Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 06:23

La résistance à la LRU est toujours minoritaire. Mais elle est de qualité (les moutons se contentent de brouter).

Je reproduis ici une réflexion d'enseignants de l'Université Paris-Sud (Orsay).


http://www.mrc-france.org/photo/art/default/1033326-1299945.jpg?v=1289529560

 

Pour l’avenir de l’Université Paris Sud, contre les ravages de « l'excellence » gouvernementale.

 

Principes d'une Université ouverte


Nous défendons le principe d'une Université ayant pour mission, indépendamment de tout pouvoir économique, technocratique ou idéologique, d'accroître la connaissance et de la transmettre au plus grand nombre, et de développer le sens critique de chacun dans une perspective émancipatrice, en s'appuyant notamment sur la formation par la recherche. La priorité première pour l’Université est d’offrir, par la diversité des cursus qu'elle propose, fondamentaux comme appliqués, la possibilité à chaque étudiant d'aller le plus loin possible en fonction de ses choix et de ses capacités. L’insertion professionnelle des étudiants doit également être prise en compte, par des formations spécifiques, mais en aucun cas l’ordre des priorités ne doit être inversé. Par ailleurs l'Université n'est ni au-dessus ni à côté de la société. C'est un service public. Elle a des comptes à rendre aux usagers, aux citoyens dont elle dépend, sur ses missions, sur le partage de la science avec le reste de la société. L’Université est par nature un lieu de débat, de libre expression et pensée.

 

Les prérogatives de l'Université, et en particulier la délivrance des diplômes de L, M et D sont aujourd'hui remises en question au nom de l' « excellence». Or la qualité des formations repose sur la qualité des contenus et sur la capacité à amener le plus grand nombre d’étudiants jusqu'au L3, voire jusqu'au M et au D. A ce titre, la place du L est fondamentale en elle même, et en ce qu’elle détermine la qualité des futurs étudiants de M et D. En aucun cas, la licence ne doit être mise de coté pour mettre en avant une « Graduate school », creuset de masters et de doctorats, et qui reproduirait aveuglément des schémas importés d’outre atlantique [1].

 

Pour ce qui concerne la recherche, la mission de l’Université est de développer celle-ci dans toutes les disciplines présentes en son sein, en étroite coordination avec les EPST, sans donner la priorité à des thématiques qui seraient définies en fonction de critères économiques et financiers, qui peuvent à terme s’avérer éphémères. La culture de la recherche sur projets de court terme, qui a été initiée dans la foulée du « Pacte pour la Recherche », puis amplifiée par la mise en place de l’ANR et qui bat son plein depuis les appels d’offre EquipEX, limite les champs d’exploration. Sa généralisation porte en germe la stérilisation de l’activité scientifique. Il suffit pour s’en convaincre d’étudier la genèse des grandes découvertes du siècle précédent, ou d’écouter les chercheurs qui ont abouti à des avancées majeures (ils sont plusieurs dans l’Université Paris Sud). Ils disent tous que leurs travaux n’auraient pu être soutenus et se développer dans un cadre semblable à celui qui est mis en place actuellement. Il faut ne rien comprendre à la recherche pour croire qu’elle est gouvernable, contrôlable, et que les fleurs pousseront là où on l’a décidé! La recherche est un écosystème de la connaissance : c'est de sa diversité et de sa richesse que vient son développement.

La société peut légitimement définir des domaines prioritaires; il n'en est pas moins nécessaire de maintenir des laboratoires dans toutes les disciplines, correctement soutenus par des crédits récurrents, et où des projets ambitieux, sur le long terme, peuvent être mis en œuvre. Ces laboratoires, uni ou pluri-disciplinaires, sont les garants de la formation de jeunes chercheurs et de la transmission du savoir. Une des chances - et un mérite - de l’Université Paris Sud est de rassembler de nombreux laboratoires très reconnus sur le plan international, dans de nombreuses disciplines. Cette richesse permet de plus de favoriser une véritable interdisciplinarité, comme l’attestent plusieurs projets qui se sont développés ces dernières années au sein de notre Université notamment entre les sciences dures et les sciences de la vie. La démarche des LabEX, par son caractère excessivement sélectif (7 LabEX sur 23 dossiers présentés ont été sélectionnés à Paris Sud) et bêtement darwinien (financer les équipes dites « excellentes » et laisser tomber les autres) risque d’aboutir à l’abandon de nombreux axes de recherche, ce qui serait à la fois un gâchis considérable et une hypothèque pour l’avenir. L’Université Paris Sud doit tout faire pour éviter cela.

 

L'Université Paris Sud dans le projet Paris-Saclay

Notre Université doit affirmer ses prérogatives au sein du projet Paris-Saclay, dont la forme actuelle a été imposée par la volonté du gouvernement, qui n'a pas jugé bon de consulter la communauté scientifique. Nous devons prendre nos responsabilités face à un projet qui menace nos conditions de travail et même nos capacités à remplir nos missions. Les statuts actuels de la FCS, votés par le CA de l’Université le 13 Décembre 2010, sont totalement inacceptables. Ils donnent en effet à la FCS, dans les faits, un rôle de gouvernance sur les grandes orientations scientifiques, par le contrôle d'une part considérable des moyens financiers, tout en ne donnant à l’Université, aux organismes, et aux membres élus par les personnels qu’une place ridiculement faible. À côté des comités de pilotages dont la constitution et les missions sont définies par le règlement intérieur de la fondation, les conseils scientifiques de département de la FCS donneraient une place prépondérante à des personnalités n’étant pas elles-mêmes actrices des laboratoires du campus et nommées par le président de la fondation. Il est par ailleurs symbolique que les personnels techniques soient totalement absents des instances de cette fondation. À la suite de l’échec du premier projet IdEX présenté par la FCS, pour lequel le jury a pointé l’absence d’un schéma de gouvernance convaincant, il est à craindre que le deuxième projet soit encore durci et se place dans la logique d’une « Advanced University », en complète contradiction avec les principes énoncés plus haut. Si tel devait être le cas, nous appelons d’ores et déjà les personnels et les élus dans les conseils centraux à se mobiliser pour s’y opposer.

L’indépendance de l’Université est gravement menacée dans ce projet Paris-Saclay. Cette indépendance n’est possible que si d’une part les crédits ne sont pas conditionnés par des choix thématiques ou idéologiques (ce qui n’empêche pas que les crédits soient évalués a priori et justifiés a posteriori), et d’autre part si les rémunérations et les emplois des personnels ne dépendent pas de leur allégeance au pouvoir politique ou économique (condition qui est à l’origine du statut de fonctionnaire) ou simplement de leur soumission à la mode du moment. L’embauche de salariés sur statuts précaires, au lieu de titulaires dont l’indépendance pourrait freiner la fuite en avant vers une recherche purement finalisée, est au cœur des récentes réformes [2]. Cette volonté de flexibilité se retrouve jusque dans le caractère éphémère donné aux équipes, laboratoires et thématiques. Nous sommes au contraire convaincus que le statut des personnels (chercheurs, enseignants, IATSS, ITA) doit, sauf exception à justifier, relever du statut de la fonction publique d'État pour garantir une indépendance des orientations scientifiques et pédagogiques vis à vis de pressions privées ou étatiques, ainsi que la qualité du service.

 

Pour un autre projet

   Structures

La dichotomie qui existe en France entre Universités d’une part, et Grandes Ecoles (GE) d’autre part est unique au monde et a de lourdes conséquences. Elle permet aux bons élèves au niveau du Bac, le plus souvent issus des milieux favorisés, de trouver un emploi dans de très bonnes conditions à Bac+5, sans avoir bénéficié d’une formation par la recherche, au détriment des jeunes docteurs (à Bac+8). Mais elle pénalise également le monde industriel, dont les dirigeants, très majoritairement issus des GE, sont peu enclins à s’engager dans des processus de recherche qu’ils ne connaissent pas. Dans l’attente de décisions au plan national qui devraient, enfin, harmoniser ce système en rapprochant Universités et GE – ce qui ne signifie en aucun cas décliner à l’université les modes de « fonctionnement » des GE [3] – le site Paris-Saclay pourrait et devrait servir d’expérimentation et de modèle puisqu’il a la chance de regrouper sur un même lieu une grande Université et un grand nombre de GE. Les laboratoires de l’Université, qui concentrent la plus grande part de l’activité de recherche, principalement fondamentale, sont le plus souvent mixtes avec le CNRS ou les autres EPST. Une partie des GE a également une activité de recherche, même si bien souvent elle est, dans les faits, portée par le CNRS et les autres EPST. Ce dénominateur commun constitue ainsi une chance pour favoriser les rapprochements. La recherche finalisée devrait logiquement se développer par des collaborations entre l’Université et d’autres partenaires du campus Paris-Saclay, GE ou sociétés privées. Mais en aucun cas un organe de gouvernance tel que la présente FCS n’est acceptable. À cette conception centralisée et managériale nous opposons l’idée que les relations entre les différents partenaires présents sur le site Paris-Saclay doivent reposer sur des conventions ou accords-cadres, à deux ou plusieurs partenaires, répondant aux besoins de la recherche et de l’enseignement. Une telle structure de coordination n’a pas vocation à s’impliquer dans la gestion des ressources humaines : elle doit rester un outil de soutien administratif et de gestion financière pour les partenariats qui seront créés entre les différents établissements. Son rôle doit être purement technique.

Dans le même temps, de nombreuses mesures concrètes peuvent être envisagées pour faire émerger et donner corps à une cohérence entre les différents partenaires. Certaines ont été avancées par la Présidence de Paris Sud, comme la fédération des Ecoles Doctorales au sein d’un Collège Doctoral unique, ou la mise en place d’un véritable Conseil Scientifique1. Nous considérons que ce type de proposition va globalement dans la bonne direction, étant entendu qu'un tel conseil ne peut être constitué que sur la base d’une élection par les pairs, aux antipodes de la conception de gouvernance renforcée par un très petit nombre de « décideurs » au sein de l’actuelle FCS, et telle qu’exigée par la logique IdEX. La mise en place d’un « Sénat » telle qu’elle a été évoquée par le nouveau Président de la FCS, et qui serait constitué par les directeurs de LabEX est un détournement scandaleux de cette idée, et est en complète contradiction avec les pratiques académiques mondiales où les membres des Sénats Universitaires ne sont pas des dirigeants mais des scientifiques choisis pour leur compétence et leur indépendance.

 

   Infra-structures

Le campus d'Orsay a pour vocation de rester centré dans la Vallée, à la fois pour sa proximité avec le RER et pour sa connexion, aussi modeste qu'elle soit, avec le tissu urbain d'Orsay et de Bures. Le fait du Prince – la montée de l'ensemble de l'Université sur le plateau – est irréaliste financièrement, absurde du point de vue des déplacements, scandaleux du point de vue écologique, et peut-être même en contradiction avec les décisions du Grenelle de l’environnement et le maintien de la « trame verte et bleue ». La seule étude de ces projets dictés par le pouvoir a déjà fait perdre un temps précieux à la communauté universitaire. Il est grand temps de cesser de tirer des plans sur la comète, de réfléchir aux évolutions possibles et souhaitables de la Vallée, ce qui n'exclut pas que l'extension sur le plateau soit poursuivie de manière raisonnée : des besoins d’infrastructures spécifiques peuvent se manifester, sur la base des développements scientifiques, et conduire par exemple à la construction de nouveaux bâtiments qui ne pourraient trouver leur place que sur le plateau de Saclay. La construction du Synchrotron SOLEIL, qui était au départ un projet des scientifiques du LURE à Orsay, illustre bien ce type de démarche. Il a été conçu en étroit couplage avec de nombreux partenaires, aujourd’hui présents sur le site, et financé pour une bonne part grâce aux soutiens de la région et du département, en plein accord avec leurs représentants. Quel contraste avec la méthode actuelle pour le campus Paris Saclay, pour lequel les décisions prises par le gouvernement sont imposées, sans concertation, aux représentants des collectivités territoriales !

Un nouveau regard sur le campus est nécessaire, qui ne parte pas d'un déménagement général toujours plus hypothétique lorsque l’on regarde les financements annoncés, mais qui soit une véritable réflexion sur les évolutions du site, et notamment de la Vallée. Le recensement des locaux qui sont ou seront prochainement disponibles dans la Vallée est la première étape d'une telle réflexion. On peut déjà citer les locaux du LURE non encore restitués, le bâtiment de Maths qui sera libéré lorsque le nouveau bâtiment sera disponible, les locaux actuels de l’IEF, de l’ISMO, de la biologie …etc. Il serait de toute manière parfaitement logique que certains bâtiments de la vallée ou du plateau changent de destination et soient rénovés au fil de l’évolution et des besoins des différentes disciplines scientifiques, des enseignements et des services administratifs. La construction de nouvelles surfaces ne devrait donc être envisagée qu’en cas d’impossibilité de libérer des surfaces existantes.

