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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 14:40

Ce poème d'Aragon mis en musique par ferré date de 1956 :

 

 


Est-ce ainsi que les hommes vivent

Et leurs baisers au loin les suivent

Comme des soleils révolus 

 

J'inaugure ici une nouvelle rubrique nécessaire. J'emprunte le texte qui suit au Bondy Blog dont je suis un fidèle lecteur (link). Comme dit quelqu'un qui m'est très proche, " chaque fois que je lis un témoignage de cette sorte, j'ai la haine ! ".

 

Le combat d’une mère

Mercredi 14 décembre 2011

Karima se bat depuis plusieurs années pour avoir un logement décent pour sa fille. Atteinte d'un cancer, celle-ci ne peut disposer des soins optimaux, dans leur appartement assailli par le bruit.

Fin 2008, Karima F. apprend que sa fille, âgée d’un an et demi, est atteinte d’un cancer. Suivie à l’institut Curie et à l’hôpital Necker, la petite va subir une chimiothérapie mais cela va entraîner  beaucoup de complications sur sa santé. Opérée en juin 2009, elle est toujours en suivi médical régulier car elle est atteinte d’une pathologie chronique. Cependant, le sommeil manque beaucoup à celle-ci, âgée de quatre ans maintenant, sa grande sœur de six ans ainsi que sa mère sont victimes des mêmes insomnies. Depuis 2009, Karima F. a demandé une mutation de logement à Bobigny. Habitant le quartier Paul Vaillant couturier, elle subit des nuisances à longueur de temps.

Machine à laver activée à trois heures du matin, talons sur le parquet à cinq heures, bagarres familiales, menaces, cris. Elle, ainsi que ses voisins, se plaignent mais en vain. Les voisins du dessus leur font la misère. Elle ne dort que trois heures par nuit, ses filles aussi qui sont complètement déréglées, épuisées après une journée d’école. De plus, habitant au 13ème étage, avec des pannes d’ascenseurs régulières, cela est devenu vite insupportable pour elle et ses filles, mais aussi pour les ambulanciers et le personnel médical qui s’occupent de la petite. La propreté du quartier, qui jusqu’à l’été dernier était envahi de rats, n’arrange pas du tout les choses.

Depuis 2009, sa demande n’a guère avancé. Les hôpitaux qui s’occupent de sa fille ont écrit des courriers pour appuyer son dossier, un en 2009 et deux autres en 2011. Un des courriers de l’institut Curie précise : « L’état de santé de sa fille nécessite un logement dont les conditions d’hygiène, de calme et de promiscuité soient optimales. Il parait donc nécessaire d’attribuer un nouveau logement remplissant ces conditions pour la famille ».

De plus, le 25 février 2011, Karima F. écrit un courrier au Président de la République pour expliquer sa situation et demander une aide. Réceptionné le 1er mars, la réponse du chef du cabinet du président est envoyée le 8 mars : « Je n’ai pas manqué de signaler votre situation au Préfet de la Seine Saint Denis, afin que votre dossier fasse l’objet d’un examen attentif par les services compétents». Mais toujours pas d’évolution dans son dossier. L’OPHLM de Bobigny lui précise qu’en vue de sa situation, elle est prioritaire pour une mutation dans le quartier demandé (Chemin-Vert).

Si elle souhaite y aller, c’est seulement parce que l’isolation sonore est meilleure, les immeubles, plus propres, et surtout parce que sa mère ainsi que 4 de ses frères et sœurs y habitent. Très pratique lorsque sa petite fait des rechutes et qu’il faut alors laisser la plus grande à quelqu’un assez rapidement pour emmener sa fille aux urgences. Car ayant eu les organes touchés par le cancer, son foie est en très mauvais état et la greffe est depuis quelques mois devenue indispensable pour la survie de sa fille.

Tous ces éléments ont été transmis à la Mairie et l’OPHLM, les photocopies des courriers etc… La réponse qu’elle a eu la semaine passée après une énième relance à la mairie est : « Il faudrait ajouter un élément plus dramatique au dossier pour qu’il avance. Je suis désolée mais je vous transmets ce qu’on me dit là-haut ». Réponse faite juste après que sa fille a été  victime d’une mauvaise chute sur le nez dans le toboggan de la cour de récréation et qu’elle a eu 13 étages à monter à pied sa fille à bout de bras pour pouvoir prendre le dossier du suivi de celle-ci et l’emmener aux urgences.

Le mauvais sort s’acharne sur sa fille. La seule réponse qu’elle ait pu apporter à l’administration est : «  Il faudrait alors le décès de ma fille pour qu’on me mute ailleurs … ». Absence de réponse de la secrétaire. A cela s’ajoute des problèmes de santé chez Karima. Récemment opérée des yeux pour des glaucomes, elle est aussi suivie de près par ses médecins qui s’inquiètent pour sa santé. Le manque de sommeil et les nerfs pourraient entrainer un glaucome pigmentaire et ainsi la cécité.

Karima ne sait plus quoi faire ni vers qui aller quand elle constate, selon elle que le quartier dans lequel elle a demandé sa mutation à six appartements libres et qu’à la Mairie, toujours d’après Karima,  on lui répond que non, ils sont tous occupés. Dans l’entourage de cette dernière, on pense qu’avec du piston et des connaissances, les choses avanceront. Malheureusement cette maman en détresse n’a rien de tout ça…

Ines EL Laboudy

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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 07:03

AVANT LES AGAPES DE FIN D ANNEE, un petit cours de médecine ne vous fera pas de mal et vous déculpabilisera pour toutes les consignes que nous n'arrivons pas à suivre.

