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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 16:05

 

http://us.123rf.com/400wm/400/400/logos/logos0712/logos071200181/2224516-portrait-d-39-un-homme-assis-cadres-sup-rieurs-d-39-entreprises-lors-d-39-une-r-union-tenue-au-milie.jpgMediapart vient de publier cet entretien très intéressant avec un cadre supérieur de la direction financière d'une multinationale française.

 

 

Comprendre le système bancaire est un enjeu politique majeur, surtout si on veut le transformer. Entretien avec Hermès(1), cadre supérieur au sein de la Direction financière d'une multinationale française.

Comment un cadre à un haut niveau de responsabilité ressent-il la crise financière actuelle ?

Comme la confirmation qu’une grande partie de "la finance", c'est-à-dire les banques mais aussi les autres acteurs des marchés financiers (fonds d’investissement, fonds de retraite, compagnies d’assurance) ont aujourd’hui un mode de fonctionnement toxique pour l’humanité.

 

Nous subissons une maladie récurrente, profonde, dont les crises à répétition persisteront avec des conséquences de plus en plus dramatiques tant que le système lui-même n’aura pas été reconstruit pour revenir à des bases saines.

 

Nous ne vivons donc pas seulement une crise conjoncturelle qui pourrait être résolue seulement par une action politique concertée et davantage de régulation, comme on veut actuellement nous le faire croire. Nous subissons une maladie récurrente, profonde, dont les crises à répétition persisteront avec des conséquences de plus en plus dramatiques tant que le système lui-même n’aura pas été reconstruit pour revenir à des bases saines.

 

Nous ne sommes pas des experts des questions financières mais nous sommes intéressés par votre vision de spécialiste au cœur du système. Pouvez-vous résumer la situation que nous connaissons ?

 

Il y a deux problèmes : une crise de liquidité et une crise de solvabilité. On peut utiliser une image : celle d’un grand malade qui fait un arrêt cardiaque et dont la circulation sanguine s’arrête. Il faut rétablir immédiatement la circulation sanguine - c’est-à-dire faire face à la crise de liquidité, problème de court terme -, et ensuite traiter la maladie causale - la crise de solvabilité.

 

Pour que l’économie tourne, les banques ont besoin de financement à court terme, permettant que les entreprises et les particuliers puissent obtenir des crédits. Leurs fonds propres et les dépôts de leurs clients ne fournissant qu’une partie des besoins, elles doivent emprunter auprès d’autres banques ou sur le marché : c’est leur liquidité. Aujourd’hui, compte tenu de la défiance généralisée liée au risque de faillite, plus personne ne veut prêter aux banques. Les banques centrales (la BCE en Europe, la Réserve fédérale aux États-Unis) ont donc dû leur avancer des fonds sans limites pour éviter la catastrophe, c’est-à-dire l’arrêt de la circulation sanguine. Malheureusement, l’usage de ces fonds par les banques n’est pas contrôlé. Il peut donc soit être utile (prêts aux acteurs économiques), soit être néfaste (utilisation comme de nouveaux jetons de casino pour aller spéculer sur les marchés).

Ensuite, il existe un problème de solvabilité de certains emprunteurs, qui n’ont pas les moyens à court terme de rembourser leurs dettes. Mais regardons d’abord d’où provient le problème : les ménages pauvres américains, potentiellement insolvables, ont contracté ces fameux crédits immobiliers subprimes parce qu’il n’existe quasiment pas de logement social locatif aux États-Unis, et que l’État s’en désintéresse ; les marchés ont aussi prêté sans limite à la Grèce, alors que ce pays avait des ressources très insuffisantes en raison d’une fraude fiscale massive et avait investi dans des dépenses militaires exorbitantes ; en Espagne, les banques ont prêté de manière inconsidérée aux promoteurs et aux particuliers, attisant une bulle immobilière explosive. Et ainsi de suite. On demande ensuite aux États de sauver le système et de garantir les banques pour éviter leur faillite. C’est une double faillite morale : celle des marchés financiers et des banques qui ont allumé tous ces incendies, celle des gouvernements qui ont laissé faire.

 

Quelles ont été les évolutions essentielles du système bancaire et financier au cours des dernières décennies ?

 

 

Il faut d’abord rappeler le contexte initial de cette évolution. Dans les années 80, un courant idéologique de libéralisation totale de l’économie et de défiance envers le rôle de l’État monte aux États-Unis. Le discours annonçant la "fin de l’histoire " du socialisme s’affirme face au communisme soviétique en décomposition. Ronald Reagan et Margaret Thatcher vont enclencher la révolution néolibérale, marteler que l’État est hypertrophié, inefficace, les fonctionnaires trop nombreux, l’impôt nocif et stérilisateur de l’initiative individuelle. L’idée domine que les acteurs économiques "libérés " agiront ensuite naturellement pour le plus grand bien de la société, en créant emplois et richesses. Donc moins d’impôt, moins d’État et surtout moins de règles, le marché étant supposé contenir en lui-même de fortes capacités de s’auto-réguler de manière optimale.

 

Cette équation va progressivement gagner l’ensemble des pays développés, avec en France des relais comme Pierre Bérégovoy, qui va "moderniser" c'est-à-dire libéraliser, la place financière de Paris à partir de 1985 pour faire en sorte que la France ne soit pas "à la traîne" du monde anglo-saxon.

 

Les banques et les autres acteurs des marchés financiers se sont engouffrés dans ce mouvement. Une nouvelle dimension de la finance a été créée, au-delà de ses fonctions historiques "socialement utiles" que sont la gestion des flux (encaisser, payer des sommes d’argent, gérer des comptes bancaires...), le crédit aux particuliers et aux acteurs économiques, la gestion de l’épargne et des besoins des entreprises (par exemple immuniser contre le risque de change sur des exportations en autres devises que l’euro, assurer le coût maxi d’une dette à moyen terme, émettre des garanties).

 

Nous avons vu alors une accélération de la vitesse de rotation du capital et de sa rentabilité attendue. Par exemple, la durée moyenne de détention des actions va baisser très vite alors que les actionnaires étaient censés être des investisseurs à long terme. En fonction des anticipations de résultat des entreprises ou de l’attrait d’autres investissements plus rémunérateurs, les actions vont s’acheter et se vendre sans cesse, créant une forte volatilité des cours.

 

De la forme antérieure du capitalisme, qui reposait sur des actionnaires stables et des taux de rentabilité économiquement réalistes, on glisse alors vers un nouveau capitalisme "financier"», qui va progressivement exiger une rentabilité de plus en plus élevée et sur des horizons de plus en plus courts. En substance : « Si vous ne me donnez pas le niveau de profit attendu, je vends ces actions et vais investir ailleurs : en achetant de la dette espagnole, de l’or, du pétrole, de l’immobilier... ».

 

Les dirigeants des entreprises cotées en Bourse ont été transformés en exécutants de ces demandes. Pour qu’ils répondent à ces nouvelles exigences, l’essentiel de leurs revenus va être indexé sur le niveau des bénéfices de l’entreprise et la valeur de son action : stock-options, bonus calculés en fonction des résultats. Il s’ensuit une pression extrême sur le coût du travail : stagnation des salaires, délocalisations dans des pays low cost, restructurations… En détournant l’antienne répétée depuis des années, je dirais que ce n’est pas le coût du travail qui est trop élevé, c’est d’abord et avant tout le coût du capital (son exigence de rentabilité) qui est trop élevé. Baissons donc le coût du capital !

 

Ce sont ces nouveaux financiers qui vont inventer de nouveaux produits de plus en plus virtuels. Aujourd’hui, par exemple, les marchés de matières premières "papier", sur le pétrole, l’or, le blé, le cuivre..., à l’origine créés pour les besoins des industriels ou des agriculteurs (garantir un prix de vente ou d’achat à court terme) sont devenus plusieurs fois supérieurs aux volumes physiques échangés chaque année, parce que la spéculation, la finance de casino y a trouvé un terrain de jeu extraordinaire. C’est ainsi que les bulles spéculatives se sont multipliées.

