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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 10:03

Oui, répond Pascal Maillard dans son blog Mediapart :

 

La coupe de l’excellence est pleine, Madame la Ministre, et les caisses des universités sont vides !

 

Mais puisque la ministre ne veut rien voir, ni savoir, opposons-lui les faits. Ils sont têtus. Ci-dessous quelques exemples documentés des conséquences de son excellente politique qui poursuit le massacre néo-libéral et applique les directives européennes qui obligent à la fusion des opérateurs publics à des fins d’économies. La liste n’est pas exhaustive et l’on pourra la compléter utilement par les 63 chroniques du blog de Pierre Dubois sur les budgets des universités ou par les analyses bien informées de Yann Bisiou.

 

- 11 millions de déficit à Aix-Marseille Université, récemment fusionnée : le gigantisme a son prix ! Les méga-universités, comme Strasbourg, Bordeaux ou les grandes parisiennes ne sont pas épargnées par les restrictions budgétaires, malgré la manne du Grand Emprunt qui sert de plus en plus à boucher les trous des crédits récurrents.

 

Paris 1 est sous tutelle du rectorat, Paris 6 dans les limbes, etParis 13 en enfer.

 

- L’Université de Lorraine, jeune colosse aux pieds d’argile, a décidé de geler 180 postes sur trois ans pour pouvoir commencer à investir. Comme si – terrible ironie - les « Investissements d’avenir » avaient pour vocation et pour seul effet de tuer l’emploi !

 

- L’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines qui a les meilleurs résultats de France dans la progression des étudiants en Licence, supprime des parcours pour réduire son déficit de 5,2 millions. Elle supprime, bien sûr, des parcours de licence.

 

- Le site universitaire de Béziers est sacrifié sur l’autel de l’austérité, dans un acte de protestation, aussi courageux que désespéré, de la présidente de Montpellier 3.

 

 

L'intégralité de l'article ici.

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3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 06:15

Le texte qui suit est de Jacques Lacaze, à propos d'un livre de Thierry de Lestrade. Jacques Lacaze est un médecin progressiste, qui ne s'en laisse pas compter par les laboratoires, le "gouffre de la Sécurité sociale", le discours dominant sur la médecine occidentale.

 

Je n'ai évidemment aucune opinion sur le jeûne en tant que thérapie, ne l'ayant pas éprouvé moi-même. Mais je savais, avant de lire cet article, qu'une réflexion avait été impulsée sur le jeûne, depuis longtemps, et dans des pays très différents du monde.

 

Voila un livre qu'il faut absolument lire. Il fera date.Il est écrit d'une façon très précise et très agréable. Il va faire plaisir à mes amis homéopathes, naturopathes, ostéopathes, à nombre de médecins généralistes, bref à tous les thérapeutes qui restent à l'écoute de leurs patients et qui ne veulent pas  en priorité leur nuire. Son auteur Thierry de Lestrade à réalisé un film avec Sylvie Gilman qui porte le même titre et qui fait date. Mais il va plus loin, beaucoup plus loin en proposant l'analyse de la situation de la médecine aujourd'hui. Il répond à deux questions décisives: d'où vient et comment s'est constituée la médecine dominante, officielle?

 

Commençons par lire la conclusion de son livre: 

…….

La médecine occidentale a été conçue comme une guerre. Au début du XIXe siècle, Benjamin Rush partait à l’assaut des maladies grâce à l’action virile de médicaments agressifs, prescrits à des doses « héroïques ». La découverte des « microbes », perçus immédiatement comme les nouveaux « ennemis », a lancé à partir de 1880 la « guerre contre la maladie ». Et « la guerre contre le cancer », déclarée en 1971, fait encore rage. Les médecins utilisent en cancérologie un « arsenal thérapeutique » qui s’étend de l’arme de destruction massive aux frappes chirurgicales. Symbole éclatant de cette conception de la médecine : le premier essai de chimiothérapie  a été effectué avec un gaz de combat exhumé des tranchées de la première Guerre mondiale.

 

Alors qu’aucune percée spectaculaire n’est venu renverser le front des maladies chroniques, la guerre impose sa propagande, qui annonce toujours la victoire pour demain. Elle choisit aussi ses héros. Qui se souvient de cette campagne d’affichage de l’Institut national en 2007, où l’on pouvait lire sous des visages d’anonymes : « Nous sommes 2 millions de héros ordinaires. » Ces visages étaient ceux de survivants du cancer. Je m’étais alors posé la question : «  et ceux qui succombent, ce sont des lâches ? ».

 

Toute guerre impose une vision manichéenne, voire simpliste. Les bons contre les mauvais. Les docteurs contre les charlatans. Elle a permis l’éradication stupéfiante de toute méthode de soin alternative au profit de la seule médecine dite scientifique. Et elle se double d’une représentation machiste qui a légitimé l’élimination durable des femmes de la profession médicale.

 

La guerre, enfin, a son champ de bataille : le corps humain. Découpé en tranches . Scannerisé. Biométricalisé. Décrypté dans son génome. C’est dans l’organisme que l’on cherche à débusquer l’ennemi toujours plus loin, dans une plongée effrayante vers l’infiniment petit. Jusqu’à oublier que le corps est un tout.

 

N’est-il pas temps de faire la paix avec soi-même ? De ne plus  rechercher les ennemis dans son corps, mais de s’en faire un allié ? Le jeûne nous y invite. Jeûner, pour se mettre à l’écoute de son corps, dans une attention nouvelle, attentive,sensible. Pour activer des forces insoupçonnées. Vis medicatrix naturae – le pouvoir de guérir de la nature - , c’est ainsi qu’Hippocrate résumait ce processus. Alexandre Kobosov, le pneumologue russe (cité dans l’ouvrage de de Lestrade), nous l’a répété : « Il y a deux manières de se soigner : une manière passive, en avalant des médicaments ; une manière active, avec le jeûne. »

 

Un patient actif, à l’écoute de son corps, soit. Encore faudrait-il que le médecin soit à l’écoute de son patient. Il ne s’agit pas ici de juger hâtivement de la qualité de l’engagement du corps médical : la grande majorité des soignants sont dévoués et ne comptent pas leurs heures. On peut néanmoins s’interroger sur la pratique médicale. Sur la formation des soignants, sur le processus amorcé au début du XXe siècle qui a transformé les médecins en ingénieurs. Des techniciens de haut vol, super-spécialisés, super-qualifiés et très efficaces… Dans une certaine mesure.

 

Car ces praticiens touchent les limites de leur pouvoir lorsqu’on pénètre dans le vaste domaine des maladies chroniques. S’installe alors un autre rapport, où la guerre n’est plus possible. L’enjeu est de taille : 15 millions de Français souffrent de maladies chroniques, soit un quart de la population. Dans ce territoire-là, la prévention doit prendre le pas sur la réparation.

 

Le rôle du patient devient essentiel, la révolution viendra de lui. Elle s’amorce. Rares sont les malades aujourd’hui qui ne consultent pas Internet, puisant des informations sur toutes sortes de forums.

 

 

…..

 

Thierry de Lestrade consacre les deux premiers chapitre de son ouvrage à dresser le tableau de la médecine aux États-Unis.

 

Dans le premier chapitre, il explique qu'à sa naissance à la fin du XVIIIe siècle, les USA comptaient très peu de médecins. Les guérisseuses ont pris une grande importance en rendant service à leur communauté. Elles utilisaient les moyens disponibles les plantes principalement. Au passage il rappelle le sort tragique qu'en Europe l'Eglise puis le pouvoir royal a fait subir aux guérisseuses, qui furent brûlées par milliers pour faire place aux médecins issus des nouvelles facultés de Montpellier puis de  Paris.

 

Dans ce contexte des pratiques comme l'homéopathie, la chiropraxie, l'ostéopathie, vont se développer considérablement.

