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15 décembre 2020 2 15 /12 /décembre /2020 06:17

 

 

On pourrait donner des dizaines d’exemples. J’en propose ici un seul, presque anecdotique.

 

Il y a trente ans, quand un universitaire voulait organiser un colloque, il se prenait par la main, choisissait une thématique, plutôt large, avec quelques collègues, et il lançait des invitations. Tout se déroulait simplement.

 

Aujourd’hui, pour participer à un projet de recherches, il est plus prudent d’attendre que le thème vienne d’en haut, par exemple de l’Agence nationale de la recherche, avant de s’y agréger. Ce qui n’est pas toujours aisé car la tendance est à l’hyperspécialisation des thématiques. Il faut ensuite remplir, en ligne bien sûr, un dossier de plusieurs pages en développant son curriculum vitae. Naturellement, tous les universitaires ont, dans leur disque dur, un fichier avec leur CV. Mais il serait beaucoup trop simple de faire un copier/coller, chaque nouveau colloque inventant son propre formatage. Et souvent, lorsque vous avez fini de remplir toutes les cases, vous ne pouvez plus, petits canaillous, revenir en arrière et apporter la moindre correction.

 

Autrefois, on n’aurait jamais demandé à un professeur des universités de justifier de ses états de service, d’exciper de ses publications. Par définition, un professeur des université (je ne vise personne, regardez-moi) avait un parcours, avait travaillé pendant vingt ou trente ans comme un dératé pour accéder à cette fonction. Il avait été été jugé et reconnu par ses pairs.

 

Depuis un quart de siècle, les universitaires se sont autofliqués, à l’initiative, principalement, de collègues de gauche (j'ai les noms) ayant accédé à des fonctions de pouvoir dans les universités ou dans les ministères. Ainsi, il est désormais demandé à ceux qui veulent rejoindre des « projeeeeeets » de choisir parmi la cinquantaine, la centaine, de publications qui ont jalonné leur parcours. Les livres sont exclus. Vous savez, ces petites choses de 2 à 300 pages qui vous ont pris trois ans de votre vie… Mais attention ! Pas d’impair ! Il faut  choisir parmi les publications « majeures ». En voilà une qualification qu’elle est idiote ! Majeure pour qui ? Pour le professeur, pour ses pairs ? Comment un chercheur peut-il décider que telle de ses publications est majeure ? Majeure dans l’absolu ? Majeure dans l’optique du colloque ? Vous avez publié un article séminal, traduit dans 25 langues, sur Vercingétorix. Oui, mais vous voulez participer à un colloque – soyons pointus – sur son oncle Gobannitio. Votre article est tout de suite moins majeur. Allez-vous remonter dans le temps pour aller chercher un travail important ou allez-vous privilégier une publication toute chaude pour bien prouver aux organisateurs que vous êtes toujours dans le coup et que vous travaillez sans répit ?

 

Mais cela ne suffit toujours pas. Vous devez en effet expliquer pourquoi votre article majeur est majeur ? Même Einstein n’y est pas parvenu avec sa théorie de la Relativité ! Enfin, vous devez fournir l’URL de votre article pour que vos collègues flics puissent se jeter sur votre publication en un clic afin de vérifier que votre information n’est pas bidon. Si votre article a été publié par une revue britannique ou étasunienne, les flics seront déçus, ils ne pourront pas cliquer car outre-Manche et outre-Atlantique on ne rigole pas avec la recherche : c’est du bizness, l’accès aux publications étant payant. Et l’on sait que la tendance est de publier le moins possible dans l’hexagone.

 

Pauvres esclaves !

 

 

Le flicage des chercheurs universitaires se perfectionne

PS : Mon ami PG, qui a ses entrées à Buckingham Palace, me fait passer le mot suivant :

Il paraît que l'éminent professeur de médecine qui va piquouser la reine d'Angleterre répète ce texte depuis huit jours :

“ I beseech Your Fabulous Royal Highness Majesty Queen to condescend to leave bare and kindly stretch Your Royal Arm so that I may take the liberty of allowing my modest person to gently prick the Highest Part of Your Royal Arm, with the aim of delicately instilling the wonder-vaccine in this Stately Portion of Your Majestic Body, in order to inoculate You against the goddam bloody fucking Covid 19. ”

Le flicage des chercheurs universitaires se perfectionne
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14 décembre 2020 1 14 /12 /décembre /2020 06:10

Dans la revue La Révolution Prolétarienne, fondée en 1925 par Pierre Monatte, l’Union Fédérale SUD Industrie montre les dangers de l’intégrisme religieux pour le mouvement syndical : « Il n’y a pas de monopole concernant l’intégrisme religieux car chaque courant en contient. Toutes les organisations intégristes qui divisent la classe ouvrière en souhaitant développer le communautarisme sont des ennemies des travailleurs. Pire, elles tentent par tous les moyens de pénétrer la société, y compris le mouvement syndical. Les organisations identitaires, fascisantes, intégristes, et celles et ceux qui les soutiennent en tentant de se donner une vitrine plus politiquement correcte, doivent être bannies des rapports avec Solidaires et l’ensemble du mouvement syndical. »

 

Dans cette même revue, la sociologue algérienne Marieme Helie brosse un historique du fascisme intégriste islamiste dans son pays : « Bien avant la “ décennie sanglante ” des années 1990 et la “ guerre contre les civils ”, nous avons été témoins de ces terrifiants crimes de guerre islamistes : la première “exécution ”, au début des années 1970, avait été celle d’un étudiant communiste, qui fut confronté à un tribunal islamiste créé ad hoc dans les locaux de l’université d’Alger et fut “ exécuté ” par l’épée sur place. La France n’a rien appris de ce qui se passa ensuite en Algérie. […] D’une certaine manière, la politique délibérée de la France d’accueillir les opposants islamistes d’extrême droite de l’État algérien porte désormais ses fruits. Ils sont maintenant devenus une force politique à part entière en France, qui montre ses muscles afin que les lois et les principes démocratiques se plient à son idéologique théocratique. »

 

Dans le même ordre d’idées, Marianne se demande qui se souvient que Jean-Marie Le Pen se félicitait de la victoire du Front islamique du Salut en Algérie au début des années 1990. »

 

 

Dans son blog, Jean Lévy dénonce le fichage massif à venir des militants politiques en France en faisant appel à l’histoire de notre pays au XXe siècle : « L’histoire de la mise en place de procédures discriminatoires à l'égard des citoyens, telle la mise en place de fichiers, voire de camps de regroupement pour telle ou telle catégorie de personnes  recensées – juifs, communistes, simples opposants – prises par les autorités politiques, dans un cadre juridique considéré encore comme « démocratique », ont permis à ses gouvernements – et et à ceux qui leur ont succédé – d’inscrire dans le droit français des pratiques totalitaires ouvrant la porte aux régimes fascistes qui ont pris leur suite. 

