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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 05:30

Moi qui ne fume rien du tout (et qui me contrebalance des petits jeux solfériniens du même pas rusé Le Guen), je suis pour la légalisation du cannabis. Je me permets de vous repasser une note à ce sujet publiée en juin 2011.

 

De manière régulière, le problème de la légalisation du cannabis se pose dans notre pays.

 

En Hollande, cela fait bien longtemps que cette herbe se vend dans les bonnes épiceries.

 

http://www.cannabizz.com/journaux-culture/cannabis-culture-image/photo-cannabis/recolte-cannabis1.jpgÀ Marseille, il y a quelques siècles, on s'en procurait rue de la ... Canebière, qui tire son nom du chanvre.

 

En 1968, quelques mois avant le joli moi de mai, j'étais étudiant à l'université d'Amiens. J'avais comme professeur de civilisation britannique le jeune (il avait 31 ans) Bernard Cassen, futur directeur du Monde Diplomatique, futur fondateur d'ATTAC, responsable aujourd'hui du site Mémoires de Luttes.

 

J'ai raconté ailleurs comment, avec Cassen et quelques autres, je me suis retrouvé pleinement dans le mouvement de Mai 68.

 

Un jour Bernard nous fit travailler sur un texte trouvé par lui dans un excellent hebdomadaire de l'époque, New Society. Qui n'existe plus. Je parle d'un temps où Murdoch n'avait pas encore fait main basse sur la presse papier anglaise. Ce texte était intitulé “Should Pot Be Legalized ?” (Faut-il légaliser le cannabis ?). Je n'ai pas de souvenir précis de cette réflexion si ce n'est que la réponse donnée par le journaliste était "oui".

 

Il y a plus de quarante ans, l'argument en faveur de la légalisation était le même qu'aujourd'hui : quand aux États-Unis l'alcool fut interdit, la consommation monta en flèche, ainsi que le pouvoir du milieu.

 

Je comprends parfaitement le point de vue du maire de Sevran qui voit sa ville devenir un centre mafieux comme la France n'en a peut-être jamais connu.

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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 05:58

 

 

Descartes nous explique dans son blog Pourquoi les “ Panama Papers ” n'ont aucun intérêt :

 

Je vous mets au défi de m’indiquer une chose, une seule, que vous ayez apprise grâce aux “ Panama papers ”. Alors, il faut se demander pourquoi on fait tant de raffut sur des informations que tout le monde connaît par cœur. Pourquoi tant de bonnes âmes se déclarent scandalisées en découvrant ce que tout le monde sait déjà. Pourquoi le commissaire européen aux Affaires financières, Pierre Moscovici, déclare que cette affaire doit nous pousser à lutter contre les paradis fiscaux. Aurait-il oublié que l’actuel président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker a fait la richesse de son pays grâce à des juteux arrangements qui permettaient aux multinationales de s’affranchir de l’impôt en échange de leur installation au Luxembourg ?

 

Comment expliquer que Le Monde, qui a salué l’élection de Juncker à la tête de la Commission européenne avec des articles dithyrambiques nous fasse aujourd’hui le numéro de la vierge effarouchée découvrant les turpitudes de Cahuzac ou de Porochenko ?

 

 

Perspectives communistes nous rappelle qu’il y a 70 ans, le 8 avril 1946, l’Assemblée nationale nationalisait l’énergie :

 

Marcel Paul ministre communiste de la Production industrielle monte à la tribune. Il rappelle qu’il a créé le pool de l’énergie électrique, pour mettre en commun toutes les ressources énergétiques. Il poursuit : « Allons-nous, alors, assister à je ne sais quelle concurrence entre les entreprises d’électrochimie, les entreprises électrométallurgiques, les chemins de fer et notre mécanisme national d’électricité pour l’équipement de nos chutes d’eau ? Dans ce cas, les errements du passé persisteront certainement. Nous assisterions encore à l’écrémage des meilleures chutes d’eau, à l’utilisation des meilleurs barrages, c’est-à-dire de ceux qui fournissent l’énergie la moins coûteuse. » 

 

 