 

Les médecins orthodoxes vont tenter de lutter contre cet ensemble de praticiennes et de praticiens. Ils vont  créer l'AMA : l'association  des médecins  américains, en 1847 qui va engager le combat contre ceux qu'ils appelaient "charlatans", au nom de la « science ». Ils n'arriveront pas à leur fin. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour qu'une offensive soit menée et gagne.

 

Thierry de Lestrade a intitulé son 2éme chapitre: "Comment l'AMA a éradiqué la médecine populaire ». Il faut absolument lire ce chapitre. Je ne vais pas le dévoiler, sauf à dire qu'il est dans le droit-fil de la quasi extermination des peuples premiers qui occupaient ce territoire, de la traite des noirs, du rôle actuel des USA qui disposent de plus de 1000 bases militaires partout sur la planète avec l'objectif de dominer le monde par le feu et le sang. 

 

Les États-Unis ne sont pas réductibles, bien entendu, aux politiques des classes dominantes L'immense majorité des émigrants qui ont contribué à faire la richesse de ce pays étaient la masse des personnes fuyant la misère des pays de la vieille l'Europe ou déportées par bateaux entiers: les vagabonds, les prostituées, etc etc, et qui ont constitué le prolétariat des États-Unis.

 

L'auteur, souligne le rôle décisif joué par la Fondation Rockefeller dans le soutien à l'AMA avec des anecdotes du genre du soutien financier à l'AMA de l'industrie du tabac. Le développement du grand capitalisme étatsunien et sa politique visant à dominer le Monde est étroitement liée à la naissance de la médecine qui s'est autoproclamée "scientifique". Et aujourd'hui encore, voir l'article du Monde Diplomatique de juiller 2013: "Comment la santé est devenu un enjeu géopolitique?" (Pr D. Kerouedan) cette politique fait partie des priorités de l'administration des États-Unis. Pour ces dirigeants, il faut lutter contre  "le communisme, le terrorisme et les maladies". Contre les maladies: uniquement par le volet curatif en excluant totalement le préventif. (Les vaccinations ou "le cholestérol" n'ont rien à voir avec le préventif. Il faudra en reparler).

 

J'ajoute un mot. On parle de la médecine "scientifique", y compris dans le livre de Thierry de Lestrade. Je pense que la médecine est seulement une pratique sociale née avec l'Humanité  comme l'agriculture, l'expression artistique etc et qu'elle ne peut pas être qualifiée de scientifique. Cette pratique pose des questions à la recherche scientifique d'une part et d'autre part utilise les résultats de ces recherches ainsi que ceux de la technologie pour mieux soulager les ou guérir les malades. Il importe de poser sérieusement la question de la Science. On assiste à deux phénomènes dangereux. D'une part le dénigrement de la recherche scientifique et de la science, et d'autre part la défense néopositiviste d'une idéologie scientifique au service du capital. Les OGM semble être un terrain privilégié pour ces exercices.

 

Il est urgent d'en parler et il est urgent que les citoyens s'en mêlent.

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2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 05:47
Cela devient une habitude chez les Solfériniens qui nous gouvernent. Lorsqu'ils invitent des représentants des personnels à discuter d'un nouveau projet, ils leur communiquent ce projet en séance en leur demandant de réagir à chaud. Nous n'en sommes pas encore aux méthodes de Bruxelles où les projets sont communiqués en anglais aux délégués syndicaux.
Où l'on se persuade, si besoin était, que Hollande/Fioraso est la continuation de Sarkozy/Pécresse, en pire.

 

Le 26 septembre 2013, la Direction Générale des Ressources Humaines (DGRH) du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR) a organisé une première réunion de « concertation » sur le projet de modification du décret fixant les dispositions statutaires applicables aux enseignants-chercheurs.

 

Hors le transfert de compétences en matière de recrutement et de promotion, du Conseil d’administration au Conseil académique, et des seuils de représentation des deux sexes dans les comités de sélection, conséquences de la loi n° 2013-660 du 22 juillet dernier sur l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR), les éléments principaux du projet tiennent en quelques points, qui n’apportent pas d’amélioration majeure au décret du 23 avril 2009, dont les dispositions, vivement combattues par la communauté universitaire, définissent directement les conditions d’exercice du métier d’enseignant-chercheur.

 

 

Le droit à la recherche pour les enseignants-chercheurs ne bénéficie toujours d’aucune garantie effective, notamment en termes de liberté de rattachement à un laboratoire de leur choix, dans un contexte de Responsabilités et Compétences Élargies, qui conduit les équipes de direction des établissements à exclure ou affecter les personnels selon leur bon vouloir.

 

La modulation des services et l’évaluation quadriennale subsistent, telles qu’écrites dans le décret du 23 avril 2009. Les mouvements exceptionnels de 2009 pour les combattre et le moratoire sur l’évaluation semblent être oubliés par le ministère. Le flicage et l'infantilisation vont continuer de plus belle.

 

Les procédures de qualification par le CNU sont attaquées par un faisceau d’exceptions ou de dérogations, permettant des recrutements directs qui renforcent le caractère local des procédures au détriment de la prise en compte nationale des divers volets du métier d’enseignant-chercheur. Les ensignants seront de moins en moins évalués par leurs pairs.

 

Les comités de sélection sont maintenus en l’état. Ces comités de sélection sont le contraire de la démocratie, renforcent l'opacité, le localisme et le favoritisme.

 

Le droit à la mutation ne conduit à aucune amélioration effective. En particulier, le droit au rapprochement des conjoints reste ignoré, au mépris des règles de la Fonction Publique d’État.

 

Des améliorations de carrière, pourtant très attendues, ne figurent pas dans le projet en l’état. 

 

Enfin, le ministère se garde bien d’évoquer le volume horaire du service d’enseignement, dont le SNESUP demande la réduction à 150 HTD.

 

De fait, au lieu de supprimer les régressions portées en 2009 contre l’unicité du statut national d’enseignant–chercheur et de lutter contre la dégradation des conditions d’exercice et de reconnaissance de notre métier, ce projet est marqué par des tentatives insidieuses de remise en cause des procédures nationales, et par la primauté, qui continue à être accordée, aux mécanismes locaux de recrutement, de promotion et d’affectation des services.

 

Source : SNESUP

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 14:03

Sarkozy, c'est Sarkozy. Mais Cécilia, c'est une débineuse doublée d'une snobinarde qui rêve de New York et de la 5ème Avenue. On peut espérer qu'il y a eu mieux à Neuilly.

 

Les mémoires de Cécilia Attias, ex-madame Sarkozy, sortent mi-octobre chez Flammarion. Un événement littéraire dont Libération publie ici en exclusivité les meilleures pages.

«J’ai rencontré Nicolas Sarkozy le jour de mon mariage avec Jacques Martin. Il portait une écharpe tricolore trop grande pour lui et récitait son code civil en avalant les mots, les épaules secouées de spasmes : "Qu’est-c’qui s’doivent les époux, hein ? Et bah les époux, ils s’doivent respect, fidélité, secours et assistance !" En sortant de la mairie, Jacques a dit : "C’est drôle d’avoir été marié par Louis de Funès !" […]

«Vin d’honneur, remise de médaille, inauguration de crèche… Depuis mon mariage, le maire de Neuilly me fait une cour effrénée. Nous nous embrassons pour la première fois à une amicale de bouliste, c’est sa deuxième tentative… Cette fois-ci, j’ai mis des talons plats et en se hissant sur la pointe des pieds Nicolas réussit à toucher mes lèvres. Nous devenons amants. Pour ne pas nous faire surprendre, nous faisons l’amour uniquement les dimanches après-midi quand Jacques présente l’Ecole des fans sur Antenne 2 et nous laissons la télé allumée. Aujourd’hui encore, quand j’entends des phrases comme : "Dis-moi, qu’est-ce qu’il fait ton papa ?" Cela me donne des frissons ! […]

 

 

«Nicolas est très amoureux, mais je n’aime pas ses fréquentations. On se croirait dans le Parrain avec la famille Corleone se partageant les Hauts-de-Seine. Il y a Charly Pasqua, en éternel costume rayé, pinçant l’oreille de Nicolas pour le féliciter. Edouard dit "Doudou" qui s’essuie toujours les mains avec des lingettes après avoir dit bonjour à quelqu’un, mais adore compter l’argent sale. Patrick, un grand escogriffe qui tient Levallois et se vante d’avoir couché avec Bardot alors qu’en vérité il se sert d’un .357 pour obliger sa conseillère municipale à lui faire une gâterie. […]

 

La suite ici.