Le coût de la rénovation des bâtiments actuels de l’Université Paris-Sud dans la Vallée d’Orsay et sur le petit plateau doit faire l'objet d'une étude approfondie, prenant en compte la diversité des situations liées à leur niveau d'entretien au cours des dernières décennies. Une telle étude devrait être transparente et conduite par des experts dont l’indépendance soit indiscutable. Le campus souffre globalement d’un manque d’entretien évident depuis de nombreuses années : vétusté du chauffage, dégradation des routes, problèmes de sécurité dans de nombreux bâtiments... La liste est longue.Il est inadmissible que la plus grande confusion règne actuellement sur ce sujet et que les personnels ne soient pas consultés. Des financements ultra-prioritaires devraient être affectés à la résolution de ces problèmes. Sur le moyen terme, d'importants mouvements peuvent être engagés dans la Vallée dans le cadre d'une politique de site globale en profitant des déménagements successifs afin de mieux répondre aux besoins des équipes de recherche comme des filières d'enseignement.

Nous réaffirmons les principes de notre Université qui sont rappelés tout au long de ce texte. Les restructurations en cours, qui se mettent en place au travers des LabEX, EquipEX et autres IdEX, sont orthogonales à ces principes, et c’est pourquoi nous les refusons ainsi que les déménagements qui les accompagneraient.

 

 

[1] interview de C. van Effenterre, Président de Paris Tech dans Educpro, 1/04/11.

[2] P.E.C.R.E.S., 2011 : Recherche précarisée, recherche atomisée (éditions Raisons d’Agir)

[3] Bertrand Collomb et Denis Ranque , Dépêche AEF n°149275

 

Partager cet article
Repost0
7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 06:24

Pauvre-poete-copie-2.jpg

 

 

J’ai découvert le tableau ci-dessus il y a une dizaine d’années seulement. Certes, je ne suis pas un spécialiste de peinture, mais j’ai tout de même visité quelques musées et lu un bon nombre de livres d’art.

Ce Pauvre poète (“ Der arme Poet ”) de Carl Spitzweg est l'œuvre picturale la plus connue, la plus aimée, de nos voisins d’outre-Rhin, après la Joconde et devant Le jeune lièvre des champs d’Albert Dürer. Il fut peint en 1839, en plein romantisme allemand, à une époque de censure assez pesante, dite “ Biedermeier ”, quand, prudemment, l’art s’embourgeoisa et s’éloigna de la critique politique. Le grand poète Jean Paul parla de « bonheur total dans la limitation » (Vollglück in der Beschränkung). L’œuvre du peintre Spitzweg se caractérise par une satire prudente et détournée.

Ici est subvertie la figure du pauvre poète romantique, confiné dans sa chambre. On observe qu'il a noué sa cravate (son ninnin peut-être). « Tant vaut l’homme, tant vaut la cravate », disait Balzac, en ce temps. Oscar Wilde renchérira avec « Une cravate bien nouée est le premier pas sérieux dans la vie. » Notre homme possède une canne à deux sous, sans fioritures et un haut-de-forme quelconque.

Nous sommes sous les toits, dans la mansarde de quelques mètres carrés d’un kleiner Mann qui observe le monde par une étroite fenêtre, loin des tumultes et de la nature. Allongé sur un pauvre matelas posé à même le sol, ce poète est gentiment ridicule. Il n’écrit pas puisque sa plume est dans sa bouche, tandis qu’il écrase une puce entre ses doigts (à moins qu’il ne scande ses pauvres rimes). Il a froid (quatre larcins sur cinq en Allemagne à l’époque concernaient le combustible). Devant le trou du poêle, on distingue ficelés “ Operum meor. Fesc. III et IV ”. On imagine que les parties I et II ont déjà servi à réchauffer leur auteur. Tel qu’il est accroché, le parapluie (jamais peint avant Spitzweg, ouvert, en Allemagne) protège le peintre de l'air froid qui tombe du plafond et de gouttes de pluie éventuelles. Des brouillons de poèmes seront bientôt brûlés dans le poêle. Le bonnet de nuit et le pince-nez nous rendent le personnage moins pathétique que grotesque. Un tel créateur ne peut écrire que de la poésie parfaitement prosaïque.

Ce petit tableau de 36 centimètres sur 45 fut mentionné pour la première fois en 1840 dans une revue confidentielle pour gens cultivés, le Morgenblatt für gebildete Leser. Il fut qualifié de « tableau intimiste ». Spitzweg (patronyme qui signifie “ le chemin vers la cime ” !) était un sujet de Louis Ier de Bavière, un souverain fort peu partisan des libertés individuelles. Face à l’autocratie, le poète se défend par la lecture d’ouvrages volumineux, ce que réprouvaient les romantiques de l’époque pour qui la vérité résidait dans l’expérience personnelle.

L’immense popularité de ce tableau est peut-être due au fait qu’il signifie le repli sur soi, la fuite devant la réalité, le petit confort individuel. Au moment où Spitzweg fait se terrer ce rimailleur sous une couverture et un parapluie, Delacroix, citoyen (et non sujet) d’un pays où tout bouge, peint La Liberté guidant le Peuple.

Il y a peu, je discutais avec un ami anglais, plus exactement anglo-français. Il avait épousé une Française, avait pris notre nationalité et avait passé l’agrégation. Je mentionnai fortuitement le tableau de Géricault Le Radeau de la Méduse. Dans sa langue, The raft of the jellyfish sonnait plutôt bizarrement. Mon ami me regarda interloqué. Ce groupe de mots lui parut aussi surréaliste qu’insensé. Comment une méduse pouvait-elle avoir un radeau ? Je lui expliquai que cette œuvre était l’une des plus connues et des plus mythiques de la peinture française. Il n’en avait jamais entendu parler, y compris durant ses études à Cambridge.

Nous sommes voisins et pourtant tellement différents. Même chez les Européens normalement cultivés, il y a des fossés culturels considérables. Nos référents sont à mille lieues les uns des autres. Au lieu de casser les liens sociaux et d’imposer la sous culture des financiers transatlantiques, l’Europe institutionnelle devrait servir à nous rapprocher en ajoutant la culture à la culture, en nous aidant à comprendre nos différences, en nous faisant aimer ce que nous ne comprenons pas.

C’est mal barré. « Schlecht weggegangen », aurait peut-être dit Spitzweg.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 15:08

Chems Eddine Chitour vient de publier sur le site du Grand Soir un article très intéressant sur le téléphone portable et l'addiction qu'il engendre . Ci-dessous : de larges extraits.

 

 

http://1.bp.blogspot.com/_Y5AiBAW3PkM/SwJ8naz7maI/AAAAAAAABPM/YYqJh5pJDas/s1600/cigarette_box_mobile_phone.jpgLe téléphone portable brouille la limite, auparavant assez imperméable, entre vie professionnelle et vie privée, notamment en période de vacances. Le téléphone portable, devenu objet multimédia généraliste, provoque des phénomènes de dépendance psychologique personnelle. Certains lui reprochent de supprimer les « temps morts », désormais consacrés à des conversations, des SMS ou des jeux, et qui permettaient notamment l’observation, la réflexion, etc. Le mobile a habitué le citoyen du début du XXIe siècle à pouvoir joindre n’importe qui n’importe quand. Certains lui reprochent de créer un sentiment d’urgence et d’impatience artificiel, brouillant la hiérarchie entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas.


Il faut reconnaître que les téléphones portables permettent de s’exprimer de diverses manières, qui se sont beaucoup développés ces dernières années. Cette polyvalence, ce renouvellement constant des fonctionnalités, vise la cible privilégiée des adolescents. Sans doute l’adolescent est-il un individu idéologiquement malléable, mais il n’empêche que tout est mis en oeuvre pour qu’il achète, renouvelle ses achats, consomme en masse.


En 2005, une étude de la London Business School affirmait aussi que, chaque fois que le taux d’équipement en mobiles d’un pays augmente de 10%, le PIB croît de 0,5%. Voilà pour la doxa néo-libérale. Il n’empêche que cette information de l’OMS a jeté la panique ; On parle maintenant de kit main libre pour sauver le marché juteux des portables tout en créant un autre segment pour la fabrication de ces kit main libre ; Pourtant, beaucoup de scientifiques disent que l’oreillette et le fil qui la relie au portable agissent comme antenne décuplant ainsi le flux d’onde. Faisons confiance aux fabricants ; nul doute qu’ils proposeront une autre question qui leur permettra de gagner du temps et de l’argent.


On peut s’interroger sur la valeur ajoutée d’un portable à coté d’autres priorités, notamment pour les citoyens des PVD qui en face du monde des technologies de l’information et de la communication à défaut, de la voie royale du savoir utile, ils y entrent par une voie dérobée et par effraction, ne goutant que le côté ludique sans lendemain et c’est là la grande arnaque.


L’addiction, à titre d’exemple est particulièrement significative en Algérie où on compterait plus de 20 millions de portables pour 35 millions d’habitants. Est-ce pour autant que le portable crée de la richesse ? Nous ne le croyons pas. L’Algérie transfère chaque année l’équivalent de 2 milliards de dollars et on comprend que la bataille soit féroce entre les différents opérateurs. L’utilité du portable est discutable, elle crée des habitudes de consommation qui ne sont pas le fruit d’un effort. Un portable scotché à l’oreille pour parler dans le vide comme le recommande un opérateur, est non seulement inutile, coûteux mais pourrait amener à de nouvelles pathologies coûteuses pour la société. Est-ce cela le développement ?


Des technologies de plus en plus dangereuses, du fait qu’elles n’ont pas été éprouvées sur la durée, sont mises sur le marché pour le plus grand bien de cette mondialisation-laminoir qui fabrique des consommateurs qui ne pensent pas mais qui dépensent en victimes consentantes. Ces découvertes insuffisamment matures doivent être mieux encadrées et les docteurs Faust qui proposent ces nouvelles technologies doivent prendre toutes leurs responsabilités. Doit-on laisser, la mondialisation, cette machine du diable, pour reprendre l’expression du philosophe Dany-Robert Dufour, broyer dans sa marche vers l’abîme des rapports sociaux qui ont littéralement explosé alors qu’ils ont mis des siècles à se sédimenter disparaître en une ou deux générations ? La question reste posée.

 

http://www.legrandsoir.info/la-revolution-du-portable-les-dangers-de-l-addiction.html

 

Partager cet article
Repost0
29 mai 2011 7 29 /05 /mai /2011 05:53

Le CNU (Conseil National des Universités est une instance nationale très importante pour les universitaires. Il se prononce sur la qualification aux fonctions de maître de conférences ou de professeur, sur le recrutement des enseignants. Il attribue des congés pour recherches et des promotions indiciaires. Il est divisé en sections qui correspondent à des disciplines (la 11e section couvre le champ des études des pays de langues anglaises). Chaque section comprend, en nombre égal, des représentants des professeurs et des maîtres de conférences. Deux tiers sont élus par leurs pairs, un tiers est nommé par le ministre de l’enseignement supérieur (une réelle entorse à la démocratie).


Il n’y a pas si longtemps, pour être élu au CNU, il fallait simplement être électeur, c’est-à-dire professeur ou maître de conférences. Il se constituait des listes de candidats (sur base syndicale ou non), transmises au ministère. Se porter candidat prenait trois minutes, le temps d’indiquer sur une feuille de papier blanche ses noms et prénom, sa fonction, son université de rattachement, de signer et d’envoyer ce document à sa tête de liste.


Ceci était naturellement beaucoup trop simple et beaucoup trop responsable.


En s’aidant des conseils techniques de quelques universitaires, le ministère a donc mis au point une procédure insensée, informatisée bien sûr, qui implique une dizaine d’heures d’attention soutenue. Bien sûr, comme dans tout ce qui est informatique, la moindre erreur se paye au prix fort : il faut repartir à zéro après avoir sollicité un nouveau mot de passe, etc.


Cette procédure ne sert strictement à rien : recevant des milliers de candidatures, les employés du ministère n’ont ni le temps ni la compétence pour vérifier la validité de ce qui leur est soumis.


Il s’agit, parmi d’autres, d’une entreprise d’infantilisation d’universitaires qui, désormais, consacre un temps considérable à remplir de la paperasse inutile, à constituer des dossiers qui n’aboutissent à rien.