Le quotidien néerlandais De Telegraaf, s’intéresse à l’évolution de l’entreprise Philips (chiffre d’affaires : 25 milliards d’euros) : Philips ne mise plus sur l’ampoule. Il y a plus juteux. Les applications paramédicales, par exemple, qui ont cet incomparable avantage de reposer sur un marché "captif" (les malades, y compris imaginaires) et subventionné par la sécurité sociale. Certes. Encore faut-il pouvoir se débarrasser des vieux rossignols. Philips s’est engagé à éjecter son département éclairage avant la fin du semestre 2016, par une mise en Bourse, ou en dénichant des repreneurs intéressés. Jusqu’il y a peu, Philips tablait sur une offre de la société Melrose mais, informe l’agence d’information financière Bloomberg, c’est tombé à l’eau. D’autres candidats repreneurs se presseraient cependant au portillon : Blackstone, Onex, Apollo Global Management et Go Scale. Point commun de ces étranges volatiles : tous des fonds d’investissement spéculatifs, de même que la société londonienne Melrose, dont Wikipedia dit, pince-sans-rire, qu’elle est "spécialisée dans l’acquisition et l’amélioration des performances de sociétés en difficulté".

 

 

Puisque nous sommes dans les polders, restons-y avec Jean-Emmanuel Ducoin qui revient dans son blog sur la mort de Johan Cruyff :

 

L’idole des années 1970, à l’Ajax d’Amsterdam puis à Barcelone, avant de devenir le plus grand entraîneur de tous les temps, n’était pas qu’une icône à l’esthétique et à la technique uniques en leur genre, mais bien, l’un de ces penseurs qui rendent la vie meilleure et donnent sens aux actions collectives les plus banales. Bien sûr, il ne s’agit là que de sport et de ballon rond, et les raisons ne manquent pas de nous détourner de ce spectacle outrageant de puissance communicative et de fric capté par quelques mains, penser qu’il n’est plus qu’un théâtre désenchanté, l’antre piétiné d’une humanité de contrebande hantée par la légende mythifiée de héros de pacotilles.

 

 

L’héritage de Cruyff a la valeur d’un petit concentré d’élaboration politique. Sur un terrain ou sur le banc de touche, il a véhiculé l’idée d’un sport au service des hommes, offensif et spectaculaire, celui dans lequel une équipe s’épanouit comme un collectif solidaire [un peu comme celle de l’émission “ Excusez-moi de vous interrompre ”], dans lequel tout individu quête sa part de bonheur à jouer en fonction des autres et pour les autres.

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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 05:47

Viktor Dedaj, administrateur du Grand Soir, a été vraisemblablement le premier à dénoncer le biais des enquêteurs du nouveau scandale de Panama : « Connaissiez-vous le Consortium International des Journalistes d’Investigation ? Il existe depuis 1997. Basé aux Etats-Unis (à Washington – quelle meilleure base arrière pour faire des enquêtes et lancer des alertes ?), le Consortium affiche une liste de médias plus prestigieux les uns que les autres, véritable « dream team » de la presse libre : El Pais, El Mundo, Le Monde, Le New York Times, Le Washington Post, la BBC, Le Guardian, El Nacion...

 

Ce Consortium est entièrement financé et géré par le Centre des États-Unis pour l’intégrité publique. Leurs bailleurs de fonds comprennent :

 

- La fondation Ford

- La fondation Carnegie

- La fondation de la famille Rockefeller

- La Fondation W K Kellogg

- La Fondation pour une société ouverte (du financier Soros) »

 

 

L’Obs a fini par emboiter le pas : « pourquoi si peu de noms américains apparaissent-ils dans ces documents ? Parce que les Etats-Unis ont ce qu'il faut, chez eux, en matière de sociétés-coquille contrôlant d'autres sociétés, tout cela dans l'anonymat le plus total. Une journaliste de Fusion a même réussi à créer une société dans le Delaware, "She Sells Sea Shells" ("Elle vend des coquillages"), au nom de son chat Suki ! Quant à Mossack Fonseca, elle possède une filiale dans le Nevada, l'un des Etats les plus laxistes en la matière (avec le Wyoming et le Delaware), qui ne demande pas à connaître l'identité de la personne établissant la société. La filiale en question peut établir des compagnies américaines "offshore"… sur le sol même des Rtats-Unis

 

 

 