 

Enfin, ces mêmes financiers vont faire crédit à des emprunteurs dont beaucoup savaient qu’ils seraient insolvables à terme : les ménages pauvres américains avec les fameux crédits subprimes, les promoteurs immobiliers en Espagne, l’État grec... Comme chacun revend sans cesse les dettes des clients insolvables, c’est en principe le dernier qui reçoit la patate chaude qui perd...

 

Tout cela a permis une augmentation rapide de la rentabilité des grandes banques d’affaires : ramenée au capital détenu par leurs actionnaires, c’est une multiplication par deux ou trois du niveau des années 80, mais au prix d’une augmentation colossale des risques, de la création de bulles financières à répétition. Avec maintenant des conséquences dramatiques pour certains peuples. Au dessus d’un système bancaire classique et de marchés financiers proportionnés à l’économie réelle (la production de biens et services, le commerce), s’est créée une excroissance financière gigantesque, sans utilité sociale, nocive pour toute la société.

 

Quel est le rôle des agences de notation ?

 

 

Depuis quelques décennies les plus gros emprunteurs, c'est-à-dire l’État, une partie des collectivités locales (certaines Régions et Départements) et les grandes entreprises ne se financent plus auprès des banques ou auprès des particuliers – les Bons du Trésor qu’achetaient nos grands-parents pour placer leurs économies –, mais vont emprunter directement sur les marchés financiers en émettant des emprunts (des obligations) sur des durées parfois très longues, 20 ans et plus.

 

Ces obligations sont achetées par des fonds de retraite, des compagnies d’assurance, des fonds d’investissement (notamment des SICAV), etc. Les investisseurs ont le choix entre un grand nombre d’obligations différentes. Ils peuvent acheter, par exemple, une dette à dix ans des États français, suédois, brésilien, grec, ou une obligation à cinq ans de Saint-Gobain, de Peugeot ou Volkswagen.

 

Pour évaluer la capacité de l’emprunteur à payer les intérêts et rembourser sa dette à l’échéance, très peu de ces investisseurs ont les moyens d’analyser eux-mêmes la santé financière de l’emprunteur, ses comptes(2). Ils s’en remettent donc à des organismes spécialisés privés, les agences de notation, qui ont développé ces services d’évaluation de la qualité des emprunteurs et attribuent des  "notes", la meilleure étant le fameux AAA dont bénéficient (encore, mais pour combien de temps ?) la France et l’Allemagne.

 

Les agences de notation sont à la fois un thermomètre et un oracle : les marchés financiers sont devenus fous, et la mesure de la température du malade ou le suivi des prédictions de l’oracle sont également devenus insensés.

 

En fonction de cette note, le taux d’intérêt que devra payer chaque emprunteur varie. Le mieux noté, un AAA, paiera un taux d’intérêt bas car le risque anticipé qu’il fasse défaut est faible : par exemple, il bénéficiera d’un taux de 2 % par an pendant la durée de son obligation. Par contre, un emprunteur à risque anticipé comme supérieur sera A ou BBB et paiera beaucoup plus cher sa dette (3 % ou 4 % par an sur la même durée). De la même manière que le guide Michelin fait et défait la réputation d’un restaurant, les agences de notation font et défont aujourd’hui la réputation d’un emprunteur, sauf qu’ici aucun investisseur ne va dans un restaurant sans avoir lu tous les guides...

 

Autre problème, déjà évoqué précédemment : les dettes se vendent et se revendent sans arrêt sur les marchés financiers, et ceux-ci sont extrêmement moutonniers. Dès qu’existent des rumeurs sur un emprunteur ou une dégradation de sa note par les agences, les réactions sont très violentes, comme on l’a vu pour la Grèce, mais aussi pour l’Italie et l’Espagne. Les ventes de dette sont alors massives et le taux d’intérêt demandé pour que ces États émettent de nouvelles dettes est prohibitif, enclenchant une spirale dangereuse de déficit budgétaire.

 

Les agences de notation sont à la fois un thermomètre et un oracle : les marchés financiers sont devenus fous, et la mesure de la température du malade ou le suivi des prédictions de l’oracle sont également devenus insensés.

 

Les banques d’affaires, les traders des salles de marché et autres acteurs de la partie toxique de la finance livrent un combat acharné contre toute limitation de leur "liberté " de spéculation. Ils pratiquent une corruption sophistiquée de la sphère politique.

 

Ne pensez-vous pas que la situation actuelle va bien au-delà de la seule dimension économique ?

 

 

Oui, bien sûr. Elle concerne la démocratie, car nous sommes dans une guerre peu visible par le grand public mais d’une très grande violence. Les banques d’affaires, les traders des salles de marché et autres acteurs de la partie toxique de la finance livrent un combat acharné contre toute limitation de leur pouvoir, de leur "liberté" de spéculation. Ils disposent pour cela de munitions importantes et de ressources colossales consacrées au lobbying(3). Ils pratiquent une corruption sophistiquée de la sphère politique : recruter d’anciens hauts fonctionnaires pour utiliser leur entregent sur les politiques et peupler les institutions d’anciens banquiers d’affaires, comme le nouveau président de la BCE, ex-dirigeant de Goldman Sachs(4). Les exemples en France sont également nombreux de cette porosité entre banques d’affaires et cabinets ministériels voire présidentiels. Il faut acter que nous sommes en guerre et réagir avec le même acharnement, la même volonté de vaincre.

 L’explosion des salaires dans la finance de marché a eu un ensemble de conséquences néfastes comme celle de mettre au centre de la motivation des individus la cupidité. Cela a contribué à dévaluer la fonction d’utilité sociale de beaucoup de métiers : enseignants, soignants, travailleurs sociaux...

 

Cette culture a également, sur cette période, transformé les motivations des individus. Dans les années 90 et 2000, une partie importante des jeunes diplômés des meilleures universités américaines ou de certaines grandes écoles françaises (Polytechnique, Centrale) sont partis dans les salles de marché pour inventer et vendre ces produits financiers nocifs. Les salaires offerts étaient là sans commune mesure avec ce que l’industrie ou la recherche pouvait leur proposer. L’explosion des salaires dans la finance de marché a eu un ensemble de conséquences néfastes comme celle de mettre au centre de la motivation des individus la cupidité. Gagner le plus d’argent le plus vite possible a contribué à dévaluer la fonction d’utilité sociale de beaucoup de métiers : enseignants, soignants, travailleurs sociaux... moins bien rémunérés qu’un jeune trader. Cette évolution a été le moteur de l’explosion des inégalités de rémunération depuis trente ans dans les entreprises(5).

 

Le niveau de rentabilité des opérations financières est devenu absurde : on ne peut longtemps rester aussi déconnecté de la capacité de l’économie réelle à créer de la richesse sans provoquer de crise ayant un impact majeur sur la société.

 

Enfin, la financiarisation a nui au bon fonctionnement de l’économie, en limitant les investissements dans l’économie "traditionnelle". Pourquoi aller investir du capital dans une PME qui va rapporter au mieux quelques pourcents par an, alors que l’on peut espérer gagner 15, 20 % voire davantage en allant spéculer sur les matières premières ? Le capital, les ressources financières sont attirés par tout ce qui peut permettre d’espérer une rentabilité élevée à court terme, et pas suffisamment par l’investissement productif à long terme dans les infrastructures, les capacités de production ou la recherche. Ce niveau de rentabilité des opérations financières est devenu absurde : on ne peut longtemps rester aussi déconnecté de la capacité de l’économie réelle à créer de la richesse, sans provoquer de crise ayant un impact majeur sur la société.

 

Qu’en est-il de la capacité du système capitaliste à s’adapter à la conjoncture et à se transformer pour continuer de régner ?

