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10 décembre 2011 6 10 /12 /décembre /2011 07:29

http://www.mairie-chorges.fr/IMG/jpg/restauscol1_x275_.jpgLa scène se passe dans une école primaire de Toulouse. Ou d’ailleurs.

 

La responsable de la cantine entre dans une classe, donne à l’institutrice une liste de noms d’élèves et s’éclipse.

 

Ni une, ni deux, la maîtresse déclare à haute voix : « Voici la liste des enfants dont les parents n’ont pas payé la cantine ce mois. »

 

Deux enfants dont les parents ne sont pas, généralement, des payeurs retardataires, rentrent traumatisés chez eux.

 

Cette petite scène de la vie de tous les jours pose plusieurs problèmes. Les enfants ne sauraient être mêlés aux embarras d’argent de leurs parents, quels que soient ces embarras. Les enseignants, qui ne sont pas des agents de recouvrement, ne doivent pas non plus être impliqués dans un domaine purement administratif. Ni les enfants, ni les parents, ni les enseignants n’ont à connaître l’identité de payeurs retardataires.

 

Personne ne sait ce qui se passe dans la tête d’un enfant. Personne n’a accès à son vécu. Un enfant peut souffrir d’une stigmatisation qui risque de déterminer à vie un rapport maladif, malsain ou névrosé à l’argent. En outre, un parent dont le nom a été lâché à la cantonade peut, par-delà son erreur, sa faute ou sa négligence, se sentir ostracisé par rapport au groupe scolaire auquel il appartient.

 

Dans la France de l’homme du Fouquet’s, il y a pire. Les médias se sont fait l’écho ces derniers mois d’écoles où l’on collait des étiquettes bleues sous les noms des enfants dont les parents réglaient les frais de cantine rubis sur l’ongle, et des étiquettes rouges pour les enfants de parents mauvais payeurs. On a même vu des municipalités interdire de cantine des enfants dont les parents n’avaient pas payé leur écot depuis deux ou trois mois.

 

Lorsque j’étais jeune adolescent au début des années soixante, l’économe d’un lycée que je fréquentais avait pour habitude de débouler dans les classes une fois par trimestre pour annoncer nominativement aux enfants titulaires d’une bourse qu’ils pouvaient aller chercher leur chèque à l’intendance. Cela évitait tout simplement à l’établissement l’envoi d’un courrier timbré. Certains gosses trouvaient insupportables d’être ainsi montrés du doigt. D’autres, au contraire, étaient fiers de percevoir une sorte de salaire.

 

J’ai raconté ailleurs comment j’ai compris concrètement ce qu’était le thatchérisme le jour où j’ai accompagné des amis anglais et leurs enfants lors de la rentrée des classes de l’école publique communale. Il était demandé aux parents de payer, en liquide ou en chèque, les frais de cantine. Mais il leur était également suggéré, au vu et au su de tous les autres, de contribuer à toutes sortes de frais annexes : excursions diverses, club photo, achat de matériels pédagogiques divers. Et, surprise, une provision pour un supplément de mazout en cas d’hiver rigoureux ! Comme il s’agissait d’un village résidentiel suburbain, les parents n’avaient guère de problèmes matériels. Mais cette ostentation d’argent étalonnait les enfants par rapport à ceux d’autres écoles, par rapport à leurs camarades de la même école (les parents ne contribuaient pas tous de la même manière, ne brandissaient pas tous les mêmes liasses de billets), tout en suscitant ou renforçant des conduites purement individualistes. L’école publique (ne parlons pas du privé) était instituée comme un lieu de marché et d’échanges capitalistes.

 

Cet épisode de la vie dans le Yorkshire au début des années 80 n’a que peu à voir avec le psychodrame toulousain. Mais tout de même.

 

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 15:26

http://www.tourte.org/wp-content/uploads/2011/11/pin-up-chu-liege-radio-01.jpgDans la nuit de dimanche dernier, Nicole se réveille brusquement, tombe de son lit et s’évanouit. Elle reprend connaissance après quelques minutes. Son mari l’emmène comme il peut au CHU.


Le mari de Nicole va se garer à 500 mètres de là. Nous sommes à Toulouse, les places de parking sont rares, en particulier autour de l’hôpital en question. Nicole se présente seule à l’accueil, dans un état second. Première question posée par la personne de l’accueil : « Avez-vous votre carte vitale ? » Nicole ne comprend pas ce qu’on lui demande. La question est répétée. Durement.

Après quelques minutes, le mari de Nicole revient du parking. C’est lui qui va guider sa femme chancelante jusqu’au service de neurologie. Là, une aide-soignante fait se déshabiller la malade et lui demande d’enfiler la blouse bien connue des hôpitaux français, celle qui laisse apparaître les fesses et déshumanise les patients (les clients ?) comme il faut.