 

 

   1  

Mode   d'emploi   pour   s'inscrire   sur   Helios  

  

REMARQUES   GÉNÉRALES  

  

VOTRE  FI CHE  BI OGRAPHIQUE  NE   DOIT   AS  ÉPASSER  3  PAGES,  TRE  ECRITE  E N  

POLICE  DE  TAILLE  12,  ET  RESPECTER  LE  MODELE  SNESUP  

  

SUR  LE   MODELE  DE  FI CHE  BI OGRAPHIQUE,  LE S  I NDICATIONS  EN  BLEU  NE   SONT  

QUE  DES  COMMENTAIRES  À  SUPPRIMER      VOIR  AVEC  L ES  R ESPONSABLES  D E  VOTRE  LISTE  S'IL  Y  A  UNE   PROFESSION  D E  FOI  

SPÉCIFIQUE  À  LA  SE CTION  À  INSERER  PAGE   2  DE  LA  FI CHE        

UTILISATION   DE  HELIOS        

-•• aller  à  la  page  http://tlti.homeftp.net/helios/      -•• vous  obtenez  l'écran  suivant  (obtenu  par  collage  de  copies  d'écran  ;  il  se  peut   donc   que  le  texte   sur  la  droite   ne  soit  pas   exactement  identique)  

  

   2  

      -•• Vous   devez  ensuite   entrer  votre   NUMEN.   Si   vous   ne   le   connaissez  pas,   il  faut   le  demander   au   service   de   gestion   du   personnel  de  votre  établissement.  Entrez   aussi   le   mot   de   passe   qui   est   votre   date   de   naissance  par  exemple  01/01/1968.   Puis   vous  cliquez   sur  le   bouton   "connexion".  Vous  obtenez   l'écran  suivant   (avec   vos   informations   personnelles   bien   sur)  

   -•• Vous   devez  ensuite   personnaliser   votre  mot   de  passe   en  choisissant   le  lien   "identifiants  "   dans   le  menu   "Profil"  de   la  partie   gauche   de  l'écran.    ( attention  d ans  le  menu   de   gauche,   il  est   possible  que   la  choix   "Actualisation  de  la  notice   biographique  apparaisse,  du   fait  de   la   récente   modification  de  l'application   Helios)  

   3  

      -•• Puis   vous   cliquez   sur   "modifier".   Vous   obtenez   l'écran   suivant   avec   votre   nom   et   votre   NUMEN.   (J'ai   effacé   les   miens   ici)     

      -•• Entrez   ensuite   les   informations  demandées   et   essayez   de   mémoriser   votre   nouveau   mot   de   passe  quelque  part.      -•• Si   dans   le   menu   de   gauche  vous   choisissez  "Données   électeur"   vous   retrouvez   les   informations   vous  concernant  

   4  

      -•• Il  'agit  à  pr ésent  d'enregistrer  votre  candidature.        -•• Dans   le  menu   de  gauche   choisir  "Marche   à   suivre"      dans   la  partie   "Candidature"  ( vous  ouvez   sauter   cette  étape   et  passer  directement   à   "Données  candidature").  Vous   obtenez   ainsi   quelques  explications  et  un   bouton   "Se  porter   candidat"  sur  lequel   il   faut   cliquer  pour   commencer   l'enregistrement        

      -•• Puis  choisir  "Données  candidature".  Vous  devez   fournir   des   informations   comme  celles   ci   dessous  (j'ai   effacé   mes   informations   personnelles)  

   5  

      -•• Une   fois   les   informations   entrées,   cliquez   sur   "Enregistrer"   ou   sur   "Annuler"   pour   recommencer      -•• Choisissez   ensuite   dans   le   menu   de   gauche   "Notice   biographique".   Vous   obtenez   l'écran   suivant  

      -•• Il   vous   aura   fallu   remplir   préalablement   votre   fiche   biographique   suivant   le   modèle   fourni   par   le   SNESUP   et   en   accord   avec   les   candidats   de   votre   future   liste.   Vous   devez  aussi   enregistrer   ce   modèle   au   format   pdf.  Pour   cela  vous   avez  de   très  nombreuses   solutions,  tant  sur   un   macintosh  que  sur  un  pc.  En  cas   de   problème,  envoyez   un   message  à   cnu@snesup.fr.   Sauvegardez   votre   fiche   avec   un   nom   à   votre   convenance,   par   exemple   Fiche_bio_dominique.pdf      -•• Cliquez   sur   le   bouton  "Parcourir"   et   retrouvez   le   fichier  que   vous   venez   de   créer  au   format   pdf.      -•• Le  nom   du  fichier  apparaît  alors   dans   la   zone  à  gauche  du   bouton   "Parcourir".  

   6  

   -•• Cliquez   alors   sur   "Televerser"   afin   d'enregistrer   votre   fiche   biographique   sous   Helios.   Un   nom   très   étrange   apparaît   :   c'est   le   nom   de   votre   fiche   attribué   automatiquement   par   l'application.   Il   est   composé   de   votre   NUMEN,   suivi   d'un   tiret   inférieur,   suivi   d'un   numéro   d'ordre   (année+mois+jour+identifiant),   suivi   des   deux   extensions   pdf   (défaut   de   la   procédure)     

   -•• Vous   pouvez   supprimer   ce   fichier   et   en   téléverser   un   autre,   en   choisissant   "Supprimer"   et   en   recommençant   l'opération   précédente.   Le   bouton   "éditer"   est   à   ce   jour   inutile.      -•• Choisissez   "Déclaration"   dans   le   menu   de   gauche  

        

-•• Il   vous  faut   cocher  les   3   cases   à   cocher   "Données   électeur",   "Données   de   candidature"  "Notice   biographique"   et   choisir   à   droite   si   vous   préférez   recevoir   des   document   s   éventuels   (dossiers   de  futurs   candidats   par   exemple   en   cas  d'élection)  à  votre   adresse   personnelle  ou  votre   adresse  pr ofessionnelle  

   7  

  

        

-•• Cliquez  enfin   sur   "Télécharger"   qui   vous   permet   d'obtenir   votre   déclaration   de   candidature   en   4   pages   (fiche   administrative  +   fiche   biographique)   à   imprimer,   à   signer   et   à   envoyer   au   secteur   cnu   du   snesup.         VOUS   DEVEZ   SIGNER   LES   PAGES   1   ET   4        

SNESUP   –  s ecteur  cnu   78   rue   du  faubourg   St  Denis   75010  Paris      -•• Envoyez  votre   numéro  de  dossier   à  cnu@snesup.fr  e t  a u  r eprésentant  d e  v otre  l iste  s 'il  a   é té   désigné        

 

Partager cet article
Repost0
28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 05:57

http://www.ralentirtravaux.com/images/javert.jpgJe reprends ici un article du site Educpro (letudiant.fr) concernant les charges de travail des universitaires. Le flicage s’institutionnalise, les présidents d’université deviennent des garde-chiourme (y compris certains qui se sont fait élire grâce au SNESUP). Tout cela dans le flou et l’arbitraire.

 

Modulation de services des enseignants-chercheurs : chaque université joue sa partition.


Le nouveau statut des enseignants-chercheurs est entré en vigueur depuis la rentrée 2009. Comment les universités ont-elles mis en application cette réforme fort contestée ? Zoom sur les pratiques RH de trois universités, à Limoges, Strasbourg et Paris-Ouest-Nanterre-La Défense. Deuxième volet de notre série sur les ressources humaines dans les universités.

 

Université de Limoges : de 53 à 62 % de publiants

 « Le constat que nous avions fait en 2009 tenait en deux points : nous étions sous-dotés en personnels et nous avions une grande marge de progression en termes de nombre de publiants : ils ne représentaient alors que 53 % des enseignants-chercheurs. Nous avons élaboré notre politique de gestion des ressources humaines en prenant en compte ces deux éléments : encourager nos enseignants-chercheurs à faire de la recherche pour augmenter nos performances et donc les moyens globaux de l’établissement », explique Jacques Fontanille, président de l’université de Limoges qui faisait partie des premières universités à passer à l’autonomie au 1er janvier 2009.

Partant de ce constat, l’université a mis en place une fiche d’engagement annuel dans laquelle l’enseignant indique ses objectifs en matière d’enseignement, de recherche et de participation à la vie administrative de l’établissement. Ces fiches sont conçues comme un outil de planification des services : « Il y a un aller-retour entre les services généraux et l’enseignant-chercheur. Nous n’acceptons pas les fiches d’engagement qui ne sont pas équilibrées. Il n’y a pas l’enseignement d’un côté et le luxe de la recherche de l’autre », soutient Jacques Fontanille.

Un accompagnement pour les non-publiants

 Il n’empêche, tous les efforts sont bien mis sur la recherche : « Certains se sont laissé enfermer et ne publient plus car ils n’ont plus de pression, plus de regard extérieur. Nous avons encouragé les équipes à identifier les personnes qui méritent selon elles un vrai accompagnement. L’université finance à hauteur de 3.000 € des actions spécifiques pour aider la personne à se réintégrer dans des projets de recherche collectifs. » Par ailleurs, il est proposé aux jeunes maîtres de conférences récemment recrutés un « contrat d’accueil » (renouvelé chaque année pour trois ans, si les engagements sont tenus), avec une décharge d’enseignement : ils s’engagent à n’effectuer que deux tiers de leur service d’enseignement, en contrepartie du maintien d’un bon niveau de publication.


 

Aux critiques qui ont émané de la communauté des enseignants-chercheurs, Jacques Fontanille répond avec pragmatisme : « Si les engagements ne sont pas respectés, il n’y a pas de sanction immédiate, mais il est vrai que le système repose sur une sorte de pression managériale continue. Ce n’est pas à moi de décider une modulation de services à la hausse de l’enseignement car, de toute façon, il faut l’accord de l’intéressé. Mais si des aides sont mises en place sans résultat, il faudra réfléchir, à terme, à trouver une solution. D’après l’évaluation de l’AERES [Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur] de cette année, nous sommes désormais à 62 % de publiants. Cela prouve bien que nous avions une vraie marge de progression. »


 

Université de Strasbourg : les mutations du métier d’enseignant-chercheur anticipées

 La réflexion sur le temps de travail des enseignants-chercheurs date de bien avant l’adoption du nouveau référentiel. Dès janvier 2009, à la création de l’université unique, la toute nouvelle Université de Strasbourg (UdS) a instauré un ensemble de mesures : une décharge d’un semestre d’enseignement pour les nouveaux maîtres de conférences recrutés (à prendre sur les cinq premières années), une augmentation des CRCT (congés de recherche et de conversion thématiques) pour permettre aux MCF de bénéficier au cas par cas d’une décharge de six mois, voire un an.


« Le référentiel va dans le même sens : il s’agit de réfléchir à ce qu’est le métier d’enseignant-chercheur aujourd’hui, note Hugues Dreyssé, vice-président de l'Université de Strasbourg en charge des ressources humaines et de la politique sociale. Sa vraie variable d’ajustement, c’est le temps. » Le nouveau référentiel qui va s’appliquer à la rentrée 2011 (et de façon rétroactive en 2010) a été établi dans le cadre d’un groupe de travail sur plus d’un an regroupant des représentants syndicaux, élus des conseils, personnes qualifiées : « Le nouveau cadre prend en compte des tâches qui n’avaient pas encore été identifiées et qui seront désormais rémunérées, au-delà des primes déjà existantes [primes pédagogiques, primes pour charges administratives]. Mais, à chaque fois que les responsabilités administratives deviennent trop importantes, comme le fait de devenir directeur de composante, je mets toujours en garde le collègue pour éviter qu’il n’y sacrifie une partie de sa carrière de chercheur », ajoute Hugues Dreyssé.

 

Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense : moduler les charges administratives à défaut de pouvoir financer des décharges d’enseignement

 « Les récents effets d’annonce sur les modulations de services ont créé des attentes génératrices de tensions internes très fortes. En effet, ces attentes ne peuvent toutes être satisfaites ni du point de vue réglementaire, ni du point de vue financier. D’autant que cela est intervenu dans un environnement très concurrentiel entre les universités bien dotées et les autres», souligne Bernard Laks, vice-président recherche de l’université Paris-Ouest-Nanterre.



 

Le principal problème est le financement d’éventuelles décharges d’enseignement : « La seule marge de manœuvre qui reste aux présidents d’université est très inégalitaire. Comme il est impossible de dégrader le potentiel d’enseignement de l’université, soit celle-ci dispose d’une capacité de financement forte pour compléter, à travers notamment le système de fondations, soit, de fait, elle ne peut rien faire », mentionne Bernard Laks.

Dans ce contexte, l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense a mis en place un nouveau référentiel (transitoire en 2010 et opérationnel en 2011). L’objectif est de comptabiliser le temps passé par les enseignants-chercheurs à faire des tâches administratives, ce qui est d’autant plus chronophage dans un établissement comme Paris 10 où le déficit en personnels administratifs est estimé entre 110 et 130 postes. « La notion de référentiel n’est pas là pour faire bouger le ratio enseignement/recherche, mais pour intégrer la prise en compte de charges administratives, poursuit Bernard Laks. Nous avons établi une typologie de ces “charges pour fonction” et construit un barème pour définir chacune d’entre elles en termes de temps. »

 

 Place aux dialogues de gestion

À chaque printemps, un dialogue de gestion s’instaure entre le responsable de l’UFR et les services de l’université : l’UFR y présente ses besoins en matière d’enseignement et de tâches administratives. Ces dernières se traduisent en charges supplémentaires à financer, dont une partie peut être compensée par les services centraux. Dans une première phase, une enveloppe de 600.000 à 800.000 € a été débloquée sur le budget État.

Au niveau de l’UFR elle-même, un dialogue s’établit entre le responsable et l’enseignant-chercheur. Celui-ci doit effectuer un minimum de 96 heures d’enseignement sur son service réglementaire, soit 192 heures équivalents TD. Ensuite, il peut choisir soit de compléter le reste de son service par des charges administratives, soit de faire son service complet en enseignement et d’être rémunéré pour son travail administratif en heures supplémentaires. « Le collègue opère un arbitrage en fonction de ses intérêts et de ceux de l’UFR entre le temps et l’argent », précise Bernard Laks.