 

 

Je n’ai pas de réflexion théorique pertinente pour répondre à cette question à la fois philosophique et économique. Mais je peux simplement témoigner de l’extrême plasticité du capitalisme financier. C’est un système parfaitement darwinien qui réussit à s’adapter aux différents gouvernements et environnements dans lesquels il travaille : du Venezuela de Chavez à la Russie de Poutine, avec des gouvernements de gauche ou de droite, démocratiques ou non, et qui va absorber les évolutions de l’environnement pour les "digérer" à son profit. Et c’est un adversaire redoutable, car il dispose de fortes capacités de pression sur le politique. Il peut aujourd’hui faire chanter des États en manipulant leur dette sur les marchés.

 

La plupart des partis considèrent que la question de la dette doit être au cœur d’une politique économique. Qu’en pensez-vous ?

 

 

Je pense qu’il faut retenir deux angles simples : la question des recettes fiscales et celle du contrôle et de la nature du crédit. La fiscalité d’abord : nous souffrons d’une insuffisance globale de recettes fiscales : la doctrine néo-libérale de baisse de l’impôt, qui devait permettre d’investir et consommer davantage, créant ainsi de la richesse qui aurait été redistribuée pour le grand bien de tous, a échoué. Une grande partie du capital se détourne de l’économie traditionnelle pour aller vers la spéculation. Les ménages ont peur du chômage ou pour leur retraite future et épargnent donc davantage plutôt que de consommer. La croissance économique est ainsi très faible. Les inégalités de revenus et de partage de la richesse ont explosé, car une très petite frange de la population a capté l’essentiel de la richesse produite. Il faut donc une révolution fiscale.

 

Ensuite le contrôle du crédit : chaque bulle sur les marchés est alimentée par une absence d’encadrement du crédit comme le montre l’histoire des subprimes ou les crédits importants accordés par les banques aux hedges funds(6), qui ne sont que des clubs de joueurs de casino. Les gouvernements peuvent tout à fait décider de contrôler que le crédit n’est pas destiné à alimenter l’incendie spéculatif. Les banques sont contrôlées par des autorités de régulation et par les banques centrales dans chaque pays. C’est essentiellement une question de volonté politique.

 

Le gouvernement s’est fixé comme objectif « à tout prix » (François Fillon) de maintenir la note AAA de la France. Qu’en pensez-vous ?

 

Cette nouvelle "ligne Maginot" sera probablement rapidement enfoncée, et il sera amusant de voir alors les justifications du gouvernement pour expliquer que ce n’était pas si important que cela, et que les États-Unis ont également récemment perdu leur notation AAA. Cette perte attendue du AAA français sera sans aucun doute utilisée pour justifier une nouvelle réduction des dépenses publiques, alors que la crise actuelle demande des mesures "contra-cycliques" : continuer à investir et soutenir la consommation et l’activité économique en luttant contre le chômage. Pour cela, il ne faut pas être paralysé par le dogme libéral.

 

Beaucoup de citoyens ont le sentiment qu’il est impossible d’avoir prise sur la situation, et en même temps le système bancaire semble être à un carrefour. Est-il envisageable de le transformer, et comment, pour répondre aux besoins de la société ?

 

Pour donner de l’espoir aux citoyens, éviter la désespérance créée par un sentiment d’incompréhension et d’impuissance devant des forces qui les dépassent, je prendrais l’image de la tenaille. Une mâchoire est l’action politique pour contrôler efficacement les marchés financiers et en supprimer les éléments toxiques(7). Et une autre mâchoire est constituée par l’action citoyenne : aller dans une banque de dépôts mutualiste ou coopérative en dehors de la Bourse, interroger sa banque, comme le font certaines ONG(8), sur ses pratiques en matière d’opérations spéculatives, de financement éventuel des hedge funds, d’opérations dans les paradis fiscaux... Je suis convaincu qu’en usant d’un peu de pédagogie les citoyens seraient tout à fait à même de comprendre les grands ressorts de cette finance de casino et de refuser d’y participer en choisissant leur banque ou en lui demandant des comptes.

 

Certains proposent de séparer les banques d’affaires des banques de dépôts, en laissant les premières continuer leur business et leurs activités. Et se mettent à rêver d’un retour au capitalisme de "bon papa"». Qu’en pensez-vous ?

 

 

C’est une piste très intéressante mais qui suppose plusieurs actions complémentaires radicales. D’abord, il faut définir clairement le périmètre "socialement utile" des activités bancaires. Ensuite, il faut supprimer le risque "systémique. Ce risque existe lorsqu’une banque d’affaire est devenue trop grosse pour que l’Etat la laisse faire faillite, car alors ses créanciers risqueraient eux-mêmes d’être en très grande difficulté. C’est ce qui s’est passé pour la banque Dexia que l’État a sauvée. Prévenir ce risque nécessite d’interdire aux banques la spéculation pour leur propre compte dans leurs salles de marché et le crédit aux hedges funds. On ne pourra pas laisser les banques d’affaires séparées continuer leur activité toxique. Il faut étouffer progressivement cette culture de casino, en édictant des règles de limitation de leur endettement et en leur imposant un niveau très élevé de fonds propres pour limiter leur rentabilité.

 

Que pensez-vous de la nationalisation ou de la socialisation de tout ou partie du secteur bancaire ?

 

 

Nationalisation, est-ce une bonne idée ? Sauf à exproprier leurs actionnaires, c'est-à-dire supprimer de manière révolutionnaire le capitalisme en France, sortir de l’Union européenne et vivre en autarcie économique et financière, je ne vois pas comment les banques pourraient être nationalisées en France sans racheter leurs actions sur le marché ou indemniser leurs actionnaires, comme les nationalisations de 1981. Or, ce serait une dépense colossale et stérile…

 

Pourtant en Angleterre, en Islande et aux États-Unis, l’idée d’une "nationalisation" des banques n’est pas taboue et on nationalise de fait. Ce n’est donc pas impossible…

 

Certes, mais cela n’a été qu’une prise de contrôle temporaire par l’État de la majorité du capital de certaines banques pour éviter leur faillite, avec la volonté affichée dès le départ de revendre ces participations dès un retour à meilleure fortune. A contrario en France, sous la pression du lobby bancaire, le gouvernement a préféré en 2008 donner des garanties et monter un fonds pour prêter aux banques en difficulté plutôt que d’en prendre le contrôle.

 

Par contre, je suis résolument favorable à une socialisation à travers des banques coopératives et mutualistes sorties de la Bourse. Les grands groupes historiques mutualistes de dépôts que sont les Banques populaires, les Caisses d’Épargne, les Caisses de Crédit Agricole ou Mutuel ont connu depuis une quinzaine d’années une évolution néfaste vers cette finance de marché. Elles ont introduit en Bourse une partie de leur activité et surtout elles ont créé ou racheté des banques d’affaires : Calyon (l’ancienne banque d’affaires du Crédit Lyonnais) pour le Crédit Agricole, Natixis pour le Groupe Banques Populaires / Caisses d’Épargne, qui a d’ailleurs failli disparaître dans la crise de 2008 pour avoir joué avec les subprimes et autres produits toxiques.

 

Dès qu’une banque est cotée en Bourse, dans le contexte actuel du capitalisme financier, elle est soumise à une exigence de rentabilité très élevée. Cette exigence la pousse inéluctablement vers la multiplication des opérations de marché voire la finance de casino, vers la hausse des commissions et des taux de crédit pour ses clients particuliers ou PME. Sans compter la pression commerciale et de productivité extrême sur le personnel : vendre le plus de "produits" possibles(9). Pour resocialiser cette partie majoritaire de la banque de dépôts en France – plus de la moitié de la population –, il faut sortir ces réseaux de la Bourse où elles n’ont rien à faire, et remettre leurs clients (qui sont aussi sociétaires ou coopérateurs) au cœur d’un processus citoyen de contrôle des activités de ces banques.

 

Votre métier de financier a une image négative auprès de la population. Est-elle justifiée ?