 

C'est ainsi que les décrets Daladier, pris en 1938 à l'encontre des étrangers déclarés « indésirables » a ouvert la voie au pouvoir policier pour les interner sans procès dans de véritables camps de concentration. Le premier de ceux-ci a été ouvert en Lozère à Rieucros en mars 1939, pour des militants antifascistes européens, chassés de leur pays par Hitler ou des disciples de celui-ci en Pologne ou Roumanie. Nous n'étions pas encore en guerre….

 

Toute mesure liberticide prise par un pouvoir qui se réclame démocratique, ouvre la voie à une répression qui peut être pleinement totalitaire et sanglante. Que le premier verrou des libertés saute, et toute la chaine répressive peut vite se mettre en marche, y compris à l'encontre de personnes qui ne voyaient pas malice aux premières mesures répressives, semblant non les concerner.

 

C'est pour toutes ces raisons qu'il faut dès à présent réagir et bloquer toute dérive totalitaire que voudrait imposer l'Etat Macron. »

 

 

Pour Évariste, dans Res Publica, nous sommes désormais dans un État à vocation policière : « Aujourd’hui, la hiérarchie policière a pris le contrôle du discours des directions des quatre plus importants syndicats de police. Aujourd’hui, la majorité des policiers votent RN alors que jusqu’à la fin du siècle dernier, il y avait un pourcentage de votes FN dans la police plus faible que dans la population française. Aujourd’hui, les directions des quatre premiers syndicats de police (FO, Alliance, Unsa, CFDT) deviennent les bras armés du ministre de l’Intérieur avec les mêmes éléments de langage que le RN.

 

Le pouvoir fait le lit d’un remplacement progressif d’une police nationale civile par trois autres polices : la police municipale armée sous dépendance directe du maire (comme aux Etats-Unis !), la police privée (promotionnée par la loi « Sécurité globale ») et la police militaire de la gendarmerie, sans syndicat de salariés. »

Revue de Presse (331)

 

Aux Championnats de France de natation à St-Raphaël (où elle a commencé à remonter la pente après ses déboires de santé), Rébecca Gensane a donné quelques conseils à un petit jeune...

Revue de Presse (331)
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13 décembre 2020 7 13 /12 /décembre /2020 06:18

 

 

Si la transparence est tellement revendiquée, c’est bien qu’elle ne règne pas sur le monde. Il existe même une organisation fondée en 1993 par un Allemand, “ Transparency International ”, dont l’objectif est de lutter contre la corruption des gouvernements et institutions internationales. Mais comme les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés, cette ONG doit beaucoup à des multinationales anglo-saxonnes ou à des organes de presse très conservateurs comme The Economist, ou encore au Forum économique mondial. De droite comme de gauche, il a été reproché à cette organisation de ne pas évaluer la corruption en termes économiques, se contentant d’élaborer un « indice de perception de la corruption ».

 

Est transparent ce qui laisse passer la lumière (apparaître à travers). Raison pour laquelle aucune plante n’est transparente. En économie, une transaction organisée est généralement plus transparente qu’un marché de gré à gré. En matière de finance, la transparence fiscale (chacun pouvant, sans les rendre publics, connaître les avoirs de son voisin) fut longtemps décrié par la droite. Lorsqu’une opération financière, une gestion ne sont pas transparentes, on flaire l’opacité, la magouille. En revanche, si une comptabilité est transparente, c’est qu’elle est pleinement vérifiable. En politique, une élection transparente – si elle ne va pas de soi – n’est, après tout qu’une élection régulière. D’où, symboliquement, la présence depuis quelques années d’urnes en plexiglass, comme si les urnes en bois pouvaient posséder des doubles fonds ou des dispositifs diaboliques. La transparence des urnes est le commencement d’une vérité sans altération. Tout doit être limpide, comme, selon Stendhal, le cœur des jeunes filles allemandes. Ou comme la glasnost (littéralement «publicité [des débats] », le glass n’ayant rien à voir avec le verre) apparue en Union soviétique lors de la catastrophe de Tchernobyl, puis systématisée par Gorbatchev.

 

Transparent, c’est plus fort que translucide car un verre translucide laisse passer la lumière mais nous empêche de voir. Tout comme diaphane qui renvoie au cristal mais a un petit côté maladif. Limpide est bien aussi, mais il connote moralement, avec une notion d’innocence, de pureté, loin de la politique, donc. Attention à certains propos transparents, surtout les allusions qui, mine de rien, sont conçues pour être devinées. Sans parler de ces personnages qu’on dit transparents car on peut passer à côté d’eux sans les remarquer.

 

 

 

 

 

Les mots chéris des médias et des politiques (29)
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7 décembre 2020 1 07 /12 /décembre /2020 06:13

 

Encore une histoire d’émigrés, racontée par le site hongrois index.hu : “ Ces Hongrois qui ont fait Hollywood” : « Adolph Zukor et Vilmos Fuchs ont révolutionné l’industrie du septième art en créant la Paramount et la 20th Century Fox. Coup de projecteur sur leur parcours à l’occasion de la parution de leurs biographies traduites en magyar.

 

“Il ne suffit pas d’être hongrois, mais ça peut aider.” Voilà ce qu’on pouvait lire dans le bureau du magnat hollywoodien d’origine magyare Adolph Zukor. Avec son compatriote Vilmos Fuchs, plus connu sous le nom de William Fox, il a quitté Ricse et Tolcsva, dans le nord-est de la Hongrie, pour poser les jalons de sa fabuleuse carrière en Amérique. Associés à la naissance de deux studios mondialement célèbres, la Paramount Pictures et la Twentieth Century Fox, les deux hommes assumaient fièrement leurs origines. La littérature américaine spécialisée les considère comme les pères fondateurs d’Hollywood.