Pendant cinq heures, Nicole ne va subir aucun examen. À l’intérieur de ces cinq heures, il s’écoulera une heure trente durant laquelle elle sera sans aucune surveillance. Dans le civil, elle est infirmière, mais elle n’en dit rien au personnel hospitalier (à mon avis, elle aurait dû). Elle pense qu’elle a peut-être fait un petit AVC.

Il est cinq heures du matin. Nicole doit passer un scanner*. L’hôpital dispose d’un appareil dernier cri. Le problème est qu’à ce moment précis il n’y a pas un seul membre du personnel médical de ce très grand établissement qui soit habilité à le faire fonctionner. À 9 heures, un spécialiste de l’engin arrive. On confirme à Nicole que, tout affaire cessante, « on va s’occuper d’elle ». Elle passera au scanner après une vingtaine de malades dont les cas auront été considérés comme plus urgents que le sien. Entre temps, elle aura été à deux doigts de signer une décharge, de quitter cet hôpital public pour se rendre dans une clinique privée (appartenant, comme la plupart d’entre elles à Toulouse, à un fond de pension suédois).

J’ai vu Nicole hier. Apparemment (ni elle ni moi ne sommes médecins), son cas n’est pas trop grave.

Ainsi va la vie dans la France de l’homme du Fouquet’s.

 

*Pour Bayrou : le scanner de ce CHU n'est pas français. Dur, dur d'exister en politique quand on souscrit aux valeurs du capitalisme financier...

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 07:00

J’ai résidé plusieurs années à Tours, une ville que j’ai beaucoup aimée et où je viens de passer deux jours. Mes pas m’ont porté vers la rue d’Entraigues, la rue la plus longue de la ville. Je l’ai descendue du début jusqu’à la fin, située près de l’hôtel de ville.


En marchant, le néotoulousain que je suis désormais éprouva soudain un malaise. Je me dis qu’il manquait quelque chose dans cette artère. Mais quoi ? Il me fallut plusieurs centaines de mètres pour comprendre la nature du vide qui m’étreignait. Cette artère ne comportait aucun ralentisseur, aucun « gendarme couché ». Comment était-ce possible, me demandai-je ? À Toulouse, une rue de deux kilomètres compte 10 à 15 de ces obstacles qui vous bousillent les amortisseurs de voitures et les fourches de vélo. Le néotoulousain fut chagriné par une telle absence de civilisation.

Conduire rue d’Antraigues à Tours nécessite prudence et circonspection. En effet, la ville ayant été très durement bombardée pendant le Deuxième Guerre mondiale, sa reconstruction, en grande partie sous l’égide du maire Père-la-Pudeur Royer, obéit à une stricte géométrie. En son centre, chaque rue est coupée à angle droit à maintes reprises. Il faut donc respecter, tantôt des stop, tantôt des priorités à droite. Une conduite, c’est le cas de le dire, responsable, s’impose. On observe qu’il n’y a pas plus d’accidents rue d’Entraigues à Tours que sur les Champs-Élysées à Paris, qui manquent également de « gendarmes couchés ».

Bref, à l’inverse de la municipalité socialiste de Toulouse, la municipalité socialiste de Tours ne mène pas une politique d’agression inutile, coûteuse et perverse contre les automobilistes et les cyclistes. En bord de Loire, 200000 Tourangeaux circulent sans un seul ralentisseur. Autre différence avec les Toulousains : ils vivent dans une ville propre.

 

IMG 8165 - copie

* En photo, une rue du Vieux Tours, sauvée par Malraux. Royer voulait en effet raser cette partie du centre historique !

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 07:16

http://diaporama.ladepeche.com/images/20070508235957_fenoyl_mirail.jpgÀ Toulouse et ailleurs.

Lors de la campagne pour l’élection présidentielle de 2002, la droite et les médias complaisants (99% d’entre eux) exploitèrent sans vergogne des faits-divers ayant trait à l’insécurité. Chaque jour apportait son content de petites vieilles détroussées, de petits vieux agressés sauvagement. Comme il était conseillé par le publiciste Séguéla qui devait sa raison d’être et sa fortune aux médias, Jospin n’osa pas rentrer dans le chou de ces derniers en dénonçant leur propagande démagogique. Les choses ne se sont pas arrangées depuis, bien au contraire : la France de Sarkozy est un pays où une jeune femme ne peut pas promener son chien sans appréhensions et où des malfrats volent trois paquets de nouilles, armés d’une Klachnikov (au marché noir, cette arme se vend moins de 1000 euros, le prix d'un beau costume). Une des raisons de l’augmentation globale de presque toutes les catégories de délits sous Sarkozy est la baisse des effectifs. Il semble que les policiers et les gendarmes qui ont massivement voté Sarkozy en 2007 aient été déçus par leur ancien patron de la Place Beauvau. Grand bien leur fasse, too late !*