 

Partager cet article
Repost0
27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 15:04

http://www.journaldunet.com/economie/reportage/les-sieges-sociaux-des-entreprises-du-cac-40/image/26810.jpgOrwell disait que lorsqu’on pense ou lorsqu’on parle dans une autre langue alors qu’on a la possibilité de s’exprimer dans sa langue maternelle, c’est que l’on pense mal ou que l’on veut tromper son interlocuteur.

Il y a peu, dans la France républicaine, on mettait en place, une fois par an, des « concours de recrutement » pour permettre à de jeunes diplômés d’enseigner à nos enfants après avoir intégré la Fonction publique. On notera qu’il est quasiment impossible de traduire parfaitement l’expression « concours de recrutement » dans une langue étrangère car nous sommes en présence d’un concept très français et très républicain.

Avec le gang du Fouquet’s, tout a changé. Il ne s’agit plus de recruter à date fixe, de manière démocratique, avec rigueur,     des postulants qui connaissent les règles du jeu mais de constituer, au fil de l’eau (comme on dit joliment dans les couloirs des ministères), des « viviers », des « stocks » d’ultraprécaires sans perspective de carrière, à qui on demandera, de manière « réactive », au pied levé, de boucher des trous pour des durées (quelques semaines, quelques mois) déterminées par l’employeur, sans même bénéficier des garanties que le Code du Travail accorde aux travailleurs du privé.

Les candidats sont donc invités à se vendre au Pôle Emploi, qui fonctionne désormais totalement dans la perspective de l’entreprise privée. En quelques minutes, ils doivent se transformer en parfaits petits communicants, mais sûrement pas en pédagogue (une formation de deux ou trois jours est « possible » ).

Que l’employé de Liliane Bettencourt recrute les enseignants comme il recruterait des videurs de boîte de nuit ou des VRP en cacahouètes montre le mépris dans lequel la bourgeoisie tient l’École publique et ses « clients » (ne parlons plus d’usagers). Qu’un ministre, son administration, utilisent une expression barbare de la langue de dollar, une horreur de la novlangue de la société de marché pour qualifier et organiser l’embauche de professeurs, est la preuve que toute leur politique repose sur le mensonge.

Il y a actuellement des besoins criants dans l’enseignement secondaire. Mais comme le DRH de l’Oréal va encore supprimer 16000 postes à la rentrée, il a mis en place cette méthode singulière, avec pour objectif, à moyen terme, de la généraliser.

Un dernier point qui, a priori, n'a rien à voir, mais bien sûr tout se tient : une étudiant sur trois ne se soigne plus, faute de moyens. L'année dernière, c'était un sur trois.

 

Je reproduis ci-après de larges extraits d'un article de Catherine Paris, pour Rue 89 (27/05/2011). Cette jeune journaliste pigiste s'est rendue, par nécessité, aux comices agricoles de Luc Chatel pour trouver du travail.


"Ma journée dans le grand marché aux profs de Pôle emploi


Récit édifiant d'une participante à la journée organisée avec l'Education nationale pour le recrutement d'enseignants remplaçants.

Etiez-vous aux soldes de l'Education nationale ? Moi si ! Comment, vous ne savez pas ? Le ministère a organisé des soldes de profs remplaçants. Enfin, soyons précis, pas des soldes, plutôt un grand dépôt-vente de matériels expérimentaux non testés, et d'autres qui ont un peu, beaucoup servi à d'autres usages : nous, les aspirants au professorat vacataire et non-titulaire.

Le paradoxe est tragicomique. Le vrai but de ce recrutement est de raser le mammouth de l'Education nationale jusqu'au sang, en raréfiant les « vrais » profs qui coûtent chers et ouvrent beaucoup trop leur gueule, et d'amener à l'éducation des simili-profs (pas forcément pires et même parfois meilleurs que les titulaires, car ceux-là auront au moins l'expérience du monde du travail dans le privé, de l'échec, du chômage et du combat) payés une misère, corvéables à merci, et fantomatiques au niveau d'une pseudo représentation syndicale.

Que du bonheur !

La foire aux vacataires pour combler les brèches du système

Mardi, 7h05. Je chope l'info sur l'antenne d'une radio nationale : l'Education nationale, en partenariat avec Pôle emploi (étrange couple formé pour la circonstance) organise une (une seule ! ) journée de recrutement de professeurs vacataires.

Je suis contre ce recrutement, il est immonde. Il est contraire à toutes mes valeurs, contraire à l'engagement du syndicat de parents pour lequel je me suis engagée, la FCPE.

Oui, mais… Journaliste pigiste depuis vingt-cinq ans, écrivain publiée mais pas encore reconnue, mère sur le tard d'une enfant que j'élève en solo, j'ai bien du mal à retrouver des piges, des contrats d'édition dans mon contexte personnel et celui du tiercé contre l'emploi qui sévit partout : plans de licenciements à gogo ; emploi systématique de kyrielles de stagiaires hyper compétents, hyper disponibles et impliqués, mal ou pas payés du tout ; protectionnisme fielleux des personnels seniors en place.

Et j'ai fait valider mon inscription sur le site du Système d'information des agents temporaires de l'Education Nationale (Siaten), l'organe online du mammouth, dédié justement au recrutement de vacataires. Je m'étonne bien un peu de n'avoir jamais été contactée, avec mes diplômes et états de services, surtout que j'ai un numéro d'enregistrement et que j'accepte même de travailler en ZEP.

La foule se presse devant le centre, c'est le bordel calme

 

Je finis par trouver la page de Pôle emploi où le directeur des ressources humaines de l'académie de Paris, Benoît Verschaeve, moustache en avant et regard bleu un peu perdu, explique face à une caméra mal positionnée comment se déroulera le recrutement.

Je finis par trouver ce qu'il faut apporter : original et copie de son diplôme le plus élevé, lettre de motivation, CV et… c'est tout.

Jeudi 11h15. Je me rends au Centre d'information et d'orientation (CIO) du boulevard du Montparnasse deux heures après l'ouverture. Là, c'est le bordel calme. Devant l'adresse, 150 personnes environ sur la gauche se massent dans une queue approximative, tandis que 150 personnes ont opté pour le flanc droit.

A vue de nez, il y a plus de candidats de trente à cinquante ans que de jeunes diplômés. Tout le monde est paisible, tout en s'étonnant tout de même, sans hausser le ton, de l'absence d'organisation.

Devant la porte, un agent de Pôle emploi parle sans micro aux personnes qui l'interpellent une à une. Les délégués syndicaux de SNIIPP-FSU et SE-Unsa sont à pied d'œuvre, banderoles pliées, dépliées puis repliées. Mais pour l'heure, ils papotent dans les bourrasques de poussière et de pollen. Deux équipes de télé patientent.

Je parviens à demander au gars de Pôle emploi où se trouve la queue : à gauche ou à droite ? Il me fait un moulinet du bras et me répond :

« C'est égal, des deux côtés et au milieu, dans la masse quoi. »

Jeudi, 14h10. Je reviens sur les lieux. Cette fois, une quarantaine de personnes seulement attendent devant l'entrée. Un, puis deux agents, un gars et une fille, continuent à parler sans micro et distribuer des feuilles et des petits mots.

A force de jouer doucement des coudes et de l'oreille, l'on finit par comprendre que face à l'afflux incroyable de candidats, il y a pléthore de dossiers et plus aucune possibilité aujourd'hui d'entretien, à part pour certaines disciplines.

On finit par nous tendre un vague formulaire à remplir

Nous finissons par apprendre, à l'arrache, que toutes les disciplines ou presque sont chargées jusqu'à la gueule, à part professeur d'espagnol. Deux ou trois hispanisants passent le barrage pour aller à l'entretien.

L'agent fille nous donne des feuilles volantes. C'est quoi ? On ne parvient pas à le savoir. Nous finissons par comprendre que nous pouvons déposer nos dossiers dans ses blanches mains, assortis de la feuille remplie. Et sur cette feuille, qu'est-ce qu'il y a ? Rien ou presque. Juste une ligne pour mettre notre nom, mais pas notre adresse !

Plus bas, cocher si l'on a pu ou non assister à la réunion et passer un entretien, et puis un espace de six lignes pour coucher nos « observations » (morte de rire ! ).

« Nous avons été débordés par l'afflux de candidats »

Je donne à l'agent fille mon dossier avec la feuille, où j'ai inscrit mon nom et coché « non » aux deux cases, avant de vider les lieux en disant tout de même à l'agent garçon que je ne comprends pas pourquoi l'on fait ce recrutement organisé n'importe comment et à la dernière minute, et en une journée, alors qu'il existe déjà un organe sur internet, qui s'appelle le Siaten pour recruter des vacataires ?

Le gars me répond : « Oh, vous savez le Siaten, cela ne sert pas vraiment… C'est un peu… »

Un peu quoi ? Mort ? Voilà l'explication à mes inscriptions répétées et qui n'ont donné aucun résultats. A quoi sert le Siaten alors ?

Comment finaliser ce non-recrutement ? Qui sera choisi et sur quels critères ? Ceux de la première heure, dont je n'étais pas pour cause de dentiste matinal ? Ou bien le choix reposera-t-il sur la pertinence d'un dossier laissé à « quelqu'un » et par un email inconnu ?

L'agent fille me dit en finissant de se remplir les mains de nos futures vies de chair à ados : « Nous avons été débordés par l'afflux de candidats » (re-morte de rire ! ) Comme si faire une seule journée de recrutement pour tout le rectorat de Paris allait faire venir deux touristes !

Le mammouth est bien rasé, mais il peut encore sursauter

La masse formée de jeunes diplômés (bac +5, +6, +10) et de seniors dotés de doctorat pour certains, et de cinq, dix, vingt ans d'expérience pour la plupart, à ce que j'en écoute et questionne, se dissipe lentement, sans râler.

Je rentre. Le mammouth est bien rasé, mais il pourrait bien nous surprendre par un antépénultième sursaut avant la saignée.

Avec l'aide des parents exaspérés par le manque de personnel, les grèves récurrentes de la crèche au lycée qui nuisent gravement à la santé et l'éducation de leurs enfants, à leur propre quiétude de salarié, et le délire des boîtes privées qui se permettent pour cause d'afflux de n'enseigner qu'aux meilleurs élèves et aux plus sages et de virer tous les autres.

La rentrée 2011 et le vent d'automne qui fera claquer les étendards sanglants du mammouth seront chauds !"

 

 

Partager cet article
Repost0
26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 15:15

Franklin.jpgOn part de l’idée qu’il s’est passé quelque chose dans la suite du Sofitel. Un ami psy me dit alors ceci :


« La conduite de DSK ressemble à celle des jeunes qui veulent absolument réussir le permis de conduite et qui le ratent parce qu’ils appréhendent de se retrouver lâchés dans la nature. Le conscient de DSK voulait être président de la République, mais son inconscient freinait des quatre fers. »


Ça se tient. Quelques jours avant les faits, DSK avait rencontré des journalistes (Nicolas Domenach entre autres) à qui il avait fait part de sa sérénité et de sa détermination. Mais, auparavant, il avait exprimé la crainte que, dès qu’il se serait lancé, il subirait des attaques sur ses frasques sexuelles et sur sa judéité. C’est-à-dire sur son identité profonde.


C’est peut-être mieux comme cela. Un membre du Parti socialiste me disait récemment que le seul socialiste qui avait vraiment voulu gagner la présidentielle fut Mitterrand. Jospin, sûrement pas. Fabius, Hollande, Lang, Royal ça reste à démontrer. Aubry, peut-être.


Pour en revenir à DSK, l’est-il pas mieux dans cette rue ensoleillée et pleine de camions ?

Partager cet article
Repost0
25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 06:00

http://www.quantum-theories.com/images/broglie.jpgParmi les nombreux ravages de la LRU (et ceux qui avaient précédé le vote de cette loi scélérate que le Parti socialiste ne veut pas abroger s’il revient aux affaires), il est une pratique institutionnelle directement inspirée des lois de la finance : l’évaluation des revues scientifiques. Absurde et imbécile, cette pratique – acceptée et encouragée par de nombreux universitaires – contribue à mettre les intéressés en compétition les uns avec les autres et à faire d’eux des marchandises.

 

Jusqu’alors, on pouvait penser que la valeur d’un article était intrinsèque. Aujourd’hui, elle est fonction du classement de la revue dans laquelle il est publié. Si Louis de Broglie donnait maintenant à une revue française de deuxième catégorie son célébrissime article sur la nature ondulatoire de l’électron, non seulement sa découverte ne lui apporterait rien en termes de carrière scientifique, mais elle ne serait peut-être pas même prise en considération par les professionnels de la profession. Si Einstein livrait les résultats de ses travaux sur la relativité au Petit Bleu de Quimperlé, parce qu’il aime bien cette feuille locale, parce qu’il y a des copains (il était capable de tout, Einstein), on lui rirait au nez.

 

Comme les pays, les revues scientifiques sont donc évaluées par des agences de notation. Leur classement peut donc être « dégradé », comme ceux des pays. Un mot sur cet ignoble anglicisme avant de poursuivre. En bon français tout simple, on « baisse » une note. En sabir financier anglo-saxon, on « dégrade ». Le problème est qu’en anglais comme en français, « degrading » a aussi le sens figuré d’avilissant.