 

 

Je ne dois pas encore raser les murs ou biaiser quand on m’interroge sur mon travail ! Aujourd’hui, ce sont surtout les banques, les traders, les hedge funds qui sont très critiqués par les citoyens. Cependant, il ne faut pas oublier qu’au sein du monde économique, les très grandes entreprises participent aussi à ce système néfaste. Elles utilisent des produits financiers bien au-delà des besoins légitimes liés à leur activité. Elles placent leur trésorerie dans des produits financiers sophistiqués pour essayer d’améliorer son rendement. Elles font de "l’optimisation fiscale" à outrance pour réduire au maximum le montant de leurs impôts. A l’inverse, une pratique citoyenne de la finance en entreprise doit pouvoir s’imposer.

 

Quels seraient donc le profil et les métiers d’un financier de nouvelle génération dans une société post-capitaliste ? 

 

Tout simplement celui d’une personne revenue aux fondamentaux de la finance et exerçant son métier dans un but d’utilité sociale, mais avec les outils de sa génération. Quel que soit le type de société, les États, les entreprises, les collectivités locales, les associations, auront besoin des métiers financiers pour gérer leurs recettes et dépenses, élaborer les budgets, prévoir et limiter les risques pour l’avenir. Mais dans les banques comme dans les autres acteurs des marchés financiers, il faut délégitimer et "socialement criminaliser" toute cette excroissance inutile et toxique qu’est la finance de casino.

 

(1) Pour des raisons de confidentialité, le nom et le prénom ont été changés. Hermès, une des divinités de l’Olympe, est considéré comme le dieu du commerce, des voleurs et de la chance.

 

(2) Comme les banques le font en direct pour les particuliers et les PME.

 

(3) Un seul exemple : aux États-Unis, le coût des campagnes électorales donne le vertige (plus d’un milliard de dollars dépensés par Barack Obama et John Mc Cain pour la campagne présidentielle de 2008 !). Wall Street, c'est-à-dire le monde de la finance, a été l’un des principaux contributeurs.

 

(4) Je conseille sur ce sujet la lecture du livre du journaliste Marc Roche : La Banque, Comment Goldman Sachs dirige le monde, Albin Michel, 2010.

 

(5) Une enquête récemment publiée en Grande Bretagne montre qu’entre 1980 et aujourd’hui, le multiple entre le salaire du PDG du pétrolier BP et le salaire moyen dans son groupe est passé de 16 à 63 fois, et pour celui du PDG de la banque Barclays de 15 à 75 fois. Lire : highpaycommission.co.uk/.

 

(6) Pour multiplier leur potentiel de gain, les hedge funds utilisent ce que l’on appelle « l’effet de levier » : emprunter à des banques plusieurs fois le montant de leurs fonds disponibles, afin de pouvoir spéculer sur des montants très importants. Lorsque le hedge fund fait faillite, cela peut créer des pertes très lourdes dans les banques qui lui ont prêté.

 

(7) Un bon résumé par Dominique Plihon, professeur à l’université Paris Nord dans Alternatives Economiques(déc. 2010) : « La solution est de considérer tout marché comme une institution sociale dont le fonctionnement doit être étroitement contrôlé par la collectivité. S’agissant des marchés financiers, il faut fixer des règles pour "désarmer’"leur capacité spéculative, et mettre la finance au service de la société. Ce qui implique de supprimer les marchés pour lesquels ces objectifs ne peuvent être atteints ; il est ainsi nécessaire de fermer tous les marchés de gré à gré qui ne sont pas régulés, et de ne maintenir que les "marchés organisés" susceptibles d’être contrôlés. Il faut également refuser l’ouverture de marchés tels que ceux de la "finance carbone", supposés favoriser la réduction des émissions de CO2, mais qui aboutissent à la marchandisation de l’environnement, bien commun de l’humanité. »

 

(8) Par exemple ATTAC, le CCFD, les Amis de la Terre… lire notamment le rapport des Amis de la Terre : Les banques sous pression citoyenne, accessible ici :

 

(9) Que ce soit dans une Caisse d’Épargne ou de Crédit Agricole aujourd’hui, les méthodes de vente et l’agressivité commerciale sont les mêmes qu’à la BNP ou à la Société Générale.

 

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19 décembre 2011 1 19 /12 /décembre /2011 06:53

http://boulesteix.blog.lemonde.fr/files/2008/11/sdf2.1227733406.jpgPendant que l’homme du Fouquet’s et ses gens organisent la misère au profit de la finance, des gens formidables comme Julien Lauprêtre (link) et tous ceux qui militent avec lui au Secours populaire (link) s’efforcent de panser quelques plaies.

 

Le dernier numéro de Convergence, l’organe du Secours populaire, évoque l’existence à La Rochelle de l’Escale, un établissement visant à accueillir dans la dignité les personnes âgées dépendantes, en grande pauvreté.

 

Les maisons de retraite ne s’empressent pas d’accepter des personnes souvent atteintes de troubles du comportement et qui ont vieilli avant l’heure. Ces pauvres qui ont longtemps évolué en marge de la société éprouvent de réelles difficultés à investir les lieux. « Ayant toujours affirmé leur liberté », estime une infirmière, « ils admettent mal leur dépendance. Ils revendiquent leur marginalité, mais ont aussi sans cesse besoin de notre aide. »

 

Ils ont réduit leur consommation d’alcool. Des diabétiques se passent désormais d’insuline. Ils craignent moins de mourir un jour seuls dans la rue.

 

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18 décembre 2011 7 18 /12 /décembre /2011 16:00

http://yahoo.bondyblog.fr/wp-content/uploads/2011/11/salah_hamouri-13187.jpgJ'ai appris, par Internet, que le Franco-palestinien Salah Hamouri,  arbitrairement emprisonné en Israël depuis 7 ans (suite à un attentat  qu'il était censé avoir préparé contre un rabbin, préparation dont  l'accusation n'a jamais apporté les preuves - et attentat qui n'a jamais  eu lieu non plus) serait libéré dimanche prochain, soit le 18 décembre,  près d'un mois après la date qui avait été initialement annoncée.

 

La seule remarque que je ferai est que, par contraste avec Guilad  Shalit, le Franco-israélien détenu par le Hamas, dont l'annonce de la  libération avait été reprise par tous les médias plusieurs jours avant  qu'elle n'ait eu lieu, aucun média de masse (en tout cas ni France Inter  ni France 2) n'a repris cette information. Comme si le sort de ce jeune  homme était moins digne d'intérêt que celui de Guilad Shalit (de même  âge que lui) ou comme si l'angoisse de ses parents et de ses proches avait été moins grande.

 

Dans cet ordre d'idée, je note aussi que le président de la République  n'a pas jugé utile d'annoncer à grand son de trompe (comme il l'avait  fait pour Guilad Shalit) qu'il s'était personnellement engagé pour la  libération de Salah Hamouri, ni qu'il avait reçu à l'Elysée Denise  Hamouri, la mère du prisonnier (ce que, d'ailleurs, il n'a pas fait).

 

Ce contraste de comportement des médias entre les deux jeunes gens me  semble révélateur d'une hiérarchie des sentiments entre Israël et la  Palestine. On ne peut se défendre de l'idée que, pour les médias, les  Palestiniens ne sont pas vus sur un pied d'égalité avec les Israéliens,  mais comme des nomades, des errants, des marginaux, des pauvres, des  tire-laine, des Barbares (ceux de l'empire romain) ou des Peaux-Rouges, bref des gens sans légitimité.

 

Philippe Arnaud

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 07:10

http://parispascher.typepad.fr/guide/images/2008/05/06/chirac_par_lafp.jpgLa condamnation d’un ancien chef de l’État a été présentée par les médias comme une « première ». Ce n’est pas exact. Le jugement visant Chirac fait suite à ceux de Louis XVI et de Pétain. Certes, ces deux grandes figures de notre histoire nationale furent condamnées à mort tandis que Chirac ne l’a été qu’à une peine infamante de délinquant ordinaire. Mais tout de même.

