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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 06:01

Un texte du philosophe Denis Collin, repris du blog d'El Diablo.

 

Les unes après les autres, les enquê­tes sta­tis­ti­ques sur le niveau des élèves fran­çais confir­ment l’effroya­ble dégra­da­tion de l’ins­truc­tion dans notre pays. Que l’on com­pare les élèves fran­çais d’aujourd’hui à ceux d’hier (comme la der­nière enquête sur l’ortho­gra­phe en CM2) ou qu’on les com­pare aux élèves d’autres pays, comme dans les sta­tis­ti­ques PISA, par exem­ple, tous les chif­fres vont dans le même sens. Les consé­quen­ces en sont connues : la majo­rité des étudiants dans l’ensei­gne­ment supé­rieur sont inca­pa­bles d’écrire dans un fran­çais cor­rect. Même dans le sanc­tuaire de l’ensei­gne­ment qu’est l’École nor­male supé­rieure, on voit se mul­ti­plier les fautes de gram­maire, de syn­taxe et sim­ple­ment de voca­bu­laire. Le niveau en mathé­ma­ti­ques ne vaut pas mieux. Les pro­fes­seurs des clas­ses pré­pa­ra­toi­res qui le savent ont dû sérieu­se­ment revoir à la baisse leurs ambi­tions, ce qui se réper­cute sur les écoles d’ingé­nieurs.

Cette situa­tion cala­mi­teuse résulte de la conjonc­tion de très nom­breu­ses causes qui toutes vont dans le même sens. La pre­mière de ces causes est une orien­ta­tion poli­ti­que déjà ancienne, mais rare­ment avouée, camou­flée sous les expres­sions trom­peu­ses d’école de la réus­site et d’économie de la connais­sance et autres calem­bre­dai­nes de la même farine. On a décidé de par­quer les jeunes dans des études lon­gues dont on sait par ailleurs qu’elles sont par­fai­te­ment inu­ti­les. Les rap­ports de l’OCDE de la fin des années 1990 le disaient déjà. Dans le Manifeste de la Sociale, publié en 2016, nous écrivions :

Les réfor­mes suc­ces­si­ves qui ont été impo­sées à l’école, au col­lège pour arri­ver au lycée, les réfor­mes de l’ensei­gne­ment supé­rieur vont à l’opposé des objec­tifs que nous déga­geons ici. Un grand net­toyage s’impose qui remette en cause tous les effets nocifs de ces réfor­mes suc­ces­si­ves. Toutes s’ins­cri­vent en effet dans la tra­jec­toire indi­quée par l’OCDE à la fin des années 90 et au début des années 2000, ou encore par l’Union euro­péenne ou la Commission : modi­fier l’école et l’ensei­gne­ment pour le plus grand nombre des­tiné à des « petits bou­lots » (que les experts de l’OCDE sur la base d’un rap­port issu des USA lis­tent sans ver­go­gne, « ven­deurs », « gar­dien­nage », « agents d’entre­tien », « assis­tants sani­tai­res », « conduc­teurs de camions », « rem­plis­seurs de dis­tri­bu­teurs de bois­sons ou d’ali­ments »), prôner « l’adap­ta­tion au marché de l’emploi et à sa pré­ca­rité », pro­mou­voir « la for­ma­tion sur le tas » ou encore « l’adap­ta­bi­lité de la main-d’œuvre », faire ainsi des économies sub­stan­tiel­les et déve­lop­per les com­pé­ten­ces du petit nombre (notam­ment dans des for­ma­tions pri­vées) qui sera chargé d’enca­drer et de faire mar­cher au pas les plus nom­breux ! Cela est aussi écrit clai­re­ment dans Centre de déve­lop­pe­ment de l’OCDE — cahier de poli­ti­que économique n° 13-1996 :

« Si l’on dimi­nue les dépen­ses de fonc­tion­ne­ment, il faut veiller à ne pas dimi­nuer la quan­tité de ser­vice, quitte à ce que la qua­lité baisse. On peut réduire, par exem­ple, les cré­dits de fonc­tion­ne­ment aux écoles ou aux uni­ver­si­tés, mais il serait dan­ge­reux de res­trein­dre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les famil­les réa­gi­ront vio­lem­ment à un refus d’ins­crip­tion de leurs enfants, mais non à une baisse gra­duelle de la qua­lité de l’ensei­gne­ment. »

Ce pro­gramme se réa­lise gra­duel­le­ment à tra­vers toutes les réfor­mes de l’éducation. »

Rien ne s’est arrangé au cours des six der­niè­res années. Bien au contraire. De Blanquer en N’Diaye, des dis­cours idéo­lo­gi­que­ment dif­fé­rents condui­sent aux mêmes résul­tats. Toujours pire ! Ce qui s’est ajouté au cons­tat que l’on pou­vait faire voici quel­ques années, c’est la péné­tra­tion de l’idéo­lo­gie « woke » et l’inva­sion dès l’école pri­maire du dis­cours pro-trans.

Il y a là une affaire d’une extrême impor­tance puisqu’il s’agit de rien moins que l’avenir de la nation. On devrait voir les prin­ci­paux partis poli­ti­que s’en saisir. Mais il n’en est rien. De LFI aux LR, tous ont par­ti­cipé, lors que leur pas­sage « aux affai­res » à cette entre­prise de démo­li­tion de l’école et tous par­ti­ci­pent peu ou prou de l’idéo­lo­gie délé­tère qui ins­pire les « réfor­mes » qui se suc­cè­dent à un rythme infer­nal. Voici donc quel­ques pro­po­si­tions pour res­tau­rer l’école.

1. Avoir le cou­rage de regar­der la réa­lité en face. Pas un jour qui n’apporte de nou­vel­les preu­ves de cette dégra­da­tion. Donc le dire, le redire, sonner le tocsin sans relâ­che !

2. Quand on s’est trompé de voie, il est sou­vent bon de faire marche arrière pour en emprun­ter une autre. Toutes les réfor­mes depuis 1968 (pour fixer les idées) ont été de mau­vai­ses réfor­mes. Y com­pris le fameux col­lège unique de M. Haby et la loi Jospin de 1989.

3. Il faut bâtir une école de l’exi­gence pour tous ! Définir les prio­ri­tés : lire et écrire. L’ensei­gne­ment de l’his­toire par exem­ple est une bonne occa­sion de lire (pas seu­le­ment regar­der des images !) et d’écrire (la leçon que le maître dicte, par exem­ple). Les mathé­ma­ti­ques sont aussi une occa­sion de faire du fran­çais (voir les livres déjà anciens de Stella Baruk). Etc. Revaloriser aussi la mémo­ri­sa­tion : réci­ta­tion, règles de gram­maire, etc. L’école n’a qu’une tâche : ins­truire, en trans­met­tant des savoirs objec­tifs, en trans­met­tant les règles de la gram­maire ou des mathé­ma­ti­ques.