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30 septembre 2013 1 30 /09 /septembre /2013 06:01

Res Publica revient sur les concepts d’islamophobie et de classes moyennes :

 

Le terme d’islamophobie en tant que tel devient un problème si, sous ce couvert, il réduit les formes de lutte et d’émancipation, notamment celles des populations immigrées, en les liant à telle ou telle religion. Que l’on ne vienne pas nous dire que c’est aux dominés de choisir leurs formes de lutte : ce sophisme laisse croire que le repli religieux serait par nature une forme de protestation. Toute période de crise engendre des formes de communautarisme, mais, en progressistes, gageons que ce sont de mauvaises réponses. Il y a trente ans, la « marche des beurs » portait l’espoir d’une reconnaissance effective de l’égalité des droits au travail, à la citoyenneté, au droit de vote. En rester à la revendication d’une différence marque le recul social porté par trente ans de néolibéralisme et de concurrence.

 

La question des classes moyennes revient sur le devant de la scène. Entre menteries du candidat sortant (Sarkozy) et mensonges du prétendant (Hollande), elles n’avaient guère à espérer de l’issue de la bataille électorale en cours entre deux candidats qui se posaient tous deux en seul défenseur de leurs intérêts mis à mal depuis des années. Car la crise économique du capitalisme, qui dure depuis les années 70, oblige tout gouvernant, qui, par définition, accepte le système, à faire baisser la part des salaires dans la richesse nationale. Ainsi, son dernier avatar, la crise de la dette, contraint les gouvernements français à réduire les déficits publics, et il n’y a que deux possibilités, augmenter les prélèvements obligatoires sur les salaires ou réduire les dépenses.

 

Dans les faubourgs d'Athènes, Aube dorée sème la terreur, nous dit Amélie Poinsot dans Mediapart :

L'assassinat du rappeur et militant antifasciste Pavlos Fyssas s'inscrit dans une tactique délibérée du mouvement néonazi Aube dorée : intimidations et violences sur fond de délitement syndical et d'appauvrissement de la population.

Aube dorée s'est résolument engagée dans une démonstration de force avec les syndicats historiques de l'industrie navale. Il y a une dizaine de jours, alors que des syndicalistes collaient des affiches à proximité de la « zone », une quarantaine de membres d'Aube dorée ont surgi des rues adjacentes, vêtus de leur uniforme noir et armés de gourdins. Neuf syndicalistes ont été blessés.

« On assiste à une forme de guerre civile de basse intensité, analyse l'historien Dimitris Kousouris, rendue possible à la fois par une forme d'amnésie collective et le désespoir des gens : cette rencontre a réveillé la bête fasciste qui sommeillait. » 

 

Jean-Luc Mélenchon analyse sur son blog le résultat des dernières électiosn  allemandes comme un vote d’égoïsme national :

 

Le résultat de l’élection allemande est un évènement dont l’onde va traverser toute l’Union européenne. La politique libérale la plus dure est encouragée. Elle va donc s’amplifier. Ses conséquences sociales aussi. Les salariés allemands doivent admettre que la retraite à 70 ans c’est raisonnable, qu'un euro pour une heure de job c’est peut-être trop, et ainsi de suite. Dans toute l’Europe de l’Est où se fabriquent les pièces que les Allemands assemblent en bout de parcours, chacun se le tient pour dit : travaille et tais-toi. On n’a donc pas fini d’entendre les perroquets médiatiques nous répéter la chanson du « modèle allemand ». De leur côté les Grecs peuvent se préparer à vendre la mer qui les entoure et les Portugais l’air qu’ils respirent. Quant aux Français, depuis deux mandats présidentiels, ils ont déjà une poupée en plastique sur leur hayon, qui hoche du bonnet à chaque secousse : madame n’a qu’à ordonner, elle sera obéie.

 

Fakir se penche sur le triste sort de la pêche française :

En 1932, Boulogne est le premier port de pêche français avec 76 771 tonnes débarquées, 100 000 dans les années 1970. La ville passe ensuite progressivement « d’une identité de port de pêche à celle de plate-forme halio-alimentaire, sous l’effet des pressions exercées par les marchés de consommation, et en tout premier lieu par les exigences de la grande distribution ». Au point que la pêche n’est désormais plus qu’un complément des importations qui, elles, explosent.

C’est là qu’apparaît – déception pour moi – toute l’ambiguïté de l’Union européenne : d’une main verte, elle surveille avec rigueur les prélèvements sur ses eaux, et réglemente jusqu’à la taille des mailles de filet. De son autre main, libérale, elle ouvre ses frontières à des poissons pêchés sur des mers à l’abri de tout contrôle.

 

 

Jean-Emmanuel Ducoing revient sur son blog sur le mythe dévastateur du « coût du travail ».

Au train où vont les choses, on nous dira bientôt que le seul «coût» du travail acceptable est celui du travailleur du Bangladesh ou d’Éthiopie. D’ailleurs les Chinois eux-mêmes délocalisent en Afrique de l’Est… Puisqu’on nous rabâche que le «coût du travail» est le seul verrou à toute politique sociale, faisons la démonstration que la question du coût du capital est la seule qui ouvre des marges de manœuvres financières et contraint à changer de paradigme. Les interrogations ne manquent pas. À quoi servent les milliards d’argent public déversés sans contrôle en crédits d’impôt et autres allégements de cotisations sociales – environ 220 milliards d’euros! –, si ce n’est à nourrir cet appétit sans fond des actionnaires? Et pourquoi les dividendes, qui pesaient 5% de la valeur ajoutée il y a trente ans, pèsent désormais près de 23%, alors que, dans le même temps, la part réservée au travail n’a cessé de diminuer? La France mérite une opération vérité. Pour que les idées alternatives s’expriment. Pour repousser chaque jour un peu plus la résignation ambiante.

Revue de presse (71)
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28 septembre 2013 6 28 /09 /septembre /2013 06:09

 

Pour résorber la pauvreté et le chômage, les conservateurs n’avaient que faire d’une politique sociale : il suffisait de « créer de la richesse », le rôle de l’État n’étant pas d’offrir des emplois, de réguler, de planifier mais d’aider les entreprises  à accroître leurs marges de profit en rendant le marché du travail plus « flexible » (un vocable qui fait fureur dès le début des années 1980). Il faut désormais selon le principe de l’adhocratie (du latin ad hoc), une configuration qui mobilise, dans un contexte environnemental instable et de plus en plus complexe, des compétences (et non pas des savoirs) afin de résoudre des problèmes précis dans un souci d’efficacité maximum. Le travailleur est pris dans un « groupe-projet » relativement autonome, mais à l’intérieur duquel il n’a, quant à lui, aucune autonomie. Ce mode de fonctionnement implique le plus grand pragmatisme, et surtout aucune remise en cause de quoi que ce soit, aucune réflexion globale sur le système.

 

Margaret Thatcher croyait au dynamisme spontané des entreprises, aux théories philosophiques ultralibérales inspirées d’Adam Smith pour qui l’individu a un besoin naturel de créer de la richesse. Cette philosophie implique une forte division du travail, une répartition toujours plus spécialisée du processus de production, donc une meilleure productivité.