 

Il n’est pas inutile de replacer cette condamnation dans son contexte historique, c’est-à-dire l’époque déjà lointaine qui a vu Chirac s’emparer de la mairie de Paris. En ce temps-là, Paris n’a pas de maire. Le « maire de Paris » est une invention de la Révolution française. Napoléon, qui se méfie de la capitale, supprime la fonction. La ville sera désormais dirigée par un préfet assisté d’un conseil honorifique. Une loi de 1859 crée les vingt arrondissements actuels. Le président de la République désigne, pour chaque arrondissement, un maire et deux adjoints, nommés pour trois ans et révocables. 1964 voit la création du département de Paris. La capitale dispose alors d’un président de Conseil municipal dépourvu des pouvoirs normalement attribués aux autres maires de France. Les maires d’arrondissement exercent l’essentiel des fonctions locales (les pouvoirs de police exceptés), sous l’autorité du préfet, représentant de l’État.

 

Parce qu’il est « moderne », mais surtout parce qu’il voit là le moyen de renforcer son pouvoir contre le RPR, le président Giscard d’Estaing décide en 1975 de faire voter une loi qui alignera Paris sur le droit commun des municipalités françaises. Ce texte législatif prévoit que le maire de Paris jouira à la fois des pouvoirs dévolus aux présidents de Conseil généraux et aux maires, à l’exception des pouvoirs de police. Les premières élections municipales sont prévues pour le 25 mars 1977.

 

À ce moment précis de notre histoire, la République française est dirigée par le faux noble Giscard d’Estaing (de la Tour Fondue ?), le comte d’Ornano et le prince Poniatowski. Le Premier ministre Raymond Barre (qui a succédé à Chirac, entré en conflit avec Giscard), simple fonctionnaire dont le père a fait un passage en prison avant d’être acquitté suite à une opération frauduleuse, fait figure de petit Chose (à noter que la mère de Raymond Barre s’appelait Déramond – Œdipe, quand tu nous tiens…). Et ce, même s’il avait pour cousin lointain Bertrand  du Guesclin et s’il a passé toute son enfance dans cette somptueuse demeure de La Réunion :


 http://aigrsc.free.fr/personnages_reunionnais/maison_natale_de_dierx_et_raymond_barre.jpg

 

 

Giscard demande au comte Michel d’Ornano (descendant de Marie Walewska, maîtresse de Napoléon, puis épouse du Corse Philippe d’Ornano) de se porter candidat à la mairie de Paris. D’Ornano est un parachuté puisque maire de Deauville. Giscard le voit élu dans un fauteuil. Las ! Il est battu dans le XVIIIe arrondissement par la liste Jospin /Delanoe, tandis que Chirac qui s’était présenté, lui l’élu de la Corrèze, sur les conseils de ses mentors Garraud et Juillet, rafle la mise.

 

La lutte pour la « bataille de Paris » est épique. Les coups les plus bas fusent : petites phrases assassines, sondages bidons. D’Ornano est présenté comme un aristo « élevé dans un pantalon de flanelle », Chirac mettant en avant le retour aux sources d’un titi né à Paris. La pauvre Françoise Giroud, qui avait soutenu Mitterrand pendant des années, a soudain rejoint Giscard avant d'être embarquée dans la galère d’Ornanienne.

 

http://static.lexpress.fr/medias/1249/639649_sans-titre.jpg

Entre Giroud et Mitterrand, le déjà célèbre François-Marie Banier 

 

 

Bref, Giscard est déstabilisé par cette élection.

 

À l’époque, je résidais à Abidjan. Les Français de Côte d’Ivoire étaient majoritairement de droite, avec un RPR très dur et très vulgaire. Le vote lepéniste étant insignifiant, les gens d’extrême droite votant RPR. Un de mes collègues enseignants, ni dur ni vulgaire, avait la carte du RPR comme militant de base. Mais il avait des rapports épisodiques avec les huiles du parti. J’avais été surpris par la décision de Chirac de s’engager dans le combat risqué pour la mairie de Paris. J’avais demandé à mon ami pourquoi son chef avait pris cette décision. Le militant de base au courant de bien des choses m’avait répondu : « Paris sera une pompe à fric ; il faut que le fric soit pour nous et pas pour les Giscardiens. »

 

J’aime quand l’actualité ravive mes souvenirs anciens.

 

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 16:41

L’adjointe au maire de Dijon, vice-présidente PS du Conseil régional de Bourgogne, propose que les vétérinaires puissent exercer sur des humains pour pallier la pénurie de médecins.


« Pourquoi leur interdire un geste d’urgence pour sauver un humain ? » plaide-t-elle. Mais le geste d’urgence n’est interdit à personne et surtout pas au premier secouriste qui passe. Il ne s’agit pas de ça et elle le sait.


Les pauvres, les ploucs dont l’hôpital de proximité a été fermé se contenteront du vétérinaire, comme leur chien. Ceux du château bénéficieront toujours de la compétence d’un professeur de médecine et de l’hôpital américain de Neuilly.


Et n’en restons pas là : appendicite aigüe ? Vite, chez Bébert le boucher. Hop ! Enlevez c’est pesé !


Théophraste R. (chef du tri : patates/rutabagas, café/orge, au Grand Soir).

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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 14:46

http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/tele/news-tele/michel-debre-le-dernier-des-gaullistes-france-3-ile-de-france-et-lcp-diffusent-un-documentaire-inedit-sur-l-homme-politique/32224814-1-fre-FR/Michel-Debre-le-dernier-des-Gaullistes-France-3-Ile-de-France-et-LCP-diffusent-un-documentaire-inedit-sur-l-homme-politique_image_article_paysage_new.jpgJe précise sans plus attendre que je n’ai aucune sympathie politique, ni personnelle, pour Rachida Dati, loin de là. J’ai toujours éprouvé une réelle aversion pour ceux qui, venant d’en-bas d’en-bas (comme on dit à Abidjan), se rallient sans état d’âme à la caste des dominants dont ils épousent en un tournemain les valeurs et dont ils deviennent des exécutants obligés et zélés. Ce qui est exactement le cas de Rachida Dati.

 

 

Je précise par ailleurs que je me fiche complètement de savoir si la bourgeoisie parisienne sera représentée au Parlement par l’actuel Premier ministre ou par la récente égérie de la « diversité ».

 

Avec le tact qui le caractérise, l’homme politique et urologue Bernard Debré vient de publier dans son blog (link), en date du 13 décembre 2011, une très vive admonestation à Rachida Dati, lui demandant de démissionner de tous ses mandats, après lui avoir fait la morale. La lettre est suivie de commentaires, tous hostiles à l’ancienne confidente du kleiner Mann.

 

En mai dernier, je m’étais permis de relever dans ce blog (link) à quel point l’ancien soutien de Balladur (ohé, Donnedieu de Vabres !) savait frapper un opposant politique en situation de faiblesse (DSK, en l’occurrence). Il faut croire que j’avais vu juste car lorsqu’on tape « le blog de Bernard Debré » sur Google, ma note figure en tête de gondole.

 

Je cite la lettre de ce médecin hospitalier, grand défenseur de la médecine libérale :

 

"Ta lettre est dramatique en ce qu'elle révèle de ta personnalité profonde, non pas de révoltée mais de petite fille gâtée par la vie. Je parle de la vie publique.

Il faut, devant tes caprices, s'incliner ou disparaître. Jusque là, je te le signale, tu as été élue sans effort, sans compétition. En réalité, tu as été nommée, purement et simplement ! Essaie de conserver un minimum de gratitude.

Mais ton acharnement, qui n'a d'égal que ton ego (c'est bien peu dire), est devenu insupportable, s'il n'était pas pathétique.

Maintenant que tu as craché ton venin, il faut que tu en tires les conséquences. Donne ta démission du poste de député européen que tu méprises tant et où l'on ne te voit jamais. D'ailleurs, ne l'as-tu pas dit toi-même dès le début de ton mandat ? A l'époque, tu ne l'as choisi que pour faire ta promotion. Tu n'as pas, semble-t-il, brillé au Parlement européen.

Donne aussi ta démission de la mairie du VIIe arrondissement. Les électeurs pensaient voter pour l'UMP et non un 'rachidadatisme' outrancier".