4. Cesser de faire des maî­tres des pro­fes­seurs de morale « bien­veillante », de phobie des pho­bies ; de théo­rie du genre et d’accueil des trans, des petits ani­maux et des robots. La morale à l’école est rudi­men­taire : hon­nê­teté, rigueur, tra­vail, res­pect. Le reste, ça regarde les parents. Nettoyer les pro­gram­mes de toutes les pré­ten­dues heures d’éveil à ceci ou cela pour en reve­nir aux fon­da­men­taux : la langue mater­nelle, celle de la répu­bli­que, et des lan­gues étrangères à partir du col­lège, les mathé­ma­ti­ques, l’his­toire, la géo­gra­phie (for­cé­ment rudi­men­taire à l’école élémentaire) et les « scien­ces natu­rel­les (avant de saou­ler les élèves avec la défense de l’envi­ron­ne­ment, appren­dre à reconnaî­tre les choses de la nature).

5. Pour que tout cela marche, il faut chan­ger un cer­tain nombre de mau­vai­ses habi­tu­des : virer les gad­gets (tablet­tes, cal­cu­let­tes, etc.) de l’école. Tant pis pour les mar­chands de quin­caille­rie. Rétablir la dis­tance élèves/maî­tres. La maî­tresse s’appelle « madame » ou « maî­tresse » mais pas « Carole » ou « Léa » comme la copine. On vou­voie les maî­tres. Il fau­drait aussi, sinon un uni­forme, du moins un code ves­ti­men­taire, même si c’est sur­tout à partir du col­lège que les pro­blè­mes se posent : pas de ventre à l’air, pas de jeans dépe­naillés et fort coû­teux cepen­dant, pas de tennis (sauf pour sport), pas de sur­vê­te­ment (sauf pour le sport, l’hiver), pas de cla­quet­tes ou de tongs (on n’est pas à la plage)...

Un mot d’ordre : res­tau­ra­tion de l’école de la répu­bli­que. 

Si on ne veut pas de tout cela parce que ce n’est pas « cool », alors il ne faudra pas se plain­dre. Dieu se rit des hommes qui déplo­rent les effets dont ils ché­ris­sent les causes, disait à peu près Bossuet.

Mort imminente de l’école. On ne peut plus attendre pour agir
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14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 06:01
Des cliniques proposent la « nullification » génitale (" eunuch procedure ") aux personnes non-binaire, c'est-à-dire leur couper le zizi et créer une « zone lisse (" smoothie ") et continue de l’abdomen à l’aine ».

Il est expliqué que la nullification « permet aux personnes de genre non conforme d’extérioriser leur ressenti intérieur ».

(24 heures)

La folie zunienne, ça continue
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12 décembre 2022 1 12 /12 /décembre /2022 06:01

Pour Communistes Hebdo, il n’y a rien à négocier avec le gouvernement français, responsable, avec le patronat, de la situation : « Le gouvernement veut préparer les esprits à des coupures de courant touchant 60 % de la population. Les plans de délestage tournant sont discutés au sommet de l’État depuis cet été. Sur BFM TV le porte-parole d’Enedis, chargé de la distribution d’électricité a montré les conséquences dramatiques pour les personnes dépendant d’un équipement branché et qui ne sont pas considérées comme prioritaire, le fonctionnement des numéros d’urgence sera altéré. Les écoles resteraient fermées. Macron a recadré son gouvernement pour limiter la panique sur la question. La réalité c’est que Macron et son gouvernement ne savent absolument pas comment la situation va évoluer et la casse du service public qu'ils ont organisé les rend dépendant en grande partie de la météo ! La saturation du réseau électrique cet hiver montrent l’ampleur de cette casse, les privatisations, sous couvert de transition énergétique, la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, décision politique, ont conduit à réduire nos capacités de production d’électricité d’origine nucléaire. Les Français et les petites entreprises françaises vont payer 20 ans de politique et de propagande antinucléaire exacerbée par l’enjeu de profits juteux dans le renouvelable, par des jeux d'accord politiciens. »

 

 

Pour Bruno Guigue, dans Le Grand Soir,  « Il va falloir que les Occidentaux se fassent une raison : en réalité, la Russie n’avait, n’a et n’aura jamais l’occasion de fournir à un Occident dont elle partagerait, paraît-il, les sacro-saintes valeurs, une sorte de bouclier ou de zone-tampon entre le monde prétendument libre et la puissance montante asiatique. Les jeux sont faits, et depuis longtemps : la Russie et la Chine sont des partenaires fiables parce qu’ils savent ce qu’ils veulent, et il se trouve qu’ils veulent à peu près la même chose. A cet égard, les Européens, et les Français au premier chef, seraient bien inspirés de reprendre le flambeau du général De Gaulle qui avait su, en 1964, reconnaître la République populaire de Chine, puis s’était rendu à Moscou, en 1966, pour jeter un grain de sable dans la machinerie bien huilée de la guerre froide et de l’affrontement des blocs. Un tel héritage vaut mille fois plus que le plus sophistiqué des scénarios rétroactifs. »

 

 

 

Peter Schwarz dans le World Socialist Website : « Une vaste razzia contre un réseau terroriste d’extrême droite révèle l’ampleur du danger fasciste en Allemagne : Mercredi a eu lieu un des plus grands raids policiers de l’histoire de la République fédérale d’Allemagne. Environ 3.000  agents des forces de police spéciales ont pris d’assaut 137  lieux dans 11  États fédéraux mercredi matin et ont arrêté 25  personnes. Vingt-sept autres font l’objet d’une enquête. Le procureur de la république les a accusées d’être membres ou sympathisants d’une organisation terroriste, et les descentes se poursuivent.

 

Les accusés arrêtés appartiennent à une organisation terroriste fondée fin novembre 2021. Elle vise à renverser l’ordre étatique existant en Allemagne et à le remplacer par sa propre forme de gouvernement, indique un communiqué du procureur général. Les membres de l’organisation sont conscients que ce projet ne peut être réalisé que par l’utilisation de moyens militaires et de la violence contre les représentants de l’État. Cela inclut la commission d’homicides.

 

Ce ne sont pas des nazis à bottes et crâne rasé qui ont été arrêtés mais de membres de la haute société. Le prince Reuss Heinrich  XIII a été accusé par le procureur fédéral d’être le meneur. C’est un agent immobilier de Francfort et le descendant d’une famille noble de Thuringe qui a régné pendant 700 ans sur la région du Vogtland. Un autre suspect principal est l’ancien commandant de parachutistes Rüdiger qui dirigeait la branche militaire de l’organisation. »

 

Revue de Presse 436
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7 décembre 2022 3 07 /12 /décembre /2022 06:01

L’immensément riche rappeur Kanye West se pointe dans un talk-show animé par Alex Jones, une vedette de la télévision d’extrême droite (faute de goût), spécialiste des théories du complot, se disant libertarien et paléo-conservateur. Un sinistre rigolo inventeur d’un dentifrice censé guérir du Covid. Également présent Nick Fuentes, suprémaciste blanc opposé au droit de vote des femmes. Âgé de 24 ans, il se définit comme incel (les célibataires involontaires qui n’arrivent pas à trouver un partenaire (tu m’étonnes !). Kanye déclare à son hôte : « les médias juifs nous ont donné l’impression que les nazis et Hitler n’ont jamais rien offert de valable au monde… Mais [les nazis] ont aussi fait de bonnes choses. Nous devons arrêter de dénigrer les nazis tout le temps. Il a poursuivi plus tard : « Chaque être humain a quelque chose de valeur qu’il a apporté, en particulier Hitler ». Il en remettra une petite couche les jours suivants : « Hitle n’a pas tué six millions de Juifs. C’est complètement incorrect factuellement ». Quelques heures plus tard, il essaie de tweeter l’image d’une croix gammée nazie à l’intérieur de l’étoile de David, il est interdit par Twitter.