Bon appétit à tous.

Enfin , la vérité vraie...! A bas , les salles de sport et tout çà


Avis médical: un bon médecin !

 

 

Question: Docteur, j'ai entendu dire que les exercices cardiovasculaires pouvaient prolonger la vie, est-ce vrai ? 

Réponse: Votre coeur est bon pour un nombre donné de battements, c'est tout ... ne les gaspillez pas en exercices ! Faire battre votre coeur plus vite n'allongera pas votre vie; c'est comme dire que l'on pourrait allonger la vie d'une auto en la conduisant plus vite ! Vous voulez vivre plus longtemps ? Faites une sieste !

  


Q: Doit-on restreindre la viande et manger plus de fruits et de légumes ? 
R: Vous devez vous en tenir à la logique ! Que mange une vache ? Du foin et du maïs ! Que sont-ils ? Des végétaux ! Donc, un steak, n'est rien de plus qu'un mécanisme efficace de transfert de végétaux à votre organisme ! Vous voulez des grains de céréales ? Mangez du poulet ! Une côtelette de porc vous donnera l'équivalent de 100% de la dose quotidienne recommandée de légumes ! 

 

 Q: Devrais-je réduire ma consommation d'alcool ? 
 
R: Non, pas du tout. Les vins et la plupart des alcools sont faits à partir de fruits. Le brandy est du vin distillé, c'est des fruits dont on a retiré l'eau, donc vous en retirerez encore plus de bienfait. La bière est également fabriquée à partie de grains. Ne vous en privez pas ! 

 

 Q: Quels sont les avantages à participer à un programme régulier d'exercices physiques ? 
R: Je n'en vois aucun, désolé.. Ma philosophie est : Pas de douleur .... Quel bonheur ! 

  

 Q: Les fritures ne sont-elles pas mauvaises pour nous ? 
R: VOUS N'ÉCOUTEZ PAS !!! ... Aujourd'hui, les aliments sont frits dans l'huile végétale. Ils en sont donc imprégnés, alors comment voulez-vous qu'absorber plus de végétaux soit dommageable pour vous ?

 

 Q: Est-ce que les exercices abdominaux peuvent aider à prévenir contre un éventuel épaississement du tour de taille ?
R: Définitivement pas ! Quand vous exercer un muscle, il devient plus gros. Vous ne devriez donc faire des abdominaux que si vous voulez avoir un plus gros tour de taille !

 Q: Est-ce que le chocolat est mauvais pour moi ?  >  

R: Êtes-vous fou ? Les fèves de cacao sont un autre végétal !!! De plus, c'est l'aliment anti-déprime par excellence ! 

 

  

Q: Est-ce que la natation est bonne pour la silhouette? 
R: Si la natation était bonne pour la silhouette, expliquez-moi la taille des baleines ? 

Q: Est-ce qu'être en forme est important pour ma santé ? 
R: Bien sur ! Et 'Rond' est une forme comme une autre ! 


Pour tous ceux qui surveillent ce qu'ils mangent, voici le mot de la fin sur la nutrition et la santé ! Quel soulagement de connaître enfin la vérité après toutes ces études contradictoires : 

 

1. Les Japonais mangent peu de gras, boivent du saké et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains !

 

2. Les Mexicains mangent beaucoup de gras, boivent de la Téquila et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains !

3. Les Chinois boivent très peu de vin rouge (on ne sait pas ce qu'ils mangent) et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains !

 

4. Les Italiens boivent beaucoup de vin rouge, mangent des pâtes aux oeufs et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains !

5. Les Allemands boivent beaucoup de bière, mangent beaucoup de saucisses et de gras et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains ! 

 

6. Les Hollandais mangent beaucoup de beurre et de fromage gras et souffrent moins d'attaque cardiaques que les Américains 

7. Les Belges mangent plein de frites à la mayonnaise en buvant du Moselle-cassis et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains. 

 

8. Les Espagnols mangent beaucoup de mouton bien gras et des tapas à l'huile et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains. 

9. Les Polonais boivent beaucoup plus, mangent beaucoup moins et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains. 

 

 

10. Les Français mangent et boivent un cumul de tout ce qui précède et souffrent moins d'attaques cardiaques que les Américains. 

CONCLUSION :

 

Mangez et buvez tout ce que dont avez envie.

Apparemment, ce qui risque de vous tuer, c'est de parler anglais !

 

 


ET SOUVENEZ-VOUS : 

"La vie ne devrait pas être un long voyage vers la tombe avec l'intention d'y arriver en toute sécurité dans un corps beau et préservé. La vie devrait plutôt constamment déraper - un Chardonnay dans une main - du chocolat dans l'autre 
Le vin d'ici est meilleur que l'eau-delà. 

 

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 15:54

Lu sur le site d'Arrêt sur Images. Deux nouvelles tragiques qui en disent long sur l'état de la France actuellement.