Il y a délinquance parce qu’il y a misère, et non l’inverse. La guerre de la drogue au Mexique a fait 30000 morts en quarante ans. Le narcotraffic n’est rien d’autre qu’une forme exacerbée de la lutte des classes. En bons aboyeurs du kleiner Mann et de Guéant, les députés UMP peuvent réclamer la création de tribunaux pour enfants de 12 ans, de 8 ans ou de 5 ans, rien n’y fera. Lorsque Guéant était enfant, il pouvait, lui le descendant d’ouvriers, de mineurs, d’instituteurs, se promener en toute sécurité – comme je le faisais – dans les bois jouxtant sa bonne ville de Vimy, dans le Pas-de-Calais. Sa mère pouvait aller faire quelques courses sans fermer sa maison à clé. Elle ne risquait pas, en revenant, de tomber nez à nez sur des desperados armés de mitrailleuse venus lui voler un pot de moutarde ou 500 grammes de saindoux.

Le curseur, le paradigme se sont méchamment déplacés. Désormais, on meurt héroïnomane dans des villages qui n’ont plus rien à voir avec le monde rural car ils ne sont plus que des extensions sans âme, sans culture, des villes avoisinantes. À ce sujet, en janvier 2010, j’avais publié dans mon blog censuré par nouvelobs.com, et sur le site du Grand Soir, ce texte d’une visite d’un cimetière de Picardie :

 Je me suis récemment rendu au cimetière de M., en Picardie. Des membres collatéraux de ma famille y sont enterrés depuis cinq générations. Je souhaitais, tout particulièrement, me recueillir sur la tombe d’un de mes cousins mort d’une leucémie à 14 ans, au début des années soixante. Son calvaire avait duré deux ans. Vers la fin, il ingurgitait 90 cachets par jour. En vain, puisque cette maladie était incurable.

À l’époque, à l’exception d’une petite poignée de jeunes morts au champ d’honneur durant les deux Guerres mondiales, ce cousin était le seul adolescent enterré dans le cimetière de M. Mais dans ces allées où je n’avais pas déambulé depuis des lustres, je dénombrai pas moins d’une douzaine de caveaux contenant les restes de jeunes gens âgés de 16 à 35 ans. Une douzaine sur 300 environ.

Je demandai à une parente, résidant dans le village, quelles étaient les causes de ces décès précoces. Sa réponse me désarçonna quelque peu : trois accidents de voiture (dont un de mes petits-cousins de 20 ans), cinq victimes d’alcoolisme et de drogue (héroïne, entre autres), deux femmes et un homme qui s’étaient suicidés après des années de mal-être personnel couplé à de longues périodes de chômage.
Comme beaucoup de villages de Picardie, M. est situé à proximité d’une ville d’importance, et l’on n’y compte pratiquement plus aucune activité agricole. Les adolescents, les jeunes gens vivent dans la ruralité, mais pas de la ruralité. À la ville toute proche, ils se rendent uniquement les vendredi et samedi soir pour boire, glander, danser, draguer. Ils ne sont donc ni ruraux ni urbains.

Faut-il donc que ces populations soient déstructurées, par l’absence de travail au premier chef, mais aussi par un manque de repères, de vrais rapports sociaux, et de ce que Lucien Sève appelle « une conquête d’autonomie par rapport au monde comme à eux-mêmes » ?

En 1957, un commis agricole du village, âgé d’une vingtaine d’années, brave garçon, travailleur sérieux, “ emprunta ” une mobylette. Il fut condamné à deux mois de prison ferme. Ce fait-divers causa un émoi collectif comme le village n’en avait pas connu depuis la Libération.

Aujourd’hui, à M., on se pique à l’héroïne et on meurt. Dans l’indifférence la plus totale.

 

Revenons à Toulouse. J’ai été récemment invité à assister à la soutenance d’une thèse à l’Université de Toulouse 2. Cette institution se trouve dans le quartier du Mirail, un espace urbain sans charme où règne une pauvreté sans espoir dans le contexte politico-économique qui est le nôtre. À cette soutenance, avaient été conviés des gens comme moi, relativement âgés. Comme cette épreuve devait se terminer vers 18 heures, plusieurs personnes m’ont demandé de les véhiculer du centre ville, où elles avaient laissé leur voiture, jusqu’au quartier du Mirail. Puis de les ramener à leur véhicule. Elles redoutaient de prendre le métro à cette heure du jour. Je puis assurer (j’habite à deux pas) que cette peur n’était pas fondée. Mais comme ânonnait Jospin en 2002, ce n’est pas l’insécurité mais le sentiment d’insécurité  qui a augmenté.

Il y a trente ans, on dénommait les zones sensibles « banlieues ». Parce qu’elles étaient effectivement situées en banlieue. Aujourd’hui, on dit « quartiers » parce que, comme celui du Mirail, elles sont situées à la périphérie des villes, mais intra muros. Je ne sais si nous connaîtrons, à court ou à moyen terme, la configuration anglaise ou étatsunienne, avec la misère dans le centre des villes et la bourgeoisie à la périphérie.

