexte qui a évolué et un profond sentiment de crise. La campagne, elle, démarre ici. 

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commentaires

H
Bonjour,<br /> Ce n'est pas facile de se faire embaucher de nos jours. Mais j'ai découvert par Camille≈ Gagner-argent.org une autre façon de gagner sa vie. Je ne savais pas qu'on peut gagner sa vie chez soi en se servant de sa passion. On peut dire qu'internet fait des miracles. En tout cas, je vous remercie pour cet article très instructif.
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B
"En France, l’expérience des 35 heures a donné des résultats mitigés."<br /> <br /> Et pour cause, le but était de pervertir cyniquement une promesse électorale que les socialistes pensaient pouvoir tranquillement mettre à la poubelle avant les élections prévues en 1998 (avant que<br /> la dissolution de 1997 ne les remette aux affaires plus tôt qu'ils ne l'avaient prévu...). Le but était d'injecter plus de "flexibilité" dans le "marché du travail", surtout pour les travailleurs<br /> les moins qualifiés, tout en prétendant faire une avancée sociale semblable aux réformes de 1936 ou 1945.<br /> <br /> Cette manière de maquiller cyniquement une régression en une avancée sociale a beaucoup pesé dans la désaffection à l'égard des socialistes en 2002, 2007, et peut-être en 2012.
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D
Molière aurait déclaré: "Il faut travailler pour vivre, et non pas vivre pour travailler".<br /> <br /> Mais Voltaire: "Le travail éloigne de nous trois grands maux, l'ennui, le vice et le besoin".<br /> <br /> Travailler moins, polluer moins, inventer de nouvelles activités en groupe, découvrir des projets collectifs, le droit à des initiatives, vivre ensemble, j'adhère.
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