 

« Petite fille gâtée par la vie ». Voyons voir. Née dans une banlieue de Chalon-sur-Saône de parents maghrébins, deuxième de onze frères et sœurs, Dati est partie de rien pour, à moins de quarante ans, être la première femme issue de l’immigration à occuper des fonctions régaliennes au sommet de l’État français. Comme elle était très ambitieuse et très pressée, elle n’eut de cesse de frapper à des portes prestigieuses : entre autres celles des dirigeants de Matra, du sulfureux Albin Chalandon et de Simone Veil, la vieille dame préférée des Français. Dès lors que ses dents rongeaient le parquet, il lui était impossible de faire autrement.

 

Lorsqu’on s’appelle Debré, on ne rencontre pas ces problèmes vulgaires car, justement, on est un héritier « gâté par la vie ». Un des arrière-grands-pères de Bernard Debré (Simon) fut le premier rabbin de Neuilly (Wikipédia nous informe qu'à la fin de sa vie, en 1937, il obtint l'agrandissement de la synagogue dont l'architecte, comme un fait exprès, fut son fils Germain). Son grand-père Robert est considéré comme l’un des fondateurs en France de la pédiatrie moderne. Son père Michel fut haut fonctionnaire, Premier ministre puis ministre régalien.

 

Les Debré sont alliés aux La Panouse, au grand architecte Lemaresquier, et cette famille  a compté en son sein le brillant mathématicien Laurent Schwartz, premier Français médaille Fields. Bernard Debré eut pour oncle l’un des grands peintres non figuratifs de notre pays.

 

Attachons-nous au parcours politiques de Michel et Bernard, pas vraiment rectilignes pour de grands donneurs de leçons.

 

Officier de cavalerie, Michel Debré est fait prisonnier en juin 40. Il s’évade et intègre, non pas un mouvement de résistance, mais le Conseil d’État. Il est alors favorable au général Weygand, militaire d’extrême droite, antidreyfusard acharné, fidèle lecteur de l’antisémite Libre Paroled’Édouard Drumond. Contre Reynaud, Weygand prône l’armistice et fait condamner De gaulle à mort par un tribunal militaire. En 1941, Michel Debré est, au Maroc, un fonctionnaire important du régime de Vichy. Il prête serment au maréchal Pétain avant de retourner comme maître des requêtes au Conseil d’État en 1942.

 

Il s’engage dans la Résistance en février 1943, quatre mois après l’invasion de la zone libre. Durant l'été 1943, il se rapproche de De Gaulle qui lui demande d’établir la liste des préfets (ohé, Papon !) qui remplaceront ceux de Vichy. Il devient lui même préfet (commissaire de la République) à Angers en août 1944. À partir d'un projet du socialiste Jean Zay formulé avant-guerre, il rédige les statuts de l’ENA.

 

Il est battu aux élections législatives de 1946 en Indre-et-Loire avant d’être élu sénateur dans ce département de 1948 à 1958.

 

De Gaulle en fait son Premier ministre puis remplace ce farouche partisan de l’Algérie française par le banquier Georges Pompidou (quand je pense qu'il existait des "gaullistes de gauche" !). En 1963, Debré est à nouveau battu en Indre-et-Loire. Il jette son dévolu sur La Réunion, où il est élu dans un fauteuil. Soutenu par les socialistes locaux, il est l’opposant principal du communiste Paul Vergès, partisan de l’indépendance de l’île.

 

Debré prend alors une mesure absolument scandaleuse. Je cite Wikipédia : « Considérant que la démographie de l'île est une menace pour son développement, Michel Debré organise durant les années 60 la migration de 37000 Réunionais vers la métropole en moins de vingt ans. Il crée pour ce faire le BUMIDOM et le CNARM. Dans le même état d'esprit, il fait procéder au déplacement vers l'Hexagone de plus de 1 600 enfants réunionnais (entre 1963 et 1982) arrachés à leur famille en vue de repeupler certains départements métropolitains en cours de désertification, notamment la Creuse. Au professeur Denoix qui s'insurgeait de ces pratiques, il répond dans une lettre : « L'entreprise doit être poursuivie avec d'autant plus de constance qu'elle peut être combinée avec un admirable mouvement d'adoption que nous n'arrivons pas toujours à satisfaire. »

Pour nous en tenir aux développements récents de la carrière de Bernard Debré, notons qu’il est élu en 2004 dans le quartier très prolétarien du nord du XVIe arrondissement. Candidat de droite sans étiquette, il l’emporte contre l’impétrant de l’UMP. Il s’inscrit alors au groupe UDF de l’Assemblée Nationale – comme apparenté (Bernard est un homme libre) –, puis passe à l’UMP – toujours comme apparenté. Il adhère en 2007 à l’UMP comme adhérent direct.

 

Si Dati perd face à Fillon, je ne verserai pas une seule larme, même de crocodile. Mais je me souviendrai de la lettre médiocre du mandarin. 

 

PS : je ne voudrais pas passer pour plus féministe que je suis (même si c'est moi qui fais la vaisselle à la maison), mais je crois pouvoir dire que si Rachida s'était appelée Rachid, l'acharnement eût été moindre. Et si elle s'était appelée Jean-Louis ?


PPS : Chez les Debré, les hommes meurent entre 90 et 100 ans. On n'en a pas fini avec Bernard et son jumeau...


PPPS : Reconnu coupable de recel d'abus de confiance par le tribunal correctionnel de Paris, dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris, François Debré, frère de Bernard, a été condamné le 15 décembre 2011 à une peine de deux mois de prison avec sursis. Il faut dire qu'il était en bonne compagnie, avec le chauffeur de Marc Blondel et les Havane de Marc Blondel. Qui a dit que FO, qui fut créé avec l'argent de la CIA, n'était pas un syndicat indépendant ?


PPPPS : Bernard Debré, qui voit des "soviets partout" dans l’hôpital public, rencontre parfois des résistances, forcément soviétiques, dans ce même hôpital public. L’important pour ce combattant de l’armée des ombres, c’est qu’il ait essayé. En témoigne ce petit article publié par Libération au mois de mai dernier :


Bernard Debré, privé de consultanat


On le sait, Bernard Debré est professeur d’urologie, chef de service à l’hôpital Cochin, mais aussi député, conseiller municipal. Ces derniers temps, il est aussi trés abvard. Il n’a jamais été à cours d’un cliché sur l’hôpital, sur la crise du monde de la santé, ou encore sur Dominique Strauss Kahn. Notre homme a pris l’habitude de parler à tort et à travers. Certes, il est très critiqué par ces collègues hospitaliers, -en raison aussi d’un secteur privé ahurissant-, mais les dites critiques restent confinées au petit milieu.

 

Bernard Debré est né en 1944, l’âge de partir à la retraite. Mais voilà, comme tout mandarin, il a le droit de continuer encore quelques années sous le statut de consultanat. Et c’est ce qui devait être voté récemment par la commission médicale de Cochin-Hotel Dieu. Normalement, un vote de routine. Mais une petite voix s’est élevée dans la commission pour dire : « Mais quand même il passe son temps à cracher sur nous, sur l’hôpital, et en plus il faudrait voter pour son consultanat ».Cette petite voix a provoqué son effet : 19 personnes ont voté contre, et son consultanat lui a été refusé. Ce qui est rarissime.

 

Mais que l’on se rassure… Ce « grand médecin » a des réseaux, il va sûrement arriver à les faire fonctionner. En attendant, il va répéter que c’est en raison de ses prises de position courageuses sur l’hôpital qu’on cherche à le censurer.

 

Eric Favereau

 

J'ajouterai à ce qui vient d'être narré que, parce qu'il est viscéralement de droite, Debré ne peut pas intégrer la chose suivante : si en tant qu'homme de sciences il appartient au dessus du panier, en tant qu'être humain il ne vaut pas plus qu'un autre être humain. Qu'il relise la dernière phrase des Mots de Sartre.


 

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 15:40

http://a7.idata.over-blog.com/500x421/0/12/70/58/080908/king-bling-sarkozy.jpgCi-dessous, Gérard Filoche nous parle d'un pompier amateur qui qui a mis le feu et a ruiné la France.