À tort ou à raison, les sexa, septua et octogénaires n’ont pas fini de trembler. Ainsi va la vie dans la France du CAC 40 et de l'homme du Fouquet's.


 

http://www.ladepeche.fr/content/photo/biz/2007/11/29/Mirail_zoom.jpg

 

 

* La Fondation terra Nova dénonçait tout récemment la politique du chiffre chère au kleiner Mann :

 

- Les policiers et gendarmes sont aujourd'hui davantage préoccupés par le fait de donner de bonnes statistiques au ministre que par le fait de résoudre une enquête, et ils sont les premiers à le déplorer. Il est évidemment plus rentable de dire que 10 personnes ont été interpellées pour consommation de cannabis, ce qui équivaut à 10 faits élucidés, que de mener une enquête sur du long terme sur le trafic de stupéfiants, qui demande beaucoup de temps et d'investissement. En 2010, environ 140.000 personnes ont été interpellées pour des faits d'usage de produits stupéfiants, pour 6.000 affaires de trafic résolues.

La politique du chiffre n'est pas non plus sans incidence sur le système judiciaire.

- Une pression similaire est exercée sur les procureurs qui doivent pouvoir présenter de jolies statistiques. On parle en terme de "taux de réponse pénale" et on leur dit qu'ils ne doivent plus classer sans suite. Résultat, le taux de classement sans suite, qui avoisinait les 30% il y a une dizaine d'années, tourne aujourd'hui autour de 10%. Pourquoi ? Car on a habillé les décisions de classement sans suite en "rappels à la loi" ou en indemnisations de victimes à la demande du procureur. Une seule croix cochée différemment, et les chiffres changent.

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 12:26

 

http://3.bp.blogspot.com/_kvN07aY6CKQ/TCkPf5jgtkI/AAAAAAAAAbw/2VqJz0zNLz0/s1600/déprime.jpgJe souhaite dire quelques mots du traitement, par les médias (en particulier France 2, France 3 et France Inter) du drame survenu au  Chambon-sur-Lignon – le viol puis le meurtre (suivi de crémation) de la  jeune Agnès par un de ses camarades de lycée.

 

Comme souvent, mes remarques sont une critique du journal "en creux", c'est-à-dire de ce qui a été tu, passé sous silence, ignoré ou négligé.

 

1. Première remarque : les journalistes se sont largement épanchés sur  la douleur des parents, des condisciples de la victime, mais aucun n'a  eu un mot pour la douleur, la honte, la déréliction des parents et  proches du présumé coupable. Or, avoir un proche criminel est aussi une  grande douleur que d'avoir un proche victime, douleur psychologique,  certes (comme celle des proches de la victime) mais aussi douleur  morale, parce que personne ne se précipite pour vous soutenir, personne  (à part quelques intimes) ne vous manifeste sa compassion.

 

Cette situation, pour les parents, est aussi injuste que celle qui  frappe les parents de la victime, d'autant plus, en l'occurrence, qu'il n'y a pas de "déterminisme social" (les parents du meurtrier présumé ne  viennent pas de la "banlieue", ils ne sont pas immigrés, ils ont même  des revenus très corrects, pour payer les importants frais de scolarité du collège cévenol). Ce coup du sort est du même ordre que celui qui les  atteindrait si leur fils avait été atteint d'une maladie génétique, d'un  dérangement de son organisme – et, à bien des égards, ces pulsions de  viol et de meurtre ne sont-elles pas, aussi, un dérangement de cette  partie de l'organisme qu'est l'esprit ?

 

2. Deuxième remarque : les journalistes considèrent comme "anormal"  qu'un individu – et, à plus forte raison, un jeune – commette de tels  forfaits. Or, ce qui devrait être intégré, c'est que de telles horreurs, loin d'être anormales, sont, dans une société, "normales", entendu au sens d'inévitables. Il est statistiquement normal que, sur 65 millions  de Français, des individus sortent de la norme, soit en "bien"  (capacités physiques ou intellectuelles exceptionnelles), soit en mal.

On pourrait même estimer que, comme les accidents de la circulation, il  est étonnant qu'il n'y en ait pas plus ! Chaque groupe social comporte  nécessairement son lot de désaxés, névrosés, etc. et il est même heureu  qu'il en soit ainsi et qu'on n'aboutisse jamais à une société  "normative" qui, à coup de pilules, de vaccins, ou de modifications génétiques, remettrait ses membres dans une hypothétique "norme". Une telle société atteindrait le fond – si tant est qu'il y en ait – du totalitarisme...