 

LE KINÉ, LE PÊCHEUR SOMALIEN, ET LES PRESCRIPTEURS

Stéphane Coulier s'est suicidé. Stéphane Coulier était kiné à Wormhout (Nord), et venait de recevoir de la Sécu une lettre l'informant qu'elle lui réclamait près de 200 000 euros. A l'origine du contentieux, le fait que Stéphane Coulier travaillait trop, la Sécu lui reprochant une situation "d'hyperactivité", en enchaînant trop rapidement ses consultations (40 heures de consultations certaines journées!) La directrice de la CPAM se défend: la lettre fatale ne marquait que le début d'une procédure. "On veut nous démolir" rétorque une collègue de Stéphane Coulier.

Pendant que Stéphane Coulier enchaînait ainsi les consultations, Abdulahi Ahmed Guelleh tournait en rond, dans une chambre d'hôtel de 5 m2 à Châtillon (Hauts de Seine). Abdullahi Ahmed Guelleh est un pêcheur somalien. Poursuivi pour avoir pris part à la prise d'otages du voilier français le Carré d'as, il a été acquitté par la Cour d'assises de Paris le 30 novembre dernier. Abdullahi Ahmed Guelleh, qui n'a évidemment aucune attache en France, aurait préféré continuer d'être logé à la prison de la Santé, mais il a été jeté dehors, le soir même de son acquittement. Il ne peut cependant pas quitter la France: le parquet va faire appel de son acquittement. Dans l'intervalle, sans ressources, sans moyens, évidemment sans travail, il erre dans Paris.

Je tire ces ceux histoires de deux journaux. La Voix du Nord relate (1) le suicide de Stéphane Coulier. Quant au triste sort du pêcheur somalien acquitté, il est raconté dans un remarquable article du Monde d'avant-hier (2). Pourquoi les rapprocher ce matin ? En raison de la manière dont ces articles sont parvenus à ma connaissance. L'article de La Voix du Nord a été retweeté par Me Eolas (3), ce qui m'a incité à aller le lire. Sans Eolas, sans doute n'aurais-je jamais été alerté sur cette question, certainement très complexe, des praticiens accusés d'hyperactivité (d'ailleurs, tiens, je vous annonce un scoop: Maja Neskovic (4) s'est penchée cette semaine sur les sources d'Eolas. Vous saurez tout). Quant au papier du Monde, il a été signalé par nos @sinautes dans les forums. Sans ce signalement, sans doute m'aurait-il échappé (je ne lis pas systématiquement Le Monde tous les jours), et "l'acquitté du Carré d'as" serait resté une vague silhouette indistincte, dans le tumulte général des crises et des tueries. Les parcours de ces deux informations sont typiques du nouvel "écosystème informatif" (pardon) qui est le mien, et celui de beaucoup d'autres. Entre les anciens médias et le consommateur que je suis, se glissent, chaque jour davantage, ces médias intermédiaires, indispensables, que sont les internautes prescripteurs. C'est évidemment l'une des meilleures choses qui puissent arriver aux anciens médias, en même temps qu'un défi redoutable.

Daniel Schneidermann

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12 décembre 2011 1 12 /12 /décembre /2011 06:25

http://imgs.xkcd.com/comics/secrets.jpgC'est l'un des secrets de famille les plus poignants qu'il m'ait été donné de connaître. Je n'ai jamais revu la personne qui s'était confiée à moi il y a vingt-cinq ans.

 

Dans les années quatre-vingt, j’avais comme collègue, en Côte d’Ivoire où j’enseignais, un professeur de français dont le nom était aussi courant que Dupont ou Durand. Il était passionné par sa matière, ne parlait que de littérature. Il lisait quatre à cinq romans par semaine, et on pouvait le voir régulièrement attablé à la terrasse d’un café de Cocody, le nez plongé dans un livre, vers dix-huit heures, alors qu’il venait d’acheter ce même ouvrage dans une librairie voisine.


Un jour, je m’assis d’autorité à sa table et l’entrepris en raillant gentiment cette activité obsessionnelle.


— Connais-tu la pétanque ou la planche à voile, lui demandai-je ? Tu sais qu’il y a de la vie en dehors des livres…


Il devint soudain très sombre et me dit, bizarrement : « la littérature m’a donné la vie avant de me la reprendre ».


Cette phrase était aussi incompréhensible que prometteuse.


— Tu en as trop dit, ou pas assez, avançai-je prudemment.


— Comme dans la chanson de Bécaud, me dit-il, j’ai une croix dans la tête, très lourde à porter.


Je nous commandai deux Flag©, cette excellente bière ivoirienne fabriquée sous licence de Stella Artois©, et mon collègue me raconta son secret de famille.


— J’ai découvert à l’âge de seize ans que mon père ne s’appelait pas M…, mais Cohen. Un jour, ma passion des livres me propulsa au grenier de la maison familiale. Mes parents étaient absents. J’étais seul avec ma grand-mère paternelle. Je tombai sur la collection des classiques Vaubourdolle de mon père. Il y en avait une bonne vingtaine, tous poussiéreux. Sur chaque première page figurait le nom de mon père : “ André M… ”. Je remarquai que le M… avait été systématiquement écrit sur un nom gommé. En arrivant au dernier exemplaire, je lus un nom que mon père avait omis de biffer: “ André Cohen ”. A priori, cette bizarrerie ne signifia rien pour moi. Mais mon inconscient me rappela très vite à l’ordre et m’incita à demander à ma grand-mère une explication. Ce qu’elle m’accorda avec soulagement.