 

 

Ce bouleversement idéologique ne pouvait que plaire à des classes moyennes frustrées, en quête d’un nouveau Far West. Dans les manifestes électoraux du parti conservateur pour 1979 et 1983, le primat allait à l’économie capitaliste. Afin de redonner de l’oxygène à l’entreprise privée, les conservateurs proposaient de « légiférer de façon à limiter les augmentations excessives et irresponsables des impôts locaux décidées par des assemblées locales trop dépensières, et pour mettre en place une limitation générale des augmentations d’impôts locaux qui serait employée si nécessaire à l’encontre des autorités locales. » On observe donc que ces conservateurs « libéraux », membres d’un parti fondé à la fin du XVIIe siècle par une aristocratie campagnarde souhaitant résister au pouvoir de Londres, savait être terriblement interventionnistes et dirigistes.

 

J’ai écrit ailleurs comment me fut révélé le thatchérisme, un matin de rentrée des classes dans un petit village résidentiel du Yorkshire au début des années 1980. Une manière d’épiphanie.

 

J’accompagnais des amis anglais, conservateurs bon teint, qui inscrivaient leurs enfants dans l’école publique du village. Je fus décontenancé de voir des parents sortir de leur portefeuille des billets de cinq livres et les donner à tel ou tel membre du personnel de l’école. De quelles mystérieuses transactions s’agissait-il ?

Des coupes sombres – et même franchement claires – ayant sérieusement affecté l’enseignement (je ne parle même pas de la suppression de la pinte de lait quotidienne par Thatcher quand elle avait été ministre de l’Éducation et des Sciences au début des années soixante-dix), les écoles durent trouver de nouvelles ressources. D’où, dans cette école comme dans d’autres, la création de clubs de toutes sortes (photo, football, philatélie, aéromodélisme etc.) que les enfants ne pouvaient fréquenter que contre espèces sonnantes et trébuchantes. Comme je me trouvais dans un environnement bourgeois et de droite, je n’entendis aucune récrimination parentale.

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27 septembre 2013 5 27 /09 /septembre /2013 05:57

À Tours, nous sommes dans une université où, comme presque partout ailleurs, on déclasse des CM en TD (c'est-à-dire que l'on rétribue des cours magistraux au tarif des travaux dirigés ; au fait, je n'ai jamais entendu le sarkozyste Migaud, président de la Cour des Comptes, dénoncer ce forfait illégal et défavorable aux salariés). On supprime des groupes, des filières, des départements sans autre forme de procès. On s'en prend aux décharges de service. On ne renouvelle pas les CDD de salariés qui, il n'y a pas si longtemps, auraient eu le statut de fonctionnaire. 

 

Le texte ci-dessous est issu d'une intervention faite par Fabienne Toupin, professeur des universités, pour la liste "Humanités et Collégialité", lors du Conseil de l'UFR Lettres et Langues du 10 janvier 2013.

 

 

 

 

Cette analyse porte sur un texte de trois pages, intitulé "Synthèse du groupe de travail « Conseil de Perfectionnement – CdP »", qui est un document officiel émanant du CEVU [Conseil des Études et de la Vie Universitaire] de l'Université François-Rabelais de Tours, en sa séance du 22 novembre 2012. Il comprend deux parties : les deux premières pages présentent en effet une synthèse rédigée par un groupe d'universitaires chargés de réfléchir à la mise en place des Conseils de Perfectionnement à l'Université (à partir d'expériences pilotes menées à l'UFR des Sciences et Techniques de Blois, au Centre d'Études Supérieures de la Renaissance et à l'école d'ingénieurs Polytech Tours) ; la dernière page s'annonce quant à elle comme un "cahier des charges" pour la mise en place effective de ces Conseils. Après la séance du 22 novembre 2012, le texte a été communiqué, "pour information", aux différents Conseils d'UFR [Unité de Formation et de Recherche] de l'Université.

 

La formule "pour information" suggérait que les élus des Conseils d'UFR n'avaient pas à se prononcer sur le fond du texte, mais simplement à prendre acte de l'arrivée prochaine d'un nouveau dispositif, le Conseil de Perfectionnement, et mémoriser un nouveau sigle (CdP), la siglaison délirante étant devenue l'une des caractéristiques superficielles les plus notables de l'Université de la LRU ["Libertés et Responsabilités des Universités"[i]]. Mais le contenu des trois pages, loin d'être anodin, invite à une autre réponse que l'enregistrement passif. Ce dernier est même impossible : KAKFIF, Kommt auf keinen Fall in Frage ("il n'en est en aucun cas question"), auraient dit les Berlinois des années 1930, qui s'y connaissaient en matière de siglaison.

 

 

Qu'est-ce qui fait de ces trois pages un document non anodin ? En première lecture, c'est une inutilité et une absence apparentes, sur lesquelles je vais me pencher ici. Commençons par considérer les trois points définissant le rôle d'un Conseil de Perfectionnement (p.3 du document, "cahier des charges") :

 

"(a) Définir les grandes orientations stratégiques de la formation,

(b) Provoquer une réflexion approfondie sur les formations pour les faire évoluer dans leur contenu, compte tenu des besoins du monde professionnel pour les LP [Licences Professionnelles] et les Masters ou de la poursuite d'études en Masters pour les formations de Licences

(c) Faciliter l'insertion des diplômés en s'assurant de la pertinence des compétences développées par la formation."

 

De prime abord, le point (a) semble inutile car, de mémoire d'universitaire, définir les orientations d'une formation (au sens d'une Licence ou d'un Master) est un rôle dévolu de tous temps aux équipes pédagogiques dans les départements et les filières d'enseignement. C'est ici qu'intervient le point (b), en soulignant la nécessité de faire évoluer le contenu des formations en fonction des besoins du monde professionnel. Quant au point (c), il met en vedette la notion de "compétences", aux dépens de celle de "savoir(s)", que le texte ignore complètement – j'y reviens plus loin. Replacé dans l'ensemble (a)-(b)-(c), le point (a) n'apparaît plus inutile du tout : jusqu'à présent, le contenu des formations, pour les filières dites non professionnalisantes, évoluait en fonction de la structure des divers champs disciplinaires, donc sous l'impulsion de la communauté à l'origine des évolutions intellectuelles dans ces champs, les enseignants-chercheurs[ii]. Si à présent le contenu des formations, de toutes celles-ci, doit évoluer en fonction des besoins du monde professionnel (point b), les enseignants-chercheurs se trouvent de fait disqualifiés, comme les équipes pédagogiques qu'ils forment, d'où la nécessité des Conseils de Perfectionnement, composés à parité d'enseignants-chercheurs et de "membres extérieurs", cooptés, et dont le mandat est "sans durée déterminée" (p.3). Ce processus de disqualification atteint son plein développement lorsque les "compétences" évincent totalement les "savoir(s)" (point c), évolution elle aussi dictée par la nouvelle finalité, les besoins du monde professionnel. On peut sans doute aller jusqu'à dire que les compétences sont les nouveaux savoirs universitaires légitimes, suivant en cela l'analyse d'Emmanuel Barot :

 

La première dimension [de la refonte de la production-transmission des savoirs] est celle du processus de dévalorisation des savoirs, entendant par là le processus de leur disqualification symbolique, culturelle. Les savoirs tendanciellement légitimes sont ceux qui satisferont aux nouvelles exigences de la société et du marché, c'est-à-dire s'acquitteront efficacement de leur nouvelle « fonction », c'est-à-dire traduiront le nouveau type de qualification exigée par ces derniers, c'est-à-dire seront conformes à la nouvelle division sociale et technique du travail, c'est-à-dire joueront adéquatement leur rôle dans la reproduction de la force de travail exigée par les transformations du capitalisme[iii].