 

 

Dans son blog, Régis de Castelnaud brosse un bilan sans concession des tendances autoritaristes de l’Éxécutif en France : "La nouvelle initiative liberticide d’Emmanuel Macron vient de se fracasser sur la réalité de la situation dans notre pays. Son pouvoir est depuis l’origine parfaitement illégitime. Il est rentré à l’Élysée à la suite d’une opération organisée par la haute Fonction publique d’État s’appuyant sur l’oligarchie française et favorisée par un coup d’État judiciaire. Cette illégitimité est son péché originel, et sa gouvernance ne peut se faire qu’en brutalisant les institutions, et en s’appuyant sur les appareils policier et judiciaire qui se sont mis totalement à son service notamment face aux mouvements sociaux en général, et celui des gilets jaunes en particulier. Cette gouvernance est donc elle aussi illégitime."

 

 

Sur le site d’El Diablo, le docteur Christophe Prudhomme s’exprime sur le vaccin contre le Covid : « Si le vaccin constitue une arme supplémentaire contre le coronavirus, il ne s’agit pas de l’arme absolue. En effet, le vaccin permet de se protéger contre la maladie mais n’élimine pas le virus qui continue à circuler. Le meilleur exemple est celui de la variole qui a pu être définitivement éradiquée en 1980 alors que le premier vaccin a été mis au point par Edward Jenner en 1796 ! Il est donc nécessaire de continuer à utiliser les autres armes à notre disposition, que sont les mesures barrières et les tests, tant que le virus sera présent, ce qui peut durer encore plusieurs années. L’histoire nous en apprend beaucoup sur ces épidémies. L’actuelle ressemble fortement à celle de la grippe russe qui a sévi pendant plusieurs années à la fin du 19e siècle avec la même cinétique que celle du coronavirus actuel, à savoir des pics brutaux puis une régression tout aussi brutale, sans que nous n’ayons d’explication encore aujourd’hui.

 

D’autre part, au regard de la suspicion vis-à-vis des vaccins qui existe dans notre pays, un débat très large est nécessaire afin de répondre aux interrogations légitimes de la population. Un vaccin est un médicament avec des effets bénéfiques et des effets secondaires, potentiellement graves. Il est donc toujours nécessaire d’examiner le rapport bénéfices/risques de son utilisation pour les différents groupes de population auxquels il est destiné. Par ailleurs la rapidité des processus d’homologation peut susciter des interrogations. Ce d’autant que l’opacité des laboratoires pharmaceutiques concernant l’accès à leurs résultats, sous couvert du fameux « secret des affaires », ne peut qu’inquiéter. Il faut se rappeler le drame des premiers vaccins contre la polio dans les années 1950 avec un laboratoire qui avait mis sur le marché un lot de produits qui a inoculé la maladie aux enfants vaccinés. »

 

 

L’Indépendant de Perpignan exprime la stupéfaction des professeurs du collège de Lézignan : «Considérés comme grévistes le jour de la rentrée dernière, alors même qu’ils étaient présents et avaient assuré leurs cours, en plus de la préparation de l’hommage à Samuel Paty, les professeurs sont en colère, et dénoncent une décision "honteuse".

 

C’est avec grande surprise et incrédulité que les professeurs du collège Joseph-Anglade de Lézignan ont appris qu’une journée de salaire leur était retirée au titre du lundi 2 novembre dernier, jour de l’hommage à leur collègue Samuel Paty, décapité pour avoir exercé son métier d’enseignant.

 

Croyant à une erreur administrative, ces professeurs se sont adressés à la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Aude et au rectorat de Montpellier. Leur stupéfaction a été totale devant la réponse de la hiérarchie académique qui leur a confirmé qu’il ne s’agissait pas d’une erreur… Mais d’une "retenue sur salaire justifiée en application de la réglementation »."

 

PS  qui n'a rien à voir : une vraie question (la réponse est oui). La veuve de Giscard va-t-elle toucher une pension de réversion ?

Revue de presse (330)
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5 décembre 2020 6 05 /12 /décembre /2020 06:13

 

 

Pour Serge Halimi, qui présente un dossier sur les États-Unis, la victoire des démocrates aux EU est « amère » : « Les premiers choix de M. Joseph Biden pour les postes-clés de son administration (politique étrangère, finance, environnement) risquent de décevoir ceux qui espèrent des changements profonds à Washington. Pourtant, même une politique peu ambitieuse se heurtera à un Parti républicain qui n’a pas subi la déroute attendue. »

 

 

Timothée de Rauglaudre et Maïlys Khider nous disent ce qui se passe dans les réseaux féministes du CAC40 : « Aussi discrète qu’efficace, l’action de réseaux de patronnes a permis l’adoption en 2011 d’une loi imposant la quasi-parité dans les conseils d’administration des grandes entreprises françaises. Mais l’influence des femmes d’affaires auprès du gouvernement évince les associations féministes, tandis que leur activisme permet à des multinationales peu soucieuses des droits des salariées de redorer leur image. »

 

 

Un article très intéressant de Benoît Bréville sur la revanche des campagnes : « Une maison avec jardin, à l’abri du stress des grandes villes… L’idée séduit de nombreux citadins échaudés par la crise sanitaire. Mais à quelle « revanche des campagnes » assiste-t-on exactement ? Impossible de les manquer dans le métro parisien. « Alès, la capitale qui ne manque pas d’air », « Sologne, de l’air », « Seine-et-Marne, le vrai grand pari »… : depuis mai, ces publicités s’affichent dans les couloirs et sur les quais pour inciter les usagers à changer de vie, avec une insistance toute particulière sur la ligne 1, celle qui mène au quartier d’affaires de la Défense. Il y a encore un an, Paris affrontait Londres, New York ou Singapour dans la compétition mondiale pour attirer sièges sociaux, grands événements et « cols blancs » surdiplômés. Désormais, des petites villes braconnent ses cadres dans les souterrains du métro. »

 

 

 

Le Monde Diplomatique (247)

 

Pour Évelyne Pieiller, la bienveillance peut être tyrannique : « La gestion de la crise sanitaire s’est appuyée sur l’obligation pour chacun de se protéger et de protéger les autres, en particulier les « plus vulnérables ». Le gouvernement en appelle à l’altruisme, et à la pénalisation en cas de négligence. Mais cette injonction à la responsabilité relève-t-elle d’une incitation vertueuse ou d’une entreprise de redéfinition du citoyen ? »

 

 

Pour Lucie Elven, la monarchie britannique est inoxydable : « Après l’Écosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles, le nord de l’Angleterre connaît à son tour un mouvement en faveur de l’indépendance. Tensions nationalistes, chaos parlementaire à l’occasion du Brexit, fiasco de la lutte contre le Covid-19 : la tempête semble tout emporter au Royaume-Uni. Tout, sauf la Couronne, qui continue à offrir un sentiment de cohésion à une majorité de Britanniques. Ayant arpenté les rues en liesse de Londres le jour du couronnement de la reine, en 1953, les sociologues Michael Young et Edward Shils qualifièrent l’événement de « grand acte de communion nationale ». Il prenait tout son sens, écrivaient-ils, en tant qu’« expérience non individuelle, mais collective », qui fédérait des milliers de familles dans une ferveur populaire rappelant la célébration de la victoire sur l’Allemagne nazie. L’air vibrait de chaleur humaine ; même les pickpockets avaient cessé le travail, et il régnait un esprit de fraternité qui aurait fait horreur à « ceux qui ont le biais rationaliste des gens instruits de notre époque, surtout ceux d’une disposition politique radicale ou libérale».