Dans Res Publica, à propos de la loi El Khomri, Evariste explique comment Hollande a aggravé les “ réformes” mises en place par Sarkozy : « Nicolas Sarkozy fait voter la loi Tepa le 21 août 2007 qui favorise les heures supplémentaires en les défiscalisant et en diminuant les entrées de cotisations sociales vers la Sécurité sociale. Puis la loi du 20 août 2008 renforce l’autonomie des entreprises en matière de gestion du temps de travail : plus besoin de l’accord de l’inspecteur du travail pour les heures supplémentaires au-delà des 180 heures, le repos compensateur n’est plus automatique mais négocié au sein de l’entreprise, l’annualisation du temps de travail peut être mis en application sans justification.

 

Sur tout ce travail de détricotage, Hollande n’annule à son arrivée que la défiscalisation des heures supplémentaires.

 

La loi El Khomri va encore beaucoup plus loin en allant jusqu’au bout du changement de la hiérarchie des normes en faisant en sorte qu’un accord d’entreprise puisse déroger à une loi, à un accord de branche et même à un contrat de travail. La durée de travail permet d’aller jusqu’à 12 heures par jour, et même 60 heures par semaine en cas de « circonstances exceptionnelles ». Les forfaits jours sont encore élargis. Toutes les majorations des heures supplémentaires pourront être réduites à 10 % par accord d’entreprise.

 

 

Dans Les Zindigné(e)s !, Thierry Brugvin explique pourquoi le capitalisme s’appuie sur nos peurs pour nous faire consommer : « Consommer et posséder vise à compenser un manque d’estime de soi. Le consommateur cherche à montrer aux autres, ou à lui-même, que s’il possède certains biens, c’est parce qu’il dispose d’un capital économique et culturel important. Par conséquent, il attend des autres une reconnaissance sociale de sa puissance économique ou de sa distinction culturelle. »

 

Toujours dans Les Zindigné(e)s !, au moment où Emmanuel Macron lance un nouveau mouvement politique, Yann Fiévet dresse un tableau sans complaisance de la “ Macronésie ”, « archipel complexe de vieilles idées recyclées sous une apparence de modernité. L’appel au dialogue social par le renforcement des prérogatives patronales et l’affaiblissement des droits des salariés ne saurait faire illusion. La casse sociale est plus que jamais ouverte. Elle sera funestement le tombeau de la gauche de façade. »

Revue de Presse (163)
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8 avril 2016 5 08 /04 /avril /2016 05:43

L’éditorial de Paul Ariès s’intitule – il a malheureusement raison – “ La gauche Hara kiri ! ” : « La gauche de gauche aphone menace maintenant de se suicider. Non parce qu’elle irait aux élections divisée ou avec un projet trop radical mais parce que les logiques d’appareil et les petits intérêts personnels la conduisent à tenter de sauver une dernière fois le PS (qui n’est plus un parti de gauche).

 

 

Jean Jacob revient sur le « terreau de théories » que constitue l’écologie politique : « L ‘écologie politique a été tiraillée entre des courants parfois très opposés (libertaires, conservateurs). Depuis, l’écologie est aussi en proie à de nombreuses récupérations très intéressées.

 

 

Le même Jean Jacob décrit « une (re)Fondation américaine de l’écologie politique française » et la « croissance de la décroissance ».

 

 

Thierry Brugvin pense que « le capitalisme s’appuie sur nos peurs pour nous faire consommer plus » : « Par la publicité, le capitalisme vise à inciter à la consommation infinie des masses, afin de tenter de satisfaire deux besoins névrotiques principaux : celui d’être reconnu et celui de posséder. Ces besoins sont engendrés par la peur de ne pas être aimé et d’être faible. »

 

 

Boris Martin se demande si les entreprises veulent se payer l’humanitaire : « La doctrine américaine en matière d’humanitaire a donné lieu à un modèle dit d’intégration de l’humanitaire dans le dispositif politique, diplomatique et militaire américain. Ce modèle est basé sur le « managérialisme » libéral défini par le chercheur Serge Makki, avec la réduction du poids de l’État et l’ouverture au secteur privé. Ce modèle a pour vocation à être dupliqué via la Grande Bretagne en Europe et notamment en France. Or, le modèle humanitaire français est particulier ; la greffe prendra‐t‐elle ?