 

Les revues sont évaluées par l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’évaluation de l’enseignement supérieur), une autorité administrative « indépendante » mais parfaitement opaque et non démocratique. L’AERES « s’inspire » des critères du European Science Foundation Standing Committee for the Humanities, le comité permanent pour les sciences humaines de la fondation européenne pour la science.

 

Choisir une revue, pour un chercheur, revient désormais à jouer en bourse. Le directeur d’une revue classée A vous demande un article. Vous le livrez six mois plus tard (un délai minimum si vous travaillez sérieusement), l’article paraît un an après (délai normal dans l’édition universitaire), mais, entre-temps, la revue a été « dégradée » en B. Votre article fera l’objet d’une considération distraite. Si, ce qui peut arriver, elle est classée C, votre publi (qui a nécessité des centaines d’heures de travail) ne vaut plus rien. Ceux de vos pairs qui ne vous aiment pas rigolent.

 

Puisqu’on parlait de l’AERES, on vient d’apprendre qu’en plus de ses vices bien connus, elle se livrait à des pratiques discriminatoires (Le Nouvel Observateur, 22 mai 2011). L’hebdomadaire cite un document de l’Agence qui décrit la manière dont sont notés les laboratoires scientifiques. Le principe même de la notation (A, B, C) avait été dénoncé en son temps par les instances scientifiques du CNRS :

 

« Dans tous les débats sur le rôle de l'AERES, et nous avons pu encore le vérifier lors des deux  réunions du groupe de travail, on voit clairement se développer, et parfois s'opposer, deux points de  vue assez différents quant au rôle premier du processus d'évaluation. Vu du CoNRS, il doit servir  avant tout à tirer vers le haut l'activité de recherche, et donc à conseiller, suggérer, aider les unités. Pour ce faire, l'évaluation doit être précise, s'appuyer sur une bonne connaissance du contexte scientifique global, mais aussi local, faire partie d'un processus de suivi sur la durée, et déboucher sur des recommandations. Vu par les tutelles qui mandatent l'AERES, c'est surtout un moyen de discriminer pour affecter des moyens (humains et financiers). Une forme étalonnée, une note leur semble alors utile, quels qu'en soient les effets secondaires néfastes. C'est par exemple le cas du Ministère qui pondère les moyens affectés aux universités sur la base de ces fameuses notes AERES. Et l'on peut craindre également qu'une telle approche gestionnaire ne se développe dans certaines universités, ce qui ressortait d'ailleurs des propos d'un représentant de la CPU au groupe de travail. Prévaut ici bien souvent l'idée que la simple compétition pour optimiser cette «note» serait suffisante pour engendrer de la qualité scientifique. Ce mouvement d'automatisation de la prise de décision en algorithmisant un ensemble d'indicateurs soi-disant objectifs n'est bien sûr pas limité, loin s'en faut, au secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche » (link).

 

Pour qu’un labo soit « attractif » (c’est comme cela qu’on cause, maintenant), il doit désormais attirer des chercheurs étrangers de haut niveau, avec leur financement, en provenance des pays « développés » (traduire : États-Unis, Royaume-Uni, à la rigueur). En outre, l’AERES prend aujourd'hui en compte dans son évaluation l’aptitude des labos à s’autofinancer (voir Mediapart : link). Ceux qui n’ont pas encore compris ce qu’est la marchandisation de l’Université devraient se soumettre à une évaluation sérieuse de leur QI.

 

L’argent allant à l’argent, les financements publics et privés des labos iront inexorablement vers les labos classés A (voire A+), c’est-à-dire ceux des labos qui auront su s’autofinancer en attirant des étudiants d’outre-Atlantique munis de leur bourse.

 

Didier Houssin, le tout nouveau directeur de l’AERES, a reconnu la « maladresse » de cette directive. Mais, sur le fond, il justifie la préférence pour les doctorants et postdoctorants issus des pays riches :

 

« Une unité est jugée très attractive si elle attire des chercheurs venant de laboratoires ayant une grande notoriété. Et l’idéal est que les étudiants arrivent aussi avec un financement. Quand un très bon laboratoire des États-Unis veut nous envoyer un postdoctorant et est prêt à le financer deux ans, c’est quand même un signe qu’ils tiennent vraiment à travailler avec nous. On ne peut pas nier que ce soit un élément d’attractivité. Çela permet de distinguer les laboratoires qui ont une forte visibilité internationale des autres. »

 

L’étudiant est devenu une marchandise en ce qu’il est désormais considéré, au premier chef, comme une source de financement. Ce qui, selon Étienne Boisserie de Sauvons l’Université, « condamne des branches entières de la recherche sur des critères financiers. » Boisserie donne l’exemple de ses propres recherches sur l’Europe centrale qui ne pourront jamais être A+ selon les critères marchands en vigueur.

 

Croire que l’on va faire disparaître les pays émergents du paysage est une absurdité alors que, selon une étude de la Royal Society, les chercheurs de ces pays (Chine, Brésil, Inde, Iran, Tunisie, Turquie) publient de plus en plus à un très bon niveau (link).

 

Dans la logique capitaliste dans laquelle l’Université est aujourd’hui inscrite, le pouvoir politique est obligé d’inventer en permanence de la discrimination. Comme de très nombreux laboratoires sont classés A et A+, le ministère ne peut pas appliquer sa propre politique de financement par manque de crédits. Il a donc décidé de discriminer pour que la proportion de laboratoires privilégiés ne dépasse pas 25%.

 

C’est à ce moment précis que Pécresse et ses affidés vont utiliser leurs deux armes secrètes : le pifomètre et le copinage.

 

 

http://bernard-gensane.over-blog.com/ 

 


 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 19:17

http://www.institutkurde.org/cildekt/le_canard_enchaine.gifLa Comtesse connaît DSK comme si elle l'avait fait :

 

DSK, qui a une Porsche sur son tennis, a-t-il trompé puis lâché la belle hôtesse avide de saphirs, qui astique les chambres et refusa de l'aimer ?

 

Une affirmation non démontrée :

 

DSK a dit l'émoi.

 

Les contrepéteries les plus courtes sont parfois les meilleures :

 

Brad Pitt, Sean Penn.

 

La Comtesse affirme que, dans les affaires du foot français, il y a des

 

quotas de buts et des buts sans cracks.

 

 

PS : deux curiosités :

http://raphaellegensane.over-blog.com/

http://rebeccagensane.over-blog.com/ 

Partager cet article
Repost0
22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 06:51

 

http://2.bp.blogspot.com/_I1BVBCGIwMc/TPQCoE778AI/AAAAAAAAAZo/Wfc5zmS_GAQ/s1600/George%2BOrwell%2Bproverb%2B-%2BCopenhague%2B-.jpgGeorge Orwell m'accompagne depuis plus de quarante ans. Je sais qu'au final il restera pour moi un écrivain moraliste plus qu'un écrivain politique.

J'ai publié ce texte sur mon blog censuré et sur le site du Grand Soir. Sur ce dernier site, les réactions furent parfois violemment hostiles. Le débat fut très vigoureux. Je le publie in extenso.




Il n’y a évidemment pas de recette pour aborder l’œuvre d’une telle figure littéraire. Je raconterai simplement ici comment, pour reprendre l’expression de Picasso, je suis allé à cette source, à ce compagnon de vingt ans de vie intellectuelle. Orwell est connu pour deux chefs-d’œuvre publiés en 1944 et 1949 (donc vers la fin de sa vie, puisque, né en 1903, il est mort prématurément de la tuberculose en 1950) : Animal Farm et 1984, deux ouvrages qui se sont vendus à plus de vingt millions d’exemplaires.


Très courageuse (pour l’époque) dénonciation du stalinisme, le premier de ces ouvrages a ceci de particulier qu’il peut être lu à la fois par un public d’enfants ou d’adultes – comme Les Fables de La Fontaine ou Les Voyages de Gulliver. Ne faisant pas toujours les choses comme les autres, je suis venu à Orwell à l’inverse de la majorité de ses lecteurs : j’ai lu ces deux textes après plusieurs autres livres de mon auteur fétiche.


Je me trouvais un jour de 1969 dans une famille de la banlieue résidentielle du sud de Londres, un "home" bien sympathique dominé par la très forte personnalité d’une grand-mère, membre de l’Independent Labour Party (des bourgeois peuvent avoir des idées très nettement progressistes, tandis que des ouvriers votent pour l’extrême droite ou pour ceux qui les exploitent), un petit parti d’extrême gauche dont Orwell avait pris quelque temps la carte. Elle avait d’ailleurs rencontré l’écrivain à plusieurs reprises. Ayant découvert que j’étais originaire du pays minier du nord de la France, elle me tendit un livre d’Orwell (dans l’édition originale, que n’ai-je pu le garder…), dont je n’avais jamais entendu parler :The Road to Wigan Pier (en français Le quai de Wigan). Cet ouvrage, qui décrivait par le menu les conditions de vie, de travail et de chômage des ouvriers dans le nord de l’Angleterre des années trente, me bouleversa. Ou plutôt, c’est la démarche de l’auteur qui m’enchanta. J’appréciais énormément qu’un bourgeois anglais aille vivre – ne serait-ce que deux ou trois mois – dans les corons, qu’il descende au fond de la mine, qu’il décrive le travail des mineurs, le corps des mineurs avec la force et la précision d’un Zola. Je savais que tout ce qui était rapporté correspondait parfaitement à la réalité, ayant moi-même vécu au contact des mineurs de charbon français dans les années cinquante, et ayant eu la possibilité de descendre une fois au fond de la mine. En lisant Le Quai de Wigan, je me remémorais ces samedis après-midi de mon enfance, lorsque je voyais des mineurs revenir du travail, noirs de charbon, puis se laver méthodiquement, méticuleusement avec une seule bassine d’eau. Il me revint en particulier comment ils se débarrassaient de la crasse sous les ongles, ou encore dans l’interstice situé entre l’œil et l’arcade sourcilière. Des années plus tard, en rédigeant ma thèse ou des articles sur Le quai de Wigan, j’expliquerais comment Orwell était allé au-delà de la réalité, au-delà du réel pour construire une véritable œuvre littéraire à partir de ces choses vues et fortement ressenties dans le Lancashire et le Yorkshire.


Un peu plus tard, sachant que je connaissais (dans le Lot-et-Garonne) des réfugiés républicains espagnols, la vieille dame me tendit Homage to Catalonia (toujours dans l’édition originale), en français Hommage à la Catalogne. Je fus subjugué. Non seulement cet Orwell était descendu au fond de la mine, mais en plus il s’était enrôlé dans des milices anti-franquistes, avait combattu comme simple soldat du rang (et non comme André Malraux en officier auto-promu, ou comme Hemingway, brancardier porté sur le whisky). Il avait même été gravement blessé dans un conflit où il n’avait rien à gagner, avant de dénoncer quelques mois plus tard ce que personne n’avait osé évoquer avant lui en Grande-Bretagne, la trahison de Staline dans cette guerre civile effroyable où le peuple espagnol s’était retrouvé seul face à la barbarie fasciste. Quand, plus tard, je découvrisAnimal Farm et 1984, je me dis que j’étais en présence d’un écrivain politique extraordinaire, doublé – ce qui m’attirait peut-être encore plus sans que j’en sois vraiment conscient à l’époque – d’un moraliste de grand calibre.


La rédaction de cette thèse me prit sept ou huit ans. Dans le même temps, j’écrivis quelques dizaines d’articles sur Orwell, je fis des communications dans de nombreux colloques, devant divers publics. Je finis par publier un livre, en 1994, synthèse de tous ces travaux. J’eus le grand bonheur de voir ce livre préfacé par un des intellectuels anglais que j’admirais le plus, Richard Hoggart, l’auteur de l’ouvrage ayant fondé les “Cultural Studies” anglaises, The Uses of Literacy (en français La culture du pauvre), une étude de 1957 sur la culture populaire.


Il en alla pour moi d’Orwell comme du vélo : je crois que pendant toutes ces années, je réussis à combiner travail, enrichissement et plaisir.


 

21/07/2008 à 18:40, par DB

 

Il n’est certes pas de recette pour aborder une ouvre littéraire, et le débat a souvent eu lieu à propos de céline... Mais le cas de george Orwell est un peu différent, il est l’icone de la dénonciation du totalitarisme avec hannah Arendt (qui fut elle aussi selon les mêmes sources recrutée par la CIA), il est le dénociateur du stalinisme, jusqu’à quel point devait aller cette dénonciation ?

Voici quelques pièces au dossier, ce qui n’enlève rien à ses qualités littéraires bien sûr.