 

3. Troisième remarque : la perspective de cet horrible fait divers  change lorsqu'on le considère non dans son aboutissement (un meurtre)  mais dans son origine (une désocialisation, une perte des repères). Or,  cette désocialisation, cette perte de repères peuvent aussi bien prendre

les modalités, chez une jeune fille, d'une boulimie ou d'une anorexie,  ou chez un jeune homme, de conduites à risque – prise d'alcool, vitesse  excessive, recherche de dangers – qui aboutissent exactement au même  résultat, soit pour l'individu, soit pour les tiers. Souvent, dans la  nuit des samedis aux dimanches, de jeunes conducteurs précipitent leur  voiture de plein fouet contre un arbre, contre un mur ou contre un autre  véhicule, en tuant trois, quatre ou cinq personnes. La plupart du temps, cela ne fait l'objet que d'une brève, qui ne dure guère plus que  quelques secondes - et qui ne passe qu'une fois. Or, quelle est la  différence, pour les parents, par rapport à ce qui est survenu au  collège cévenol ?

 

4. Quatrième remarque : parmi les causes qui aboutissent à mourir avant  la majorité, le meurtre est l'une des plus rares. L'énorme majorité de   jeunes qui meurent avant 20 ans périt d'accidents de la circulation,  d'accidents domestiques, de noyades, de chutes d'arbres, de murs,  d'immeubles, etc. Le premier souci des parents devrait être de protéger  leurs enfants contre tous les dangers - et pas seulement contre celui de  meurtre. Dans la focalisation sur ce type de danger, il y a la même  irrationalité que dans la phobie des requins alors que les attaques de  ces derniers, par an, ne concernent pas plus qu'une dizaine de cas – infiniment moins que les seules piqûres de guêpes, abeilles ou frelons,  ou que les morsures des "braves toutous" de la maison...

 

On peut même se demander, parfois, si la société, plutôt que de chercher  à prévenir un acte (viol, crime) ou un fait (mort violente) ne cherche  pas davantage à punir un acteur (violeur, criminel) dont elle nourrit  une idée préconçue : noir, arabe, immigré, chômeur, déviant (trop  volubile, trop taciturne, trop bruyant...). Tout se passe comme si la  volonté de punir préexistait à la raison censée l'avoir suscitée.

 

Philippe Arnaud, Tours.

 

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22 novembre 2011 2 22 /11 /novembre /2011 07:16

http://perlbal.hi-pi.com/blog-images/65003/gd/129396463536/Prime-a-la-casse-l-huissier-de-Justice-menaces-de-saisie-etc.jpgSur un exploit d’huissier

 

L’histoire se passe au début des années soixante-dix. Un de mes amis était un jeune huissier qui avait une particularité rarissime dans la profession : il était membre du parti communiste. On assume ses contradictions comme on peut. Il lui arrivait, par exemple, de donner discrètement un billet de 100 francs à des personnes dont ils saisissaient le poste de télé ou le canapé.


Par un jour torride d’août, il frappe à ma porte, hagard, au bord de l’évanouissement. Il m’explique en bafouillant qu’il s’est arrêté en campagne pour satisfaire à un besoin pressant, que quelqu’un lui a tapé sur la tête et lui a pris son portefeuille avant de s’enfuir. Il a pu reprendre la route péniblement et rouler jusque chez moi.


Je lui donne un grand verre d’eau, lui propose un alcool fort qu’il décline. Comme sa peau passe alternativement du vert au blanc et qu’il est incapable d’articuler une phrase cohérente, je lui propose de le ramener chez lui ou de le conduire à l’hôpital. Il me répond qu’il préfère se reposer chez moi un petit moment. Il s’assied dans un fauteuil et s’endort profondément.


Pendant qu’il dort, et parce que j’ai vraiment beaucoup de mal à reconstituer ce qui lui est arrivé, je vérifie dans la poche de sa veste que son portefeuille lui a bien été subtilisé. Surprise ! Le portefeuille est là, avec argent et papiers.


Deux heures plus tard, mon ami sort de son sommeil lourd. Il a retrouvé quelques couleurs. Il me dit qu’il va bien mieux, me remercie et s’en va.


Le lendemain, il sonne de nouveau à ma porte. Il se souvient de ce qu’il s’est réellement passé. Il avait été requis, avec un commissaire de police et un serrurier, pour pénétrer chez un vieil homme qui n’avait pas donné signe de vie depuis plus de deux mois. L’artisan fit sauter la serrure, mais il fallut pousser fortement la porte pour entrer dans le couloir de la maison. Ce qui faisait obstacle n’était autre que le vieil homme, pendu depuis deux mois, avec son chat étranglé entre ses jambes. Même pour un huissier communiste qui en avait vu d’autres, le spectacle était horrible, l’odeur indescriptible. Les deux cadavres étaient en état de décomposition avancée, bouffés par des vers. Des rats circulaient partout dans la maison. Le commissaire de police vomit tripes et boyaux, le serrurier s’évanouit et mon ami courut se réfugier dans sa voiture et prit immédiatement la route. Son organisme réagit donc à contretemps : il s’évanouit quelques kilomètres plus loin en ayant eu la chance de pouvoir faire entrer sa voiture dans un champ.


