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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 07:30

Dans ce numéro de juin 2014, le Diplo s’intéresse aux puissants qui redessinent le monde. Les Européens rejettent de plus en plus l’Europe ? Réponse : un grand traité négocié en secret !

 

Serge Halimi observe : Un aigle libre-échangiste américain traverse l’Atlantique pour ravager un troupeau d’agnelets européens mal protégés. L’image a envahi le débat public dans le sillage de la campagne pour les élections européennes. Frappante, elle est politiquement périlleuse. D’une part, elle ne permet pas de comprendre qu’aux Etats-Unis aussi des collectivités locales risquent demain d’être victimes de nouvelles normes libérales qui leur interdiraient de protéger l’emploi, l’environnement, la santé. D’autre part, elle détourne l’attention d’entreprises bien européennes – françaises comme Veolia, allemandes comme Siemens – et tout aussi empressées que les multinationales américaines à poursuivre en justice les Etats auxquels il prendrait la fantaisie de menacer leurs profits. Enfin, elle néglige le rôle des institutions et des gouvernements du Vieux Continent dans la formation d’une zone de libre-échange sur leur propre territoire.

 

 

La mondialisation sera heureuse, ironisent Raoul Marc Jennar et Renaud Lambert :

Selon la secrétaire d’Etat française au commerce extérieur Fleur Pellerin, les débats autour du projet d’accord transatlantique souffriraient d’une présentation « inutilement anxiogène ». Alors, de quoi s’agit-il exactement ? Et quels sont les risques pour les populations ?

 

 

Ce traité va grandement menacer les droits des travailleurs (Wolf Jäcklein) :

 

Non-respect des droits fondamentaux du travail. Les Etats-Unis n’ont ratifié que deux des huit normes fondamentales de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui visent à protéger les travailleurs. De leur côté, tous les pays membres de l’Union européenne ont adopté les réglementations promues par l’organisme des Nations unies. L’histoire suggère que l’« harmonisation » à laquelle conduisent les traités de libre-échange tend à se faire sur la base du plus petit dénominateur commun. Les salariés européens peuvent donc craindre une érosion des droits dont ils bénéficient actuellement.

 

Les tribunaux vont aider les entreprises à détrousser les États (Benoît Bréville et Martine Bulard) :

 

Des multinationales qui traînent des Etats en justice pour imposer leur loi et faire valoir leurs « droits », cela ne relève pas du fantasme : on compte déjà plus de cinq cents cas dans le monde.

 

Il a suffi de 31 euros pour que le groupe français Veolia parte en guerre contre l’une des seules victoires du « printemps » 2011 remportées par les Egyptiens : l’augmentation du salaire minimum de 400 à 700 livres par mois (de 41 à 72 euros). Une somme jugée inacceptable par la multinationale, qui a porté plainte contre l’Egypte, le 25 juin 2012, devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), une officine de la Banque mondiale. Motif invoqué ? La « nouvelle loi sur le travail » contreviendrait aux engagements pris dans le cadre du partenariat public-privé signé avec la ville d’Alexandrie pour le traitement des déchets. Le grand marché transatlantique (GMT) en cours de négociation pourrait inclure un dispositif permettant ainsi à des entreprises de poursuivre des pays — c’est en tout cas le souhait des Etats-Unis et des organisations patronales. Tous les gouvernements signataires pourraient alors se trouver exposés aux mésaventures égyptiennes.

 

 

Dormons en paix, la Commission européenne négocie pour nous (Martin Pigeon) :

Silence, on négocie pour vous

Les discussions autour du projet se sont longtemps tenues dans le plus grand secret, suscitant de légitimes inquiétudes. Or de multiples fuites ont depuis confirmé les soupçons…

