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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 17:50
Un article très intéressant de Jean-Jacques Chavigné pour Démocratie et socialisme :
illustration : contrôler le marché ou le subir ?

Cette mesure est une attaque d’une extrême gravité contre le salariat (93 % de la population) mais n’aura aucune incidence sur les banques qui portent pourtant l’entière responsabilité de l’augmentation de la dette publique au cours des trois dernières années.

Qui peut imaginer un seul instant, en effet, que si les banques nous replongeaient dans la même galère qu’il y a trois ans, Sarkozy ne serait pas le premier à leur offrir les centaines de milliards d’euros dont elles auraient besoin pour financer leurs créances toxiques, garantir les dépôts de leurs clients et leur éviter la faillite ? Qui peut penser qu’il n’augmenterait pas aussitôt le déficit public pour satisfaire les besoins des banques ?

Le même argument qu’en 2008 nous serait alors resservi : « elles sont trop grandes pour faire faillite » ! Alors que, si elles n’étaient pas immédiatement nationalisées, elles pourraient immédiatement faire faillite et s’ensuivrait une crise économique catastrophique. On peut donc être certain que, dans un tel cas de figure, le Conseil constitutionnel s’assiérait sur l’amendement de Sarkozy et se retrancherait derrière des « circonstances exceptionnelles » pour les sauver sans les nationaliser.

Pourtant, ces « circonstances exceptionnelles » ne sont rien d’autre que le fruit de l’inaction du gouvernement Sarkozy et de son inépuisable complaisance envers les banques. Car rien, depuis 2008, n’a été fait pour interdire aux banques de spéculer avec les dépôts de leurs clients. Aucune séparation n’a été instaurée entre banques d’investissement et banques de dépôts. Des dizaines de milliards d’actifs toxiques plombent encore leurs bilans. Loin de revenir à des tailles plus modestes et donc moins dangereuses pour l’économie et la société, les établissements bancaires les plus importants ont profité des fonds mis à leur disposition par l’Etat pour racheter des établissements plus petits ou plus vulnérables. Elles sont encore plus « grandes » aujourd’hui qu’en 2008 et leurs faillites seraient donc encore plus dangereuses.

C’est uniquement contre le salariat qu’est dirigée cette modification de la Constitution

Et cela à double titre.

D’abord en adossant directement à la Constitution le plan d’austérité destiné à rétablir l’équilibre budgétaire, un plan payé par les seuls salariés.

La dette publique sert, en effet, de bélier à Sarkozy et à son gouvernement pour imposer les « réformes » néolibérales qu’ils n’avaient pas encore pu nous infliger. Avec la retraite à 62 ans, les deux ans de travaux forcés qu’il essaie de nous imposer ne sont qu’un avant-goût de ce qu’il nous concocte. La privatisation de pans entiers de l’assurance-maladie, du secteur hospitalier, de la dépendance, des retraites est au menu de son plan d’austérité. La diminution des emplois publics, la destruction de l’Éducation nationale s’accentueront. Les collectivités locales pourront toujours moins financer les prestations sociales qu’il leur incombe de prendre en charge. Sans même parler de la TVA antisociale à laquelle Copé commence déjà à nous préparer.

Ensuite, en rendant très difficile, pour un gouvernement de gauche, la possibilité de faire une autre politique qu’une politique néolibérale. La dette publique actuelle a deux origines.

La première est la baisse des impôts des riches qui obligent l’État à emprunter aux rentiers et à leur verser des intérêts qui accroissent encore le montant de la dette publique.

La seconde est la crise économique (conséquence directe de la crise bancaire) qui s’est traduite par une augmentation des dépenses (financement du plan d’aide aux banques, primes à la casse pour préserver les profits de l’industrie automobile …) et par une diminution des recettes liées au recul de l’activité économique.

Cette dette publique est illégitime, elle n’a jamais profité à l’ensemble de la population, uniquement à ceux qui ont vu leurs impôts baisser, leurs rentes augmentées, leurs profits bancaires restaurés.