 

Quand j’étais djeuns', la musique noire étasunienne, c’était Ray Charles ou Ella Fitzgerald. Maintenant, c’est Kanye West.

 

Peut-être que quand on a vendu 160 millions de disques, on peut dire ta vérité et prendre la défense du plus grand génocidaire de la grand Histoire. Qui a fait stériliser et tuer 30 000 Noirs dans ses camps.

 

Les artistes de rap ne viennent pas systématiquement du ruisseau. Ancien  Black Panther, le père de Kanye est journaliste et sa mère professeur d’université. Lorsque Kanye imite certains aspects de la vie des prolétaires, il ne fait que singer, comme d’autres artistes du genre.

 

Il épouse Kim Kardashian, productrice, styliste, femme d’affaires. Leur contrat de mariage prévoit que Kim touchera 1 million de dollars pendant dix ans si elle reste sous le même toit que son mari. Il prévoit également qu’elle hériterait d’une dizaine de millions de dollars en cas d’infidélité caractérisée de son mari. Elle a par ailleurs empoché 3,4 millions de dollars par enfant. Les époux sont désormais séparés.

 

L’antisémitisme de masse est né en Europe à la fin du XIXe siècle comme une réponse de la classe dirigeante au socialisme perçu comme “ juif ”. Il s’agissait pour cette classe de rallier la moyenne bourgeoisie menacée, paupérisée par la révolution industrielle. Aujourd’hui, aux États-Unis, l’individualisme est exacerbé, la classe moyenne atomisée, la culture parcellisée. Seule valeur sûre : la croyance dans le marché. Pour le reste, tout est possible : oppression des plus faibles, militarisme, fanatisme religieux, un patriotisme qui dispose même de sa loi qui déroge à toutes les règles et pratiques démocratiques antérieures à sa promulgation. Et puis la guerre, des guerres, partout dans le monde, de plus en plus par procuration, de façon immatérielle pour le public étasunien. En mentant (l’anthrax) et en utilisant un vocabulaire médiocre (« États voyous »).

 

Le hip hop est né au début des années 1970 dans un contexte qui ne lui était pas franchement favorable. Il s’agissait de prôner des valeurs de « paix, d’amour, d’unité » et de « s’amuser » (James Brown). Mais, dans le même temps, les grandes associations de défense des Noirs, comme la NAACP, sont devenues très modérées et se sont progressivement désintéressées de la situation des plus pauvres. La bourgeoisie afro-américaine a visé une part du gâteau en s’engouffrant par exemple dans la “ discrimination positive ”, des ensembles de mesures correctrices permettant au mieux, à tous, de partir sur un pied d’égalité. Le fait est que les écarts entre les Noirs aisés et les Noirs pauvres n’ont fait que croître dans les années 1970-80.

 

Dans l’atmosphère de la réaction Reagan-Thatcher et, plus tard, du triomphalisme capitaliste postsoviétique, le hip-hop a subi de très mauvaises influences. Des observateurs ont fait remarquer qu’au début des années 1980, les aspirants artistes de rap étaient malheureusement parmi les plus mercenaires qui soient.

 

On ne saurait les en blâmer, mais la principale motivation de la plupart des rappeurs est l’argent, que leur musique soit pensée et perçue comme celle des marginaux ou non. Chercher une conscience anticapitaliste dans cet univers serait vain. D’où les dérapages, les flottements honteux d’un Kanye West. Lors d’un défilé de mode de sa marque à Paris, il porte un tee-shirt suprémaciste blanc “ White Lives Matter ” sans aucune réaction du Paris de la mode et des médias. Et il promet sur Twitter de s’attaquer aux Juifs. Adidas en profite pour le lâcher (sa marque de baskets Yeezy lui avait rapporté des sommes folles).

 

Au lendemain de Katrina, West déclara que Bush « ne se soucie pas des Noirs ». Mais en novembre 2002, West déjeunait avec Donald Trump et Nick Fuentes. Réaction de l’ancien ambassadeur des EU en Israël David Friedman : « Toute entrevue, même de courtoisie, avec un antisémite comme Kanye West et une ordure comme Nick Fuentes est inacceptable ». Trump bredouilla que le repas avait été « rapide et sans histoire », qu’il s’était « très bien entendu avec West », que celui-ci « n’avait tenu aucun propos antisémite » et qu’il ne connaissait pas Nick Fuentes.

 

Pas plus tard qu’en avril 2022, bien après que West eut rejoint le camp Trump, le magazine Jacobin défendait encore West, insistant sur le fait que ses « pitreries turbulentes et son désordre généralisé » étaient « une pièce essentielle de la carrière remarquable – et remarquablement chaotique – qu’il a bâtie ».

 

Les remarques antisémites et pro-Hitler de West ont provoqué le dégoût. Elles témoignent du glissement vers la droite et l’extrême droite de la surface visible de la société étasunienne et, peut-être, du pays tout entier. En tout  cas d’une dégradation de la culture de masse. Des zones et des groupes de résistance surgissent dans maints endroits mais, pour l’instant, sans projet fédérateur, sans objectif global.

 

Kanye West aime Hitler ; ça tombe bien : Hitler n’aimait pas les Noirs !
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5 décembre 2022 1 05 /12 /décembre /2022 05:29

Le World Socialist Website (Patrick Martin) nous informe que les démocrates sont intervenus aux États-Unis pour interdire la grève des chemins de fer et imposer un règlement auquel s’opposent les travailleurs

 

Le vote de la Chambre des représentants mercredi matin pour interdire une grève nationale des chemins de fer et imposer un accord soutenu par la Maison-Blanche à 120 000 cheminots est un événement politique historique. Le Parti démocrate, qui contrôle la Chambre et a conduit le vote, a ouvertement affiché son rôle de classe en tant qu’instrument du grand patronat américain contre la classe ouvrière.

 

Le gouvernement Biden a regardé avec horreur les travailleurs du rail voter pour rejeter l’accord qu’il a élaboré en collaboration avec Wall Street, les sociétés ferroviaires et leurs serviteurs syndicaux. Ce gouvernement, qui ne cesse de parler de « liberté » et de « démocratie » dans le monde, s’apprête maintenant à réprimer impitoyablement les droits démocratiques des travailleurs du rail. Selon la Maison-Blanche et le Congrès, les travailleurs n’ont ni le droit de voter sur les conditions de leur emploi ni le droit de faire grève si les patrons refusent de faire une offre acceptable.

 

 

 

 

Revue de Presse 435

 

Selon Sébastien Crépel dans L’Humanité ; On ne peut qu’être d’accord avec cette phrase de Michel-Édouard Leclerc : « Le travail ne paie pas assez en France, seul le capital paie. » Le grand patron des hypermarchés du même nom sait de quoi il parle : ses magasins en sont un parfait exemple. Derrière celui qui se présente comme le chevalier blanc du pouvoir d’achat des Français, se cache une immense fortune bâtie sur un empire et ses employés.