Par ce que je qualifierai, faute de mieux, d’abréaction imparfaite, il s’était – et m’avait – fourni une explication complètement décalée du choc qu’il avait subi.


Je ne dirai pas comment ni pourquoi, mais il ne s’est jamais remis de cette expérience.

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21 novembre 2011 1 21 /11 /novembre /2011 15:52

 

 

1.1500083753.jpeg

 

LE CHIEN EST SYMPA            ATTENTION AU PROPRIÉTAIRE

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 20:05

 

Depuis six ans que je réside à Toulouse, la rue de la Faourette est en travaux chaque année, pendant un ou deux mois. Cette rue n’est pas la plus passante de la ville. Mais quand elle est bloquée, cela oblige les automobilistes à faire un détour d’un bon kilomètre. Ce qui est toujours bien agréable quand on part au travail ou quand on en revient.

Dans une précédente note, j’avais signalé des travaux inutiles, prétentieux et dangereux concernant un croisement dans cette même rue (link).

Cette fois-ci, la municipalité a fait très fort. Poursuivant sa politique générale de gêne des automobilistes, elle a décidé d’élargir les trottoirs de cette rue et, par conséquent, de rétrécir la chaussée. J’emprunte souvent la rue en tant que piéton pour me rendre à la station de métro la plus proche (je suis un adepte des transports en commun). Et je puis dire que ses trottoirs sont presque tout le temps déserts. La municipalité vient donc de nous infliger deux mois de travaux (à quel coût ?) pour rien. Ou plutôt si : les piétons disposent de 7 mètres de largeur de trottoir tandis que les automobilistes doivent se contenter de 4m 50 de chaussée.

On notera sur la photo ci-après (prise vers 15 heures) l’élégance des chevaux de frise limitant l’accès aux trottoirs pour les automobilistes. Le réaménagement n’aurait pas été toulousain si la rue n’avait pas été parsemée de quelques volumineux dos d’âne qui vous broient les vertèbres quand vous les franchissez à vélo et qui vous font changer un peu plus souvent vos amortisseurs de voitures.

IMG_4452.JPG

Je profite de ce billet courroucé pour signaler une autre initiative des services de la voirie, aberrante, mais tellement politiquement correcte. La photo ci-dessous montre la route d’Espagne. De droite à gauche : un trottoir (à droite des voitures garées), une belle contre-allée, un large trottoir parsemé d’arbres, la chaussée – étroite – en sens unique avec une piste cyclable, un autre large trottoir, puis la chaussée en sens unique, puis un trottoir. Sur cette photos prise vers 16 heures, on observe qu’il n’y a pas de gosses difficultés de parking. Les clients de la petite zone commerciale des Oustalous disposent de places privatives, dont une pour handicapés. J’habite à deux pas et j’emprunte cette portion de rue quatre ou cinq fois par jour. En six ans, je n’ai jamais vu une seule voiture garée à l’endroit où la municipalité vient d’aménager deux places pour handicapés. Nous avons eu droit à trois semaines de travaux (pour quel coût ?). Pas une âme handicapée qui vive ne s’est garée sur ces zones bleues depuis que les travaux sont terminés.

 

IMG_4432.JPG

L’opposition de droite a beau jeu de dénoncer les « cohenneries » (du nom du maire, Cohen) de la majorité municipale.

Quant à nous qui osons encore utiliser nos voitures pour circuler en ville, nous nous préparons à envisager d’autres stratégies pour contourner d’autres travaux inutiles.

 

PS : je pars demain faire un grand reportage à Vernet, un petit village situé à 25 km au sud de Toulouse (l'Afghanistan, c'est trop loin désormais pour moi). Il y a encore plus aberrant que ces deux exemples.

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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 06:56
Picarde.jpgC'est un de mes textes préférés sur le vélo et la pratique du cyclisme.

Je regardais, il y a peu, sur Arte, un fort joli film consacré à Éric Tabarly. Le grand marin y parlait de l’amour pour ses bateaux, le légendaire Pen Duick I en particulier, et il expliquait pourquoi il était devenu quasiment muet face aux journalistes neuneux qui lui posaient des questions ineptes du genre « Vous ne vous ennuyez pas pendant ces longues traversées ? » De fait, je me suis souvenu avoir assisté à une conférence donnée, il y a une trentaine d’années, au Centre culturel français d’Abidjan durant laquelle Tabarly s’était montré prolixe en réponse à des questions pertinentes posées par des gens concernés.