— Nous sommes une vieille famille de Montpellier, me dit-il. Mon grand-père avait épousé une non juive, tout comme mon père, d’ailleurs. Ni l’un ni l’autre, totalement laïcs, n’ont jamais mis les pieds dans une synagogue. Pour les Juifs, ils n’étaient pas juifs, mais pour les nazis et les pétainistes, ils l’étaient. Par miracle, aucun membre de la famille ne fut inquiété pendant la guerre. Certes, tous durent porter l’étoile jaune, mais ils ne furent pas expropriés de leur maison, ils purent continuer à avoir une activité professionnelle, et aucun ne fut déporté.


En 1945, l’histoire ne repassant jamais les plats, mon père pensa que, comme, de toute façon, il n’éprouvait strictement aucun lien avec la judéité, il valait mieux donner à sa famille, dont la présence était attestée dans la région depuis au moins sept cents ans, un nom bien français. Comme la France avait beaucoup à se faire pardonner à cette époque, le changement de nom fut une formalité. Les classiques Vaubourdolle m’ont donc donné la vie en m’apprenant que j’étais juif, et me l’ont repris par un coup de gomme de mon père.


Comme je lui demandai s’il s’était douté du secret, il me répondit que, avant la découverte du grenier, il avait toujours ressenti qu’il y avait trop de bonheur sous le toit parental, que tout semblait trop lisse, trop joyeux. Sauf quand son père avait refusé qu’il prenne allemand en seconde langue. Il en voulut pendant longtemps à ses parents de lui avoir caché la vérité. « C’est un peu comme s’ils m’avaient coupé une main, me dit-il, la main avec laquelle je tiens les livres que je lis tous les jours… »

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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 07:29

http://www.mairie-chorges.fr/IMG/jpg/restauscol1_x275_.jpgLa scène se passe dans une école primaire de Toulouse. Ou d’ailleurs.

 

La responsable de la cantine entre dans une classe, donne à l’institutrice une liste de noms d’élèves et s’éclipse.

 

Ni une, ni deux, la maîtresse déclare à haute voix : « Voici la liste des enfants dont les parents n’ont pas payé la cantine ce mois. »

 

Deux enfants dont les parents ne sont pas, généralement, des payeurs retardataires, rentrent traumatisés chez eux.

 

Cette petite scène de la vie de tous les jours pose plusieurs problèmes. Les enfants ne sauraient être mêlés aux embarras d’argent de leurs parents, quels que soient ces embarras. Les enseignants, qui ne sont pas des agents de recouvrement, ne doivent pas non plus être impliqués dans un domaine purement administratif. Ni les enfants, ni les parents, ni les enseignants n’ont à connaître l’identité de payeurs retardataires.

 

Personne ne sait ce qui se passe dans la tête d’un enfant. Personne n’a accès à son vécu. Un enfant peut souffrir d’une stigmatisation qui risque de déterminer à vie un rapport maladif, malsain ou névrosé à l’argent. En outre, un parent dont le nom a été lâché à la cantonade peut, par-delà son erreur, sa faute ou sa négligence, se sentir ostracisé par rapport au groupe scolaire auquel il appartient.

 

Dans la France de l’homme du Fouquet’s, il y a pire. Les médias se sont fait l’écho ces derniers mois d’écoles où l’on collait des étiquettes bleues sous les noms des enfants dont les parents réglaient les frais de cantine rubis sur l’ongle, et des étiquettes rouges pour les enfants de parents mauvais payeurs. On a même vu des municipalités interdire de cantine des enfants dont les parents n’avaient pas payé leur écot depuis deux ou trois mois.

 

Lorsque j’étais jeune adolescent au début des années soixante, l’économe d’un lycée que je fréquentais avait pour habitude de débouler dans les classes une fois par trimestre pour annoncer nominativement aux enfants titulaires d’une bourse qu’ils pouvaient aller chercher leur chèque à l’intendance. Cela évitait tout simplement à l’établissement l’envoi d’un courrier timbré. Certains gosses trouvaient insupportables d’être ainsi montrés du doigt. D’autres, au contraire, étaient fiers de percevoir une sorte de salaire.

 

J’ai raconté ailleurs comment j’ai compris concrètement ce qu’était le thatchérisme le jour où j’ai accompagné des amis anglais et leurs enfants lors de la rentrée des classes de l’école publique communale. Il était demandé aux parents de payer, en liquide ou en chèque, les frais de cantine. Mais il leur était également suggéré, au vu et au su de tous les autres, de contribuer à toutes sortes de frais annexes : excursions diverses, club photo, achat de matériels pédagogiques divers. Et, surprise, une provision pour un supplément de mazout en cas d’hiver rigoureux ! Comme il s’agissait d’un village résidentiel suburbain, les parents n’avaient guère de problèmes matériels. Mais cette ostentation d’argent étalonnait les enfants par rapport à ceux d’autres écoles, par rapport à leurs camarades de la même école (les parents ne contribuaient pas tous de la même manière, ne brandissaient pas tous les mêmes liasses de billets), tout en suscitant ou renforçant des conduites purement individualistes. L’école publique (ne parlons pas du privé) était instituée comme un lieu de marché et d’échanges capitalistes.