Opacité, voilà le mot qui caractérise sans doute le mieux les négociations autour du grand marché transatlantique (GMT). Le commissaire européen au commerce international Karel De Gucht a beau dire qu’« il n’y a rien de secret à propos de ces tractations commerciales  », le négociateur en chef de l’Union, M. Ignacio Garcia Bercero, a promis le contraire à son homologue américain Daniel Mullaney, dans un courrier daté du 5 juillet 2013 : « Tous les documents concernant le développement du GMT, y compris les textes des négociations, les propositions faites des deux côtés, le matériel explicatif joint, les courriels et les autres informations échangés (...), demeureront confidentiels. » La Commission a publié un certain nombre de ses positions de négociation en juillet 2013 puis en mai 2014, mais de façon très parcellaire (onze documents en tout et pour tout). De plus, les documents de juillet 2013 n’ont été publiés qu’après avoir fuité, et il n’est pas possible de savoir si ceux de mai 2014, très synthétiques, reflètent réellement la teneur des documents.

 

 

Raoul Marc Jennar analyse le mandat de négociation : La Commission jouit du monopole de l’initiative : elle propose seule les recommandations destinées à encadrer la négociation de tout accord de commerce ou de libre-échange. Réunis en Conseil, les Etats membres en délibèrent avant d’autoriser la négociation. Les recommandations initiales de la Commission – rarement modifiées par le Conseil – délimitent alors un mandat de négociation. Pour le grand marché transatlantique (GMT), celui-ci fut conféré le 14 juin 2013.

Le Monde Diplomatique (70)

Raoul Marc Jennar analyse le mandat de négociation : La Commission jouit du monopole de l’initiative : elle propose seule les recommandations destinées à encadrer la négociation de tout accord de commerce ou de libre-échange. Réunis en Conseil, les Etats membres en délibèrent avant d’autoriser la négociation. Les recommandations initiales de la Commission – rarement modifiées par le Conseil – délimitent alors un mandat de négociation. Pour le grand marché transatlantique (GMT), celui-ci fut conféré le 14 juin 2013.

 

 

Des contre-pouvoirs s’organisent dans les tribunes des stades de football au Brésil (David Garcia) : Déjà cinq fois vainqueur de la compétition, le Brésil accueille la Coupe du monde de football dans un climat de désenchantement politique et de ferveur entretenue par les médias. Théâtre d’une expression débridée et parfois très violente, les stades, que le sport business voudrait pacifier, sont aussi des lieux de socialisation. Certaines associations de supporteurs en défendent le caractère populaire. São Paulo, Brésil, 1er février 2014. Très en colère, une centaine de supporteurs des Corinthians pénètrent par effraction dans le centre d’entraînement de leur équipe favorite. Ils ont la ferme intention de châtier deux joueurs, jugés responsables d’une série de revers. Les malheureux échappent de justesse à leur vindicte. Quatre jours plus tard, lors d’un match, des heurts violents opposent cette fois des partisans du club pauliste... entre eux.

 

 

Israël fait l’objet de boycots, de désinvestissement et de sanctions (Julien Salingue) :

Les diplomates américains font mine de découvrir la politique du fait accompli menée par Tel-Aviv et les effets destructeurs de la colonisation. Pour en finir avec l’impunité d’Israël et faire respecter le droit international, une myriade d’acteurs économiques, culturels ou politiques ont désormais recours à d’autres méthodes. Le 4 mars 2013, le premier ministre israélien s’exprimait, comme chaque année, lors de la convention de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis. Les sujets abordés par M. Benyamin Netanyahou n’ont guère surpris les observateurs : défense de la sécurité d’Israël, Syrie, nucléaire iranien, exigences vis-à-vis des négociateurs palestiniens, etc. Mais, ce jour-là, un sujet nouveau a occupé un quart du temps de parole de l’intervenant : la campagne internationale Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) menée contre la politique d’Israël. Le sigle fut cité à dix-huit reprises…

 

 

Quel avenir pour le sommeil dans le monde du capitalisme débridé (Jonathan Cary)?

 

On considère en général le besoin de dormir soit comme une perte de temps, soit comme un relâchement fâcheux de la vigilance. Le sommeil sert par exemple de métaphore pour illustrer l’apathie des peuples face à l’oppression. A l’heure où le capitalisme prétend faire de la vie humaine un processus de production et de consommation ininterrompues, ne faudrait-il pas réviser ces représentations ?

