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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 05:48
De la misère ordinaire (17)
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29 juillet 2015 3 29 /07 /juillet /2015 06:10

On commence à y voir un peu plus clair dans le limogeage de Varoufakis par son camarade Tsipras. L'ancien ministre des Finances voulait non seulement réquisitionner les banques grecques (centrale et privées), mais il essayait aussi et surtout, tout bêtement, de reprendre en main sa propre administration fiscale, à la botte de la Troïka. Crime suprême de lèse-majesté.

 

Je reprends ci-dessous un article essentiel de Maxime Vivas à ce sujet, publié par Le Grand Soir. Fin connaisseur de l'Amérique Latine, Maxime en profite pour établir un parallèle entre la Grèce et le Venezuela de Chavez qui, lui aussi, fut confronté à un problème de même nature. Je recommande par ailleurs la lecture, dans le Monde Diplomatique d'août 2015, d'un article édifiant de Yanis Varoufakis : "Leur seul objectif était de nous humilier".

 

Varoufakis voulait contourner son administration. Chavez l’avait fait.

La presse titre sur le projet secret (« un scénario digne d’un polar ») de Yanis Varoufakis de pirater son propre ministère, plus précisément la plate-forme de l’administration fiscale grecque, afin de créer un système bancaire parallèle.


Ce fut plus qu’un projet.

 

Une équipe de haut niveau avait été formée, le célèbre économiste américain James K. Galbraith y travaillait (bénévolement). Ce fut une amorce de « Plan B » pour le cas où le pays se retrouverait en manque de liquidités de par la volonté de ses prédateurs européens.

 

Scandaleux ?

 

Varoufakis : « La direction générale des finances publiques, au sein de mon ministère, était contrôlée entièrement et directement par la troïka (BCE, Commission européenne et FMI). Elle n’était pas contrôlée par mon ministère, par moi, ministre, elle était contrôlée par Bruxelles. Le directeur général est désigné via une procédure sous le contrôle de la troïka. Imaginez, c’est comme si les finances étaient contrôlées par Bruxelles au Royaume-Uni. »

 

Afin de reprendre la main sur le système, le ministre avait nommé directeur général des systèmes d’information un ami d’enfance, professeur en technologie de l’information à l’Université Columbia.

 

Yanis Varoufakis : «  Nous avons décidé de pirater le logiciel de notre propre ministère pour copier les numéros fiscaux enregistrés sur la plateforme et pouvoir ensuite travailler à la mise en place de ce système parallèle. […] Au bout d’une semaine, il [son ami, le directeur général des systèmes d’information] m’appelle et me dit : « Tu sais quoi ? Je contrôle les machines, le matériel, mais je ne contrôle pas les logiciels. Ils appartiennent à la Troïka. Qu’est-ce que je fais ? »

 

Dans ce moment où la Grèce était financièrement étranglée, politiquement isolée et techniquement ficelée, il a manqué du temps, des moyens (peut-être de l’audace, mais c’est facile à dire).

 

On connaît le dénouement : la signature par Alexis Tsipras d’un accord auquel il a dit ne pas croire.

 

Par extraordinaire, cette affaire éclate au moment où je relis les épreuves de mon prochain roman, un polar (1) qui paraîtra à la rentrée et qui se passe au Venezuela où je m’étais rendu pour me documenter. Au passage j’y raconte comment Hugo Chavez s’est heurté à un problème assez ressemblant à celui que rencontre Alexis Tsipras. Certes, le contexte était différent : Hugo Chavez bénéficiait d’une majorité absolue dans les urnes, du soutien et des conseils fraternels des pays environnants et le Venezuela, producteur de pétrole, n’était pas ruiné.

 

Mais, comme a essayé de le faire le gouvernement grec, il a dû arracher à l’adversaire des commandes de l’Etat, commandes qui lui avaient été confiées (comme en Grèce) par le peuple.

 

Je sais le danger des comparaisons et j’en vois les limites.