 

Cet épisode de la vie dans le Yorkshire au début des années 80 n’a que peu à voir avec le psychodrame toulousain. Mais tout de même.

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 15:26

http://www.tourte.org/wp-content/uploads/2011/11/pin-up-chu-liege-radio-01.jpgDans la nuit de dimanche dernier, Nicole se réveille brusquement, tombe de son lit et s’évanouit. Elle reprend connaissance après quelques minutes. Son mari l’emmène comme il peut au CHU.


Le mari de Nicole va se garer à 500 mètres de là. Nous sommes à Toulouse, les places de parking sont rares, en particulier autour de l’hôpital en question. Nicole se présente seule à l’accueil, dans un état second. Première question posée par la personne de l’accueil : « Avez-vous votre carte vitale ? » Nicole ne comprend pas ce qu’on lui demande. La question est répétée. Durement.

Après quelques minutes, le mari de Nicole revient du parking. C’est lui qui va guider sa femme chancelante jusqu’au service de neurologie. Là, une aide-soignante fait se déshabiller la malade et lui demande d’enfiler la blouse bien connue des hôpitaux français, celle qui laisse apparaître les fesses et déshumanise les patients (les clients ?) comme il faut.

Pendant cinq heures, Nicole ne va subir aucun examen. À l’intérieur de ces cinq heures, il s’écoulera une heure trente durant laquelle elle sera sans aucune surveillance. Dans le civil, elle est infirmière, mais elle n’en dit rien au personnel hospitalier (à mon avis, elle aurait dû). Elle pense qu’elle a peut-être fait un petit AVC.

Il est cinq heures du matin. Nicole doit passer un scanner*. L’hôpital dispose d’un appareil dernier cri. Le problème est qu’à ce moment précis il n’y a pas un seul membre du personnel médical de ce très grand établissement qui soit habilité à le faire fonctionner. À 9 heures, un spécialiste de l’engin arrive. On confirme à Nicole que, tout affaire cessante, « on va s’occuper d’elle ». Elle passera au scanner après une vingtaine de malades dont les cas auront été considérés comme plus urgents que le sien. Entre temps, elle aura été à deux doigts de signer une décharge, de quitter cet hôpital public pour se rendre dans une clinique privée (appartenant, comme la plupart d’entre elles à Toulouse, à un fond de pension suédois).

J’ai vu Nicole hier. Apparemment (ni elle ni moi ne sommes médecins), son cas n’est pas trop grave.

Ainsi va la vie dans la France de l’homme du Fouquet’s.

 

*Pour Bayrou : le scanner de ce CHU n'est pas français. Dur, dur d'exister en politique quand on souscrit aux valeurs du capitalisme financier...

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 07:00

J’ai résidé plusieurs années à Tours, une ville que j’ai beaucoup aimée et où je viens de passer deux jours. Mes pas m’ont porté vers la rue d’Entraigues, la rue la plus longue de la ville. Je l’ai descendue du début jusqu’à la fin, située près de l’hôtel de ville.


En marchant, le néotoulousain que je suis désormais éprouva soudain un malaise. Je me dis qu’il manquait quelque chose dans cette artère. Mais quoi ? Il me fallut plusieurs centaines de mètres pour comprendre la nature du vide qui m’étreignait. Cette artère ne comportait aucun ralentisseur, aucun « gendarme couché ». Comment était-ce possible, me demandai-je ? À Toulouse, une rue de deux kilomètres compte 10 à 15 de ces obstacles qui vous bousillent les amortisseurs de voitures et les fourches de vélo. Le néotoulousain fut chagriné par une telle absence de civilisation.

Conduire rue d’Antraigues à Tours nécessite prudence et circonspection. En effet, la ville ayant été très durement bombardée pendant le Deuxième Guerre mondiale, sa reconstruction, en grande partie sous l’égide du maire Père-la-Pudeur Royer, obéit à une stricte géométrie. En son centre, chaque rue est coupée à angle droit à maintes reprises. Il faut donc respecter, tantôt des stop, tantôt des priorités à droite. Une conduite, c’est le cas de le dire, responsable, s’impose. On observe qu’il n’y a pas plus d’accidents rue d’Entraigues à Tours que sur les Champs-Élysées à Paris, qui manquent également de « gendarmes couchés ».

Bref, à l’inverse de la municipalité socialiste de Toulouse, la municipalité socialiste de Tours ne mène pas une politique d’agression inutile, coûteuse et perverse contre les automobilistes et les cyclistes. En bord de Loire, 200000 Tourangeaux circulent sans un seul ralentisseur. Autre différence avec les Toulousains : ils vivent dans une ville propre.

 

IMG 8165 - copie

* En photo, une rue du Vieux Tours, sauvée par Malraux. Royer voulait en effet raser cette partie du centre historique !

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 07:16

http://diaporama.ladepeche.com/images/20070508235957_fenoyl_mirail.jpgÀ Toulouse et ailleurs.

