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8 novembre 2021 1 08 /11 /novembre /2021 06:10

Dans Le Monde Diplomatique de novembre 2021, Arnaud Bontemps, Prune Helfter-Noah et Arsène Ruhlman expliquent pourquoi l’État paye pour disparaître : « « Bienvenue chez VFS Global, le partenaire officiel des autorités françaises à Alger », proclame le site d’un prestataire chargé de trier les dossiers de visas pour la France. Depuis dix ans, Paris lui confie le traitement des demandes qui lui sont adressées dans certains pays du monde, comme l’Algérie. Mais l’externalisation des fonctions régaliennes touche tous les pans de l’action publique, au point que peu y échappent, de la médiation culturelle à l’aide sociale à l’enfance. La situation a pris un tour singulier depuis une dizaine d’années : les pouvoirs publics lancent désormais des appels d’offres dits « d’assistance à maîtrise d’ouvrage » pour sélectionner des prestataires à même de les aider à… sélectionner ou gérer des prestataires. »

 

Dans Le Grand Soir, John Pilger évoque les tortures mentales et physiques subies par son ami Julian Assange : « Lorsque j’ai vu Julian Assange pour la première fois à la prison de Belmarsh, en 2019, peu après qu’on l’a arraché de son refuge à l’ambassade d’Équateur, il m’a dit : "Je crois que je perds la tête."

 

Il était décharné et émacié, ses yeux étaient creux et la maigreur de ses bras était soulignée par un ruban jaune d’identification noué autour de son bras gauche, symbole évocateur du contrôle institutionnel.

 

À l’exception des deux heures de ma visite, il était confiné dans une cellule solitaire dans une aile appelée du nom orwellien "soins de santé ».

 

La torture insidieuse qu’il a subie à Belmarsh a eu des effets dévastateurs. Lisez les rapports de Nils Melzer, rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, et les avis cliniques de Michael Kopelman, professeur émérite de neuropsychiatrie au King’s College de Londres, et du Dr Quentin Deeley, et réservez un mépris pour le mercenaire des Etats-Unis au tribunal, James Lewis QC, qui a qualifié tout cela de "simulation".

 

J’ai été particulièrement ému par les paroles expertes du Dr Kate Humphrey, neuropsychologue clinique à l’Imperial College de Londres. Elle a déclaré à l’Old Bailey l’année dernière que l’intelligence de Julian était passée d’un niveau "supérieur, ou plus vraisemblablement très supérieur" à un niveau "nettement inférieur" à ce niveau optimal, au point qu’il avait du mal à absorber les informations et que ses "performances se situaient dans la fourchette basse à moyenne".

 

Lors d’une autre audience de ce drame honteux et kafkaïen, je l’ai vu lutter pour se souvenir de son nom lorsque le juge le lui a demandé.

 

Pendant la majeure partie de sa première année à Belmarsh, il était confiné. Privé d’exercice physique, il arpentait la longueur de sa petite cellule, d’avant en arrière, d’avant en arrière, pour "mon propre semi-marathon", m’a-t-il dit. Cela sentait le désespoir. Une lame de rasoir a été trouvée dans sa cellule. Il a écrit des "lettres d’adieu". Il a téléphoné aux Samaritains à plusieurs reprises.

 

Au début, on lui a refusé ses lunettes de lecture, oubliées lors de son enlèvement brutal à l’ambassade. Lorsque les lunettes sont enfin arrivées à la prison, elles ne lui ont pas été remises avant plusieurs jours. Son avocate, Gareth Peirce, a écrit lettre après lettre au directeur de la prison pour protester contre la rétention de documents juridiques, l’accès à la bibliothèque de la prison, l’utilisation d’un ordinateur portable basique pour préparer son dossier. La prison mettait des semaines, voire des mois, à répondre. (Le gouverneur, Rob Davis, a été décoré de l’Ordre de l’Empire britannique).

 

Les livres que lui a envoyés un ami, le journaliste Charles Glass, lui-même survivant d’une prise d’otages à Beyrouth, lui ont été retournés. Julian n’a pas pu appeler ses avocats américains.

 

Depuis le début, il est constamment sous médicaments. Une fois, quand je lui ai demandé ce qu’ils lui donnaient, il n’a pas pu le dire.

Revue de Presse 379
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commentaires

A
Dans votre "revue de presse" retenons le cas Julian Assange et merci de rappeler le calvaire qu'il vit et dont, hélas, il ne pourra pas se remettre vu les tortures physiques, morales, intellectuelles endurées ! Il ne fait pas bon dévoiler les dessous diplomatiques, politiques et autres et en cela est-ce que l'Histoire a beaucoup évolué depuis l'antiquité ? Voir, tout au cours des siècles, notre Histoire (dite) de France !
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