Voici ce qu’écrit entre autres Frances Stonor saunder. Qui mène la danse. La CIA et la guerre froide culturelle, publié chez Denoël.

p.306 à 308

Mais orwell lui-même n’était pas entièrement innocent de ce genre de manipulations de la guerre froide. Il avait, après tout, remis une liste des présumés compagnons de route au département de recherche de renseignements en 1949, liste qui dénonçait trente cinq personnes comme compagnon de route (ou CR en « orwellangue »), hommes de paille présumés ou « sympathisants » - dont Kingsley martin, rédacteur en chef du New Statesman and nation (« libéral pourri. Très malhonnète ») Paul robeson (« très anti-blanc. Partisan de wallace »), J.B.Priestley (« ferme sympathisant a peut-être un lien avec une organisation . Très anti-USA ») et Michael Redgrave (ce qui est ironique, étant donné le rôle qui lui sera confié dans 1984). Soupçonnant pratiquement tout le monde, Orwell avait depuis plusieurs années un registre bleu format in-quarto toujours à portée de la main. En 1949, il contenait 125 noms et était devenu une sorte de « jeu » auquel il aimait jouer avec Koestler(1) et Richard Rees, chacun estimant « jusqu’à quel point nos bêtes noires préférées pourraient pousser à la traîtriseé. Les critères d’inclusion semblent avoir été très larges, comme dans le cas de stephen Spender dont orwell juge « la tendance à l’homosexualité « digne d’être notée (il le dit aussi « très peu fiable » et « influençable »). Le réaliste américain John Seinbeck y figure uniquement parce que c’est « un faux écrivain », alors que Upton Sinclair a droit à « complétement idiot ». George Padmore (pseudonyme de malcom Nurse) est dépeint comme un « Nègre, d’origine (peut-être) africaine ? » qui est « anti-blanc » et probablement l’amant de nancy Cunard. Tm Driberg essuie un feu nourri car il est tout ce qu’orwell abhorre : »homosexuel », « généralement considéré comme faisant partie d’un mouvement clandestin » et « Juif anglais ». Mais cette sorte de jeu (comme il l’appelait) prend une nouvelle dimension sinistre quand Orwell remet de sa propre initiative sa « petite liste au département de recherche de renseignements, bras secret, comme il le savait du Foreign Office. (..) Cinquante ans plus tard le biographe officiel d’orwell, bernard Crick prend vigoureusement la défense de l’écrivain, lequel n’aurait pas agi « différemment des citoyens responsables d’uajourd’hui qui fournissent à la brigade antiterroriste des renseignement sur des personnes de leur connaissance qu’ils croient être des plastiqueurs de l’IRA ». cette ligne de défense est reprise par ceux qui veulent à tout prix perpétuer le mythe d’un groupe d’intellectuels rassemblés par leurs liens avec Moscou, et unis dans une tentative séditieuse pour préparer le terrain au stalinisme en Grande-Bretagne. Il n’existe aucune preuve que les personnes figurant sur la liste de orwell (dans la mesure où celle-ci a été rendue publique) aient pris part à des actions illègales et certainement rien qui puisse justifier la comparaison avec des terroristes de l’ira. »Homosexuel » était alors la seule accusation susceptible d’entraîner des poursuites judiciaires, mais cela ne semble pas avoir dissuadé orwell d’utiliser ce terme. La loi anglaise n’interdisait pas l’appartenance au parti Communiste, ni le fait d’être juif, ou bien sentimental, ou encore stupide."

Cf. également George orwell dans peter Davison (ed.) The Complete Works of George Orwell, Londres, Seckers et Warburg, 1998 Bernard Crick, Evening Standard, 11 juillet 1996

86.***.52.***   #49346 

Aller vers George Orwell

23/07/2008 à 12:15, vincent présumey

Tout cela est extrémement douteux. Lire à ce sujet l’article de Wikipedia sur Orwell. Il semble que pour certains, un antistalinien ne puisse que difficilement être "innocent" de tout lien avec la CIA. Si Orwell avait voulu être une crapule genre Aragon, il en avait la capacité, mais il a choisi. Les éventuelles erreur d’Orwell -comme d’ailleurs l’évolution de Hannah Arendt- s’expliquent par leurs idées et le rôle de repoussoir que le monstre stalinien a joué envers celles-ci, et pas par leur "recrutement par la CIA" : cela c’est la vision des policiers, mais il y a des gens dont la stature est plus haute que celle des flics et des kapos.

Aller vers George Orwell

23/07/2008 à 17:38, Anonyme

"une crapule genre Aragon"

En quoi a consisté la "crapulerie" d’Aragon ?

Aller vers George Orwell

23/07/2008 à 18:32, alain girard

Aragon une crapule ?! Il suffit qu’un jugement soit porté sur Orwell pour qu’un boomerang renvoie Aragon, pourquoi Aragon, allez savoir, pour son audace et son courage à rester communiste, à demeurer le poête des gens comme moi, ouvrier, fils d’ouvrier, générations rompues à l’usine avec cette seule lueur Aragon et notre idéal émancipateur.Aragon le méchant stalinien, Orwell le gentil anti et la messe est dite, les raccourcis empruntés, les jugements définitifs, la vérité établie..Diantre Orvell ce brave homme ne pouvait émarger aux compte de la CIA, oh pureté, oh naîveté, oh aveuglement, oh vision partisane, oh mensonges éhontés.

Relisons Wikipédia ensemble en ayant présent à l’esprit que ce qui est trop polémique est filtré voir interdit coupant ainsi toute perspective réelle d’information MAIS LISONS

Le 11 juillet 1996, un article, publié dans le quotidien anglais The Guardian, explique que George Orwell, en 1949, a collaboré avec l’Information Research Department (une section du ministère des Affaires étrangères britannique liée aux services de renseignements)[45] par l’intermédiaire d’une fonctionnaire de celui-ci : Celia Kirwan. Orwell aurait livré à cet agent une liste de noms de journalistes et d’intellectuels « cryptocommunistes », « compagnons de routes » ou « sympathisants » de l’Union soviétique. La réalité de cette collaboration est prouvée par un document déclassifié la veille par le Public Record Office [46].

L’information est relayée en France principalement par les quotidiens Le Monde (12 et 13 juillet 1996) et Libération (15 juillet 1996). Le public français apprend à cette occasion que l’auteur de 1984 « dénonçait au Foreign Office les "cryptocommunistes" » (Le Monde, 13 juillet 1996). Dans son numéro d’octobre 1996, le magazine L’Histoire va plus loin encore, expliquant qu’Orwell aurait « spontanément participé à la chasse aux sorcières » organisée contre les intellectuels communistes par le Foreign Office.

En revanche, ces articles omettent de mentionner qu’Orwell est un ami personnel de Celia Kirwan (belle-sœur de l’écrivain Arthur Kœstler, elle a en 1945 repoussé la demande en mariage d’Orwell, veuf depuis quelques mois). Celle-ci, à l’occasion d’une visite à l’auteur de L’Hommage à la Catalogne, lui confie travailler alors pour un service gouvernemental chargé de recruter des écrivains et des intellectuels susceptibles de produire de la propagande antisoviétique. Orwell, après lui avoir donné les noms de quelques personnes de sa connaissance lui paraissant aptes à être recrutées, propose à Celia Kirwan de lui communiquer, à titre privé, les noms d’autres personnes qu’il est, pour beaucoup de notoriété publique[47], et, en raison de leurs convictions politiques, inutile d’approcher.

La fameuse liste, déclassifiée en 2003 (mais, curieusement, déjà mentionnée dans la biographie de Crick parue en 1980[48]) ne dit pas autre chose, et tout laisse à penser que la « collaboration » d’Orwell s’est réduite à cela. John Newsinger, dans sa « biographie politique » d’Orwell, a par ailleurs rappelé que George Orwell a à plusieurs reprises manifesté, à la fin des années 1940, son hostilité à toute tentative d’instaurer un « maccarthysme anglais[49] ».

Vous y êtes, donc monsieur Présumey invoque le droit à l’erreur, tiens donc acceptables pour les uns pas pour les autres. Cependant j’ai le sentiment d’une confusion bien volontaire entre la notion d’erreur et celle de l’acte délibéré et appeler erreur la dénonciation , non pas de délinquants quoique communistes, cela n’est pas sans rappeler d’autres dénonciations entre autres celles qui aboutirent à l’emprisonnement de démocrates américains et à l’exécution d’un couple des plus célèbres Julius et Ethel Rosenberg, erreurs sans doute que ces deux chaises électriques anéantissant l’amour (je vous invire à regarder la dernière photos des Rosenberg) mais cela il faut l’expliquer à leurs fils. Monsieur Présumey omet de rappeler ce que fut la guerre froide déclenchée par les alliés, cette volonté d’en finir avec le socialisme et les mouvements de libérations nationales naissant. La guerre froide ce fut par exemple la confiscation des stocks de riz en Inde par les américains et la bourgeoisie locale pour casser le mouvement d’indépendance , cela au prix de combien de millions de morts ? Lorsque Orwell commet ses "erreurs" wikipédia nous dit que ce dernier avait refusé une chasse aux sorcières en Grande Bretagne, dont acte mais l’herbe est tellement plus verte ailleurs et la CIA si convaincante mais il est vrai, si l’on en croit la soft version qu’Orwell ne dénonçât qu’en privé, un peu genre lettre anonyme, encore un acte de courage ! Je dénonce et si tu répètes je n’y suis pour rien que cela soit bien entendu ! Notons au passage que le veuf Orwell ne perdit pas de temps pour courir les jupons mais cela n’est sans doute qu’un côté peu ragoûtant du personnage.

Monsieur Présumey dénoncer un démocrate ce n’est pas banal, ce n’est pas démocratique , c’est de la compromission, de la lâcheté et aucun combat fusse t’il contre le stalinisme n’autorise à employer la même méthode que le combattu ou alors nous sombrons dans la barbarie.

Aragon n’a jamais sombré, il a souvent douté,parfois soutenu sans conviction mais jamais il n’ a dénoncé, trahi, en communiste, en démocrate. Mais je laisse les derniers morts à Orwell, ceux-ci me sont éclairants ;

de la pitié ! m’écriai-je.Crois-tu que je sois venu ici pour faire preuve de pitié ? Crois-tu que j’aurais payé mille franc pour ça ? Je vous le jure, messieurs et dames, sans ces maudites lois qui sont autant d’obstacles à la liberté , je l’aurais tuée à ce moment-là. Dans la dèche à Paris et à Londres G Orwell

Ces maudites lois qui punissent meurtres et viols, des erreurs sans doute !

 Aragon la femme est l’avenir de l’homme , Orwell non !

n’importe quoi ...

23/07/2008 à 21:36, vincent présumey

Je n’ai jamais dit ni écrit ni pensé que le droit à l’erreur serait acceptable pour les uns et pas pour les autres, mais oui je fais une distinction entre un franc tireur qui cherche à agir pour l’émancipation, Orwell, dans une situation difficile et qui fait des conneries dans ces conditions, et quelqu’un qui participe pleinement à un appareil, à une police, qui est payé pour : Aragon. Qu’on nous épargne ls fadaises sur le gentil Aragon poète des ouvriers. Il a soutenu l’exploitation, la torture et la déportation des ouvriers et des communistes. Ni communistes, ni démocrate. Grand écrivain, oui, comme Céline ...

Aller vers George Orwell

23/07/2008 à 18:41, Anonyme

Vincent presumey vous êtes odieux et ce n’est pas la première fois. Deux choses sur le fond du débat :

1) j’ai moi-même subi pas mal de choses du PCF ou plutôt de sa direction actuelle, mais il ne viendrait jamais à l’idée de donner leurs noms aux renseignements généraux en notant qu’ils sont juifs ou homosexuels. Mieux ou pire je considère que mon engagement communiste est au-delà de ce que j’ai subi et continue à subir et il ne dépend de personne sinon de moi même de ne pas me déshonorer. C’est pourquoi je continue à voter communiste. pour cela et aussi parce que je ne confond pas les moeurs regrettables dans tous les partis avec mon engagement. Donc personne n’est excusable d’être devenu un individu méprisable au point d’aller donner une liste...

2) J’ai écrit un jour sous la dictée d’Aragon ces mots être communiste c’est ne pas confondre les petites histoires avec la grande, Aragon dit François la Colère a été d’un grand courage et s’il fut "la plaie et le couteau" comme il l’écrivit, il refleta aussi les grandeurs de cet engagement dans un siècle plein de bruit et de fureur.

3) Il n’y a aucune comparaison entre Aragon qui a été un des trés grands écrivains du XXe siècle, peut-être le plus grand et Orwell dont la taille littéraire a été infiniment, infiniment plus modeste...

Danielle bleitrach

bas les pattes.

23/07/2008 à 21:20, vincent présumey

Mieux vaudraut pouvoir en rire -car d’une certaine façon c’est risible : trois lignes posant au passage une vérité factuelle sur l’homme qui a écrit des poémes à la gloire du Guépéou quand celui-ci torturait et déportait en masse les militants ouvriers et communistes en URSS, et voila les chars qui débarquent et, cerise sur le gateau, Danielle Bleitrach qui s’imagine qu’elle n’a rien de mieux à faire que de venir nous expliquer qu’Orwell était un écrivain mineur : pitoyable. Je suis désolé de lui avoir donné l"occasion d’écrire cette honte, mais on prend ses responsabilités : mes chers camarades, calmez vous et rengainez donc vos chars, la vérité fait mal, je sais bien, et la mémoire vivante de la classe ouvrière, d’une part, Pif le chien d’autre part, ce n’est pas la même chose. Cela vous énerve et vous fait mal quelque part ? vous l’avez cherché, et dites vous bien que c’est pour votre bien ! Venir nous expliquer qu’Orwell c’était la CIA ? Pas ça, pas vous. Nettoyez devant votre porte - je n’ai quand à moi aucune raison d’assumer les erreurs d’Orwell, n’ayant aucune lien d"appareil avec lui. L’engagement, c’est au service de la classe ouvrière, pas au service de la mémoire de ceux qui l’ont trompée et exploitée. C’est nécessaire pour qu’on puisse gagner tous ensemble au XX° siècle.