 

Caissières payées au ras du Smic avec vingt ans d’ancienneté, employés à bout de souffle, risques psychosociaux. Le quotidien n’est pas rose pour ceux qui vivent de l’intérieur le « mouvement E. Leclerc », où l’objectif de rentabilité est masqué par une idéologie pseudo-philanthropique visant à faire croire au consommateur – et in fine au salarié – que la défense de ses intérêts passe par la guerre des prix entre mastodontes de la distribution. En bout de chaîne, les petits producteurs et les employés paient les pots cassés de cette compétition pour rafler les parts de marché et gonfler les profits – ce qui reste la raison d’être de ces enseignes.

 

Dans l’univers Leclerc, les primes aléatoires en fonction des résultats des magasins ont remplacé les hausses de salaires. La grève prévue ce vendredi a le mérite de rappeler que le pouvoir d’achat n’est pas soluble dans les politiques commerciales des firmes ni dans les primes au bon vouloir des patrons. Il paraît que faire droit aux revendications salariales entretiendrait l’inflation en créant une boucle « prix-salaires », mais préfère-t-on vivre dans un pays de bas salaires ? Malgré tous les « efforts » des Leclerc et autres, la réalité est que les prix s’envolent, sans que les salaires augmentent. Un rééquilibrage s’impose. Cette inflation-là – qui pourrait être contenue par un blocage ciblé des prix – serait à tout prendre préférable à celle d’aujourd’hui, car elle serait nourrie par un plus juste partage des richesses et non par la guerre et les spéculations.

 

 

Que prépare la coalisation fascisante en Israël, demande le site Communistes ?

 

Les plans de la coalition sioniste religieuse, une fois au pouvoir, incluent la légalisation de dizaines d'avant-postes israéliens non autorisés en Cisjordanie tout en faisant appliquer les ordres de démolition contre la construction palestinienne non autorisée dans certaines parties de la Cisjordanie ; réduire la bureaucratie pour la construction dans les colonies ; stopper la destruction des avant-postes illégaux ; et l'abrogation de la loi sur le désengagement pour permettre la reconstruction des colonies dans le nord de la Cisjordanie qui ont été évacuées et détruites dans le cadre du programme de désengagement de Gaza en 2005.

 

Un manifeste électoral du sionisme religieux appelle également à l'abolition de l'administration civile – un organe du ministère de la Défense qui gère les affaires civiles telles que les permis de construire dans la zone C, les 60 % de la Cisjordanie où vivent tous les colons et des milliers de Palestiniens. Au lieu de cela, le parti cherche à faire transférer les pouvoirs de l'administration civile à un autre ministère. Il s’agirait en fait d’une annexion de facto, donnant au gouvernement de Jérusalem le contrôle de territoires situés en dehors d'Israël et actuellement gouvernés par l'armée.

 

[Plusieurs hommes politiques d’extrême droite ont] menacé d'expulser les politiciens arabes et autres Arabes qui ne reconnaissent pas que « la terre d'Israël appartient au peuple juif ».

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3 décembre 2022 6 03 /12 /décembre /2022 05:32

Serge Halimi se demande si l’impérialisme peut être vertueux. Il en doute : « La coexistence d’un Sénat contrôlé par les démocrates et d’une Chambre des représentants où les républicains seront majoritaires ne bouleversera pas la politique étrangère des États-Unis. Elle pourrait même révéler à ceux qui l’ignorent une convergence entre le militarisme néoconservateur de la plupart des élus républicains et le néo-impérialisme moral d’un nombre croissant de démocrates. La chose n’est pas nouvelle. En 1917, le président démocrate Woodrow Wilson engage son pays dans la première guerre mondiale, caractérisée par des rivalités impériales, en prétendant qu’il entend ainsi « garantir la démocratie sur terre ». Ce qui ne l’empêche pas d’être simultanément sympathisant du Ku Klux Klan. Plus tard, au cours de la guerre froide, républicains et démocrates se succèdent à la Maison Blanche pour défendre le « monde libre » contre le communisme athée, « empire du Mal ». L’Union soviétique disparue, vient le temps de la « guerre contre le terrorisme » dont le président George W. Bush garantit qu’elle mettra fin à la « tyrannie dans le monde ».

 

 

Stéphane Dudoignon estime qu’en Iran le pouvoir se fracture : « Face aux manifestants, qui demeurent déterminés, le régime a opté pour la méthode dure afin de ramener le calme. Mais une fraction de la hiérarchie religieuse regrette l’absence de mécanismes conciliateurs entre le pouvoir et la contestation. »

 

Pour Benjamin Lemoine, l’inflation s’en prend aux plus pauvres : « Les pouvoirs publics ont longtemps mis les salariés à l’abri de l’inflation à travers un mécanisme d’indexation des rémunérations. Le gouvernement français estime désormais que procéder de la sorte reviendrait à jeter du kérosène sur la flambée des étiquettes, ce que contredit une étude récente du Fonds monétaire international (FMI). La règle édictée par Bercy ne vaut toutefois pas pour tous. »


 

Le Monde Diplomatique (278)

 

Evelyne Pieiller dénonce l’usage généralisée de la compassion : « Solidarité, responsabilité : des mots qui ont, depuis quelque temps, repris une forte actualité pour souligner ce qui est dû aux moins privilégiés — les « vulnérables » — au nom d’une égalité imparfaite et de la volonté de corriger les injustices. Le vivre-ensemble passe alors par l’attention portée au ressenti de chacun. Mais le ressenti permet-il de fonder une norme collective ? »

 

 

Pierre Puchot s’est rendu à Grigny observer un demi-siècle d’aberrations urbaines : « Aujourd’hui emblématique des banlieues déshéritées, Grigny n’était en 1969 qu’un bourg paisible de trois mille âmes quand l’État décida, sans concertation avec les autorités locales, d’y implanter deux grands ensembles : Grigny 2, la plus importante copropriété privée de France ; et la Grande Borne, un immense quartier de logements sociaux. Un péché originel dont la ville ne s’est jamais remise. »

 

 

Corentin Léotard a écouté la petite musique hongroise : « Dans le concert européen de soutien à l’Ukraine, la Hongrie joue sa propre partition. Tout en dénonçant l’agression russe, le premier ministre Viktor Orbán défend une voie de compromis avec Moscou. Cette singularité qui l’éloigne de ses voisins répond surtout à des considérations idéologiques et de politique intérieure. Pour les nationalistes hongrois, l’avenir se joue à l’Est. »

 

 

Michaël Levystone a observé de prudentes émancipations en Asie centrale : « Si aucun des pays d’Asie centrale ne l’a officiellement condamnée, l’agression russe contre l’Ukraine fait grincer des dents dans la région. Jusqu’alors garant de la sécurité, Moscou voit son monopole contesté par d’autres, comme les États-Unis, qui reviennent après leur débâcle afghane. »

 

 

Pour Hughes Le Paige, le gouvernement italien utilise un double langage : « En visite à Bruxelles début novembre, Mme Giorgia Meloni a montré patte blanche : la présidente du conseil italien entend respecter scrupuleusement les traités européens, se plier au dogme de la rigueur, soutenir l’Ukraine coûte que coûte… Des positions qu’elle conjugue à un ultraconservatisme autoritaire sur les sujets sociétaux. Mais cela intéresse moins les instances de l’Union. »

 

 

Au Pakistan, le capitalisme à une main armée (Laurent Gayer et Fawad Hasan) : « Sur fond de crise économique, le Pakistan est, une fois de plus, secoué par une tempête politique. Démis de son poste de premier ministre après un vote de défiance du Parlement, M. Imran Khan, qui a organisé une marche contre son successeur Shehbaz Sharif, a échappé à une tentative d’assassinat. À Karachi, dirigeants locaux, hommes d’affaires et militaires s’entendent pour contrôler d’une main de fer les salariés de l’industrie textile. »