Mais une politique de gauche pourrait très bien prendre appui sur un déficit d’une tout autre nature : un déficit finançant l’investissement productif et l’augmentation du pouvoir d’achat. Ce déficit serait rapidement comblé par un surplus de croissance. Utilisé, non pour augmenter les dividendes des actionnaires, but ultime de la politique de Sarkozy, mais pour faire reculer le chômage, sauvegarder la Sécurité sociale, augmenter les salaires du secteur public, ce déficit serait parfaitement légitime. L’amendement voulu par Sarkozy l’interdirait et rendrait anticonstitutionnelle toute politique d’inspiration keynésienne.

La gauche ne doit pas aider Sarkozy à se relever du discrédit politique qui le frappe actuellement

Sarkozy n’osera pas avoir recours à la procédure référendaire pour entériner cette modification de la Constitution. Il sait fort bien que, quel qu’en soit l’objet, il ne peut gagner aucun référendum, tant il est détesté.

Il ne lui restera donc plus que la voie du Congrès (réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat) et la nécessité de réunir une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés par les députés et les sénateurs.

Sarkozy ne pourra donc imposer sa réforme qu’avec une partie des voix des élus de gauche. S’il arrivait à imposer son amendement, ce serait non seulement imposer de très sévères entraves à toute future politique de gauche mais ce serait, aussi, lui permettre de se remettre politiquement en selle, après le profond discrédit que lui a infligé la gigantesque mobilisation en défense de nos retraites.

Il aurait, en effet, une nouvelle fois réussi à diviser la gauche. Il en récolterait les fruits en 2012. A l’inverse, un camouflet infligé à Sarkozy accentuerait encore son discrédit et aiderait à une victoire de la gauche.

Le Parti Communiste a annoncé que ses élus ne voteraient pas l’amendement Sarkozy. La direction du Parti Socialiste semble s’orienter dans le même sens. La gauche doit être unanime dans son refus : exigeons donc, dès maintenant, de chacun de nos élus de gauche qu’il ne vote à aucun prix une telle modification de la Constitution.

Jean-Jacques Chavigné

source : http://www.democratie-socialisme.or...

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 17:04

Gbagbo.jpgUn clou chasse l’autre : on n’en parle moins dans les médias.

Notre collègue blogueur Delugio suit attentivement ce qui se passe dans ce pays si proche du nôtre ([->http://unebourriche.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/02/11/les-experts-sont-repartis.html]).

Souvenons-nous : il y a quelque semaines, le Président de la République française donnait quarante-huit heures à Laurent Gbagbo pour faire ses valises. Ce coup de menton, cette rodomontade n’eurent naturellement aucune conséquence sur le cours des choses. Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire. Gbagbo a connu l’exil et la prison ; notre kleiner Mann a connu Neuilly, la Mamounia et autres lieux délicieux où l’air conditionné vous fait oublier que la dictature et la misère sont à trente mètres de la porte de votre chambre.

Comme tout le monde ici, et comme Delugio aussi, j’imagine, je ne connais pas le résultat exact du scrutin présidentiel. S’il est avéré que Ouattara l’a emporté, Gbagbo doit partir. Même s’il garde une dent personnelle contre Ouattara qui, Premier ministre, l’a fait jeter en prison, ainsi que sa femme et son fils suite à une manifestation pacifique.


Cela dit, en présence de quelle alternative nous trouvons-nous ?

On observera tout d’abord que les grandes puissances ont fait preuve d’un zèle inattendu lorsqu’il s’est agi de vérifier la validité du scrutin présidentiel. Précédemment, des fraudes au Gabon, en Égypte, au Soudan, au Togo, en Algérie, en Tunisie n’avaient pas scandalisé la communauté internationale. Et l'on a déjà oublié les magouilles de la première élection de Deubeliou Bush. Obama, Sarkozy et autres se fichent éperdument du “ respect ” de la démocratie sous les tropiques. Mais entre l’ancien social-démocrate (je simplifie) qui n’a jamais vraiment fait de mal aux intérêts du groupe Bolloré et le banquier international, marié par Sarkozy, et dont la femme gère les propriétés immobilières des familles Houphouët-Boigny et Bongo ainsi que les salons franchisés Jacques Dessange aux États-Unis, le Nord a choisi – pour le moment en tout cas – le brillant économiste.