Aller vers George Orwell

23/07/2008 à 22:08, Anonyme

je voudrais encore préciser la dernière idée,il est des auteurs immenses que je n’aime pas sur le plan politique par exemple pour rester avec les anglais, je pense à Dickens. Il a écrit des textes sur la Révolution française que je ne lui ai jamais pardonné, il est aussi judéophobe que Orwell, mais je ne peux pas résumer un tel monument à ces aspects périphériques, comme est périphérique chez Balzac son engagement monarchiste... Ce sont tous les deux des créateurs d’univers, d’immenses écrivains. Orwell y compris dans les deux textes les plus céléèbres 1984 et les animaux de la ferme se limite à sa dénonciation du totalitarisme et en particulier du "stalinisme", alors qu’il est contre l’hitlérisme mais ça lui passe, je crois que son ralliement à la CIA, à une certaine politique des Etats-Unis, son oubli rapide du nazisme pour mieux se retourner contre le stalinisme, est le fondamental... C’est un néo-conservateur avant l’heure... avec des limites assez semblables, y compris par rapport au sionisme... Et y compris dans ses écrits quand on considère les personnages, ceux qui existent réellement ont des nuances, des contradictions, sont semblables à lui, des hommes occidentaux, le reste y compris les femmes ne sont que des types abstraits... Là encore rien à voir avec les créateurs d’univers. Et le vrai problème est je le répète qu’à l’inverse de gens comme Dickens, Balzac, Aragon qui ne se limitent jamais à un engagement toujours présent Orwell n’est rien d’autre... Son projet littéraire ne se réalise que dans l’obsession politique autour de lui-même. Ce n’est vraiment pas le cas en ce qui concerne Aragon, qui quoiqu’il ait affirmé est toujours resté un surrealiste...

Donc l’acte est haissable, dénoncer d’anciens camarades au moment même où comme le dit Alain girard est en train de démarrer la chasse aux sorcières est ignoble, mais il y a plus... Et faire de Orwell une contradiction vivante, ou parler de son style c’est aussi offrir un certain type de marchandise, y compris puisqu’il est question d’eux à des enfants...

Danielle Bleitrach

George Orwell, anticommuniste pavé de bonnes intentions

23/07/2008 à 22:38, Gilles Questiaux

Orwell, ancien intellectuel de gauche, est devenu anticommuniste en Espagne par sympathie pour les militants du POUM, proches du trotskysme, pourchassés par le NKDV (pour aller vite). Curieusement, il a conservé la réputation d’être un homme de gauche, alors que la leçon de son œuvre est la résignation au conservatisme, à la suite d’un idéal assez superficiel de gentleman anglais, du style "la démocratie est le pire des systèmes, exceptés tous les autres". Mais dans l’ultragauche, en particulier chez les prosituationnistes, Orwell est considéré, de manière ultra parano, comme décrivant la réalité secréte de notre monde démocratique, que l’on juge entièrement manipulé, au sein du "spectacle". Ce sont les mêmes qui croyaient que Russes et Américains étaient de mèche pour dominer le monde à deux.

Orwell peut être associé à H Arendt, dans la mesure où ils ont servi à construire la notion de totalitarisme, notion de guerre idéologique, sans aucune valeur scientifique, pour associer fascisme et communisme dans le même rejet.

En 1945, il y avait un choix à faire, pour les USA ou pour l’URSS, et une bonne partie de l’intelligentsia a fait tout naturellement ce qui était le "bon choix" pour les services américains, et en a été récompensée, sous forme de prestige, de notoriété, etc. Orwell a donné des noms, parce qu’il croyait ainsi défendre la civilisation et sa "decency". Son évolution est la même que celle de Dostoievski cent ans auparavant, mais avec le génie en moins. No one is innocent !

GQ

PS : "Hommage à la Catalogne" est tragique et émouvant sur les contradictions du camp républicain dans le guerre d’Espagne. Animal Farm est une redoutable brochure de propagande, très bien faite. 1984 est surfait, politiquement et artistiquement.

 http://reveilcommuniste.over-blog.fr/

George Orwell, anticommuniste pavé de bonnes intentions

24/07/2008 à 15:55, vincent présumey

Réponses pour tous. Il y plusieurs débats mélangés les uns avec les autres dans cet échange.

1) Une remarque de fond : il m’arrive assez souvent de me facher grave avec des camarades issus de la tradition de ce qu’on appelle, pour aller vite, "le mouvement communiste" (les anciens PC et ce qui était lié au bloc soviétique), étant moi même de la tradition communiste antistalinienne (dont le trotskysme est une pièce importante mais pas la seule), je dis bien tradition, avec autant de racines dans la lutte, de souvenirs de lutte des anciens, etc. Il vaut le coup de se facher dans la mesure et seulement dans la mesure où, dans des luttes de classes contemporaines, en France aujourd’hui -contre Sarkozy, le TCE, la loi Pécresse, le droit du travail ...- nous nous trouvons du même côté de la barricade. Si ce n’était pas le cas ça ne vaudrait pas le coup. Cela suppose une forme de respect : je tiens donc à dire ici que je respecte Danielle Bleitrach et les souvenirs qu’elle évoque. Que trouve-t’elle odieux chez moi ? - à mon avis, deux genres de choses. L’une, que ce soit d’un point de vue marxiste que je puisse dire et écrire, par exemple, que le régime chinois est capitaliste et qu’il y a bel et bien oppression nationale au Tibet (sans cautionner le dalai-lama pour autant) -mais trouver cela "odieux" me semble être une erreur, il ne s’agit pas de morale ni de caractère mais bien d’analyse politique avec des conséquences concrètes. L’autre, le coup d’Aragon : je le confesse le coup est parti tout seul, je me suis dit "tiens pour une fois que le GS nous diffuse un article antistal bien senti, naturellement il faut qu’il y en ait qui nous ramènent la CIA", alors bing, boomerang en effet comme dit l’autre ! Je comprends d’autant mieux que Danielle Bleitrach trouve cela "odieux" que je connais -et respecte- bon nombre de militants communistes qui ont tété Aragon quand ils étaient ados (pas quand ils étaient petits, quand ils étaient petits, c’était Pif le chien). N’empèche qu’il faudrait être capable d’admettre que ce grand écrivain a fait des crapuleries en tant que stalinien, tout en en tirant avantage au sens le plus bourgeois du terme. Ensuite on peut discuter de ce qui s’est passé, des circonstances, etc. On verrait alors qu’il y a eu d’autres écrivains des mêmes origines intellectuelles et littéraires qui n’ont pas tout à fait fait la même chose, je ne pense pas qu’à Breton ou d’autres, mais aussi au surréaliste tchèque Zavis Kalandra, qui a été assassiné par les staliniens au pouvoir avec la complicité explicite d’Eluard, son ancien ami -pour Aragon je ne sais pas, je ne suis pas spécialiste mais ça m’étonnerai tout de même qu’on puisse prouver qu’Aragon se soit opposé à l’assassinat étatique de Kalandra (fin des années 40). J’ai peut-être une manière brusque de rappeler les choses et mettre les pieds dans le plat. Je l’assume. Pourquoi ? parce que moi aussi, je suis fier d’être communiste.

2) Sur le parcours et l’’ensemble des faits et gestes d’Orwell : je ne suis pas spécialiste non plus. Donc moi je n’en sais rien sur ce qu’il a fait à la fin des années quarante. Ce que je sais c’est que la source de ce qu’il dénonce notamment dans 1984 et dans Animal’ farm, ce ne sont pas les émoluements de la CIA (certains aspects de ces oeuvres valent d’ailleurs contre le capitalisme contemporain). Je pense qu’il faut que les spécialistes et historiens d’Orwell examinent sereinement les choses (peut-être l’auteur de l’article à la source de notre débat parmi eux). Cela dit deux remarques encore sur les aspects non littéraires, mais politiques, d’Orwell. Premièrement c’est vrai, notamment dans le monde anglo-saxon où il s’agit d’un phénomène majeur, il y a des gens qui sont passés de l’antistalinisme à l’anticommunisme. Mais la responsabilité première dans cette évolution, le stalinisme doit quand même en avoir une, non ? En outre, soit dit en passant, le nombre de types qui sont passés du stalinisme à l’anticommunisme est sans doute plus important encore ... Deuxièmement, à propos du mail d’Alain Girard, mélanger dans une sorte d’imprécation des données factuelles discutées sur Orwell avec l’action de la CIA sur les stocks de riz en Inde et le procés des Rosenberg, ce n’est pas de la discussion, c’est du tapage.

3) En tant que marxiste, je suis totalement opposé à la vision du monde au XX° siècle que préconise Gilles Questiaux : l’hostilité aux méthodes du NKVD (NB : torturer à mort Andreu Nin, rendre leurs usines aux patrons, recruter les anciens flics pour mettre les syndidats au pas, renvoyer les femmes combattantes au foyer, décollectiviser les terres prises par les paysans d’Aragon, le tout au non de l’antifascisme avec pour résultat concret la victoire des fascistes ! ) envers le POUM conduirait à l’anticommunisme, et en 45 il n’y aurait eu qu’à choisir entre EU et URSS et donc il fallait choisir l’URSS. Justement non. Justement si le capitalisme a gagné le XX° siècle c’est parce qu’on a voulu contraindre la classe ouvrière mondiale à ce choix.

4) Sur le plan littéraire je ne partage pas les appréciations de Danielle Bleitrach sur Orwell. Je pense qu’elle n’arrive pas à le lire à cause du rôle que ses oeuvres ont joué dans la construction de la notion de "totalitarisme" que l’impérialisme a utilisée et que cela gache sa lecture. C’est un peu comme moi avec Aragon, j’ai du mal en effet, parce que je pense aux millions de communistes, je dis bien de communistes, torturés et liquidés par ceux qu’il chantait. Mais je veux bien faire un effort pour le lire comme poète et écrivain. "Toute licence en art", comme disait Lénine ...

Voila pour cette fois, camarades qui quelques parts regrettaient quand même un peu un certain bon vieux temps qui n’a pourtant pas été une réussite ... en espérant que la prochaine fois qu’on se retrouvera ce sera pour tirer ensemble dans la même direction ! VP

George Orwell, anticommuniste pavé de bonnes intentions

24/07/2008 à 18:26, Anonyme

Honnêtement vincent presumey, je n’ai pas trouvé odieux votre manie au milieu d’un article au demeurant tout à fait intéressant sur les subprimes de voir surgir une attaque contre la Chine, j’ai trouvé ça hors sujet et dommageable pour l’article et son auteur.

je ne suis pas du tout d’accord avec votre analyse de la Chine mais je crois que cela peut donner lieu à des débats importants qu’il faut savoir mener.

Non ce que je trouve "odieux"c’est l’insulte gratuite, en particulier contre Aragon... Qui n’avait rien à voir avec le sujet et qui est un immense écrivain.

Je ne crois pas que ma lecture d’Orwell soit gâchée par ce qu’il est mais comme je l’ai dis parce qu’il n’est que ça...Un conservateur anglais égaré et il l’est resté dans son oeuvre, alors qu’il existe des conservateurs que j’adore, par exemple cette délicieuse peste de Jane Austen.