 

 

Pour André-Michel Essoungou, les écrans africains font l’objet d’une guerre d’influence : « En marge du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie, à Djerba (Tunisie), le 20 novembre 2022, M. Emmanuel Macron a de nouveau dénoncé la propagande des « puissances » qui veulent « abîmer » l’image de la France en Afrique. Les pays qui agacent Paris se livrent à une guerre médiatique pour favoriser leurs intérêts et dénigrer les concurrents. »

 

 

Didier Ortolland estime que le droit de la mer tangue mais ne coule pas : « La mer, qui recouvre 70 % de la planète, offre au regard une immensité continue. Mais elle n’échappe pas à l’appropriation, à l’exploitation, aux frontières. Comment réglementer les conflits maritimes et l’exercice de la souveraineté des États ? Le 10 décembre 1982, l’acte final de la conférence des Nations unies sur le droit de la mer apportait à ces questions une réponse originale et durable. »

 

 

 

Aux États-Unis, la gentrification se fait par l’école (Richard Keiser) : « On connaissait la stratégie de ces parents qui choisissent leur logement de façon à aiguiller leurs enfants vers les meilleurs établissements. Aux États-Unis, des municipalités renversent la logique. Soucieuses d’attirer les populations riches vers des centres-villes en général pauvres, elles rasent certaines écoles pour en construire d’autres, susceptibles de doper leur « offre scolaire ». »

 

 

Pour Paul Guillibert, l’idéologie est à l’œuvre dans les plateaux andins : « Une partie de la gauche latino-américaine considère que l’influence des travaux d’intellectuels occidentaux relève d’une forme de colonialisme. Ce n’est pas le cas du socialiste José Carlos Mariátegui, né au Pérou en 1894. On doit à celui-ci d’avoir contribué à introduire le marxisme au sein de la gauche régionale. Sans « calque » ni « copie », mais sans quête non plus de l’originalité à outrance. »

 

 

Claire Lecœuvre estime que ma méthanisation est stade suprême de l’agriculture industrielle : « La guerre en Ukraine ravive la dépendance européenne, et française, aux importations de gaz. Présentée un peu rapidement comme une solution écologique pour garantir une souveraineté en matière de production, la méthanisation reste loin de tenir ses promesses. Un développement massif sur le modèle actuel comporterait des conséquences néfastes tant pour l’agriculture que pour l’environnement. »

 

 

Décidément, la privatisation de l’électricité en France est un échec (David Garcia) : « La crise énergétique consécutive aux sanctions occidentales contre la Russie n’a pas seulement rogné le pouvoir d’achat des Européens et affaibli le Vieux Continent. Elle projette une lumière crue sur l’échec de la libéralisation du marché de l’électricité en France et, surtout, sur l’obstination des différents gouvernements à poursuivre cette politique quoi qu’il en coûte. »

 

 

Idem pour la privatisation rampante de la SNCF (Selim Derkaoui) : « En région parisienne, on ne compte plus le nombre de trains annulés faute de conducteurs. La mise en place d’un logiciel privé de gestion du personnel devait permettre de compenser le manque d’effectifs. Non seulement les usagers ne constatent aucune amélioration, mais les cheminots voient leurs conditions de travail se détériorer — ce qui les pousse à la démission. Une spirale infernale.

 

 

Laurence Decock s’est rendue dans la classe des Freinet : « Pédagogues à la renommée internationale, Élise et Célestin Freinet ont produit quantité d’écrits théoriques. Mais ils ont surtout mis leurs idées en pratique, notamment en fondant l’école qu’ils ont ouverte en 1934 à Vence. Dans cet établissement sans véritable classe ni pupitres alignés face à un tableau, les sanctions sont votées en assemblée générale, et chacun doit travailler en autonomie. »

 

 

Gilles Costaz évoque la période de la faste du verbe : « Dans les années 1950-1960 surgit un théâtre étonnant, porté par la vitalité des mots, et qui bouleversa les imaginaires : aux côtés de Samuel Beckett ou d’Eugène Ionesco, on comptait Jacques Audiberti, maître éclatant du langage, conteur de la fraternité. »

 

 

Simon Arambourou et Grégory Rzepski assistent à la disparition de la haute Fonction publique française : « On les a longtemps ménagés : les hauts fonctionnaires se croyaient à l’abri. Ils observaient d’un œil bienveillant les réformes de l’État à la sauce sarkozyste (révision générale des politiques publiques [RGPP]), hollandaise (modernisation de l’action publique [MAP]) ou macroniste (comité d’action publique 2022 [CAP 22]), qui toujours épargnaient la noblesse mais frappaient les agents. Au nom de la dématérialisation, on fermait les services ; pour faire des économies, on ne compensait plus les départs. Il faudrait déménager, subir la colère d’usagers excédés, travailler plus. Et gagner moins quand les gouvernements s’acharnent à geler les rémunérations. La perte de sens, c’était un contrôleur des impôts encouragé à conseiller l’optimisation fiscale. Ou des agents de la Sécurité sociale, à chasser les fraudeurs.  Souvent, la crème de la haute fonction publique œuvrait elle-même au démantèlement des échelons inférieurs de l’administration, tout comme ses prédécesseurs avaient contribué aux privatisations de la sidérurgie, des banques, de la défense, de l’aéronautique, des télécoms ou de l’énergie : les cadres du Trésor ou de la direction du budget « modernisaient » l ’économie françaisequand les ingénieurs des Ponts et Chaussées concédaient l’aménagement aux majors du bâtiment et des travaux publics. À l’hôpital, à l’université, les mandarins admiraient Michel Rocard ou MM. Édouard Balladur, Alain Juppé ou Lionel Jospin, jusqu’à subir à leur tour la concurrence et la caporalisation bureaucratique. »

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28 novembre 2022 1 28 /11 /novembre /2022 05:28

Dans Res Publica, Bernard Tepper nous recommande vivement de tout faire pour défendre la Sécurité sociale : « [Il faut se] rassembler dans l’action avec les organisations syndicales. Il faut assurer la défense et la promotion d’une autre Sécurité sociale. La Sécurité sociale parce qu’elle reste l’avancée sociale la plus aboutie dans la période 1945-1967 de l’histoire de France et même du monde sur une période significative de 22 ans. Elle reste l’un des piliers indispensables de la reconquête populaire car elle peut symboliser la protection de l’humanité de la naissance à la mort si on reprend la définition de l’Oms de 1946 de la santé : « la santé est un état de bien-être physique, psychique et social » et donc pas seulement une absence de maladie. Chiche, vous voyez ce qui vous reste à faire !