De fait, la stratégie humanitaire française adoptée en 2012 accorde une place de choix aux entreprises et fondations privées. Le récent accord conclu entre le ministère français des Affaires étrangères et 5 entreprises (Bouygues Construction, EDF, Lafarge, Nutriset et Veolia) marque ce rapprochement de manière éclatante. Par ce partenariat, qui prévoit de créer des synergies plus efficaces entre les moyens publics et privés, les entreprises s’engagent à mettre à disposition des moyens humains et matériels dans leur domaine de compétence, et l’État, ses réseaux diplomatiques.

 

Camille Sardon s’intéresse à nous comme spectateurs : « Nous sommes tous devenus spectateurs. Nous commentons, nous critiquons. Nous déléguons aux autres le soin de penser à notre place, de faire semblant d’agir. L’essentiel est notre bonne conscience. »

 

Pour Yann Fiévet, Macron est le « casseur en chef » : « Il est dit souvent que les grands hommes qui marquent l’Histoire sont les produits fidèles de leur époque. S’il est trop tôt pour affirmer qu’Emmanuel Macron va vraiment imprégner l’Histoire socio-économique et politique de la France, il est en revanche déjà incontestable qu’il est le pur produit d’une remarquable conjonction : une ascension personnelle permise par le règne absolu de la méritocratie ; le renoncement du politique à contredire sérieusement la doxa économique néo-libérale à l’œuvre depuis trente ans. Comme tous les personnages désireux d’atteindre les sommets l’actuel ministre français de l’économie dispose déjà d’une légende nourrie tout à la fois par les indiscrétions lâchées opportunément par l’intéressé lui-même et par la complaisance empressée de certains médias. Il est dès maintenant possible d’anticiper sur l’avenir : si la politique française laisse les coudées franches encore quelques temps à Emmanuel Macron l’Histoire pourra le consacrer comme le destructeur suprême du modèle social français. Osons un pari : le jeune ambitieux a été précisément nommé à Bercy pour endosser la responsabilité des réformes décisives dont rêve le tandem Hollande/Valls sans oser les assumer vraiment. »

 

Jean-Marc Sérékian explique pourquoi le gaz de schiste est la victoire à la Pyrrhus de Big Oil : « Grâce aux magistrats, Total se retrouve avec un permis en bonne et due forme. En février, le président des Républicains a déclaré que sa formation politique devait être “ le parti des gaz de schistes et des OGM ”. »

 

 

 

Le mensuel publie un entretien avec Paul Ariès à l’occasion de la publication de son livre « La face cachée du pape François » (Editions Max Milo).

 

Question : Vous signez fin mars 2016 le premier livre critique sur le pape François ou plus exactement sur « l’Eglise du pape François ». Vous expliquez que ce livre n’aurait pas existé sans le soutien actif des réseaux sud-américains et notamment argentins.

 

Paul Ariès : Il est important en effet de renouer avec une critique de l’Eglise alors qu’on assiste à une montée du fait religieux et que les autres langages peinent à exprimer les ressentiments et les espoirs. Le retour du religion c’est déjà la sanction d’une gauche mondiale aphone. La gauche comme la science se défilent même aujourd’hui devant leur fonction critique et laissent l’Eglise tenir la rue et imposer ses dogmes. Les cathos de gauche sont devenus incapables de tenir un discours critique et reprennent la thèse du bon pape mal conseillé, mal entouré ou simplement empêché d’agir par une Curie qui lui serait opposée. Une Eglise réactionnaire se mordrait les doigts d’avoir choisi un pape devenu subitement, par la grâce divine, progressiste, social et écolo ! J’aurai aimé participer à la papamania actuelle mais les faits sont têtus. J’ai toujours revendiqué mon athéisme natif mais je n’ai jamais considéré que la religion serait uniquement un opium du peuple, bien que l’Eglise, en tant qu’institution soit « intrinsèquement perverse ». Elle a toujours pactisé avec les puissants contre les peuples. J’ai collaboré depuis trente ans à de nombreuses revues catholiques comme Golias, Relations, revue éditée par les jésuites du Québec, Lumière et vie, revue dominicaine, je suis même édité au Brésil par les éditions Loyola du nom du fondateur de l’ordre des Jésuites. Ce livre n’aurait pas été possible sans l’aide de multiples réseaux qui n’osent pas notamment dans l’Eglise dire tout haut ce qu’ils pensent tout bas.