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2002, la droite et les médias complaisants (99% d’entre eux) exploitèrent sans vergogne des faits-divers ayant trait à l’insécurité. Chaque jour apportait son content de petites vieilles détroussées, de petits vieux agressés sauvagement. Comme il était conseillé par le publiciste Séguéla qui devait sa raison d’être et sa fortune aux médias, Jospin n’osa pas rentrer dans le chou de ces derniers en dénonçant leur propagande démagogique. Les choses ne se sont pas arrangées depuis, bien au contraire : la France de Sarkozy est un pays où une jeune femme ne peut pas promener son chien sans appréhensions et où des malfrats volent trois paquets de nouilles, armés d’une Klachnikov (au marché noir, cette arme se vend moins de 1000 euros, le prix d'un beau costume). Une des raisons de l’augmentation globale de presque toutes les catégories de délits sous Sarkozy est la baisse des effectifs. Il semble que les policiers et les gendarmes qui ont massivement voté Sarkozy en 2007 aient été déçus par leur ancien patron de la Place Beauvau. Grand bien leur fasse, too late !*

Il y a délinquance parce qu’il y a misère, et non l’inverse. La guerre de la drogue au Mexique a fait 30000 morts en quarante ans. Le narcotraffic n’est rien d’autre qu’une forme exacerbée de la lutte des classes. En bons aboyeurs du kleiner Mann et de Guéant, les députés UMP peuvent réclamer la création de tribunaux pour enfants de 12 ans, de 8 ans ou de 5 ans, rien n’y fera. Lorsque Guéant était enfant, il pouvait, lui le descendant d’ouvriers, de mineurs, d’instituteurs, se promener en toute sécurité – comme je le faisais – dans les bois jouxtant sa bonne ville de Vimy, dans le Pas-de-Calais. Sa mère pouvait aller faire quelques courses sans fermer sa maison à clé. Elle ne risquait pas, en revenant, de tomber nez à nez sur des desperados armés de mitrailleuse venus lui voler un pot de moutarde ou 500 grammes de saindoux.

Le curseur, le paradigme se sont méchamment déplacés. Désormais, on meurt héroïnomane dans des villages qui n’ont plus rien à voir avec le monde rural car ils ne sont plus que des extensions sans âme, sans culture, des villes avoisinantes. À ce sujet, en janvier 2010, j’avais publié dans mon blog censuré par nouvelobs.com, et sur le site du Grand Soir, ce texte d’une visite d’un cimetière de Picardie :

 Je me suis récemment rendu au cimetière de M., en Picardie. Des membres collatéraux de ma famille y sont enterrés depuis cinq générations. Je souhaitais, tout particulièrement, me recueillir sur la tombe d’un de mes cousins mort d’une leucémie à 14 ans, au début des années soixante. Son calvaire avait duré deux ans. Vers la fin, il ingurgitait 90 cachets par jour. En vain, puisque cette maladie était incurable.

À l’époque, à l’exception d’une petite poignée de jeunes morts au champ d’honneur durant les deux Guerres mondiales, ce cousin était le seul adolescent enterré dans le cimetière de M. Mais dans ces allées où je n’avais pas déambulé depuis des lustres, je dénombrai pas moins d’une douzaine de caveaux contenant les restes de jeunes gens âgés de 16 à 35 ans. Une douzaine sur 300 environ.

Je demandai à une parente, résidant dans le village, quelles étaient les causes de ces décès précoces. Sa réponse me désarçonna quelque peu : trois accidents de voiture (dont un de mes petits-cousins de 20 ans), cinq victimes d’alcoolisme et de drogue (héroïne, entre autres), deux femmes et un homme qui s’étaient suicidés après des années de mal-être personnel couplé à de longues périodes de chômage.
Comme beaucoup de villages de Picardie, M. est situé à proximité d’une ville d’importance, et l’on n’y compte pratiquement plus aucune activité agricole. Les adolescents, les jeunes gens vivent dans la ruralité, mais pas de la ruralité. À la ville toute proche, ils se rendent uniquement les vendredi et samedi soir pour boire, glander, danser, draguer. Ils ne sont donc ni ruraux ni urbains.

Faut-il donc que ces populations soient déstructurées, par l’absence de travail au premier chef, mais aussi par un manque de repères, de vrais rapports sociaux, et de ce que Lucien Sève appelle « une conquête d’autonomie par rapport au monde comme à eux-mêmes » ?

En 1957, un commis agricole du village, âgé d’une vingtaine d’années, brave garçon, travailleur sérieux, “ emprunta ” une mobylette. Il fut condamné à deux mois de prison ferme. Ce fait-divers causa un émoi collectif comme le village n’en avait pas connu depuis la Libération.

Aujourd’hui, à M., on se pique à l’héroïne et on meurt. Dans l’indifférence la plus totale.

 

Revenons à Toulouse. J’ai été récemment invité à assister à la soutenance d’une thèse à l’Université de Toulouse 2. Cette institution se trouve dans le quartier du Mirail, un espace urbain sans charme où règne une pauvreté sans espoir dans le contexte politico-économique qui est le nôtre. À cette soutenance, avaient été conviés des gens comme moi, relativement âgés. Comme cette épreuve devait se terminer vers 18 heures, plusieurs personnes m’ont demandé de les véhiculer du centre ville, où elles avaient laissé leur voiture, jusqu’au quartier du Mirail. Puis de les ramener à leur véhicule. Elles redoutaient de prendre le métro à cette heure du jour. Je puis assurer (j’habite à deux pas) que cette peur n’était pas fondée. Mais comme ânonnait Jospin en 2002, ce n’est pas l’insécurité mais le sentiment d’insécurité  qui a augmenté.