Comment et de combien Sarkozy nous a endetté ?

Sarkozy = 196 milliards de recettes en moins en 2009 et 5 années de pertes de recettes non compensées [et ses semelles?]. 



En France, nous n’avons pas de problème de dette, nous avons un problème Sarkozy. C’est un problème, non pas de dépenses en trop, mais de recettes en moins. 

On nous raconte des fables : « l’état ne doit pas dépenser plus que ce qu’il gagne », « on dépense trop », « on vit au-dessus de nos moyens », « on doit réduire les dépenses publiques » Autant de bêtises absolues véhiculées par des incompétents aux ordres. Autant de clichés pour tromper les gogos qui ne réfléchissent pas plus loin que le bout de leur nez. 

La vérité est que c’est l’État qui fixe lui-même (à la différence d’un ménage) ses propres moyens et c’est la droite qui a vidé consciemment les caisses publiques en diminuant les impôts des ménages les plus riches et des sociétés. La vérité c’est que les dépenses publiques ont baissé de 1996 à 2008, et que ce n’est naturellement pas la source de l‘énorme dette voulue, provoquée, organisée par Sarkozy. La source principale des 23 points supplémentaires de dettes causés par Sarkozy provient de la baisse des recettes, pas de la hausse des dépenses. 

Selon le Conseil des prélèvements obligatoires (« Entreprises et niches fiscales et sociales », octobre 2010) : les 3 principales niches fiscales (elles concernent toutes les trois l’impôt sur les sociétés et avantagent les grands groupes), créées par la droite avant 2007, sont : 

- Régimes des sociétés mères et filiales : coût de 34,9 milliards d’euros pour l’année 2009. 
- Régime d’intégration fiscale : coût de 19,5 milliards d’euros pour l’année 2009. 
- Niche dite “Copé” (taxation à taux réduit des plus-values à long terme provenant de cession de titres de participation : 8 milliards d’euros en 2009. 
Pour ces trois niches fiscales : un manque à gagner de 62,4 milliards d’euros. 

Si l’on ajoute le coût (selon la Cour des comptes) des 3 niches fiscales ajoutées par Sarkozy : 
- Heures supplémentaires : 4,5 milliards d’euros. 
- TVA réduite sur la restauration : 3,5 milliards d’euros. 
- Passage du bouclier fiscal à 50 % des revenus déclarés : 0,7 milliards d’euros. 

Soit 8,7 milliards d’euros pour ces trois niches fiscales. 

Au total pour les 6 niches fiscales : 71 milliards d’euros. A comparer avec le plan de rigueur de 8 milliards d’euros. 

Il faudrait ajouter à cela la baisse de l’impôt sur le revenu due à la diminution du nombre de tranches (de 13 avant 1986 à 5 aujourd’hui), au passage de la tranche supérieure de 65 % (avant 1986) à 41% aujourd’hui. 
Coût pour les finances publiques : 15 milliards d’euros en 2009. 

Il ne faudrait pas oublier la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés (avant même les niches fiscales) : de 50 % à 34,6 % aujourd’hui. 
Coût pour les finances publiques : 20 milliards d’euros en 2010 (Rapport de la Cour des comptes 2010). 
Au total : 71 + 35 = 106 milliards d’euros en une année. 

Niches sociales : 42 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales en 2009 (Rapport du Sénateur de droite Jean-Jacques Jégou au nom de la commission des finances du Sénat – 2010) 

Intérêts payés aux détenteurs de la dette publique : 48 milliards d’euros en 2009. 

Au total : 106 + 42 + 48 = 196 milliards d’euros en 2009 alors que le déficit public (État, Sécurité sociale, Collectivités territoriales, organismes centraux) s’élevait à 145 milliards d’euros. 

Le rapporteur UMP, Gilles Carrez de la commission des Finances de l’AN estimait (en 2010) que les années 2000 étaient : « 10 années de pertes de recettes non compensées ». 

Sans parler des années 2002-2006, ou Sarkozy fut responsable au budget ou à l’industrie,  il y a 5 années entièrement de la faute de Sarkozy : sans sa politique catastrophique, nous aurions probablement encaissé 1000 milliards de plus en cinq ans et ne serions pas dans la difficulté apparente actuelle dont il se sert comme instrument de chantage et de peur contre nous toutes et tous. 

Ne cherchez pas pourquoi ça va mal partout, dans les écoles, les hôpitaux, les banlieues, l’emploi, la croissance, nos salaires baissés, Sarkozy a tout étouffé, tout détourné, tout provoqué. Délibérément. Savamment. 

(avec Jean-Jacques Chavigné)


Vendredi 9 Décembre 2011
Gérard Filoche
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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 15:34

http://www.jakouiller.com/share/paysans%20Inde.jpgEn mai dernier, je publiai la note suivante dans ce blog (link).

Selon Marie-Thérèse Ferrisi (Mediapart), le drame que vivent les paysans indiens est toujours aussi aigu :

 

Ces dernières semaines, 1500 fermiers se sont suicidés collectivement en Inde, dans la province de Chattisgarh. Un phénomène récurrent, puisque les chiffres officiels font état de 1000 suicides mensuels... depuis plus de quinze ans. En cause, l'endettement des paysans lié à l'achat de semences OGM miraculeuses... qui se révèlent catastrophiques.

 Depuis le milieu des années 80, l'Inde a accepté d'ouvrir totalement son marché en contrepartie de l'aide du Fonds Monétaire International. Une révolution économique s'en suivit, qui en fit un terrain d'expérimentation mondial en matière agricole. Depuis lors, les paysans sont livrés aux promesses des vendeurs de semences magiques : les rendements devaient être exceptionnels, et les insectes et parasites rangés dans les tiroirs de l'histoire. Les variétés traditionnelles ont même été interdites dans de nombreuses banques de semences gouvernementales. Mais pour toucher le Graal, il fallait débourser 10 fois plus pour la même quantité de semences. Le prix de la gloire. Et les paysans se sont massivement endettés.

Sauf que les semences OGM de coton Bt (de Monsanto, faut-il le préciser ?) sont tombées malades, infestées par le vers (vorace) de la capsule. Les semenciers avaient juste oublié de préciser que les plantes n'étaient pas résistantes aux maladies locales et qu'il fallait donc épandre des tonnes de pesticides en plus. Ils avaient aussi omis d'indiquer que les variétés en question buvaient deux plus d'eau et dégradaient les sols à grande vitesse. Du coup, les sécheresses ont été amplifiées et les rendements réduits à peau de chagrin. Les paysans se retrouvent à sec, paralysés par leurs dettes et sans le sou pour acheter les semences de l'année suivante, puisque les plantes OGM - dotés d'une technologie révolutionnaire affectueusement nommée " Terminator " - sont calculées pour que les grains ne puissent pas se replanter... D'où de nouvelles dettes. Etc.

« Certains des fermiers qui se sont suicidés avaient réalisé jusqu'à cinquante pulvérisations d'herbicide et de pesticide sur leurs champs de coton, mais cela n'a pas empêché leur récolte de dépérir », affirme le professeur Nanjundaswamy, fondateur du Mouvement pour la Défense des Fermiers du Karnataka (Karnataka Rajya Ryota Sangha – KRRS). Autre conséquence, l'utilisation de ce coton génétiquement modifié aurait « éliminé par pollinisation nombre de nos plantes indigènes qui possédaient par exemple des qualités de résistance à la sécheresse et à certains parasites propres à l'Inde, résistance que n'ont pas les plantes hybrides », affirme le même spécialiste. Pour les défenseurs des OGM, les vraies raisons de cette catastrophe sont la pauvreté rurale, l’alcoolisme, les sécheresses et le « désespoir agraire ».

En 2006, le ministère indien de l'agriculture déclarait que la moitié des foyers paysans étaient endettés. Selon les ONG, le taux de suicide parmi les fermiers pauvres atteint actuellement des records. 150 000 d'entre eux se seraient donnés la mort depuis 1993. Entre 60% et 75% de la population indienne (contre 10% pour la France et 2% pour les États-Unis), qui compte plus d'un milliard d'habitants, vit de l'agriculture, qui représente un quart du Produit intérieur brut indien.