 

Le film d’Arte nous donna l’occasion de voir Olivier de Kersauzon jeune, plus drôle que ronchon, et ayant encore une peau de bébé, de retrouver Alain Colas et tous les autres champions formés par Tabarly. Mais il nous permit surtout de côtoyer un monde fascinant quand on lui est totalement étranger, celui des gens de la mer, avec son discours, ses codes, ses valeurs.

 

Nous éprouvons toujours la même sensation quand nous nous approchons brièvement d’un groupe mu par une même passion. Pensons aux alpinistes, aux collectionneurs de vieilles voitures qui se retrouvent le dimanche matin sur des aires d’hypermarchés, aux numismates, aux aéromodélistes etc. J'ai un jour rencontré un groupe de fanatiques de cactus nains. J’avais trouvé cela, à première vue, complètement surréaliste, avant de me dire que cette activité avait autant de sens que la philatélie.

 

Pour ce qui me concerne, à mon modeste niveau, c’est le vélo.

 

D’avoir effectué à bicyclette au moins deux fois le tour de la terre depuis que je suis né (ça a l’air considérable, et pourtant cela n’a rien d’exceptionnel) a permis au citadin que je suis d’entendre le chant des oiseaux et m’a donné l’occasion de croiser quelques champions, beaucoup d’amateurs de haut niveau, des « professionnels de la profession ». Parce que j’ai toujours roulé un peu, j’ai pu franchir des cols, dans les Pyrénées, et surtout dans les Alpes. J’en suis peut-être à une trentaine. Les cols et autres ascensions que j’ai aimés, je les ai répétés deux, trois, quatre fois. Mon préféré : la Cayolle parce que la pente est à 3% pendant les dix premiers kilomètres, ce qui me permet de chauffer doucement mes vieilles jambes. J’ai toujours fait les vingt derniers kilomètres sans m’en rendre compte. Et puis j’adore le petit hameau d’Uvernet, juste avant les gorges du Bachelard. J’aime bien aussi son jumeau, le col d’Allos, souvent emprunté par les coureurs du Tour de France, mais il est plus pentu, avec des passages à 11%. Le col que je déteste – et dont je n’ai jamais répété l’ascension – c’est celui de Restefond, la fameuse route de la Bonnette. Ce n’est pas parce que il est le plus haut d’Europe, mais parce qu’il n’y a pas un mètre de plat (on ne s’en rend pas compte en voiture, mais dans les cols il y a souvent du plat et – j’y reviendrai – des descentes) et parce qu’il se termine vicieusement, après 23 kilomètres à 6%, par mille mètres à 10%, avec généralement le vent dans le nez.

 

Quand on monte, on fait des rencontres. J'ai été doublé dans la “ Montagne de Reims ” (courte mais bonne) par Zoetemelk qui, alors que je ahanais, aurait très bien pu se faire un shampooing et se curer les ongles de pied. Il me passa tellement vite que je lâchai un cri de surprise. Il se retourna, me sourit gentiment et continua sa route. Lors d’une de mes deux ascensions du Galibier, je montai en compagnie d’un père quarantenaire très musclé qui poussa littéralement sa fille de 15-16 ans pendant les huit kilomètres les plus durs en répétant « Allez mon bébé, allez mon bébé, on va y arriver ». Dans Aspin, j’ai doublé (ça m’arrive de doubler) un unijambiste. Après l’ascension de la Montagne Noire, dans le Tarn, j’ai roulé sur le plat, pendant quelques kilomètres, avec de bons amateurs quadras qui m’ont raconté que, lorsqu’ils étaient bien meilleurs, vers l’âge de 25 ans, ils avaient été lâchés sans rémission à l’entraînement par un gosse de 14 ans qui les avaient d’abord rattrapés. Il s’appelait Jalabert. Dans le haut niveau, il n’y a pas de secret. J’effectuais une petite ascension pyrénéenne en juillet 1998 en compagnie de deux bons amateurs qui avaient bien voulu m’escorter, quelques heures après l’arrestation par la douane du soigneur de Festina. Alors que je ne connaissais même pas le sigle EPO, j’appris tout en deux ou trois kilomètres : combien ça coûtait, qui en prenait (individuellement ou en équipe), qui n’en prenait pas, comment s’en procurer.

 

Il y a quelques semaines, je me suis trouvé, par raccroc, invité dans un colloque scientifique de haut niveau. J’y repérai un collègue quinqua très athlétique. Je lui demandai quelle activité sportive il pratiquait. Il me répondit : le vélo. Ce colloque devint aussitôt beaucoup plus passionnant. Lors d’un repas, nous nous lançâmes dans une conversation pour initiés, écoutés par cinq ou six collègues éberlués. On parla des vertus de l’aluminium et du carbone (il roulait, ce qui n’est pas fréquent sous nos cieux, sur un Raleigh), de braquets, des livres de Jean Bobet ou de Paul Fournel, du Perjuret qu’il avait descendu la peur au ventre en pensant à Roger Rivière. On se raconta quelques-unes de nos ascensions (il en avait au moins 300 à son actif et ne roulait qu’en montagne : le plat le barbait). Plus nous sentions nos collègues largués, plus nous en rajoutions à l’unisson de nos souvenirs, en parfaite connivence :

 

- Dans le Granon, entre le km 11 et le km 13, j’ai failli vomir, me dit-il.