 

Les mutuelles qui gardent un lien avec les mutuelles de travailleurs sont celles qui ont refusé l’entrée dans la Mutualité française, dans les années 90. Car la Mutualité française, adversaire historique de la Sécu après leur complaisance avec le régime de Vichy, a passé un « accord scellé en béton armé » avec les instituts de prévoyance soi-disant paritaires (comme Malakoff Médéric jadis présidé par Guillaume Sarkozy) et avec la branche assurantielle du Medef (longtemps animé par Denis Kessler qui a défini la stratégie des gouvernements néolibéraux dans sa fameuse interview du 4 octobre 2007 dans Challenges !) au sein de l’Union nationale des organismes complémentaires à l’assurance-maladie (UNOCAM) dès le début du XXIe siècle. À noter que c’est le gouvernement d’union de la gauche de Lionel Jospin sur demande de la Mutualité française qui a troqué en 2001 le Code de la mutualité solidaire en code assurantiel en acceptant l’injonction de la directive européiste ordolibérale appelé Solvabilité 2 qui est la réforme cliquet qui oblige les complémentaires Santé à se comporter dans leur gestion comme les assureurs privés à buts lucratifs et à combattre avec vigueur la Sécurité sociale. L’autorité de contrôle (ACPR) étant le gendarme du marché des complémentaires avec droit de vie ou de mort sur ces dernières.

 

 

Pour Communistes Hebdo, le patronat et le pouvoir ont passé la vitesse supérieure : « Le Fonds Monétaire International (FMI) dans son rapport annuel consacré à la France incitent le gouvernement à accélérer le rythme de réduction des dépenses publiques, des réformes « structurelles » de l’assurance chômage, des retraites, de l’éducation nationale, à « rationaliser » les effectifs de la fonction publique, toutes recommandations déjà en œuvre dans le programme de Macron et de son gouvernement.

Le 15 novembre la réforme de l’assurance chômage a été voté, sans coup férir par 210 voix pour et 140 contre, les syndicats dénoncent une réforme scandaleuse, les représentants des cinq confédérations ont réaffirmé leur totale opposition à la réforme de l’assurance chômage lors de la dernière séance de concertation de lundi. 

Les chômeurs perdent sur toute la ligne, le patronat est gagnant.

A peine sorti de la réforme de l’assurance chômage, Dussopt, ministre du travail, est chargé de mettre en musique la partition écrite par Macron pour la réforme des retraites.
 

Faire payer le peuple, c’est la logique du capitalisme. 

Avec l’inflation, l’augmentation des loyers, des prix de l’énergie, le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire augmente, la pauvreté explose. En 2021, 2 à 4 millions de personnes avaient recours à l’aide alimentaire La Direction générale de la cohésion sociale estime que 7 millions de personnes sont aujourd’hui en situation de précarité alimentaire, 60% d’entre eux vivent dans l’extrême pauvreté – c’est-à-dire avec la moitié du seuil de pauvreté, soit 551 euros. Les Restos du cœur enregistrent une hausse de 25% du nombre d’enfants. Selon l’Insee, un tiers des bénéficiaires de l’aide alimentaire (32%) « déclarent se coucher souvent en ayant faim ». Les deux tiers de ceux qui ont des enfants déclarent réduire régulièrement leur part au profit de leurs enfants. 

Cette situation est la même non seulement en Europe mais aussi dans le monde. David Beasley, directeur du Programme alimentaire mondial, alerte les dirigeant mondiaux sur la menace de famine concernant des centaines de millions de personnes. Le nombre de personnes au bord de la famine s’élève actuellement à 345 millions. 

Pendant la même période les dividendes atteignent des records historiques. Janus Henderson a révisé à la hausse ses prévisions de 30 milliards de dollars pour la fin de l'année. Elle s'attend désormais à ce que les actionnaires des grandes sociétés cotées perçoivent un montant record de 1 560 milliards de dollars sur l'ensemble de 2022.


 

Revue de Presse 434
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27 novembre 2022 7 27 /11 /novembre /2022 06:01

Face à l’Empire, à l’Inde, à Gandhi, Orwell a toujours éprouvé des sentiments, je ne dirai pas ambigus mais contrariés. Né en Inde en 1903, fils d’un fonctionnaire de l’Empire – fonctionnaire (il s’occupait de la régie de l’opium !), pas richissime exploiteur – Orwell fut l’une des premières consciences bourgeoises pourfendeuses de l’impérialisme britannique dans les années 1930. Á l’époque, il fallait le faire. Pensons à Camus et à l’Algérie. Mais, dans le même temps, l’Empire fut très longuement présent dans la conscience familiale. Ainsi, un des arrière-grands-pères de l’écrivain avait possédé des esclaves en Jamaïque. On ne s’étonna guère dans l’entourage de la famille lorsqu’Orwell, après avoir été un très bon élève à Eton, la plus prestigieuse public school anglaise, ne postula pas comme étudiant pour Oxford ou Cambridge, mais s’enrôla comme sergent dans la police impériale birmane. C’était un peu l’hommage du vice à la vertu, un hommage payé à la conscience impériale qui avait été très douce pour sa famille. Mais en Birmanie, il fit long feu, cinq années de présence tout de même, écœuré par le système et le rôle qu’il était amené à jouer pour réprimer les mouvements nationalistes et les grèves ouvrières. Prétextant des ennuis de santé, il démissionna. Il rentra en Angleterre pour se consacrer à l’écriture, notamment “ Une pendaison ”, un chef d’œuvre de quelques pages qui racontait le supplice d’un autochtone, et Tragédie birmane, un roman où il expliquait comment des jeunes Anglais ayant des comptes à régler avec eux-mêmes, ne pouvaient que se perdre sous les tropiques impériaux.

 

Orwell admirait Gandhi mais il ne l’aimait pas. Il admirait le combattant – pour lui un homme d’un courage exceptionnel – mais avait beaucoup de réserves vis-à-vis de l’individu. Quelques mois avant sa mort, il consacra l’un de ses derniers essais à des « Réflexions sur Gandhi ». Ce texte commençait par une phrase extraordinaire : « Les saints devraient toujours être jugés coupables jusqu’à ce que leur innocence soit prouvée ». Orwell avait repéré que derrière le “ saint ”, il y avait un individu « très habile et très malin » ayant réussi à imposer une image éternelle de lui (le végétarisme, les habits faits maison, l’âme, la vérité) alors que son programme économique et politique ne tenait pas la route tandis que sa règle de la non-violence, qui se résumait bien souvent à de l’inaction totale plaisait beaucoup aux colonialistes qui l’appelaient en privé « notre homme ». Aux millionnaires indiens, Gandhi demandait le repentir mais ne proposait aucune mesure coercitive socialiste pour diminuer leur pouvoir sur la société. Selon Orwell, si le combat de Gandhi fut couronné de succès – mais après tout c’était le but de la manœuvre – c’est en partie parce que la domination anglaise en Inde (le Raj), sans être modérée (voir les nombreux massacres de masse durant l’occupation), s’accommodait d’expressions contestataires et savait déléguer. Ce que n’aurait jamais fait une colonisation nazie.

 

Ci-dessous, deux photos de la maison natale d’Orwell à Motihari, dans l’est de l’Inde. On peut dire que les Indiens ont bien rendu à Orwell l'ambiguïté des sentiments qu'il éprouvait à leur encontre. Pendant des décennies, ils ont laissé à l’abandon la maison modeste où il était né mais ont dépensé quelque argent pour concevoir et installer un panneau majestueux qui leur a permis d’annexer à leur profit la gloire posthume de l’écrivain. La maison a beaucoup souffert d’un tremblement de terre en 1934 et, pendant des années, elle servit de refuge pour animaux errants. Une statue d’Orwell fut détruite. Il fallut attendre 2009 pour que le gouvernement régional envisage la rénovation des lieux. Mais le pire est que le conseil municipal a décidé de faire de cette masure rénovée, et d’un parc aménagé autour, un mémorial. Á la gloire de l’auteur de La ferme des animaux, me direz-vous ? Mais non : en l'honneur de Gandhi.