 

Il n'est guère difficile d'établir un lien entre ce "cahier des charges" et la loi LRU. On sait que celle-ci, dans son titre premier, "Les missions du service public de l'enseignement superieur", article 1, a ajouté "l'orientation et l'insertion professionnelle" aux missions traditionnelles de l'Université française comme la formation initiale et continue, la recherche, la diffusion de la culture et de l'information scientifique. Et plus récemment, ce que l'on appelle "l'arrêté Licence" est allé plus loin encore, introduisant le référentiel de compétences professionnelles en lieu et place des programmes, ainsi que les Conseils de Perfectionnement en lieu et place des équipes pédagogiques[iv]. Reprenant un instant à mon compte une dichotomie favorite de notre époque, pragmatisme-idéologie[v], je dirai que le texte analysé ici relève d'un faux pragmatisme qui constitue en fait une avancée à peine masquée de l'idéologie néolibérale à l'œuvre dans la loi LRU[vi]. Le vocabulaire employé (cf. "grandes orientations stratégiques", "cahier des charges", …) est d'ailleurs déjà en soi l'indice d'une acculturation avancée, celle qui transforme l'Université en entreprise académique, conformément toujours à l'esprit de la LRU[vii].

 

J'en viens maintenant à l'analyse d'un manque : il s'agit de l'absence complète, sur les trois pages du document, du mot "savoir(s)", alors qu'il s'agit d'un texte traitant de questions éminemment pédagogiques, le contenu des formations de Licence et de Master, et que c'est à ce titre qu'il émane du CEVU. Mais au fait, s'agit-il bien d'une absence ? On remarque que d'autres termes ou locutions émaillent le texte : "taux de réussite aux examens", "débouchés", "devenir des diplômés" et "évaluation". Ces termes ou expressions renvoient à des indicateurs qui, quoique différents, mesurent tous la performance universitaire. Ils la mesurent sous des angles variés : le taux de réussite aux examens mesure la performance du point de vue du contribuable, qui en veut pour son argent ; les débouchés (en d'autres termes, "l'employabilité") la mesurent du point de vue du citoyen, qui se soucie du devenir des jeunes diplômés ; enfin, l'évaluation, comprise dans ce texte comme "évaluation des enseignements", mesure la performance universitaire du point de vue de l'usager, en l'occurrence l'étudiant.

 

L'omniprésence de ces indicateurs nous renvoie à la LOLF [Loi Organique relative aux Lois de Finances[viii]], dont le principe général est de faire entrer les dépenses publiques dans une logique d'objectifs et de culture du résultat, fondée sur des indicateurs de performance. Dans les Universités, l'aboutissement du processus engagé par la LOLF s'appelle "passage aux RCE" [Responsabilités et Compétences Élargies], dernière étape de la LRU qui a transféré aux établissements la gestion de leur masse salariale et de leur patrimoine immobilier, et a renforcé les pouvoirs managériaux des présidences d'Universités. Au-delà de ce réseau législatif (LOLF – LRU – RCE – Arrêté Licence), il est possible de remonter au "processus de Bologne" et à l'idéologie de l' "économie de la connaissance", dont l'objectif principal est la marchandisation des savoirs, par alignement de l'Université sur le modèle unique de l'entreprise privée, donc la fin de l'Université créatrice et dispensatrice de savoirs critiques.

 

La disqualification culturelle, celle des savoirs universitaires classiques, va de pair avec une déqualification sociale et économique des agents qui jusqu'ici les produisaient et les diffusaient, les enseignants-chercheurs. Le passage que voici est la suite immédiate de la citation d'Emmanuel Barot supra :

 

C'est cela qu'il faut énoncer derrière la « marchandisation » des savoirs : or énoncer cela, c'est d'emblée analyser les nouveaux canons de la production-transmission des savoirs sous l'angle de ses agents : et cette disqualification symbolique des savoirs, donc de leur production et de leur enseignement, s'effectue au travers d'une prolétarisation (pudiquement appelée « précarisation »), d'une déqualification socio-économique des agents.

 

Les universitaires français ne peuvent pas manquer d'observer ce qui s'est produit dans les Universités états-uniennes, où la proportion d'enseignants précaires (par quoi l'on entend les enseignants à temps partiel ou complet mais sous contrat à durée déterminée, donc non titulaires de leur poste) s'est envolée en l'espace de trente ans, passant de 43% à 70% du nombre total d'enseignants, systèmes public et privé confondus, jusqu'à ce qu'en 2007 un timide mouvement inverse s'amorce :

 

The shift from a tenured faculty results from financial pressures, administrators' desire for more flexibility in hiring, firing and changing course offerings, and the growth of community colleges and regional public universities focused on teaching basics and preparing students for jobs.

It has become so extreme, however, that some universities are pulling back, concerned about the effect on educational quality. Rutgers University agreed in a labor settlement in August to add 100 tenure or tenure-track positions. Across the country, faculty unions are organizing part-timers. And the American Federation of Teachers is pushing legislation in 11 states to mandate that 75 percent of classes be taught by tenured or tenure-track teachers[ix].

 

(Le passage d'une université employant des enseignants titulaires à une université de travailleurs précaires est dû à des pressions financières, à la volonté des administrateurs d'avoir davantage de flexibilité pour embaucher, licencier et changer l'offre de cours ; il est également dû au nombre croissant de collèges universitaires[x] et d'universités publiques régionales se consacrant exclusivement aux enseignements de base et à la préparation des étudiants à l'arrivée sur le marché de l'emploi.

 

Le phénomène a atteint un point tel que certaines universités, inquiètes des effets néfastes sur la qualité de l'enseignement, font machine arrière. L'Université Rutgers a conclu un accord sur l'emploi en août [2007] qui créera 100 postes d'enseignants titulaires ou assimilés. À travers le pays, les syndicats de l'enseignement supérieur se saisissent du dossier des enseignants contractuels à temps partiel et dans onze états, la Fédération américaine des Enseignants incite le gouvernement à légiférer afin que 75% des cours soient assurés par des enseignants titulaires ou assimilés.)

 

Le lien est avéré entre d'une part ce que nos collègues anglo-saxons appellent "preparing students for jobs" (dans le langage de la LRU : "orientation et insertion professionnelle"), d'autre part la disqualification des savoirs universitaires classiques (supplantés par les "compétences"), et enfin la précarisation des enseignants-chercheurs.

 

La communauté universitaire est aujourd'hui confrontée à un chantage qui joue sur un ressort odieux : le taux de chômage des jeunes. Alors même que les entreprises ont renoncé à leur mission de formation professionnelle, il est aisé de faire porter le fardeau de ce chômage de masse à l'Université, accusée d'être arc-boutée sur ses savoirs traditionnels (synonyme d' "obsolètes") et de ne pas s'adapter au monde "ouvert" et "moderne". L'institution se trouve ainsi instrumentalisée par une demande sociale en soi on ne peut plus légitime, mais qui, elle-même l'instrument de l'idéologie néolibérale, se trompe de cible. Les grosses ficelles du procédé sont d'autant plus honteuses que personne, parmi les universitaires, ne peut se déclarer étranger ou indifférent à ce fléau social et humain qu'est le chômage de masse des jeunes.

 

Malgré les difficultés considérables, y compris celles d'ordre psychologique et affectif qui viennent d'être mentionnées, les enseignants-chercheurs ne peuvent entrer tête baissée dans le dispositif des "Conseils de Perfectionnement". Clairement, celui-ci est beaucoup plus que ce que l'on appelle familièrement une "usine à gaz" : outil de surveillance, comme en témoigne l'occurrence répétée du mot "évaluation" (pour "évaluation des enseignements"), il ne peut par ailleurs que déboucher sur l'aliénation d'une communauté enseignante qu'il contribue, avec d'autres dispositifs parallèles, à déposséder de son rôle de production et de diffusion des savoirs critiques. Le tout sans régler en rien, naturellement, la question du chômage de masse des jeunes, puisque tel n'est pas son objet.