 

- Ca m’est arrivé dans le Ventoux, répondis-je. Et pourtant, j’avais mis tous les atouts de mon côté : j’étais parti à sept heures du matin, par Sault (moins difficile), par beau temps, sans me conditionner.

 

- Je me suis gelé au sommet du col Agnel à 2700 mètres, alors qu’il faisait 25° au départ de Molines.

 

- Moi de même. Pourtant, les habitants du coin m’avaient prévenu. La descente fut un enfer à partir du Rocher d’Annibal.

 

- Le col de Vars, il est pénible : je hais cette succession de faux-plats, de petites descentes casse-pattes, suivies de remontées sur un bitume mal entretenu.

 

- Puisque tu parles de descente, rétorquai-je, pense au kilomètre de l’Izoard où une descente nous assassine littéralement dans la casse déserte avant les 1500 derniers mètres à 9%.

 

- Oui, mais l’Izoard, il a tous les droits, prononça-t-il péremptoirement.

 

De fait, il avait raison : pour tous les cyclistes, de Koblet à celui qui se traîne à 10 à l’heure, l’Izoard c’est le mythe.

 

Un mythe collectif et individuel. C’est le col de Bobet et de Coppi (certains saluent ou se signent en passant devant la stèle érigée en leur souvenir par les lecteurs de L’Équipe). Ce n’est pas l’ascension la plus dure, mais quand on arrive dans la casse déserte, on est ailleurs, sur la lune et dans la lune, tels des extra-terrestres. On ne respire plus le même air.

 

J’effectuai ma première ascension après une grave maladie, deux lourdes opérations. Me lancer à partir de Châterau-Queyras signifiait pour moi que j’étais de nouveau du côté des vivants. Jusqu’à Arvieux, j’ai douté. Lorsque j’entamai la route droite, à 10%, de La Chalp à Brunissard, j’ai pensé que je n’y arriverais pas. Heureusement, je fus rejoint par une enfant de 14 ans, une Picarde qui voulut bien m’accompagner au long de ces trois kilomètres terribles. Bizarrement, j’effectuai les six derniers kilomètres sur un nuage.

 

Au sommet, j’avais tous les droits…

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 07:15

http://actumed.ma/wp-content/uploads/depression2.jpgEn rangeant de vieux papiers, j’ai retrouvé un article que j’avais publié il y a quarante-deux ans dans Le Canard Enchaîné. Plus exactement, j’avais alerté l’hebdomadaire sur un drame qui m’avait fortement ébranlé, le suicide d’un ami d’enfance. La rédaction du Canard  avait repris mon texte in extenso. Sous la signature de Valentine de Coin-coin, qui était en fait un homme, le journaliste libertaire Pierre Châtelain-Tailhade.

 

Cela s’est passé le samedi 8 novembre au soir, à B-M. Un jeune homme soudainement frappé de dépression nerveuse s’échappe du logis familial en déclarant son intention de mettre fin à ses jours. Son père (à demi impotent) et sa sœur se lancent à sa poursuite, mais pressentant qu’ils ne parviendront pas à le maîtriser,  demandent l’aide de deux policiers au commissariat de la ville.

 

Réponse des fonctionnaires : « Oh ! il faudrait qu’on lance un appel radio. Et puis il faudrait faire une déposition… »

 

Écœurés mais aiguillonnés par l’angoisse, le papa et la sœur (jumelle) repartent à la poursuite du fugitif. Entre Hénin-Liétard et Lille, une silhouette dans la nuit qui disparaît. Aucun de ceux qui l’aime ne le reverra vivant. Après avoir erré dans le froid de rues banales et sans violence, le jeune homme, vers minuit, sur un trottoir de Lille, se tire une balle dans la tête.

 

À mon témoignage, Valentine de Coin-coin avait ajouté les réflexions suivantes :

 

« Responsables qui ne l’êtes pas, tout en l’étant ; responsables aux mains blanches de la mort sanglante de ce jeune homme et de tant d’autres dont nous ne saurons jamais le drame ; vous êtes trait pour trait les représentants de cet ordre qui vous appointe pour déguiser ses fautes, ses faiblesses, ses carences sous l’uniforme ou sous l’intitulé de vos fonctions. Car l’ordre n’est lui-même qu’indifférence à l’égard de tout ce qui ne le menace pas. L’ordre est à la foi dieu, table de la loi – et cuvette.

 

Mains blanches accusés, lavez-vous ! »

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