S’il l’a jamais été pleinement, Gbagbo n’est plus l’homme de la France. Est-ce parce que l’économie ivoirienne s’est ouverte, ces dernières années aux intérêts chinois et russes ? Le fait est que ces deux puissances n’ont pas reconnu Ouattara. L’intérêt de la France et des Etats-Unis est que la Côte d’Ivoire redevienne un pays stable, propice aux investissements à long terme. J’imagine qu’après avoir été certain de l’éviction de Gbagbo, Sarkozy doit désormais éprouver quelques difficultés à penser un compromis pour les deux groupes dirigeants qui se sont partagés le pays. Ce bourbier illustre le déclin économique et stratégique de la présence française dans le Golfe de Guinée.

Pendant ce temps, les quartiers populaires d’Abidjan (presque tous) connaissent toujours la même misère. Et ce n’est pas la présence des troupes de l’ONU et des soldats français qui y changera grand-chose. Bien au contraire.

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 17:02

 

autocensure.jpgVendredi 11 février, 18 heures : France Info nous informe que « le dictateur Moubarak a démissionné ».

 

Merveilleux médias ! Un chef d’État n’est pas à terre depuis une heure qu’il passe du statut de président à celui de dictateur.

 

Le courage de ces journalistes est presque aussi admirable que celui des banquiers suisses qui ont décidé, pour honorer les morts de la révolution égyptienne, n’en doutons-pas, de geler les avoirs de Moubarak. Que cet argent ait été pourri parce que volé au peuple ne les avait pas effleurés jusqu’à ce jour héroïque.

 

À la fin des années quatre-vingt, le bruit courait à Abidjan qu’Houphouët-Boigny, le président de la République de Côte d’Ivoire, avait déposé une bonne partie de sa fortune à la Banque du Vatican. Si cette rumeur était fondée, cela voulait dire que le rusé Félix n’avait plus confiance dans les banques suisses. Le « Sage de l’Afrique », comme l’appelaient affectueusement les journalistes officiels ivoiriens, dont Ali Coulibaly, l’ambassadeur récemment nommé par Ouattara à Paris, était un visionnaire.

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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 15:32

vieillesse.jpg

Depuis que j'ai été censuré par nouvelobs.com, je relis certains des centaines de textes que j'ai publiés sur ce site. Je me dis, de manière immodeste que, sauf exception, ils tiennent la route.

J'intitule cette nouvelle rubrique "Florilège" (et non pas best of; ah, le making of du best of !). Ce mot magnifique, un de mes préférés de la langue française, date de la fin du XVIIe siècle. Il signifie "choisir des fleurs".

 

 

 

 

 

La dépendance selon Sarkozy : payer pour vieillir

 

Récemment, le kleiner Mann a commis une bourde dont il est coutumier : il a situé l’Alsace en Allemagne. Depuis la féroce occupation de cette belle province par les nazis, les Alsaciens adorent ce genre d’erreur. Le kleiner Mann s’est rétabli en mettant les rieurs obligés (dans les deux sens du terme) de son côté : « Vous comprenez pourquoi je suis tellement attaché à résoudre le problème de la dépendance. » Il n’a pas été suffisamment relevé qu’en disant cela il s’était tapoté la tempe avec l’index, signifiant que, pour lui, dépendance était synonyme de débilité, sénilité etc.

Le peuple doit toujours se méfier dès que Sarkozy ouvre la bouche. Il doit se méfier doublement quand, de surcroît, il s’essaie à l’humour gras.