 

En revanche, la disqualification des savoirs universitaires (dont les "Conseils de Perfectionnement" ne sont qu'un des moyens, je le répète) contribuera à agraver la déqualification socio-économique des enseignants. Pour revenir à l'Université de Tours, où les Contrats à Durée Déterminée concernent aujourd'hui 381 enseignants (qui sont surtout des vacataires) et 496 BIATSS (soit fois plus qu'il y a 6 ans), des formes de précarisation et d'aliénation de la communauté enseignante y sont déjà observables :

 

* aliénation lorsqu'une enseignante de russe, dernier témoin de ce qui fut un "département d'études slaves", voit son emploi du temps constitué uniquement de cours orientés vers l'insertion professionnelle des étudiants, que ces cours soient appelés "MOBIL" (acronyme signifiant "Mobilisation Orientation Bilan et Insertion des Licences"), "aide à la réussite" ou autre "sensibilisation au projet professionnel" ;

 

* précarisation individuelle lorsqu'un département de l'Ecole Polytechnique cherche à recruter un doctorant sous contrat pour assurer dans l'année 220 heures de TD [Travaux Dirigés] ainsi qu'une dizaine d'heures de travail administratif contre une rémunération mensuelle de 750 €[xi] ;

 

* précarisation collective lorsque les "formations à petits effectifs" se voient de fait retirer tout CM [Cours Magistral], au nom d'une conception purement numérique de ce dernier (chaque cours où le nombre d'étudiants est en-dessous des seuils de référence (soit 20 en Licence, 17 en première année de Master et 13 en seconde année) est désormais comptabilisé par l'administration comme TD, donc rétribué au taux de l'heure en TD, moins élevé que celui de l'heure CM[xii]). Ces "formations à petits effectifs"  peuvent aussi, à l'instar du département d'allemand, voir leur Licence purement et simplement fermée pour cause de non-atteinte des seuils requis (séance du Conseil d'Administration du 25 mars 2013) : quelle "mobilité", interne ou externe, attend les enseignants et enseignants-chercheurs de ces formations si jamais, à terme, ils n'ont plus de cours à donner ?

 

Les "Conseils de Perfectionnement" verront le jour, cependant : il convient de les investir et de les détourner pour en faire une tribune où exprimer nos revendications, en premier lieu l'abrogation de la loi LRU – qui n'est que prolongée par la loi de "réforme" récemment adoptée – et l'appel pour une véritable réforme de l'Enseignement supérieur.

 

Fabienne Toupin

 

 


[i] Cette loi a été promulguée le 10 août 2007 et elle est aujourd'hui en application dans toutes les Universités françaises. Le texte de la loi et de nombreuses analyses se trouvent sur le site de l'Association "Sauvons l'Université".

[ii] Prenons l'exemple des "études anglophones" : la structure de ce domaine disciplinaire n'a cessé d'évoluer au cours du 20ème siècle, amenant ainsi les formations à accueillir, à côté des cours de littérature qui détenaient autrefois l'exclusivité, des cours de civilisation des pays anglophones, puis, à compter du début des années 1970 environ, des cours de linguistique. Il s'agit de changements guidés par l'évolution de la recherche dans ce champ du savoir.

[iii] Emmanuel Barot, 2009. "« Sauver » l'Université ? Quelques leçons théoriques et lignes tactiques tirées de l'échec de la grève du printemps 2009". Contretemps.

Cet article est accessible à cette adresse.

[iv] Le texte de cet arrêté, dont le nom complet est "Arrêté du 1er août 2011 relatif à la licence", ainsi que de nombreuses analyses se trouvent sur le site de l'Association "Sauvons l'Université".

C'est cet arrêté qui prévoit la mise en place des "Conseils de Perfectionnement" en ses articles 6 et 19.

Voir également l'article de Marie-Albane de Suremain, 2011. "La Professionnalisation en questions". Former des Maîtres (supplément au mensuel Le SNESUP n°599), p.15.

[v] La dichotomie pragmatisme-idéologie, outre qu'elle est simpliste, a pour effet, comme toutes les mises en dualité, de valoriser un des membres de l'opposition aux dépens de l'autre (cf. corps et esprit, raison et sentiment, immobilité et mouvement, …). Les pragmatiques sont censés être ceux qui font avancer le monde (dans une direction qui est nécessairement la bonne, puisqu'il n'y a pas d'alternative), tandis que les seconds freineraient les développements prometteurs ou bloqueraient les avancées décisives, en tant que défenseurs de valeurs archaïques.

[vi] Cela ne signifie pas que tous les universitaires ayant participé au "groupe de travail" aient œuvré consciemment pour cette avancée.

[vii] Dans un ordre d'idées voisin, dans une récente conversation privée, j'ai entendu à plusieurs reprises le directeur d'une des UFR de l'Université François-Rabelais appeler le Président de cet établissement "le patron".

[viii] Cette loi fut promulguée en 2001 et elle est en application depuis le 1er janvier 2006.

[ix] Alan Finder, New York Times, 20 novembre 2007.

[x] Ces établissements ne dispensent que des cours de premier cycle (ils ne délivrent donc que le diplôme de Licence).

[xi] L'offre d'emploi, datée du 16 juillet 2013 et diffusée par courrier électronique, ne précise pas si ce salaire est brut ou net. Il s'agit donc d'effectuer un service équivalent à celui d'un Maître de Conférences augmenté d'environ 30 heures complémentaires, mais à titre de comparaison, le salaire brut d'un Maître de Conférences débutant (classe normale) est d'environ 2 100 €.

[xii] Séance du Conseil d'Administration du 8 juillet 2013. On constate d'ailleurs que cette conception numérique de l'opposition CM/TD, qui est en réalité une opposition pédadagogique liée au rôle de l'enseignant devant le groupe, ne fonctionne que dans le sens de la recherche du plus bas coût. C'est ainsi qu'à Tours, les départements dits "à gros effectifs" vivent maintenant sous la menace permanente de voir le plafond de 45 étudiants par séance de TD devenir caduc – alors qu'en filière de langue vivante par exemple, ce plafond est déjà ridiculement élevé.

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 05:33

Edward Heath en appelle au peuple. Le parti travailliste remporte les élections législatives. Face à une forte inflation (qui n’est pas forcément un fardeau pour le peuple quoique dise le discours dominant car l’argent fort est bon pour ceux qui ont de l’argent) et à un déficit substantiel de la balance des paiements (ce qui est rare dans l’histoire du pays), Harold Wilson ne serre pas la ceinture de ses compatriotes mais relance la consommation. Il évite ainsi la récession, donc l’aggravation du chômage mais l’inflation repart de plus belle (30% en 1975) Le déficit de la balance des paiements se creuse. En 1976, le pays fait appel au FMI (elle est le premier des pays riches à le faire) qui lui prête trois milliards de dollars en contrepartie d’un programme d’austérité rigoureux. La réduction des dépenses publiques, l’encadrement du crédit exigés par le FMI font grimper le chômage, donc le mécontentement social, ce qui expliquera la défaite des travaillistes en 1979. Cela dit, les résultats ne se font pas attendre. Les réserves monétaires se reconstituent, la dette extérieure se réduit, la livre sterling retrouve de la vigueur. Le déficit, qui avait atteint 9,5% du PIB en 1975, retombe à 5%. Enfin, un programme de modernisation des entreprises, avec aide “ sélective ” de l’État, est mis sur pied. Le commerce extérieur redevient compétitif, mais il faudra attendre 1979 pour que la production industrielle rattrape celle de 1973. Comparé à lui-même, le pays va mieux. Comparée à celles des autres grandes puissances, sa situation se dégrade. En 1960, le produit intérieur brut (PIB) par habitant des Britanniques était supérieur de 5% à celui des Français. En 1978, il était devenu inférieur de 37%.

 

Lorsque Margaret Thatcher remporte les législatives de 1979,avec 43,9% des suffrages, le pays est dans une situation économique meilleure que celle qu’avait trouvée Harold Wilson en 1974 après la défaite électorale d’Edward Heath. L’inflation est retombée à 8,5% en 1978. Le nombre de chômeurs s’est stabilisé à 1 200 000. Le succès des conservateurs ne s’explique donc pas uniquement par des raisons économiques.