Il y a trente ans, on dénommait les zones sensibles « banlieues ». Parce qu’elles étaient effectivement situées en banlieue. Aujourd’hui, on dit « quartiers » parce que, comme celui du Mirail, elles sont situées à la périphérie des villes, mais intra muros. Je ne sais si nous connaîtrons, à court ou à moyen terme, la configuration anglaise ou étatsunienne, avec la misère dans le centre des villes et la bourgeoisie à la périphérie.

À tort ou à raison, les sexa, septua et octogénaires n’ont pas fini de trembler. Ainsi va la vie dans la France du CAC 40 et de l'homme du Fouquet's.


 

http://www.ladepeche.fr/content/photo/biz/2007/11/29/Mirail_zoom.jpg

 

 

* La Fondation terra Nova dénonçait tout récemment la politique du chiffre chère au kleiner Mann :

 

- Les policiers et gendarmes sont aujourd'hui davantage préoccupés par le fait de donner de bonnes statistiques au ministre que par le fait de résoudre une enquête, et ils sont les premiers à le déplorer. Il est évidemment plus rentable de dire que 10 personnes ont été interpellées pour consommation de cannabis, ce qui équivaut à 10 faits élucidés, que de mener une enquête sur du long terme sur le trafic de stupéfiants, qui demande beaucoup de temps et d'investissement. En 2010, environ 140.000 personnes ont été interpellées pour des faits d'usage de produits stupéfiants, pour 6.000 affaires de trafic résolues.

La politique du chiffre n'est pas non plus sans incidence sur le système judiciaire.

- Une pression similaire est exercée sur les procureurs qui doivent pouvoir présenter de jolies statistiques. On parle en terme de "taux de réponse pénale" et on leur dit qu'ils ne doivent plus classer sans suite. Résultat, le taux de classement sans suite, qui avoisinait les 30% il y a une dizaine d'années, tourne aujourd'hui autour de 10%. Pourquoi ? Car on a habillé les décisions de classement sans suite en "rappels à la loi" ou en indemnisations de victimes à la demande du procureur. Une seule croix cochée différemment, et les chiffres changent.

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 12:26

 

http://3.bp.blogspot.com/_kvN07aY6CKQ/TCkPf5jgtkI/AAAAAAAAAbw/2VqJz0zNLz0/s1600/déprime.jpgJe souhaite dire quelques mots du traitement, par les médias (en particulier France 2, France 3 et France Inter) du drame survenu au  Chambon-sur-Lignon – le viol puis le meurtre (suivi de crémation) de la  jeune Agnès par un de ses camarades de lycée.

 

Comme souvent, mes remarques sont une critique du journal "en creux", c'est-à-dire de ce qui a été tu, passé sous silence, ignoré ou négligé.

 

1. Première remarque : les journalistes se sont largement épanchés sur  la douleur des parents, des condisciples de la victime, mais aucun n'a  eu un mot pour la douleur, la honte, la déréliction des parents et  proches du présumé coupable. Or, avoir un proche criminel est aussi une  grande douleur que d'avoir un proche victime, douleur psychologique,  certes (comme celle des proches de la victime) mais aussi douleur  morale, parce que personne ne se précipite pour vous soutenir, personne  (à part quelques intimes) ne vous manifeste sa compassion.

 

Cette situation, pour les parents, est aussi injuste que celle qui  frappe les parents de la victime, d'autant plus, en l'occurrence, qu'il n'y a pas de "déterminisme social" (les parents du meurtrier présumé ne  viennent pas de la "banlieue", ils ne sont pas immigrés, ils ont même  des revenus très corrects, pour payer les importants frais de scolarité du collège cévenol). Ce coup du sort est du même ordre que celui qui les  atteindrait si leur fils avait été atteint d'une maladie génétique, d'un  dérangement de son organisme – et, à bien des égards, ces pulsions de  viol et de meurtre ne sont-elles pas, aussi, un dérangement de cette  partie de l'organisme qu'est l'esprit ?

 

2. Deuxième remarque : les journalistes considèrent comme "anormal"  qu'un individu – et, à plus forte raison, un jeune – commette de tels  forfaits. Or, ce qui devrait être intégré, c'est que de telles horreurs, loin d'être anormales, sont, dans une société, "normales", entendu au sens d'inévitables. Il est statistiquement normal que, sur 65 millions  de Français, des individus sortent de la norme, soit en "bien"  (capacités physiques ou intellectuelles exceptionnelles), soit en mal.

On pourrait même estimer que, comme les accidents de la circulation, il  est étonnant qu'il n'y en ait pas plus ! Chaque groupe social comporte  nécessairement son lot de désaxés, névrosés, etc. et il est même heureu  qu'il en soit ainsi et qu'on n'aboutisse jamais à une société  "normative" qui, à coup de pilules, de vaccins, ou de modifications génétiques, remettrait ses membres dans une hypothétique "norme". Une telle société atteindrait le fond – si tant est qu'il y en ait – du totalitarisme...