 

Cette étrange décision provoqua même l’ire de gardiens de la mémoire de Gandhi estimant qu’utiliser la maison natale d’Orwell pour rendre hommage à Gandhi était contraire aux idéaux du grand combattant pour la liberté.

 

Des Indiens se vengent de George Orwell de bien mesquine manière
Des Indiens se vengent de George Orwell de bien mesquine manière
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23 novembre 2022 3 23 /11 /novembre /2022 06:01

Quand j’ai vu la liste des personnalités qui ont tout récemment pris la défense de la corrida, j’ai eu un haut-le-cœur. Pas en y repérant le nordiste Dupont-Moretti, l’organisatrice de corridas Mari Sara, Jean Réno ou encore Pierre Arditti qui, au fil des années, est devenu – par-delà son très grand talent de comédien – de plus en plus beauf. Mais en croisant des artistes fins, sensibles, pas tous nécessairement contaminés par le tropisme du Sud-Est : Charles Berling, Anne Clergue, Françoise Nyssen, Ernest Pignon-Ernest. Comment tous ces êtres qui sont à cent coudées au-dessus du commun des mortels en tant que créateurs peuvent-ils aimer et, pire encore, se faire les avocats de cette barbarie, de ces actes de torture organisées ?

 

Une parenthèse pour ne plus y revenir : de même qu’il soutient les chasseurs en Picardie, le boy de Rothschild soutient la corrida dans ses terres de tradition.

 

J’ai assisté à une corrida dans ma vie. En Espagne, dans les années soixante. Avec, excusez du peu, El Cordobés. Celui-ci était un fou génial prenant des risques insensés et qui, selon ses propres mots, ne toréait pas mais « faisait des trucs avec les taureaux ». Fils d’un ouvrier républicain, issu d’un milieu très pauvre, il était franquiste comme pas deux. Á front renversé, son aîné Luis Miguel Dominguin, arrogant, d'allure aristocratique, était nettement de gauche. On a tous en mémoire cet échange acéré avec le Caudillo qui, lui ayant demandé au cours d’une chasse : « Alors Luis Miguel, vous avez un frère communiste ? », se vit répondre : « Excellence, dans la famille, nous sommes tous communistes ».

 

Donc, par un bel après-midi d’été, nous nous retrouvons, mes parents, mes frère et sœur et moi, invités par des amis espagnols qui nous avaient contraints d’assister « une fois dans notre vie », à ce spectacle « tan español », assis confortablement sur les gradins « sol », moins chers que ceux « sombra ».

 

De la corrida, je ne savais rien. Ma seule référence était la chanson de Gilbert Bécaud, extraordinaire mais tellement trompeuse où la bête choisit son destin : 

 

La bête a longuement respiré la poussière

Elle a humé la Mort qui longuement passait

Dans un saut fabuleux qui fit trembler la terre

Elle a choisi la Mort qui fut son invitée.

 

Au début, tout se passa bien. Je vis le taureau débouler dans l’arène, totalement inconscient du fait que la bête, ayant passé des heures confinée dans un petit espace dans le noir absolu, se retrouvait brutalement aveuglée, dans un soleil et un bruit d’enfer, complètement affolée, pour ne pas dire folle. Le spectacle commença, par des passes gentilles où des toreros en puissance montrait leur talent, leur souplesse, leurs réflexes. Et puis on passa aux choses sérieuses, c’est-à-dire au sang. La bête n’était pas venue pour jouer, mais pour se vider de son sang, dans les pires souffrances. Nous vîmes donc des banderilleros planter des banderilles, à savoir des bâtons de 80 centimètres de long, terminés par un harpon (important cette forme pour bien abîmer les chairs et faire souffrir) et recouverts de papier couleur pour qu’on les voit bien de loin, même avec le soleil dans l’œil. Nos hôtes espagnols nous expliquèrent que lorsque le taureau évite les banderilleros, on peut alors tenter de lui planter des banderilles noires, plus longues et toujours avec harpon, des symboles d’infamie. On saigne, on fait souffrir et on enseigne la morale au taureau.

 

Les miens et moi nous commencions à nous sentir mal. Arriva alors pour nous le coup de grâce : le picador. Par une ironie dramatique que je ne saurais passer sous silence, le terme « picador » signifie picador, mais aussi hachoir. Le picador est celui qui fait le plus mal, le plus de dégâts, et qui risque le moins. Il est à cheval, sur une selle très haute, par devant et par derrière. Le cheval est protégé par un caparaçon, ce qui n’empêche pas parfois des accidents, les toros pouvant être tellement malvados. Le picador est armé d’une lance dont le bout est renforcé par une pointe de fer d’environ 5 centimètres. Le pouce du picador est recouvert d’une peau qui empêche la lance de glisser. La tâche du picador est d’enfoncer sa lance dans le cou du taureau, près de la colonne vertébrale. Le résultat est que le sang gicle et que tout un paquet de nerfs sont hachés par la pointe de fer. Si bien que lorsque le torero intervient pour finir, il a affaire à une bête très diminuée, ce qui lui permet de fanfaronner dans son habit de lumière tellement féminin (Bernard, arrête avec ta symbolique pour enfants de six ans !).

 

Nous fûmes incapables de regarder la suite, y compris la prestation du Cordobés qui reçut vraisemblablement les oreilles et la queue.

 

Comme les bêtes qui l’avaient précédé, le dernier taureau fut évacué d’une manière ignoble, traîné par des chevaux, à même le sol, pour que – encore une symbolique pour enfants de six ans – son sang se mêle au sol espagnol. Les Allemands nationalistes, grands amateurs de legs du passé, appellent ce mélange “ Blut und Boden ”.

Facebook m'a censuré la photo ci-dessous ("contenu sensible"). Surtout pour le taureau, dirais-je...

 

 

La corrida est haïssable et je la hais
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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 06:01

Repris du site Rapports de force.

 

Le 17 novembre, le personnel enseignant des lycées professionnels est de nouveau en grève contre le projet de réforme profonde du secteur. Le gouvernement prévoit une mise en oeuvre « progressive » de cette réforme dès janvier 2023, à la rentrée des vacances d’hiver. Face à ce calendrier très resserré, les organisations syndicales espèrent amplifier la dynamique de mobilisation, un mois après une première grève très suivie. 

 

Dans son lycée professionnel à Sarcelles (Seine-Saint-Denis), Hassen Ben Lahoual, professeur de lettres histoire-géographie, a dénombré 60 % de ses collègues en grève le 18 octobre. Un mois après cette première date réussie, rebelote. Les voilà de nouveau en grève ce jeudi, comme partout ailleurs sur le territoire. « On va se réunir devant le lycée le matin, puis l’après-midi on ira au rendez-vous de la manifestation. Le 18 octobre, nos élèves se sont mobilisés et nous n’étions pas présents devant le lycée : cette fois, on ne voudrait pas rater le coche », expose Hassen Ben Lahoual.