  

En instaurant le déremboursement partiel ou total de nombreux médicaments, de frais médicaux, de franchises, en détruisant progressivement le régime solidaire des retraites, en creusant artificiellement le trou de la Sécu, la droite et le patronat visent à ancrer dans les esprits que la “sécurité sociale ” est un concept dépassé et qu’il convient désormais de trouver des solutions “ modernes ”, sinon nos enfants passeront leur vie à payer nos erreurs de gestion. La “ modernité ” revenant bien sûr à s’assurer auprès d’organismes privés. Né de la Résistance, le système de 1945 impliquait que les assurés payaient selon leurs moyens et étaient soignés selon leurs besoins. Un système “ moderne ” implique des cotisations selon les moyens et des soins en fonction de l’humeur de la bourse. Comme aux États-Unis, par exemple.
C’est là que nous en venons aux fausses évidences, aux fausses questions naïves de Sarkozy quant à la dépendance : « Faut-il faire un système assurantiel ? Obliger les gens à s’assurer ? Faut-il augmenter la CSG ? Faut-il avoir recours à la succession quand les enfants n’ont pas la volonté ou pas les moyens ? » Point besoin de chercher midi à quatorze heures : pour notre kleiner Mann, un système assurantiel est nécessaire. En novembre 2010, Fillon emboîtait le pas : « Nous avons commencé avec la réforme des retraites, nous allons poursuivre. Nous ne pouvons pas esquiver sur cette question notre responsabilité collective. Nous lancerons une concertation nationale sur la protection sociale qui associera tous les acteurs, les partenaires sociaux, les professionnels de santé, les mutuelles, les assurances ; les collectivités territoriales, au premiers rang d’entre elles les conseils généraux … Il s’agira en premier lieu de déterminer les besoins réels des personnes. Il faudra ensuite sérier les pistes de financement : assurance obligatoire ou facultative, collectives ou individuelle ». Fillon décrivait alors un système à deux vitesses, les riches pouvant globalement s’assurer, et les pauvres étant pris en charge par la solidarité sans que tous les risques soient couverts pour eux.
À la question « que pensez-vous de l’éventuelle mise en place d’une assurance privée ? » Bachelot répondit auFigaro : « Il ne faut rien exclure, et surtout pas le recours à l’assurance privée ». Et l’ancienne employée des grands laboratoires pharmaceutiques de citer le rapport de la députée UMP Valérie Rosso-Debord (juin 2010) : « Nous ne sommes plus du tout dans le contexte de la création de notre système de protection sociale ».
Les deux propositions principales que Sarkozy et des siens vont soumettre aux “ partenaires sociaux ” sont, d’une part, de rendre obligatoire, dès l’âge de cinquante ans, la souscription d’une assurance perte d’autonomie liée à l’âge et assurer son universalité progressive par la mutualisation des cotisations et la création d’un fonds de garantie et, d’autre part, de maintenir à titre transitoire une prise en charge publique.
Ce n’est pas un hasard si Guillaume, le frère du kleiner Mann, diplômé de l’École spéciale des travaux publics, s’est reconverti dans les assurances complémentaires après n’avoir pas réellement brillé dans l’industrie textile (link), là où, décidément, il n’a pas laissé le souvenir d’un patron social (link). L’objectif des assureurs privés est bien, à court terme, de tenir les rênes et d’être les seuls profiteurs de tout le système de protection sociale en vendant des assurances individuelles ou de systèmes de couvertures d’entreprises.
Partons d’un exemple concret. Vous avez 60 ans moins un jour et vous êtes frappé par un AVC léger avec une guérison quelques semaines plus tard. Vous serez pris en charge par la Sécu. Vous avez 60 ans et un jour et vous êtes frappé par un AVC très grave, avec coma quasi total pendant des semaines, puis un handicap lourd à vie. Selon les propositions sarkozyennes, vous entrerez alors dans le cadre de la dépendance, donc des assurances privées. Votre famille devra vraisemblablement subvenir à vos besoins. Si elle ne le peut pas, vos enfants seront touchés indirectement : vous n’aurez en effet d’autre solution que de puiser dans votre patrimoine, donc de leur héritage.