 

 

Après l’échec d’Edward Heath, la droite avait pris le pouvoir à l’intérieur du parti conservateur sur des bases idéologiques radicalement nouvelles. Constatant que les classes, ainsi qu’une bonne partie de la classe ouvrière, étaient lasses de la bureaucratie, des nationalisations, de la pression fiscale, de la présence importante des gens de couleurs sur le sol de l’île, Margaret Thatcher et ses meilleurs soutiens (Geoffrey Howe, le baron Sir Keith Joseph, eugéniste, obsédé par les tendances « collectivistes » du keynesianisme) proposèrent un discours qui rompait avec un consensus vieux de vingt-cinq ans. Et puis une posture de fermeté : « Je ne fais pas demi-tour », disait Margaret Thatcher (« The lady is not for turning »). Usant de formules simples, de slogans simplistes, ils se mirent à prôner un retour aux valeurs de l’individualisme, à l’inégalité entre les individus, à la responsabilité du citoyen qui ne doit plus être protégé (« assisté ») par l’État mais qui doit se prendre en charge lui-même. Sir Keith Joseph, l’éminence grise de Margaret Thatcher, pouvait asséner tout et n’importe quoi, il pouvait être surnommé « le moine fou », la sauce prit, à rebours de la société de tolérance des années soixante (abolition de la peine de mort, légalisation de la contraception et de l’avortement).

 

Dans le domaine économique, les nouveaux conservateurs proposèrent une politique monétariste stricte. Ils allèrent chercher la lumière du côté de Friedrich von Hayek (socialiste fabien dans sa jeunesse puis fondateur de la Société du Mont-Pèlerin à l’âge mûr) pour qui il fallait réduire le crédit et favoriser l’épargne pour réduire l’écart entre les investissements et leur financement. Milton Friedman fut aussi un oracle écouté, avec cette idée que le taux de chômage est naturel et que les politiques de relance ne peuvent provoquer que de l’inflation. Le professeur de l’université de Chicago, conseiller de Pinochet, ne cachait pas son mépris pour l’homme ordinaire : « L'histoire est sans appel : il n'y a à ce jour aucun moyen […] pour améliorer la situation de l'homme de la rue qui arrive à la cheville des activités productives libérées par un système de libre entreprise ».

 

Bref, le nouveau credo était que l'État devait se désengager du domaine économique.

 

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 06:32

L’Humanité évoque le suicide d’un directeur territorial de Pôle emploi :

 

« Un cadre de l’entreprise s’est donné la mort il y a une semaine. Pour certains syndicats, ce drame est révélateur du malaise social qui ronge Pôle emploi depuis sa création en 2008.

 

L’ancien directeur territorial du Rhône, âgé de cinquante-cinq ans, s’est jeté sous le TGV à Mâcon (Saône-et-Loire) alors qu’il se rendait à Paris sur son lieu de travail. Depuis le mois de juin, ce père de famille avait été muté à la direction générale dans la capitale et rentrait à son domicile le week-end. Jean-Charles Steyger, du bureau du SNU Pôle emploi, estime que « ce changement de poste n’était pas une promotion, plutôt une régression ». Pour Suzie Petit, déléguée syndicale centrale CFE-CGC, « il semblerait que cette situation était difficile à vivre pour lui. Ce qui attire notre attention, c’est l’accumulation du nombre de drames ces derniers mois ». »

 

Selon Michel Soudais, dans Politis, les barbares campent sur Twitter :

 

« Insultes sexistes et racistes, menaces physiques, appel au viol… Des cyber-activistes d’extrême droite se déchaînent sur la toile contre une jeune militante du Parti de gauche, coupable d’avoir raconté sur Twitter sa participation à la manifestation organisée à Marseille contre l’université du Front national, samedi.

 

La violence et la haine envahissent dangereusement les réseaux sociaux. C’est devenu banal de le dire. 
Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’on prenne pleinement la mesure du fumet sorti des égouts qu’exhale de plus en plus la toile à mesure qu’enflent les intentions de vote en faveur du Front national de Marine Le Pen. 
Si l’on n’y remédie pas, notamment en appliquant aux infractions et aux délits les plus flagrants les lois qui encadrent la liberté de la presse, il est plus que probable que des esprits simples (le web en attire beaucoup), chauffés par des excités, passent à l’acte. »

 

Jean-Emmanuel Ducoin revient dans son blog sur le prétendu coût du travail en France :

 

« Nos éminences ont-elles lu l’étude publiée mi-août par le Bureau of Labour Statistics des Etats-Unis ? Nous y découvrons que le «coût» horaire du travail était de 35,67 dollars par heure dans le secteur manufacturier en 2012 aux États-Unis, inférieur aux 45,79 dollars d’Allemagne et aux 39,81 dollars de France.

 

Oui, dans l’industrie, ce que les libéraux de tout poil appellent «le coût du travail» est bel et bien plus bas en France qu’en Allemagne. Dans les services, ledit «coût du travail» est équivalent en France et en Allemagne. Dans un souci d’exhaustivité et de précision, notons par ailleurs que, dans l’industrie comme dans les services, l’Allemagne compte beaucoup plus de salariés à temps partiel. Ces données irréfutables, qui démontrent que le «coût» global horaire français est voisin de celui de l’Allemagne et très proche de celui des États-Unis, viennent donc contredire tous les discours lénifiants (gouvernants, experts, médias, etc.) qui n’ont qu’un but : justifier toutes sortes de «réformes» qui ne consistent qu’à réduire salaires et prestations sociales. »

 

Marianne nous dit que le Sarkothon lancé par l'UMP afin d'éponger les dettes de l'ancien président suite à l’invalidation de ses comptes de campagne a donné des idées à certains, et notamment à Frigide Barjot.

 

« Selon le quotidien 20 minutes, l'ex tête de file de la Manif pour tous devrait  bientôt lancer, elle aussi, une association, les « Amis de Frigide Barjot » pour l'aider à résoudre ce qu'elle désigne comme « un moment pénible » à savoir l'assignation par son bailleur, la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), à quitter le logement qu'elle occupe du fait de l'avoir utilisé « à des fins commerciales ».

 

N’envisageant pas de s’installer dans son appartement de 64 m² dans le Xe arrondissement de Paris, qui ne possède « que » deux chambres, Frigide Barjot prévoit plutôt de surmonter cette épreuve grâce à un appel aux dons. « Les gens qui pensent que je ne mérite pas ce traitement pourront ainsi m’aider » a-t-elle déclaré. Quand elle promettait qu’elle continuerait à en appeler à la mobilisation tant qu’elle le jugerait nécessaire, on s’attendait à peu près à tout, mais surement pas à ça. »

 

Dans un entretien passionnant dans L’Humanité, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot parlent de différents types de violence dont sont victimes les prolétaires :

 

« Il y a d’abord la violence économique, dans sa version néolibérale, avec une finance spéculative qui prend le pas sur la production industrielle. Les exemples d’entreprises françaises comme Peugeot, Arcelor et bien d’autres, licenciant à tour de bras malgré des bénéfices énormes sont légion. C’est l’exemple immédiat de cette violence exercée par la confrérie des grandes familles ! Il y a ensuite la violence politique avec le mensonge d’État comme technique assumée. Le président Hollande et son gouvernement ont beaucoup trahi leurs promesses de campagne et les valeurs socialistes. C’est une violence terrible que le mensonge politique. La classe dominante use aussi d’une violence idéologique puisqu’il s’agit de faire croire que le néolibéralisme est naturel. Que les marchés sont comme la lune qui brille ou les prés qui verdoient. Pour ce faire, cette classe très consciente d’elle-même utilise une autre forme de violence : la violence linguistique. Ici, il s’agit de manipuler le langage pour corrompre la pensée. Toutes ces violences forment au final une sorte de feu d’artifice qui aboutit chez les classes moyennes et populaires à un fatalisme mortifère avec le sentiment qu’il est impossible de changer les choses. Et c’est ça le plus terrible. »