 

Difficile de déterminer si la mobilisation de ce jeudi sera aussi forte que celle du 18 octobre. En plus d’avoir réuni près de 60 % des effectifs (selon les syndicats), cette dernière date avait marqué l’émergence d’un front syndical uni. Uni comme jamais il ne l’avait été ; y compris lors de la réforme Blanquer de l’enseignement professionnel en 2019. Ce jeudi, seule la CFDT n’a pas appelé à la grève nationalement. Et encore, certaines sections locales l’ont fait.

 

La réforme prévue par le ministère est « structurelle : on change vraiment le métier, les objectifs », souligne Axel Benoist, co-secrétaire général du SNUEP-FSU, par ailleurs professeur dans un lycée professionnel en Ille-et-Vilaine. « Il y a de la colère face au fait qu’un tel projet de réforme soit aussi rapide et imposé ». En face, « le ministère va vite, en guerre éclair : car ils ont conscience que sur le terrain, ce n’est pas accepté ».

 

« On ne voulait pas entrer dans le piège d’une pseudo concertation »

 

De fait, le ministère de l’Éducation nationale va vite, très vite. Les concertations avec les organisations syndicales ont été lancées le 21 octobre, trois jours, donc, après la première grève du secteur. Certains syndicats ne s’y sont pas rendus, comme le SNETAA-FO ; d’autres n’étaient pas conviés, comme Sud Education. D’autres enfin, comme le SNUEP-FSU et la CGT Educ’action, ont quitté la table au bout d’une dizaine de minutes. « On ne voulait pas rentrer dans le piège d’une pseudo concertation », résume aujourd’hui Philippe Dauriac, secrétaire national de la CGT Educ’action en charge de la voie professionnelle.

 

« Avant de discuter d’une énième réforme, on veut un état des lieux réel et sincère », complète sa collègue Catherine Prinz, également secrétaire national de cette branche. De fait, la réforme Blanquer de 2019 est encore toute proche. « On vient juste d’avoir la cohorte de jeunes passant le nouveau bac en juin, et on a tiré aucun bilan de cette importante réforme », rappelle Aurélien Boudon, responsable SUD éducation.

 

Au-delà du manque de recul et d’expertise, ces organisations syndicales s’indignent d’un cadre de concertation biaisé. La ministre déléguée, Carole Grandjean, « nous a redit que les éléments socles de la réforme ne sont pas négociables », déplore Axel Benoist du SNUEP-FSU. À savoir, l’augmentation de 50 % des périodes de stage en entreprise au détriment des cours. Ou encore, le renforcement de l’autonomie des établissements, avec un choix des disciplines et des volumes horaires consacrés décidé établissement par établissement, en fonction du bassin d’emploi local.

 

Même les syndicats participant aux concertations (UNSA, SNALC…), organisées en quatre groupes de travail, critiquent le cadre établi. « Nos organisations syndicales ne peuvent pas valider le bilan présenté par le ministère et qui lui sert de base pour les concertations. Elles revendiquent un état des lieux partagé, honnête et rigoureux préalable, sans lequel elles considèrent inacceptable d’envisager une quelconque réforme », écrivent-ils ainsi dans le dernier communiqué intersyndical du 12 novembre.

 

Des expérimentations début 2023 dans des lycées professionnels

 

Interrogé sur le périmètre des concertations, le ministère de l’Éducation nationale reste flou. « À ce stade, la réforme n’est pas écrite, les choses vont se mettre en place de manière très progressive à compter de la rentrée scolaire 2023-2024 ». Les quatre groupes « vont dans un premier temps travailler jusqu’aux congés de Noël, il n’est pas exclu qu’ils puissent encore se réunir au-delà si besoin », nous précise-t-il. En parallèle, « des auditions déborderont sur le mois de janvier, avec pour objectif d’avoir des conclusions pour la fin février 2023 ».

 

La mobilisation du 18 octobre « s’est traduite par une inflexion dans le discours de Carole Grandjean sur le fait que “rien n’est arrêté, tout est discutable”. Ces éléments de langage là, on les a déjà subi lors du Grenelle de l’Education », dénonce Philippe Dauriac de la CGT Educ’action. « C’est une inflexion stratégique pour gagner du temps ».

 

Dans les faits, le ministère a d’ores et déjà annoncé que des expérimentations seraient déployées dès début 2023, à la rentrée des vacances d’hiver. « On est le 15 novembre, les vacances c’est le 17 décembre. Qu’est ce que ça veut dire, des groupes de travail d’un mois sur des sujets aussi importants ? » peste Philippe Dauriac. « Ce calendrier à marche forcée est assez contradictoire avec le discours selon lequel “on peut discuter de tout”. On peut discuter de tout, mais pas pendant trop longtemps, apparemment ! », ironise de son côté Aurélien Boudon de Sud Education.« On entretient un flou savant, plutôt que d’abattre cartes sur table », regrette-t-il.

 

Quels axes de la réforme seront mis en oeuvre dans ces expérimentations ? Quelle est la cartographie des établissements volontaires ? « Il est trop tôt pour répondre à vos questions », nous indique en effet le ministère.

 

Les lycées professionnels face à la « guerre éclair » du ministère

« Si le gouvernement s’obstine, il faudra partir en grève reconductible »

Le passage de l’ensemble de la réforme se fera par modification des textes réglementaires. C’est-à-dire sous forme d’arrêtés, et non par une loi débattue au Parlement. La voie rapide, donc. Ce schéma implique un examen par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), une instance consultative placée sous la présidence du ministre chargé de l’Education nationale. Mais « on sait pertinemment ce qu’il advient des textes présentés, quand bien même ils partent avec un avis défavorable du CSE : ils sont très rapidement mis en oeuvre », soutient Catherine Prinz de la CGT Educ’action, qui y siège. « C’est en cela qu’on qualifie cette réforme d’autoritaire, voire de pyramidale ».

 

La grève de ce jeudi ne sera donc « pas suffisante en elle-même. On est sur un rapport de forces de moyen ou long terme », présage Axel Benoist du SNUEP-FSU. D’aucuns comptent répondre plus fortement à cette « offensive très importante qui signe la fin du lycée professionnel tel qu’on le connaît aujourd’hui », comme Aurélien Boudon de Sud Éducation : « si le gouvernement s’obstine, il faudra partir en grève reconductible».

 

D’autres espèrent élargir la mobilisation au-delà du personnel enseignant des lycées professionnels. « Les parents d’élèves sont concernés. Et surtout les jeunes, puisque c’est leur avenir qui se joue ! », rappelle Catherine Prinz. Après la grève du 18 octobre, Hassen Ben Lahoual et ses collègues ont expliqué leur mouvement à leurs élèves de Sarcelles. « L’augmentation des périodes de stage en entreprise les scandalise. Ils savent que cela signifie qu’ils apprendront moins… Et qu’ils ne seront pas payés en stage – seuls 2 à 3 % d’entre eux le sont », affirme l’enseignant.

 

Pour gagner en ampleur, des organisations syndicales souhaitent faire plus de lien avec le mouvement social interprofessionnel. « C’est un enjeu de société : on a une remise en cause de la qualification professionnelle » martèle ainsi Catherine Prinz. L’enjeu est aussi de mieux s’ancrer à l’échelle très locale. Les menaces de fermeture de plusieurs lycées, comme en Ile-de-France, soulèvent actuellement des réactions sur lesquelles la CGT Educ’action compte par exemple s’appuyer. « C’est une manière de toucher davantage les parents d’élèves et les jeunes », conclut la responsable.

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