Aujourd’hui, alors que les inégalités ne cessent de se creuser au Royaume-Uni, la monarchie semble avoir conservé sa popularité. Presque deux Britanniques sur trois approuvent son existence. Ils ne sont que 22 % à souhaiter sa disparition, les plus hostiles étant les Écossais. Étonnant paradoxe : quand les temps sont durs, la famille royale paraît servir de dérivatif ou de consolation. Lors des noces royales des dix dernières années, il s’est toujours trouvé un badaud pour clamer que le moral de la nation avait besoin d’un remontant. Comme l’écrivait Walter Bagehot en 1867 dans La Constitution anglaise, le peuple s’incline devant le «spectacle théâtral de la société », dont la reine est le « point culminant ».

 

 

La justice est-elle possible au Kosovo, demandent Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin : « L’ombre des crimes imputés à l’ancienne guérilla plane sur le Kosovo depuis deux décennies. L’arrestation, en novembre, du président Hashim Thaçi et de plusieurs de ses anciens compagnons de l’Armée de libération du Kosovo (UÇK) sonnerait-elle enfin le glas de l’impunité ? Jusqu’à présent, les Occidentaux avaient soutenu sans faille le nouveau pouvoir, au nom de la stabilité et au mépris des victimes. »

 

 

Igor Delanoë décrit le bras de fer russo-turc dans le Caucase : « À travers son soutien à l’Azerbaïdjan dans le conflit du Haut-Karabakh, la Turquie a enfoncé un coin dans la zone d’influence russe au Caucase, tout en défiant Moscou dans les airs grâce à ses drones de dernière génération. Cette nouvelle donne stratégique peut-elle conduire à l’escalade ? Pas nécessairement, car, par le passé, les deux puissances ont souvent préféré le compromis à la confrontation. »

 

 

Pour Jeanne Hughes, une offensive chinoise aux États-Unis relève du fantasme : « À la suite de M. Donald Trump, de nombreux commentateurs estiment que la Chine est en train de phagocyter l’Organisation des Nations unies. S’il est difficile de mesurer une influence diffuse, les données chiffrées montrent que la réalité est loin de correspondre aux fantasmes. Pour l’heure, Pékin se contente de cibler certaines directions d’agence, avec un but commercial ou de légitimation de son action. »

 

 

 

Pour Akram Belkaïd, les relations entre les pays du Golfe et Israël sont idylliques : « Rompant avec la politique d’isolement et de boycott d’Israël qui prévalait dans la région depuis plus de cinquante ans, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont signé le 15 septembre un accord de reconnaissance mutuelle avec Tel-Aviv. Alors que l’Arabie saoudite hésite à franchir officiellement le pas, d’autres pays arabes sont encouragés par les États-Unis à s’engager eux aussi dans la normalisation. »

 

 

Mathieu Rigouste revient sur les soulèvements algériens de décembre 1960 : « Après six ans de conflit, les populations musulmanes des villes algériennes investirent soudain la rue pour réclamer l’indépendance. Les protestations pacifiques de décembre 1960 prirent de court tant les autorités françaises que le Front de libération nationale (FLN). Malgré la répression, le mouvement mit en échec les tentatives du général de Gaulle d’imposer une solution politique aux dépens des nationalistes. »

 

 

Séverine Charon et Laurence Soustras envisager une industrie pharmaceutique africaine : « L’Afrique du Sud, alliée à l’Inde, demande à l’Organisation mondiale du commerce de suspendre les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et les médicaments durant la pandémie de Covid-19. Il s’agit d’assurer aux populations l’accès à des traitements peu coûteux. Malgré l’essor d’une production locale, l’Afrique reste dépendante des marchés et des groupes pharmaceutiques étrangers. »

 

 

Vincent Sizaire se demande s’il est possible d’enrayer la machine répressive : « Soutenue par les principaux syndicaux de policiers, la proposition de loi relative à la sécurité globale a été votée par l’Assemblée nationale le 24 novembre. Elle prolonge une fuite en avant répressive qui, de la lutte contre le terrorisme à l’état d’urgence sanitaire, indexe la sécurité sur la restriction des libertés. Et si cette stratégie, faite de démesure et d’arbitraire, s’avérait contre-productive ? »

 

 

Dominique Sicot explique pourquoi il n’y aura pas d’argent magique pour la santé : « Le Covid-19 aurait dû mettre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale au cœur du débat public. Certes, la réforme des retraites est suspendue, malgré le ballon d’essai des sénateurs pour reculer l’âge de départ, et la cinquième branche consacrée à la perte d’autonomie est créée. Mais le gouvernement se contente de parer au plus pressé, sans aucun changement de cap. Exceptionnel. C’est ainsi que M. Olivier Véran a qualifié le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021, lors de l’ouverture des débats sur le texte en première lecture à l’Assemblée nationale, le 27 octobre. « Il y a encore quelques mois, les chiffres que nous présentons ici seraient passés pour de la science-fiction », a insisté le ministre des solidarités et de la santé.