 

 

Revue de presse (70)
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22 septembre 2013 7 22 /09 /septembre /2013 11:12

Dans ce numéro 38-39 - juillet-août 2013, dont je rends compte avec un peu de retard (je n’ai pas ta puissance de travail, mon cher Paul), Paul Ariès s’interroge sur l’aide alimentaire :

 

Le nombre de jeunes, de personnes âgées et de familles à se priver sur le plan alimentaire explose. On estime à plus d’un milliard à l’échelle planétaire le nombre de personnes aujourd’hui malnutries. Plus de 7 millions de Français seraient en droit de recourir à l’aide alimentaire, mais dans ce domaine comme dans tous les autres, ce qui domine n’est pas la fraude mais le scandale du non-recours aux droits sociaux. Cette population malnutrie est considérée, à l’image des pauvres en général, comme un fardeau à la charge de la société qui n’en pourrait plus de payer pour une foule d’assistés. La facilité avec laquelle la majorité des citoyens et des élus acceptent la casse des aides sociales en est un bon symptôme.

 

 

Jean Wunsch s’en prend aux « chefs de bureau à talonnettes » :

 

L’idéologie managériale s’impose dans toute la société, y compris dans les services publics et les municipalités de gauche. Il y a vrai- ment urgence à inventer un slow management. L’état des lieux actuels fait peur...

 

Laurent Paillard nous prévient : il faut nous méfier des pro-OGM et de leur discours dépolitisant :

 

Cet argument en faveur de la prolifération des cultures de plantes transgéniques est un modèle parfait de rhétorique puisqu’il consiste à soutenir une démarche mercantile en faisant croire qu’il s’agit d’un acte de générosité désintéressé et que ce sont ses opposants – que l’on traitera de bobos – qui privent les populations affamées du Sud de moyens de subsistance. Il permet en outre, dans un même élan, de dépolitiser le problème de la faim dans le monde et de faire croire que l’écologie relève d’une problématique purement technologique.

 

Pour Thierry Brugvin, si les miséreux sont fragiles, il existe une « puissance des pauvres :

 

En répondant aux besoins essentiels des populations, en stimulant par exemple la production des cultures vivrières, en permettant l’éducation de base, en répondant aux besoins locaux avant de suivre la demande internationale, le pays devient ainsi plus auto- nome et peut assurer sa croissance à long terme. La satisfaction des besoins essentiels remet les attentes des hommes et leurs droits au centre du développement. L’identité culturelle est ainsi favorisée, car cela prend en considération les besoins essentiels des populations qui ne sont pas seulement matériels.

 

Patrick Darré estime que les scops sont un « enjeu pour la transformation » :

 

Ancré dans la longue histoire du mouvement ouvrier, étendant son expérience à l’échelle du monde sous des configurations différentes, le mouvement coopératif, même si il convient de prendre en compte et analyser les puissantes contradictions qui le traversent, mérite un intérêt pour ce qu’il peut apporter à la transformation, ce qui lui est souvent dénié.

 

Jean-Louis Prat nous parle des avatars de l’autogestion » :

 

Ceux qui ont eu vingt ans dans les années 1960 ont traversé la mode du discours autogestionnaire, et même son inflation, qui l’a fait entrer au programme de la CFDT, du défunt PSU, et du « nouveau » PS issu du congrès d’Épinay en 1971, avant d’éclater comme une bulle de savon, quand la gauche au pouvoir s’est convertie à la « culture de l’entreprise »... Ce discours ne s’est survécu, pendant quelques années, que par l’habileté dont a fait preuve le management capitaliste, qui s’est mis à prôner l’initiative spontanée des travailleurs, leur ingéniosité créatrice, et l’autonomie de gestion qui doit s’épanouir dans un travail d’équipe convivial et décrispé. Ce dernier avatar est bien analysé dans le livre de Boltanski et Chiapello, Le Nouvel Esprit du capitalisme, qui montre comment cette tactique a pu fonctionner, en prenant appui sur les thèmes d’une « critique artiste » du capitalisme, plus sensible au mal-être des travailleurs qu’à l’exploitation économique, thèmes qui apparaissaient au-devant de la scène, dans le spectacle média- tique qui s’emparait du discours auto- gestionnaire.

 

Il n’y a pas que Mittal en Inde. Paul Ariès nous décrit ce qu’il se passe dans ce grand pays :

 

Nous connaissons mieux la puissance de l’écologie des pauvres en Inde grâce à l’ancienneté du mouvement, à son ancrage social, à la qualité de ses penseurs, grâce aussi aux efforts fournis depuis des années par des associations comme le CRISLA qui traduit en français des textes issus de la revue Down To Earth. Cette écologie indienne est représentative de ce qui se cherche en Asie. Alain Joly du CRISLA écrit que « la spécificité du mouvement écologiste en Inde vient de son caractère foncièrement social ».

 

À lire un article d’Olivier canal sur les bonnes philippines de Hong Kong (dont 80% ont une formation universitaire) :

 

Si l’archipel des Philippines compte aujourd’hui environ 100 millions d’habitants, 12 millions vivent à l’étranger... Il faut dire qu’aux Philippines, comme ailleurs, l’ensemble de nos contemporains reçoit la pression des médias, des télévisions par satellite... En effet, le marketing des transnationales s’arrange pour éveiller nos désirs et les transformer en besoins. Tout le monde est concerné... Mais les médias sont plus percutants avec les plus fragiles (les habitants des pays du Sud, les enfants...), avec ceux qui n’ont pas mis en place des protections ou qui n’ont pas pu développer un esprit cri- tique face à leur emprise.

 

 

Pour Florent Bussy, l’immatériel est fantasmatique :

 

Notre époque où domine le capitalisme est au contraire habitée par le fantasme de la disparition de la matière au profit d’usages immatériels. Les technologies numériques y ont évidemment contribué, mais cette tendance ne s’y réduit pas et est d’une bien plus grande ampleur, parce qu’elle est au cœur de nos modes de vie. Elle trouve plutôt sa source dans la dévalorisation générale de la naturalité du corps humain, de l’incarnation, de la physicalité de la matière en sa pesanteur, du travail manuel et artisanal, de la durabilité et dans l’aspiration à substituer l’abs- traction mathématique à la sensibilité concrète, à dépasser les limites spatio- temporelles par la mise en réseau globale. Le « fantasme de l’immatériel » est l’autre nom de l’impératif techno- logique de domination. Le « fantasme de l’immatériel » est l’autre nom de l’impératif technologique de domination. La dématérialisation a œuvré à faire disparaître le vivant au profit de la mécanique cartésienne.

 

Michel Lepesant réfléchit à la notion de monnaie locale :

 

Une monnaie locale complémentaire (MLC) se situe à la croisée de deux problèmes politiques globaux : celui de la monnaie et celui des « alternatives ». Mais ce sont de « bons problèmes » et une MLC est une bonne façon pour les poser et les affronter: localement.

 

Enfin, Florent Tillon évoque la violence dans le cinéma :

La violence au cinéma est un de ces sujets capables de vous faire passer de longues soirées d’hiver à vous disputer en famille ou entre amis. De manière générale, si vous être contre la violence au cinéma, vous êtes qualifié de réactionnaire, si vous défendez la violence comme acte de liberté d’expression et comme représentation de la société vous êtes un progressiste. Pourtant l’équation est loin d’être aussi simple, tant la violence semble être devenue l’un des outils favoris du système marketing, et donc de l’op- pression. Plus les films sont violents et choquants, plus les corps des actrices sont attractifs, posant une fois de plus la question du lien qui unit violente et sexualité au cinéma.

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