Je suis tout à fait d’accord pour les combats communs mais encore faudrait-il que vous bloquiez votre hernie hiatale du ressentiment. Une hernie hiatale est à l’entrée de l’oesophage ce qui occasionne de terribles remontées d’acidité, votre trotskysme vindicatif m’y fait songer.J’ai adhéré au PCF alors que je n’avais pas encore 15 ans et Staline était mort depuis quelques années, moi c’était la guerre d’Algérie, les luttes anti-coloniales... Vous aussi sans doute. Je suis en outre convaincue que l’assassinat de Trotsky est une chose indéfendable, je n’ai jamais eu la moindre résistance à militer avec des trotskystes, simplement ils me cassent les pieds souvent à marquer des buts contre leur camp... et quand tout à coup, il y a ces poussées de haine contre ce à quoi je tiens, Aragon mais aussi à la Chine, je pique des colères... A mon tour... Il est vrai que l’on a du mal à s’expliquer qu’il s’agisse d’Aragon, de la Chine ou d’autres questions il est probable que d’autres occasions de débats vifs surgiront. je vous propose que nous fassions tous un effort, par parenthèse je trouve qu’Alain Girard a eu raison de rétablir le contexte, il a oublié la bombe atomique larguée sur hiroshima pour empêcher l’avancée des armées dites de Staline, celles qui ont vaincu "au nom de tous les peuples y compris celui que l’on nomme allemand". Et moi la petite enfant juive j’avais au-dessus de mon lit la photo de Staline et de vorochilov sur les toits de Moscou... Alors je comprends ce que dit gilles Questiaux. Entre nous je crois qu’il est plus compétent que moi en littérature anglaise. sans rancune

Danielle Bleitrach

A suivre

25/07/2008 à 00:50, vincent présumey

Donc : à la prochaine ! Ceci dit quand même, quelques petites précisions. Sur la Chine, sur d’autres choses ... on en reparlera. Mais je trouve tragique -c’est dit sans aucune espèce d’ironie- cette description d’une petite enfant juive ayant les portaits de Staline et de Vorochilov en anges protecteurs au dessus de son lit. Car leur politique n’a protégé ni les prolétaires, ni les Juifs. En ce qui concerne les Juifs, c’est vrai qu’au temps du pacte Hitler-Staline il vallait mieux pour eux se trouver dans la zone de l’Etat polonais annexée par l’URSS que dans celle annexée par l’Allemagne, ils y aurait crevé de faim autant mais sans être plus opprimés dans l’ensemble que les autres. Mais l’antisémitisme a été une composante du stalinisme de bout en bout et le "complot des blouses blanches" préparait une purge de caractère probablement raciste quand la mort de Staline l’a empéchée. Quand aux armées de Staline "avançant pour tous les peuples" allemands compris ? Mais c’’est encore plus tragique de croire à un tel mythe un demi-siècle aprés. "A chacun son boche" titrait l’Huma en 44. Quelle fut la proportion de femmes allemandes violées dans la future RDA en 45 ? certainement pas 5%, mais bien dans les 50% voire au delà. Et l’annéantissement de type génocidaire des Allemands de Prusse orientale, Poméranie et Silésie ? -je m’empresse de préciser qu’évidemment Hiroshima fut un crime, motivé en grande partie par la volonté de faire peur à Moscou. Bref ; ce n’est pas une question de hernie-chez-pas-quoi dans l’oesophage, c’est une question de vérité. Nul plaisir pour moi à faire de la peine avec Aragon- mais il me semble qu’il y a une vraie question pour aujourd’hui : car pourrons nous vaincre le capitalisme au XXI° siècle sans avoir tiré le bilan du XX° ? ... bien entendu cette question n’empèche pas de combattre ici et maintenant. Encore un mot : c’est une erreur de penser qu’en Orwell il n’y avait "que" du conservatisme anglais égaré (ça fait beaucoup : "conservatisme", "anglais", et "égaré" !), outre l’ampleur de l’écrivain il y avait la rencontre avec le mouvement ouvrier, en Angleterre et en Espagne. Je veux bien reconsidérer Aragon sous l’angle d’une telle renconre possible à travers le PCF. Il faut faire l’effort de considérer cela aussi chez Orwell. Le mouvement ouvrier comporte plusieurs cultures -toutes respectables, mais qui pour se parler doivent se libérer de leurs fétiches. Quitte à ce que de bonnes remontées acides fassent peter les vieux bouchons dans les oesophages ...

Bon je voulais écrire juste deux lignes ... donc à bientôt.

George Orwell, anticommuniste pavé de bonnes intentions

24/07/2008 à 17:39, Bernard Gensane

Décidément, Orwell a suscité et continue de susciter énormément de commentaires et réactions.

Je suis un peu surpris que l’on puisse établir une analogie franco-française avec Aragon, figure institutionnelle du monde littéraire de l’époque. Ca ne sert pas à grand chose, mais si je devais, dans une perspective négative, tirer Orwell vers un écrivain français contemporain, je ferais plutôt appel à Camus.

Mais revenons à la liste, puisque c’est de cela que les lecteurs du Grand Soir ont choisi de parler. Il y aurait eu tellement de choses bien plus intéressantes à évoquer concernant la vie, les textes et les actes d’Orwell.

Pour moi, Orwell a eu tort. Cela s’est passé exactement comme le dit V. Présumey. J’ai suivi, à l’époque, l’affaire dans la presse quotidienne britannique. Il ne s’agissait pas pour Orwell de fournir, de manière mlitante, une liste de procommunistes à dénoncer. Il a cru bon mettre en garde Celia Kirwan et les gens pour qui elle travaillait par des commentaires qu’il a écrits et fournis à titre privé. Dire que ces commentaires étaient subjectifs est un euphémisme, encore que... Kingsley Martin n’a pas toujours fait preuve de probité intellectuelle et il détestait Orwell pour de très mauvaises raisons. Mais je n’ai jamais compris pourquoi Orwell, qui partageait beaucoup des idées de Priestley, n’a jamais pu encadrer ce dernier, qui n’avait "aucun lien avec une organisation" et qui, comme lui, fut écarté de la BBC, vraisemblablement sur ordre personnel de Churchill. Quant à Spender, politiquement peu structuré tout au long de son existence (écrivain important, cela dit), il avait effectivement le grand tort, pour Orwell, d’être homosexuel, et celui-ci a eu, sa vie durant, une aversion psychanalytique profonde pour ceux qu’il appelait les "pansies".

Contrairement à ce que dit l’un des intervenants, Orwell n’a jamais été, et ne s’est jamais considéré comme un intellectuel. Le mot "intellectual" est quasiment une insulte en anglais (ça le devient en français). Ce ne fut pas un idéologue, mais avant tout un écrivain. A ceux qui considèrent Animal Farm et 1984 comme des oeuvres mineures, je dis d’abord : "faites-en autant", et je dis ensuite qu’Amimal Farm est à ce point parfait que si on change une phrase tout s’écroule et que 1984 est un classique, non seulement parce que sa description du monde post conférence de Téhéran n’est pas piquée des vers, parce que sa compréhension du totalitarisme est sidérante (de la part de quelqu’un qui n’avait jamais vécu en pays totalitaire), parce que sa description de l’Angleterre des années 30 et 40 est extrêmement réaliste, mais surtout parce qu’il s’attaque à des problèmes humains, moraux qui ne sont pas près d’être résolus. Une grande partie du livre est effectivement consacrée aux questions fondamentales suivantes : pourquoi peut-on haïr (individuellement et collectivement), pourquoi peut-on trahir ceux qu’on aime, pourquoi peut-on aimer son bourreau, comment un intellectuel peut-il devenir tortionnaire (un assassin de masse serbe pratiquait la médecine douce), peut-on se révolter, dans quelle mesure interriorise-t-on la tyrannie ? C’est pour ces raisons que la lecture de ce livre est toujours vrillante et efficace. Accessoirement, on compte sur les doigts d’une main les créateurs capables d’avoir inventé la novlangue, Big Brother, un espace-temps à nul autre pareil.

Je suis choqué que l’on puisse - même se cela a été fait par Reagan et Thatcher en leur temps - dire qu’Orwell serait devenu un réac atlantiste s’il avait vécu, disons jusqu’en 1984. C’est tellement facile de faire parler les morts. Moi qui l’ai lu, relu et rerelu, je n’ai pas rencontré un seul mot dans sa production qui confirme cette hypothèse. Bien au contraire. Entre 1945 et sa mort en 1949, Orwell a soutenu mordicus le Parti travailliste, faute de mieux. Il a en effet soutenu les nationalisations (les travaillistes ont davantage nationalisé que Jospin n’a privatisé), l’éducation pour tous gratuites, les soins gratuits, la sécurité sociale etc., tout en disant qu’il fallait aller plus loin encore. Dans son livre mentionné par un des correspondants (et que j’ai traduit pour Agone), John Newsinger explique longuement la nature des liens profonds qui ont uni, pendant des années, Orwell à une certaine extrême-gauche américaine, à qui il a consacré des milliers d’heures de travail. Par auto-provocation, il se qualifiait d’anarchiste tory. Il ne fut jamais anarchiste, et encore moins tory. Je renvoie à la lecture du livre de Newsinger ceux qui souhaitent comprendre comment Orwell s’est forgé SON socialisme. Il y avait aussi du communisme chez lui. Et pas de manière abstraite. Pendant la guerre, comme il travailla énormément et avec un certain succès, il gagna confortablement sa vie.Tous les soirs, il régala au restaurant des écrivains et journalistes moins chanceux que lui. Mieux encore, il remit régulièrement dans le pot commun de je ne sais plus quelle administration les tickets d’alimentation, d’habillement, de charbon etc. qui lui étaient alloués.

A la différences de bien des auteurs des années trente et quarante, Orwell a mis ses contradictions sur la table, et il en fait une oeuvre. "Honnêtement", pensait-il, à tort. S’il croyait pouvoir être honnête avec lui-même, c’est parce que, comme je l’ai laissé entendre dans ma note initiale, il a vécu son oeuvre dans sa chair. Quand, à 33 ans, on se retrouve, physiquement, pris entre les balles des franquistes et celles des communistes, on peut, effectivement, estimer être porteur d’une parole honnête. Ken Loach, atlantiste de droite bien connu, a suivi la tendance idéologique d’Hommage à la Catalogne dans son film Land and Freedom. Thatcher et Blair ont beaucoup apprécié.

Deux remarques subalternes pour deux propos subalternes : 
 Orwell coureur de jupons. Comme c’est intéressant ! 
 La citation de Dans la Dèche. Le procédé n’est pas très honnête. La phrase est sortie de son contexte. Mais surtout, ce livre est une autoFICTION, pas une autobiographie, encore moins un reportage journalistique.

Orwell et Camus

25/07/2008 à 00:22, vincent présumey

Merci pour cette mise au point. L’analogie avec Camus me semble assez profonde. Je ne sais pas si par ailleurs nous aurons droit à une théorie sur Camus "écrivain mineur" en regard du petit père des poètes, mais en tous cas Camus avait une sorte d’admiration pour les vieux syndicalistes révolutionnaires de l’équipe de la Révolution Prolétarienne (Pierre Monatte), le sel de la vieille CGT, la moelle du mouvement ouvrier français un peu comme les ILP touchaient à la moelle de la tradition ouvrière brittish. Merci aussi d’avoir rappelé incidemment qu’Orwell est mort en 1949, la CIA ayant été crée en 1948 ...

Orwell et Camus

25/07/2008 à 16:27, Bernard Gensane

Je suis en vacances. J’ai écrit ce texte un peu rapidement dans un café muni d’une connexion internet. Je rectifie : Orwell est mort en 1950, mais depuis 49 il ne faisait plus grand chose, cloué au lit par la tuberculose.

J’en profite pour raconter une anecdote désormais bien connue, qui situe le personnage. Au début des années 30, Orwell était déjà très malade d’un poumon. Un médecin lui recommanda un séjour de quelques mois au Maroc. Orwell n’avait pas un sous vaillant. Un collègue écrivain anglais, ayant du bien comme on dit, lui prêta, par l’entremise d’un ami commun et de manière totalement anonyme, l’équivalent de 15000 euros. L.B. Myers et Orwell ne se connaissaient pas et ne se sont jamais rencontrés. Orwell remboursa des années plus tard, sans savoir qui lui avait prêté cette somme. A l’époque, Orwell était connu des sphères littéraires mais pas du grand public.

Je n’ai pas d’autre exemple d’un individu ayant sucité un acte d’une telle générosité.

Orwell et Camus

25/07/2008 à 17:34, Orwell the saint comes marching in ?

Bon, on frise l’hagiographie là.

Ca commence à ressembler au journal de 13 h de TF1.

Orwell et la Birmanie

07/08/2008 à 00:34, Xavier Lavaud

Orwell a travaillé dans la police en Birmanie, il a laissé dans "Burmese days" un témoignage extraordinaire de justesse, à propos d’un destructeur tout à fait diabolique. Ses observations sont d’une justesse inouie (rien n’a changé), quant au traitement de ses personnages, il est difficile de lui trouver la moindre malveillance. Il me semble que la rivalité entre une puissance maritime et une puissance continental a plus de durée, est plus compréhensible que ce qui commence à ressembler à la lutte des guelfes et des Gibelins. Le thème qu’a traité Orwell est celui de la volonté de puissance, de domnination, d’oppression, d’exploitation, à cet égard les relations entre la fiance américaine et la révolution russe est extrêmemnt troublant. Je ne pense pas qu’Orwell apprécierais la positioin du parti communiste à l’égard des Palestiniens, du reste, voterait-il ? Je n’imagine pas du tout Orwell en délateur mais en dénonciateur ce qui n’est pas pareil. A propos des agences de renseignement, on voit ces derniers temps de drôle de choses, ainsi, par exemple,l’opposition unanimes de 16 agences américaines de renseignement à la guerre contre l’Iran. On sait également que le procureur Vincent Bugliosi réclame, à cors et à cris, que Bush et ses complices soient poursuivi pour meurtre en se fondant, notamment, sur le rapport de la CIA qui concluait,à propos de l’IRAK exactement le contraire de ce que Bush a dit au Congrès et au peuple américain. Il n’est pas surprenant qu’il ait connu des difficultés financières (il ignorait,sans doute, quelles étaient "les bonne portes")

 

 

Partager cet article
Repost0