 

Pourtant…

 

Les « regulares »

 

Chavez ne contrôlait pas l’appareil d’Etat : il se heurtait, à une « troïka » interne ayant pour nom les « regulares ». On appelle ainsi les fonctionnaires. La majorité des employés de l’Etat était en poste depuis l’époque antérieure. Les « regulares » ne voulaient pas travailler pour le gouvernement élu. Beaucoup de cadres et directeurs au plus haut niveau étaient membres des partis d’opposition. Ils occupaient des rouages clés du pouvoir exécutif. Ils étaient hostiles aux programmes sociaux de santé, d’éducation, d’emploi, de redistributions des terres… Le gouvernement décidait une chose, ils n’obéissaient pas, ils en faisaient une autre. La solution était un licenciement gigantesque et risqué, ou bien leur contournement.

 

Les missions

 

Hugo Chavez va alors créer des branches parallèles de l’Etat qui prendront le nom de « missions ». Ce sont des programmes sociaux pour soigner, instruire, loger et nourrir les plus pauvres. Les plus connues sont la « Mission Robinson » (un plan d’alphabétisation), « Mission Milagro » (Mission Miracle, opération des yeux) et « Barrio Adentro » (Dans les barrios, installation de médecins dans les bidonvilles). Avant leur arrivée, les gens des ranchos, c’est-à-dire les « negritos » ou les « macacos » (macaques) comme on les appelait avec mépris, ne voyaient jamais un médecin. Ces derniers n’ouvraient pas leurs cabinets dans les ranchos et ils ne s’y déplaçaient guère. En ville, la consultation coûtait 18 dollars. Une fortune !

 

Alors, le projet du « pirate » Varoufakis ?

 

A cette heure, nous manquons d’éléments pour en parler en détail. Mais il n’est pas trop tôt pour dire que ce projet était légitime et qu’il n’est pas caduc, n’en déplaise à Wolfgang Schäuble.


Rappelons-nous ce mot d’une dirigeante de Syriza : « Dans le passé, l’Allemagne a gagné beaucoup de batailles, mais elle n’a gagné aucune guerre. »

 

Il est écrit dans le ciel d’Athènes que la Grèce viendra à bout de la troïka.

 


(1) « Rouges, les collines de Caracas », polar historique, éditions Arcane 17. Octobre 2015. En avant-première à la fête de l’Humanité en septembre.

 

 

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28 juillet 2015 2 28 /07 /juillet /2015 05:45

 

Christophe Alévêque et Vincent Glenn. On marche sur la dette. Paris : Editions de la Martinière, 2015

 

De même que la guerre est une affaire tellement sérieuse qu’il ne faut pas la laisser aux mains des militaires, il est bon que les gens doués de bon sens et d’une vraie conscience politique s’emparent de l’économie (qui, comme l’affirmait régulièrement Bernard Maris, ne saurait être une science), actuellement aux mains d’économètres qui ne jurent que par la fin de l’histoire et la domination du capitalisme financier. Après la cinglante Horreur économique (1996) de l’écrivaine Viviane Forrester, voici un petit ouvrage roboratif, une sorte de capitalisme pour les Nuls, rédigé avec le plus grand sérieux par l’humoriste et comédien Christophe Alévêque (qui ne l’a jamais vu  faire tonner « Bella Ciao » avec ses musiciens n’a rien vu) et le cinéaste Vincent Glenn, auteur de films documentaires qui prennent le contre-pied du libéralisme obligé (« Davos, Porto-Alegre et autres batailles », Ralentir Ecole »).

 

La thèse centrale de ce livre éclate de simplicité : « Quel est le pays le plus endetté du monde ? Les Etats-Unis d’Amérique. Quel est la seule puissance au monde ? Les Etats-Unis d’Amérique. » La France n’a pas à rougir, avec sa dette publique de 2 000 milliards d’euros. Le problème n’est pas le problème mais le bout par lequel on prend le problème. La dette de la France est de 2 000 milliards d’euros. Mais la France produit 2 000 milliards de valeurs économiques par an. Pendant ce temps, notre beau pays a un patrimoine (ménages, entreprises et Etat) de 16 700 milliards d’euros. Les intérêts de la dette publique représentent deux tiers de l’impôt sur le revenu. Nos impôts passent donc très directement dans la poche des créanciers privés de la France. On va donc tailler dans tout ce qui rend nos vies supportable : santé, école, Pôle Emploi etc.