Le Monde Diplomatique (70)

 

Au Sri Lanka, Cédric Gouverneur nous rappelle que des braises couvent sous le béton :

Cinq ans après avoir écrasé la guérilla des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), l’armée et le gouvernement du Sri Lanka ont commencé à réhabiliter les zones de combats. Les villes reprennent vie. Mais, sans véritable réconciliation ni réforme politique, le pays reste divisé entre la majorité cinghalaise et la minorité tamoule. La frustration grandit et la colère gronde, notamment dans le Nord.

 

 

Mickaël Faujour se demande si les Guatémaltèques ont oublié Jacobo Arbenz :

 

Pour les révolutionnaires latino-américains, le coup d’Etat qui renversa le président guatémaltèque Jacobo Arbenz en juin 1954 illustre le refus par Washington de tolérer les plus modestes réformes dans son « arrière-cour ». Présent lors des événements, Ernesto Che Guevara s’en souviendra lors de la révolution cubaine... Mais qu’en est-il de la population d’un pays dont l’histoire fut alors bouleversée ?

 

 

Pour Michel Galy, la dictature togolaise est à bout se souffle :

 

M. Faure Gnassingbé sera-t-il candidat à sa propre succession lors de l’élection présidentielle togolaise de 2015 ? Son départ constitue l’un des enjeux du dialogue entamé mi-mai par tous les partis politiques. Echaudés par les violences meurtrières et les fraudes qui entachent les scrutins depuis quarante ans, les opposants exigent des garanties. En premier lieu, l’arrêt du soutien français à la dictature.

 

 

Les causes de la Première Guerre mondiale ne se situèrent pas seulement dans les Balkans (Jean-Arnaud Dérens) : Selon une analyse fort répandue, l’assassinat de l’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, le 28 juin 1914 à Sarajevo, aurait provoqué la première guerre mondiale. En donnant une place centrale à la politique serbe dans le déclenchement du conflit, cette lecture ne contribue pas seulement à forger une image noire des Balkans : elle occulte les causes véritables de cette boucherie aux dix-huit millions et demi de morts.

 

 

En Espagne, la droite est en train d’être doublée sur sa droite (Guillaume Beaulande) :

Défricher consciencieusement le terrain (pourtant déjà bien balisé) du néoconservatisme : c’est la mission de la fondation politique de M. José María Aznar. L’ancien chef du gouvernement espagnol compte ainsi ravir le pouvoir à son rival, M. Mariano Rajoy.

 

 

A lire, un beau textye de l’écrivain coréen Hwang Sok-Young : “ Un « kimchijean » à pleurer ”.

 

Le Diplo explique la Russie par son chauffage (Régis Genté) : En rétablissant l’autorité et les finances de l’Etat russe, le président Vladimir Poutine a su gagner la confiance de la population, malgré les dérives autocratiques. Mais la question du chauffage urbain montre que la restauration des capacités d’investissement public ne s’accompagne pas d’une mise à niveau des services de base. La tentation de les brader au privé reste forte. Quant à l’efficacité énergétique, elle peut attendre...

 

 

Un article sur la techno (hé oui !), par Antoine Calvino :

Les événements musicaux de masse ne produisent pas seulement des moments d’abandon ou de consommation. La contre-culture des raves et les fêtes technos géantes portent aussi l’utopie politique des zones autonomes temporaires.

 

 

Bruno Falissard revient sur un vieux débat : faut-il soigner le malade ou la maladie ?

Accepteriez-vous de participer à un essai thérapeutique si on vous le proposait ? En prenant part à une étude de ce genre — destinée à évaluer de nouveaux traitements —, vous viendriez en aide aux patients souffrant des mêmes troubles que vous. Néanmoins, elle repose le plus souvent sur un tirage au sort : le malade volontaire peut recevoir soit une molécule active, soit un placebo, afin de mesurer si la prise du traitement est plus efficace qu’une absence de traitement. Mais ce test en double aveugle – ni les patients ni les cliniciens ne savent qui a pris quoi – implique de priver certains individus malades d’un produit qui pourrait les guérir. Et ce au nom d’un savoir qui profitera à l’ensemble des patients.

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