 

La pandémie de Covid-19 et ses conséquences ont en effet bouleversé les comptes de la Sécurité sociale. Tout particulièrement ceux de l’assurance-maladie, dont le déficit est passé de 1,4 milliard d’euros en 2018 à 48,4 milliards cette année. La quête de l’équilibre des comptes, unique boussole des politiques mises en œuvre depuis trois décennies, se heurte brutalement à la réalité. »

 

 

Julian Misch rappelle qu’il y a 100 ans naissait un parti authentiquement populaire : « Dès qu’il vit le jour, en décembre 1920, le Parti communiste français revendiqua une place singulière dans le paysage politique hexagonal : celle de la seule formation populaire, dirigée par des gens du peuple pour servir les intérêts de celui-ci. À l’heure où le fossé entre classes dirigeantes et classes laborieuses paraît plus profond que jamais, son histoire est riche d’enseignements. Derrière la tribune, une grande banderole reprend la formule de Karl Marx et Friedrich Engels : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Elle est surmontée d’une bannière arborant le slogan de la Ire internationale : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». En ce 25 décembre 1920 s’ouvre à Tours le 18e congrès de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), à l’issue duquel une très large majorité des délégués du Parti socialiste (70 % des mandats) décident d’adhérer à l’Internationale communiste (IC). Cette dernière, également dénommée IIIe Internationale, a été créée l’année précédente, en mars 1919, sous l’impulsion de Lénine et des bolcheviks russes dans l’espoir d’étendre leur révolution au monde entier. »

 

 

Après le désastre dans le monde de la musique, que va-t-il se passer, demande Éric Delhaye : « Le Centre national de la musique vient enfin d’ouvrir. Chargé notamment de mettre en œuvre une politique de soutien à la création non directement « rentable », il devra affronter les ravages dus à la crise sanitaire et, à plus long terme, la pression des intérêts marchands. Éviter les faillites. » Lors de sa conférence de presse, le 3 novembre 2020, le président du Centre national de la musique (CNM) en vient rapidement à ce qui est aujourd’hui la priorité. Longuement désirée, juridiquement créée en janvier, cette « maison commune », à peine installée, est sommée de parer au plus pressé, quand, en mars, les concerts sont interdits. Alors que son inauguration marquait le renouveau des politiques publiques de la musique après des décennies de tergiversations, la crise sanitaire vient souffler sur un château de cartes d’autant plus chancelant que l’écosystème de la musique (artistes, techniciens, producteurs, éditeurs, diffuseurs…) était déjà fragilisé par la dégringolade de l’industrie du disque depuis vingt ans. »

 

 

Dominique Pinsolle explique que les libertés universitaires sont en grand danger : « Les élucubrations du ministre de l’éducation nationale, M. Jean-Michel Blanquer, au sujet de l’« islamo-gauchisme » à l’université ont eu un effet qui ne déplaît probablement ni à leur auteur ni à sa collègue de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Mme Frédérique Vidal. Tandis que le très décrié projet de loi de programmation de la recherche (LPR) était en cours d’examen parlementaire, la focalisation des débats sur la liberté universitaire a éclipsé les revendications portées depuis un an par un large mouvement de contestation au sein des universités et des organismes de recherche. »

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30 novembre 2020 1 30 /11 /novembre /2020 06:09

 

Regards.fr se demande si le vallsisme n'est pas l'avenir du Parti socialiste. Le vallsisme, au-delà d’être une idéologie qui pestifère le Parti socialiste, est une stratégie politique. Il n’aime pas la démocratie. Souvenez-vous, l’une des lois les plus controversées de ces dernières années : la loi Travail, dites loi El Khomri. Pas de débat. Un 49-3. Non pas qu’il récuse la démocratie, mais ses expériences électorales se finissent si souvent en échec qu’il a pris une autre voie : le copinage et les nominations qu’elle permet.

 

Un exemple ? Lors de la primaire citoyenne de 2011, qui désignera François Hollande candidat du PS à la présidentielle de 2012, Manuel Valls obtient 5,63% des suffrages (soit 149.103 voix). Il arrive avant-dernier, devant le radical de gauche Jean-Michel Baylet, ce qui fait de Manuel Valls le dernier des socialistes. Croyez-vous que cette déroute l’empêcha de devenir ministre de l’Intérieur sept mois plus tard, et Premier ministre en 2014 ? Non.

 

 

Anti-K rapporte que quelque 200 millions de travailleurs ont participé à une grève générale en Inde, à l’appel de dix centrales syndicales, contre les politiques du gouvernement de Narendra Modi, le Premier ministre du pays. Le train de réformes comprend de nouvelles lois sur le travail, une plus grande flexibilisation sur les régulations en matière de santé et de sécurité sur le lieu de travail et dans le secteur agricole, ainsi que des privatisations du secteur public.

 

Le gouvernement a approuvé quatre codes du travail qui remplacent les lois protégeant les travailleurs. Ces réglementations permettent aux employeurs et aux gouvernements d’augmenter la charge de travail, de contraindre encore davantage l’obtention de salaires équitables, de licencier facilement les travailleurs, de réduire la couverture d’assurance maladie et de rendre plus difficile la création de syndicats.

 

 

Dominique Muselet, dans Le Grand Soir estime que la série The Crown, est une opération de blanchiment  de Margaret Thatcher. Pour excuser ses décisions brutales pendant la guerre des Malouines, elle montre sa détresse face à la disparition de son fils Mark durant le Paris-Dakar de 1982. L’arrogant et stupide préféré de Thatcher s’était perdu après avoir surestimé ses capacités de navigation, ce qui a conduit à une chasse à l’homme à très grande échelle.

 

On n’est donc pas surpris que « certains internautes aient confié leurs inquiétudes quant au risque que The Crown "humanise" l’ex-Première ministre ». Un euphémisme bien britannique !

 

Plutôt qu’un risque, c’est, semble-t-il, un choix conscient de Peter Morgan. Et même « un choix audacieux », selon Télérama, celui de regarder « plus que jamais vers les individus, alors même que son récit entre de plain-pied dans l’ère politique contemporaine. » Et donc de passer sous silence les ravages du Thatchérisme, une doctrine comptable de destruction systématique et cruelle de tout ce qui protégeait les plus faibles de la société pour se concentrer, comme Télérama le résume avec attendrissement, sur « la solitude, la tristesse, la frustration de personnages royaux broyés par la couronne. À commencer par Diana, victime d’un terrifiant anti-conte de fées. »

 

 

Le Monde, parmi d’autres nombreuses publications, explique comment Gilead a vendu son remdésivir à l’Europe : « Un contrat a été passé avec la Commission, alors même que le laboratoire Gilead connaissait les résultats négatifs d’un essai clinique de l’OMS. La France est le seul pays majeur à ne pas avoir passé commande. Mais pour les trente-cinq autres pays qui ont déjà signé avec Gilead, il est désormais impossible de renoncer à leur commande, ni de renégocier le prix durant les six prochains mois. Au moins 640 000 doses ont déjà été achetées, qui rapportent déjà plus de 220 millions d’euros à Gilead. Des doses qui n’apporteront, en revanche, pas grand-chose aux citoyens.