 Source: les mots ont un sens

http://www.wikistrike.com/article-suicide-collectif-de-1500-fermiers-indiens-ruines-a-cause-des-ogm-91316545.html

 http://www.lesmotsontunsens.com/inde-coton-bt-ogm-resistance-maladie-7281

 http://www.mondialisation.ca/PrintArticle.php?articleId=3852

 

 

Un correspondant me fait passer ceci :

Petite info : le professeur Nanjundaswamy, fondateur du Mouvement pour la Défense des Fermiers du Karnataka est décédé en 2004 d’un cancer à l’âge de 68 ans.


http://www.guardian.co.uk/news/2004/feb/06/guardianobituaries.globalisation

 

 

Il semble qu’une de ses filles ait repris le flambeau :


Chukki Nanjundaswamy is a Daughter of Prof.M.D.Nanjundaswamy who was called as a Champion of Farmers Rights and a Green Shawled Hero. He was actually a Socialist Leader. He was the only man who Re-Raided the Government Banks which was Exploiting Poor farmers by Raiding their houses. He was the first Person in the world to fight against WTO (world trade organisation), GM(Genetically modified Seeds and Crops), Genetic Engineering, GATT,Dunkel Draft.KFC (Kentucky Fried Chicken). He had also protested against Miss World 96. He was a big support for the Coconut Farmers to tap Neera (Coconut Sap) when there was a disease (NUSI) for the Coconut Trees in Karnataka. He was the first person to fight for the Scientific Price Policy and the Scientific Electricity Policy.

 

 

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 09:17

 

 

 

Source : Le Grand Soir

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 15:25

http://www.nouvelordremondial.cc/wp-content/uploads/2008/04/carlyle-group-olivier-sarkozy.jpgJe viens de lire rapidement un livre sur l'affaire Strauss-Kahn : DSK, la descente aux enfers, Democratic Books [sic], Paris, 2011. Un peu décevant. L'autrice, une proche de DSK, hésite constamment entre la distance et l'hagiographie. J'y ai cependant relevé ce passage intéressant :


"Frank George Wisner [récemment conseiller spécial – pour ne pas dire fauteur de troubles – d'Obama en Égypte] a servi sous Cyrus Vance Senior [le père du procureur], qui était son patron au Département d'État. Il s'est remarié en 1977 avec Christine de Ganay [grande noblesse française, alliée aux Schneider, aux Montesquiou etc], deuxième épouse de Pal Sarkozy, le père de Nicolas. Nicolas Sarkozy a ainsi un beau-père de la main gauche en Frank G. Wiesner. Lequel a succédé à un autre homme intéressant à la tête de la Planification politique au département de la défense : Paul Wolfowitz, viré de la Banque mondiale pour népotisme.


On murmure par ailleurs que Wisner aurait appuyé la nomination de Bernard Kouchner comme ministre  des Affaires étrangères. Et la candidature de DSK au FMI.


Wisner est codirecteur du groupe financier du groupe Carlyle (90 milliards de dollars de capitaux propres, spécialisé dans la prise de contrôle des firmes d'armements et des médias), qui compte parmi ses investisseurs Olivier Sarkozy, le demi-frère du président. À côté de Carlyle, le KGB est un club de dominos pour retraités."

 

Les deux demi-frères sont proches. Nicolas a marié Olivier à Neuilly. Cela n’empêchait pas Olivier, en novembre 2011 (link), de déclarer que la zone euro était à moins de trois mois de son effondrement. S’il est plus visionnaire que son demi-frère, ça va bouillir ! La poignée de personnes que je viens de mentionner dirige et écrase le monde, avec quelques dizaines d'autres. En dehors de tout champ démocratique. Ils n'ont qu'un objectif dans la vie : leur enrichissement et celui de leur caste, plus encore que de leur classe.


Il est possible que DSK ait fait l'objet d'une balance de la part du gouvernement français. Si c'est le cas, on se demande ce qu'a bien pu faire notre pauvre Do pour déplaire de la sorte à tous ces gens qui, en plus de leurs formidables atouts, sont d'effrayants experts dans l'art de la manipulation ?

 

Pour la bonne bouche :

 

 

Investisseurs, Affiliés et Employés de Carlyle

Membres de Carlyle Group

 

hamilton-bush-baker.jpg
Hamilton, George Bush Junior, James Baker

George H. Walker Bush, Ex-président des États-Unis d’Amérique et père de l’actuel président américain. Retiré du groupe en Octobre 2003.
George W. Bush Junior, Directeur d’une des premières acquisitions de Carlyle qui était un business sur la nourriture pour les vols d’avion commerciaux, que Carlyle a vendu pour cause de perte d’argent en 1992. George Bush Junior quitte Carlyle pour devenir Gouverneur du Texas en 1992.
James Baker, Ancien secrétaire à  la Défense. Retiré du groupe en 2005.
John Major, Ancien Premier Ministre Britannique conservateur. Retiré du groupe en 2005.
Karl Otto Pöhl, Ex-président de la Bundesbank
Arthur Levitt, Ex-président de la Securities and Exchange Commission sous le reigne du Président Clinton
Fidel Ramos, Ex-président des Philippines
Henri Martre, Transfuge de Matra Aérospatiale
Merrill Lynch, Société Financière Américaine
- Fonds de pension de General Motors
George Soros, Financier
Frank C. Carlucci, Secrétaire à  la Défense Américaine de 1987 à  1989 sous Reaggan. Président de Carlyle et de Emeritus de 1989 à  2005. Retiré du groupe en Mars 2005.
Richard Darman, Directeur du U.S. Office of Management and Budget sous le reigne de George H. W. Bush, Conseiller Sénior et Président de Carlyle de 1993 jusqu’à  aujourd’hui
Allan Gotlieb, Ambassadeur Canadien aux USA (1981-89) et membre du Canadian Advisory Board de Carlyle
Liu Hong-Ru, Président du Securities Regulatory Commission du gouvernement Chinois
William Kennard, Président du U.S. Federal Communications Commission (FCC) sous le reigne du président Bill Clinton
Peter Lougheed, Premier ministre de l’Alberta (1971-85)
Frank McKenna, Ambassadeur Canadien aux USA
Mack McLarty, Chef de Staff sous le Président Clinton, Président du Kissinger McLarty Associates, Conseiller Sénior de Carlyle de 2003 jusqu’à  aujourd’hui
Anand Panyarachun, Premier Ministre de Thailande (2 fois)
Fidel Ramos, Président des Philippines
Dan Senor, Consultant Politique
Thaksin Shinawatra, Premier Ministre de la Thailande (2001 – 2006)
Luis Téllez Kuenzler, Economiste Méxicain

La liste de personnages influents qui travaillent, ont travaillé, ou ont investi dans ce groupe laisse les théoriciens de conspiration incrédules. Cela inclut avant tout autre, John Major: Ancien Premier Ministre du Royaume-Uni avant Tony Blair; Fidel Ramos: Président des Philippines; Park Tae Joon: Ancien Premier Ministre Sud Coréen; Le Prince d’Arabie Saoudite, Al-WalidColin Powell, le Secrétaire d’Etat durant l’administration Bush Junior de 2000 à  2004; James Baker III: ancien Secrétaire d’Etat; Caspar Weinberger: Secrétaire d’Etat à  la Défense; Richard Darman: Directeur du Budget de la Maison Blanche; Le Milliardaire George Soros et quelques membres de la famille Ben Laden.

Vous pouvez aussi ajouter Alice Albright la fille de Madeleine AlbrightArthur LewittWilliam Kennard. Et aussi les Européens: Karl Otto Poehl: Président du Bundesbank; Henri Martre (qui est maintenant décédé); Etienne D’Avignon (Davignon) qui est président de la Belgian Generale Holding Company avant d’avoir été vice-président de la Commission européenne de 1981 à 1985 et président de l’Institut Royal des Relations internationales (Belgique).


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