 

Tout part d’Adam Smith et sa Richesse des nations (1776) qui, en forgeant l’expression « la main invisible du marché », invente l’économie en tant que discipline autonome, comportant ses propres règles qui ne sont pas celles qui régissent la société. L’économie serait « dirigée par la main d’une divine providence » et s’imposerait mystérieusement à des adorateurs mystiques et consentant à leur propre mystification.

 

Selon les auteurs, les premières dettes remonteraient à 3 500 ans avec notre ère, en Egypte, donc avant l’invention de la monnaie, du temps du troc. Puis les humains inventèrent les banques, banco, banca en Italien. Dans les villes italiennes, les banquiers travaillaient au marché assis sur un banc. Lorsqu’ils faisaient faillite ou s’adonnaient à l’usure, on rompait leur banc (bancarotta, banqueroute, bankruptcy). Aujourd’hui, les banquiers peuvent dormir sur leurs deux oreilles, c’est-à-dire sur de l’argent qu’ils ne possèdent pas : ils ont le droit de prêter dix fois plus d’argent qu’ils ont en réservent parce qu’il y a beaucoup moins de billets en circulation que d’argent sur les comptes. D’où ce vertige métaphysique : de quoi l’argent qui circule dans le monde est-il le nom ? Où est le virtuel, où est le réel ?

 

Vaste question à laquelle il est inutile de s’escrimer à répondre. Plus pertinent est de s’intéresser à ce que les auteurs appellent le « magma » : C’est par exemple « l’argent que vous avez placé dans une banque qui l’investit dans un fonds, qui a racheté une assurance, qui a misé dans l’immobilier, assurance rachetée par un autre fonds qui est en train de faire faillite et qui va en revendre une partie et réinvestir dans une banque qui, elle-même, vient d’embaucher Jérôme Kerviel etc. » L’important étant que les banques, comme l’ont appris les gogos zuniens qui avaient placé leurs économies chez les frères Lehman, jouent désormais contre leurs clients. Dans certains films catastrophe, il y a parfois un semblant de début de morale : lors de la crise des subprimes, la banque a saisi les maisons des mauvais payeurs, s’est retrouvée propriétaire de milliers de résidences que plus personne ne pouvait racheter. Le prêteur a donc fait le tapin et l’Etat a déboursé. Et c’est reparti comme en 40. Ou en 29…

 

 

 

Autre crapulerie inouïe, à laquelle Adam Smith en personne n’aurait pas pensé : la banque Goldman Sachs connaissait les problèmes de la Grèce encore mieux que Juncker ou Lenglet. Elle prit quelques risques minimes et joua contre son client. Elle aida le gouvernement à maquiller les comptes de l’Etat et investit dans des fonds spéculatifs en pariant que le pays ne pourrait bientôt plus rembourser ce qu’il devait. La banque a donc poussé à la cata en misant sur la cata. Goldman Sachs a empoché au passage 600 millions de dollars de commission pour ses précieux conseils es manipulations et 400 millions par an sur les biens publics grecs jusqu’en 2037.

 

Le terrain de jeu est désormais phénoménal puisque les transactions financières sont à peu près cent fois plus importantes que l’économie réelle : « De l’argent qui achète de l’argent ! Un jeu dans un jeu. Même au casino les joueurs n’ont pas le droit de parier sur les autres joueurs. Dans la finance, oui. »

 

En France, la loi stipule expressément qu’il est interdit de savoir le nom de nos créanciers. Sûrement parce que les deux tiers d’entre eux sont domiciliés au Caïman, au Luxembourg de Juncker et dans le Royaume-Uni de Cameron, le gros bébé à la cuiller d’argent dans la bouche.