Face à la dépendance, Sarkozy et les siens ont imaginé de diviser les citoyens en deux catégories, ce qui, pour de nombreux observateurs, est anticonstitutionnel : les moins de cinquante ans et les plus de cinquante ans qui devront cotiser en vue de ce que la classe dirigeante appelle désormais le “ 5ème risque ”. Stricto sensu, la perte d’autonomie peut concerner tout individu, à commencer par des enfants de cinq ans. Seulement, il serait difficile d’ancrer dans les esprits qu’un enfant peut être dépendant, même s’il devient sourd et muet suite à une méningite ou s’il retrouve tétraplégique après un accident de moto. Le vocabulaire qui nourrit l’idéologie du capitalisme financier n’est pas neutre. Il utilise “ invalidité ” pour la perte d’autonomie liée à la maladie ou à l’accident, “ handicap ” pour les déficiences congénitales ou accidentelles, et “ dépendance ” pour la perte d’autonomie liée au vieillissement.
Pourquoi ce déplacement du paradigme, pourquoi le recours obligatoire, pour certains assurés, au financement privé ? Parce que l’État se désengage depuis des années de l’APA (Aide Personnalisée d’Autonomie) et que les départements ne peuvent pas compenser ce retrait (43% en 2002, 28% en 2010), d’autant que leurs ressources diminuent du fait, entre autre, de la suppression de la taxe professionnelle.
Le rapport parlementaire de la commission Rosso-Debord (composée aux ¾ de députés UMP) en 2010 a suscité la colère de nombreuses organisations syndicales. 500000 personnes seraient exclues de l’APA qui serait versée sous condition de ressources : les détenteurs d’un patrimoine de plus de 100000 euros (une petite maison dans un coin perdu) auraient le choix entre une allocation à taux plein à condition d’accepter la récupération sur succession ou se contenter d’une allocation à taux réduit. Concernant le financement à long terme, Rosso-Debord suggère de rendre obligatoire, dès l’âge de 50 ans, la souscription d’une “ assurance perte d’autonomie ”, proposition reprise par Sarkozy récemment. Les sociétés d’assurances seraient forcément sollicitées, en particulier par ceux qui n’ont pas de mutuelle. Cette proposition instaurerait une philosophie de l’âgisme, ou discrimination par l’âge, puisqu’on ne cotiserait plus selon ses moyens mais selon son âge.
Rosso-Debord propose également d’augmenter la CSG des retraités imposables, de faire payer la CSA à ceux qui en sont actuellement exclus et de revoir les dérogations fiscales des retraités. À noter que, lors du récent débat sur la “ Réforme ” des retraites, V. Rosso-Debord s’était prononcée en faveur de l’“ équité ” entre le public et le privé, c’est-à-dire pour un nivellement par le bas.
Par-delà ces mesures techniques, l’objectif est de mettre fin à la prise en charge collective de la dépendance, celle-ci étant considérée comme un risque prévisible, donc assurable. Le lobby des assureurs européens a bien compris l’enjeu : il se prépare actuellement à fondre sur la France car ni le Royaume-Uni, ni l’Allemagne, par exemple, n’envisage une telle “ réforme ”. Nos voisins d’outre-Rhin (que l’on ne cesse de nous montrer en exemple) ont intégré la perte d’autonomie à la branche maladie. Dans ce domaine, la porte est fermée aux assurances privées. En revanche, lorsque Sarkozy parle du « gigantesque chantier » de la dépendance, cela ne concerne pas le financement (de l’ordre de 5 à 6 milliards d’euros en 2020) mais le marché – « gigantesque » – que représenterait cette dépendance pour les assureurs privés qui, après s’être engouffrés dans la brèche, ne s’arrêteraient plus. Le paradoxe est que dans un pays comme la France où l’espérance de vie en bonne santé augmente (62 ans et demi pour les hommes et 64 ans pour les femmes à l’heure actuelle), l’accession à la dépendance recule. Ce qui n’est pas le cas, par exemple, de l’Italie de Berlusconi où l’espérance de vie en bonne santé des femmes a chuté de 73 ans en 2001 à 62 ans en 2007.
En tout état de cause, nous sommes loin d’une 5ème branche de la Sécurité sociale.

[Note réalisée à l’aide des travaux de la FSU]

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