 

 

L’Obs annonce que Betty Dodson, la reine de la masturbation, est morte sans succession. Alors que décèdent les unes après les autres les pionnières du féminisme pro-sexe, Dodson, une de ses plus flamboyantes représentantes, porta l’onanisme au rang d’art.

Revue de presse (329)
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29 novembre 2020 7 29 /11 /novembre /2020 06:12

 

 

Á la rentrée, moins de 600 lycéens n’ont pas trouvé d’affectation après le long et aléatoire parcours du combattant de cette nouvelle procédure. Un détail me direz-vous. Merci pour eux. Un sondage révèle par ailleurs que 79% des bacheliers sont contents de ce que les algorithmes leur ont réservé.

 

Á propos d’algorithme, je vous propose ce qu’en disait Gérard Berry, chercheur en informatique. C’est terrifiant : « Un algorithme, c’est tout simplement une façon de décrire dans ses moindres détails comment procéder pour faire quelque chose. Il se trouve que beaucoup d’actions mécaniques, toutes probablement, se prêtent bien à une telle décortication. Le but est d’évacuer la pensée du calcul, afin de le rendre exécutable par une machine numérique (ordinateur…). On ne travaille donc qu’avec un reflet numérique du système réel avec qui l’algorithme interagit. » La vie de nos enfants est donc déterminée par le reflet d’un système de décortication, sans pensée. Il faut espérer qu’un jour ce système devienne fou. Peut-être l’est-il déjà…

 

Cela dit, si 79% des bacheliers sont contents, il en est plus de 20%, un sur cinq, ce qui est considérable, qui sont mécontents, frustrés, qui ont la mort (comme on dit du côté de Lyon) ou le seum et qui vont perdre au moins un an dans une filière dont ils n’ont que faire. Dans ce même sondage, les trois-quarts des jeunes disent avoir trouvé très éprouvants ce parcours qui, d’un point de vue rationnel, est totalement inutile. Plus de 100 000 de ces ados ont passé l’été dans les affres. Plus de 30 000 ont quitté, d’eux-mêmes, le parcours, complètement écœurés.

 

Avec cette nouvelle procédure – dont l’un des objectifs est de réduire encore un peu plus la proportion d’enfants modestes dans l’enseignement supérieur – la sélection commence avant les résultats du bac qui cesse d’être un rite de passage, un marqueur essentiel pour être réduit à un peau de chagrin, une corvée formelle dont il faut se débarrasser.

 

Finis donc les copies anonymées, les vrais exercices de fin d’année, les vraies évaluations. Vive l’algorithme et son opacité, ses mystères qui échappent aux enseignants eux-mêmes.

 

Encore un peu moins de démocratie, d’esprit républicain, dans le monde d’après des banques qui gouvernent nos vies.

 

Parcourssup : quand le banquier éborgneur fait la guerre aux lycéens

En ce 28 novembre 2020, les cognes du banquier éborgneur ont frappé très fort. Ci-dessous la photo d'un photographe syrien, réfugié dans notre beau pays, avant l'action des esthéticiennes de la police, et après.

Parcourssup : quand le banquier éborgneur fait la guerre aux lycéens
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23 novembre 2020 1 23 /11 /novembre /2020 06:15

 

 

Res Publica reprend une longue contribution de Vincent Présumey lors d’un colloque sur la laïcité.

 

« On ne combattra aucun intégrisme religieux, et surtout pas les courants fascistes ou fascisants d’inspiration religieuse, en faisant l’impasse sur leur dimension religieuse. S’il n’y a pas lieu de « diaboliser » les religions en tant que telles, il n’y pas plus de raisons de les exempter de l’analyse et de la critique sociale indispensables à tout combat pour l’émancipation humaine.

 

A l’époque capitaliste, le régime totalitaire saoudien et les islamistes prétendent que l’uniformisation visuelle de la société, mise au pas au moyen du voile féminin, complété par un uniforme masculin qui en est le symétrique inversé puisqu’il exhibe la pilosité qui est censée être une incitation sexuelle chez les femmes, réalise un ordre vertueux qui serait l’opposé de la diversité, de la licence et de l’impudeur « occidentales ». En fait, par un paradoxe qui n’est qu’apparent, l’uniformité qu’ils réalisent correspond parfaitement à une société capitaliste d’individus atomisés, neutralisés, réduits à des acteurs de l’échange marchand et de la circulation-accumulation du capital.

 

Mais le voile comme élément actif, dynamique, de la lutte des classes, est le produit de la contre-révolution islamique chiite iranienne, à partir de 1980. Contre la révolution prolétarienne en Iran qui avait commencé à disloquer État et armée, la reconstitution de l’État capitaliste s’est faite sous le mot d’ordre central qu’était «les femmes sous le voile », mis en œuvre par les milices de soi-disant « déshérités », c’est-à-dire de flics et de lumpen, attaquant physiquement pendant des semaines des manifestations de centaines de milliers de femmes refusant le voile. A la manière des mouvements fascistes la contre-révolution islamique en Iran fut la première forme d’islamisme arrivant vraiment à se présenter comme « anti-impérialiste » et, par là, révolutionnaire. La mise au pas des femmes était affirmée, et réalisée, comme mise au pas de toute la société. Tout discours, d’extrême-gauche ou non, sur la « question du voile », qui ignore cette fondation historique, qui plus est assez récente tout de même, se caractérise par là-même comme pétri d’ignorance et dénué d’internationalisme. »

 

 

 

En avril 2020, Le Monde Diplomatique étudiait le rapport entre les pandémies et le capitalisme : « Les crises économique sont aussi sélectives que les épidémies : à la mi-mars, alors que les Bourses s’effondraient, l’action du laboratoire pharmaceutique Gilead grimpait de 20 % après l’annonce des essais cliniques du remdesivir contre le Covid-19. Celle d’Inovio Pharmaceuticals gonflait de 200 %, à la suite de l’annonce d’un vaccin expérimental, INO-4800. Celle d’Alpha Pro Tech, fabricant de masques de protection, bondissait de 232 %. Quant à l’action de Co-Diagnostics, elle flambait de plus de 1 370 % grâce à son kit de diagnostic moléculaire du coronavirus du syndrome respiratoire aigu sévère 2 (SRAS- CoV-2), responsable de la pandémie de Covid-19.