 

Selon les auteurs, la croyance qui dicte la politique de rigueur de l’Allemagne et donc de l’Europe serait qu’Hitler est arrivé au pouvoir suite au traumatisme de l’hyperinflation des années 1920. Or, bien au contraire, c’est la déflation qui a le plus favorisé son avènement. Mais tout cela est de l’histoire ancienne et l’important n’est pas là. A la base de tout, il y a la nomination par De Gaulle, comme Premier ministre, du serviteur en chef des Rothschild, le fondé de pouvoir Pompidou qui, bien sûr, a renvoyé l’ascenseur en réformant les statuts de la Banque de France en janvier 1973. La création monétaire fut rapidement transférée aux banques privées et les « plans de rigueur » tombèrent sur le coin de l’œil des Français. J’ai encore en mémoire ce slogan dans les manifs’ : « Barre Un, Barre Deux, Barre-toi ». Michel Rocard, gauchiste bien connu, brossa le bilan des quarante dernières années en calculant que, sans les intérêts prix au passage par les banques privées, la dette serait de 16% du PIB au lieu de quasiment 100% aujourd’hui.

 

La finance tient tout. Le reste n’est que gesticulations policées. Demandez aux syndicats qui ont « l’honneur » de siéger à Bruxelles. Le président de la BSE est Mario Draghi, ancien haut fonctionnaire, ancien directeur général du Trésor public italien chargé des privatisations, membre du conseil d’administration de banques et sociétés en phase de privatisation ENI, IRI, Banca Nazionale del Lavoro, IMI), vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs. Le nouveau commissaire européen à la Stabilité financière, au Service financiers et à l’Union du marché des capitaux (non seulement ça existe mais tout tourne autour de ça) est Jonathan Hill, fondateur d’un cabinet de groupe de pression qui a comme client la banque HSBC et l’institution qui gère la City de Londres.

 

Que ceux qui, à gauche, pense que l’on peut réformer le système de l’intérieur nous écrivent, ils ont gagné une reproduction d’un assignat du banquier Law de Lauriston ! L’Euro, qui, selon le génie Jacques Attali, ne devait pas survivre à l’hiver 2013, passera d’autres hivers au service des requins de la finance.

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 05:45
De la misère ordinaire (16)
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26 juillet 2015 7 26 /07 /juillet /2015 05:47
De la misère ordinaire (15)
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22 juillet 2015 3 22 /07 /juillet /2015 06:10
Du pillage
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20 juillet 2015 1 20 /07 /juillet /2015 05:36
Les trucages photographiques staliniens de Sarkozy

En politique comme dans tous les domaines, Sarkozy est un menteur invétéré. Les gaziers de GDF, pour ne parler que d'eux, à qui il avait juré que leur entreprise ne serait jamais privatisée alors qu'il préparait la privatisation au profit de ses copains, en savent quelque chose.

 

J'ai derrière moi une pratique modeste et totalement amatrice du vélo d'environ soixante ans. Fort de cette pratique, j'ai écrit il y a des années qu'en matière de performances, Sarkozy faisait semblant. Aujourd'hui, L'Obs confirme mes dires :

 

C'est la page Facebook humoristique "Humour de Droite" - suivie par près de 180 000 utilisateurs - qui semble avoir flairé le pot aux roses.

Selon les contributeurs du compte parodique, les performances annoncées dans l’interview accordée au "Parisien" par l'ancien chef de l'Etat sont pour le moins... surprenantes. Selon ses déclarations, Nicolas Sarkozy, tout au long de ses cinq semaines de vacances, serait capable d'enchaîner cinq fois par semaine des sorties vélo d'une moyenne de 120 kilomètres. Une cadence plutôt solide. Plus impressionnant encore, le métabolisme de l'ancien président, toujours selon ses propres dires, est capable de ne dépenser que 1700 calories lors de chacune de ces sorties. Pour rappel, un homme de son âge, dépense en moyenne plus de 2000 calories pour 100 kilomètres parcourus. Trop fort pour être vrai ?

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 05:43
De la misère ordinaire (14)
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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 05:49
L'emploi généralisé de demain ?
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15 juillet 2015 3 15 /07 /juillet /2015 05:28
Ces humanistes qui tiennent nos vies entre leurs mains
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