 

3. Troisième remarque : la perspective de cet horrible fait divers  change lorsqu'on le considère non dans son aboutissement (un meurtre)  mais dans son origine (une désocialisation, une perte des repères). Or,  cette désocialisation, cette perte de repères peuvent aussi bien prendre

les modalités, chez une jeune fille, d'une boulimie ou d'une anorexie,  ou chez un jeune homme, de conduites à risque – prise d'alcool, vitesse  excessive, recherche de dangers – qui aboutissent exactement au même  résultat, soit pour l'individu, soit pour les tiers. Souvent, dans la  nuit des samedis aux dimanches, de jeunes conducteurs précipitent leur  voiture de plein fouet contre un arbre, contre un mur ou contre un autre  véhicule, en tuant trois, quatre ou cinq personnes. La plupart du temps, cela ne fait l'objet que d'une brève, qui ne dure guère plus que  quelques secondes - et qui ne passe qu'une fois. Or, quelle est la  différence, pour les parents, par rapport à ce qui est survenu au  collège cévenol ?

 

4. Quatrième remarque : parmi les causes qui aboutissent à mourir avant  la majorité, le meurtre est l'une des plus rares. L'énorme majorité de   jeunes qui meurent avant 20 ans périt d'accidents de la circulation,  d'accidents domestiques, de noyades, de chutes d'arbres, de murs,  d'immeubles, etc. Le premier souci des parents devrait être de protéger  leurs enfants contre tous les dangers - et pas seulement contre celui de  meurtre. Dans la focalisation sur ce type de danger, il y a la même  irrationalité que dans la phobie des requins alors que les attaques de  ces derniers, par an, ne concernent pas plus qu'une dizaine de cas – infiniment moins que les seules piqûres de guêpes, abeilles ou frelons,  ou que les morsures des "braves toutous" de la maison...

 

On peut même se demander, parfois, si la société, plutôt que de chercher  à prévenir un acte (viol, crime) ou un fait (mort violente) ne cherche  pas davantage à punir un acteur (violeur, criminel) dont elle nourrit  une idée préconçue : noir, arabe, immigré, chômeur, déviant (trop  volubile, trop taciturne, trop bruyant...). Tout se passe comme si la  volonté de punir préexistait à la raison censée l'avoir suscitée.

 

Philippe Arnaud, Tours.

 

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 07:16

http://perlbal.hi-pi.com/blog-images/65003/gd/129396463536/Prime-a-la-casse-l-huissier-de-Justice-menaces-de-saisie-etc.jpgSur un exploit d’huissier

 

L’histoire se passe au début des années soixante-dix. Un de mes amis était un jeune huissier qui avait une particularité rarissime dans la profession : il était membre du parti communiste. On assume ses contradictions comme on peut. Il lui arrivait, par exemple, de donner discrètement un billet de 100 francs à des personnes dont ils saisissaient le poste de télé ou le canapé.


Par un jour torride d’août, il frappe à ma porte, hagard, au bord de l’évanouissement. Il m’explique en bafouillant qu’il s’est arrêté en campagne pour satisfaire à un besoin pressant, que quelqu’un lui a tapé sur la tête et lui a pris son portefeuille avant de s’enfuir. Il a pu reprendre la route péniblement et rouler jusque chez moi.


Je lui donne un grand verre d’eau, lui propose un alcool fort qu’il décline. Comme sa peau passe alternativement du vert au blanc et qu’il est incapable d’articuler une phrase cohérente, je lui propose de le ramener chez lui ou de le conduire à l’hôpital. Il me répond qu’il préfère se reposer chez moi un petit moment. Il s’assied dans un fauteuil et s’endort profondément.


Pendant qu’il dort, et parce que j’ai vraiment beaucoup de mal à reconstituer ce qui lui est arrivé, je vérifie dans la poche de sa veste que son portefeuille lui a bien été subtilisé. Surprise ! Le portefeuille est là, avec argent et papiers.


Deux heures plus tard, mon ami sort de son sommeil lourd. Il a retrouvé quelques couleurs. Il me dit qu’il va bien mieux, me remercie et s’en va.


Le lendemain, il sonne de nouveau à ma porte. Il se souvient de ce qu’il s’est réellement passé. Il avait été requis, avec un commissaire de police et un serrurier, pour pénétrer chez un vieil homme qui n’avait pas donné signe de vie depuis plus de deux mois. L’artisan fit sauter la serrure, mais il fallut pousser fortement la porte pour entrer dans le couloir de la maison. Ce qui faisait obstacle n’était autre que le vieil homme, pendu depuis deux mois, avec son chat étranglé entre ses jambes. Même pour un huissier communiste qui en avait vu d’autres, le spectacle était horrible, l’odeur indescriptible. Les deux cadavres étaient en état de décomposition avancée, bouffés par des vers. Des rats circulaient partout dans la maison. Le commissaire de police vomit tripes et boyaux, le serrurier s’évanouit et mon ami courut se réfugier dans sa voiture et prit immédiatement la route. Son organisme réagit donc à contretemps : il s’évanouit quelques kilomètres plus loin en ayant eu la chance de pouvoir faire entrer sa voiture dans un champ.


Par ce que je qualifierai, faute de mieux, d’abréaction imparfaite, il s’était – et m’avait – fourni une explication complètement décalée du choc qu’il avait subi.


Je ne dirai pas comment ni pourquoi, mais il ne s’est jamais remis de cette expérience.

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