 

Comment expliquer qu’au cœur de la tourmente il soit ainsi possible de s’enrichir alors même qu’il manque des masques de protection, y compris pour les médecins et les personnels soignants, et que les tests de dépistage restent inaccessibles au plus grand nombre après trois mois d’épidémie ? Pourquoi ces tests sont-ils au cœur du débat mondial, de la Corée du Sud aux États-Unis, en passant par l’Allemagne, l’Australie et la Lombardie, mais restent soigneusement évités en France, où le directeur général de la santé, M. Jérôme Salomon, n’envisage leur usage massif qu’« à la sortie du confinement » ? Contrairement aux annonces gouvernementales, loin d’être une guerre contre un virus dont la seule arme serait la quarantaine, la bataille concerne notre propre organisation économique et sociale. C’est une crise de notre politique de santé, de recherche et de production, où l’industrie pharmaceutique joue une place centrale, mais soigneusement maintenue à distance du débat public. 

 

 

 

Dans Regards.fr, Alain Bertho fait appel au roman En attendant les barbares du sud-africain John Maxwell Coetzee, prix Nobel de littérature en 2003 : « « Il y a quelque chose qui me sautait aux yeux, mais je n’arrive toujours pas à le voir ». Tels le narrateur de En attendant les barbares, nous voici retranchés dans une forteresse nationale, menacés par un danger insaisissable. Nous avons du mal à comprendre que la barbarie ne vient pas du dehors mais qu’elle ronge de l’intérieur une société travaillée par la peur. »

 

Revue de Presse (328)
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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 05:52

Il est devenu banal de dire que les États-Unis sont aujourd’hui divisés en deux moitiés égales et opposées. Cela vérifie la thèse de Denis Duclos, soutenue déjà dans Le complexe du loup-garou,de 1994 : le thème du double est selon lui fondamental et omniprésent dans la culture anglo-saxonne, et en particulier étasunienne ; dans la plupart des histoires, on retrouve la lutte entre principe du Bien et principe du Mal, mais incarnés dans deux personnages qui sont en fait des doubles, comme Docteur Jekyll et Mister Hyde, Joker et Batman, ou les deux héros deFight Club ou, aujourd’hui, Biden et Trump. La culture étasunienne nous renvoie ainsi sans cesse de la sauvagerie des meurtres de masse et des guerres interminables à « l’univers gentillet des cartoons ».

 

Même un joli conte comme Blanche-Neige peut s’intégrer à cette logique.

 

Blanche-Neige est le premier dessin animé long métrage de Walt Disney : il reçut un accueil enthousiaste et on peut le considérer comme son chef d’œuvre. Son sujet même est un grand classique de la mythologie et du folklore, c’est un conte saisonnier. Mais sa date aussi est intéressante : il a été élaboré entre 1934 et 1937, et, resitué dans son contexte, il fait apparaître des aspects surprenants.

 

En 1934, Walt Disney réalise le court-métrage The Goddess of Spring (La déesse du Printemps, c’est-à-dire Perséphone, qui inspirera le personnage de Blanche-Neige) : Perséphone a été enlevée par Hadès qui l’oblige à vivre dans son royaume, le monde des morts. Sa mère, Déméter, obtient de Zeus qu’elle puisse revenir sur terre pour y passer la moitié de l’année. Déméter est la déesse de la terre et des moissons ; Perséphone est la végétation, qui disparaît en hiver, pour revenir chaque printemps. De même, dans BN, la sorcière est la reine de la nuit hivernale, qui chasse la végétation, BN ; celle-ci va survivre dans le monde souterrain, « au-delà de la septième chute » (ce qui rappelle les sept replis du Styx, fleuve des Enfers), sous la protection des nains, eux aussi créatures souterraines, qui travaillent dans les mines. Elle sera rappelée à la vie par le Prince, le Printemps.

 

BN fait partie des contes des frères Grimm, figures marquantes du romantisme allemand. On ne peut pas considérer comme insignifiant le fait que Disney y travaille pendant quatre ans, alors que le régime nazi se met en place, avec sa doctrine raciale, et se lance dans sa première guerre, en Espagne ; d’autant plus que ce qui frappe, quand on visionne le film, c’est son atmosphère germanique. On voit bien qu’il y a du louche, quand on lit la notice Wikipédia sur Blanche-Neige : on y sent la volonté de dédouaner Disney pour ce qu’on peut appeler sa germanophilie. Contre toute évidence, Wikipédia refuse d’employer le mot « allemand », le remplaçant systématiquement par « européen » : « L’Europe, source du film », titre-t-il. Or, s’agissant de contes, tout le monde sait distinguer entre contes français, de Perrault, et allemands ou germaniques, de Grimm, voire danois, d’Andersen. Le mot censuré finira par apparaître, mais dans le cadre d’une dénégation, dans une expression ironique : « Le conte de Blanche-Neige est bien sûr [!] d’origine européenne, ce que certains résumeront à « d’origine allemande ».

 

Pourtant, l’inspiration germanique est incontestable : la maison des nains, conçue selon Wikipédia par deux collaborateurs suisse et suédois, présente des sculptures végétales et animalières caractéristiques de l’art nordico-germanique ; lors de la Fête, les nains chantent des jodler, technique de chant qu’on ne trouve qu’en Allemagne, en Autriche et dans le Tyrol italien, au son de l’accordéon et de divers instruments à cordes, parmi lesquels un commentateur a même reconnu une cithare (personnellement, je ne l’ai pas vue).

 

Mais le plus significatif, c’est la fuite de BN dans la forêt, où on voit les arbres la retenir avec leurs branches devenues des griffes, et qui semblent sortis tout droit du film de Fritz Lang et Théa von Harbou, Les Nibelungen (1924). Or, ce film est un véritable manifeste nazi, dans son versant féodal (valeurs de fidélité, honneur) mais aussi racial : il célèbre la supériorité de la race aryenne (représentée en particulier par Siegfried,qui vit en harmonie avec la terre qui lui a donné naissance) sur les sous-hommes juifs (représentés par le roi des nains, Alberich au nez crochu) et slaves (représentés par Etzel, le Roi des Huns qui, dans le film, jouent le rôle de l’ennemi traditionnel russe). 


Or, si BN n’a pas été distribuée en Allemagne (parce qu’elle était promue par RKO, qui diffusait des films anti-allemands), Goebbels et Hitler, qui ont bénéficié de projections privées, l’ont beaucoup appréciée : le premier écrira en 1940 qu’il a été « réalisé avec un authentique amour des hommes pour la nature » ; le deuxième comptera BN parmi ses films favoris et le visionnera jusqu’à la fin de sa vie – de préférence aux Nibelungen, qui étaient une épopée tragique finissant par un embrasement prémonitoire du bastion où se sont retirés les Burgondes (les Germains) ; on comprend qu’à la fin de son règne, Hitler ait préféré le happy end de BN.

 

De son côté, en 1938, lors du séjour aux Etats-Unis de Leni Riefenstahl, cinéaste officielle de Hitler, Disney lui a fait visiter ses studios. Wikipédia aborde la question des idées politiques de Disney sous la rubrique « Rumeurs et légendes urbaines » : on le dit anti-communiste, concède Wikipédia, et, en 1947, il a dénoncé quelques-uns de ses collaborateurs en tant que communistes. Ce qui ne l’empêche pas de conclure : « Il semble plutôt indépendant des extrêmes politiques, mais avec un idéal de monde meilleur » : ça ne mange pas de pain, Hitler aussi avait « un idéal de monde meilleur », selon lui.

 

On voit bien sûr BN de façon manichéenne, la Reine noire (ou orange) vaniteuse, colérique et cruelle, contre la petite princesse blanche, gracieuse et si vulnérable. Pour les médias qui nous racontent tous les jours le monde comme si c’était un conte de fées, BN serait Biden, persécuté par le méchant Trump. Mais la gentille BN a un côté obscur : lors de son exil dans la forêt, c’est elle qui devient la Princesse de la Nuit, et elle incarne une forme d’harmonie avec la nature avec laquelle un nazi pouvait s’identifier. Elle forme donc avec la Sorcière un autre de ces couples inséparables et réversibles dont le modèle est Docteur Jekyll et Mister Hyde. Les Etats-Unis sont divisés, mais les représentants des deux camps sont aussi inquiétants l’un que l’autre : Blanche-Neige-Biden, ou Blanche-Neige-Trump, des forces obscures sont à l’œuvre.

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16 novembre 2020 1 16 /11 /novembre /2020 06:20

 

 

Dans son blog, Régis de Castelnaud est horrifié par certaines réactions de gauche après l’élection présidentielle aux États-Unis : « Petit festival avec les réactions de ce que personnellement j’appelle depuis longtemps (toujours ?) « La petite gauche » face à la proclamation par CNN de l’élection de Biden. Je dois dire que le fait de savoir si c’est un pitre ou un vieillard sénile et corrompu qui sera à la Maison-Blanche me laisse assez indifférent. J’ai simplement constaté l’affrontement entre deux facettes du Capital américain, le national protectionniste, et le transnational symbolisé par les Gafa. Il y a des riches et des pauvres des deux côtés, et le combat n’était pas Amérique d’en haut contre Amérique d’en bas. Alors les cris de ravissement entendus hier, les « no pasaran le fascisme de Trump », les pleurs de joie sur la « victoire » de la démocratie me démontrent une fois de plus qu’il n’y a rien à attendre de la petite bourgeoisie. Et avec l’arrivée de deux va-t-en-guerre, certains peuples vont devoir serrer les fesses je pense en particulier à ceux de l’Amérique latine. Biden, candidat du complexe militaro-industriel, a été très clair, ils sont dans le collimateur, et sa vice-présidente Harris est connue pour être une belliciste du même tonneau que la criminelle de guerre Condolezza Rice. En matière d’impérialisme le plus brutal, être femme et noire ne protège de rien.

 

Il y a une bonne question sur laquelle je trouve les réactions de joie bruyante complètement effarantes : tout d’abord les acclamations adressées aux médias du grand Capital américain pour avoir coupé le sifflet au président en exercice au motif que dans son discours d’homme politique il proférait des mensonges ! Ah bon ? La censure tranquillos pommes-chips par les puissances d’argent c’est formidable ? Alors comme ça, en France en 2021 et en 2022, ce sont les médias qui dans la campagne présidentielle décideront de qui peut parler ? Donc ce seront Dassault, Bolloré, Drahi, Arnault, Pinault, Pigasse qui décideront qui a le droit de parler ?

 

 

 

Khider Mesloub analyse dans Le Grand Soir ce qu’il appelle les « coups d’États sanitaires » : « Sans conteste, le confinement, procédé « moyenâgeux », pour reprendre la formule du professeur Didier Raoult, constitue une mesure qu’aucun dictateur n’aurait désavoué. La vraie question à poser serait plutôt : les virus ayant toujours existé, connaissant leur taux de létalité (estimé à moins de 2 % de décès essentiellement parmi la population la plus âgée et vulnérable), pourquoi avoir suscité une telle peur panique parmi les populations sinon pour légitimer le confinement pénitentiaire, décrété, lui, pour des desseins initialement inavoués et inavouables.

 

Mais, aujourd’hui, ces desseins s’éclairent au grand jour, à examiner l’incessante activité gouvernementale des différents États de la majorité des pays, illustrée par le nombre incommensurable de lois liberticides promulguées ces deniers mois. À l’évidence, chaque Etat, à la faveur de l’épidémie du coronavirus, s’applique à blinder son pouvoir despotique par l’instauration de mesures sécuritaires et attentatoires à la liberté, décrétées sous prétexte de gestion de la crise sanitaire du Covid-19.

 

 

 

 

 

Revue de Presse (327)

 

Le quotidien italien Domani revient sur la grande violence quotidienne qui règne à Naples : « Á Naples, il peut arriver de se trouver sous les feux croisés des clans ou de se laisser surprendre par un raid d’intimidation nocturne en scooter dans le quartier de la bande adverse. Une “ pratique ” qui contraint tous les passants à s’allonger par terre pour échapper aux centaines de balles tirées à feu continu. À Naples, il existe un risque se faire tuer ou blesser “par hasard”.

 

À Naples, il faut toujours prouver son innocence, aussi bien au tribunal que dans la vie (ou la mort) de tous les jours. Ce record en cache toutefois un autre, qui ne fait que se confirmer dans le temps : celui des mineurs abattus par les forces de l’ordre pour un braquage, un larcin ou un quelconque délit, comme avoir tenté d’échapper à un contrôle policier à bord d’un scooter. Ces gamins sont trop naïfs pour se dire qu’ils risquent de tomber sur un policier ou un carabinier en civil armé, pour prévoir que les forces de l’ordre surveillent un objectif donné, ou pour redouter de croiser une brigade de “falchi”, les fameux “faucons” de la police motorisée napolitaine.

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