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7 avril 2016 4 07 /04 /avril /2016 05:35

Dans ce numéro d’avril 2016, Serge Halimi revient sur « la percée inattendue de Donald Trump ». Il y voit une « guerre civile » au sein de la droite étasunienne : Comment un promoteur immobilier new-yorkais marié à trois reprises peut-il être aussi populaire dans le sud des Etats-Unis, bastion de la droite religieuse ? Réponse en Alabama, avec des militants du Parti républicain qui s’affrontent autour de la candidature de M. Donald Trump.

 

 

Solenne Jouanneau nous invite à nous détourner des clichés lorsqu’on observe les imams en France : « Principale incarnation de l’autorité islamique en France, les imams suscitent l’intérêt des pouvoirs publics, qui leur prêtent une grande influence. Il faudrait donc les surveiller, les encadrer, voire les former, pour éviter toute dérive communautaire. Cette lecture se heurte à la réalité du travail des religieux musulmans, dont le profil est avant tout déterminé par les fidèles qui fréquentent le lieu de culte. »

 

 

Pour Michael T. Klare, le fait que le pétrole soit bon marché est une malédiction : « Entre l’été 2014 et l’hiver 2015-2016, le prix du baril de pétrole a été divisé par trois. Plus de 250 000 emplois ont été supprimés dans un secteur qui a dû renoncer à de très gros investissements, ou les différer. Cette secousse planétaire affaiblit les géants de l’industrie pétrolière et bouleverse le jeu politique dans les pays exportateurs. »

 

 

Comment faire la critique des médias (Dominique Pinsolle) : « On ne découvrira l’histoire des résistances à la presse de marché ni dans les manuels scolaires ni dans… les grands journaux. Avec ses personnages hauts en couleur et son ambition généreuse, cette tradition internationale de critique des médias fait courir depuis deux siècles le fil rouge d’une autre information possible. »

 

 

 

Le Monde Diplomatique (93)

Pour Sophie Béroud, la démocratie d’entreprise est une imposture : « Pour faire passer la réforme du code du travail préparée par la ministre Myriam El Khomri, le gouvernement et les médias jouent sur deux tableaux. D’une part, ils dénigrent systématiquement ceux qui s’y opposent : étudiants nantis contre jeunes sans diplôme précarisés, travailleurs contre chômeurs… De l’autre, ils brossent un tableau enchanté des accords au cas par cas et du référendum dans l’entreprise. ».

 

 

Vanessa Pinto nous dit que la droite n’est pas tendre pour les étudiants dans leur combat contre la loi Précarité : « Les étudiants « sont des gens relativement protégés, les insiders, qui sont en train de lutter contre les outsiders. (…) Ce sont ceux qui bloquent l’entrée sur le marché du travail des moins qualifiés. (…) Ce sont les jeunes privilégiés, favorisés, qui vont empêcher que l’on réforme le marché du travail de ceux qui n’ont pas de job ». Ainsi parlait Laurent Bigorgne, le directeur de l’Institut Montaigne, un puissant think tank libéral, le 12 mars 2016 sur Europe 1. »

 

 

Pour Marie Kostrz, le Hazbollah est le maître du jeu au Liban : « Avec le renfort des bombardiers russes, des conseillers iraniens et des combattants chiites libanais, l’armée syrienne a regagné du terrain avant le cessez-le-feu de fin février. En première ligne pour soutenir le président Bachar Al-Assad, le Hezbollah voit sa légitimité et sa position renforcées sur le plan intérieur. Désigné comme « groupe terroriste » par la Ligue arabe, il demeure pourtant très populaire dans les pays du Maghreb. »

 

 

Lakram Belkaïd explique pourquoi le Maghreb soutient Bassar Al-Assad : « Contrairement au cliché réducteur qui veut qu’une ligne de fracture violente oppose désormais les deux branches principales de l’islam, de nombreux Maghrébins demeurent peu sensibles à la logique confessionnelle. « Ils ont d’abord une lecture politique des événements en Syrie et voient dans ce parti le dernier bastion de la résistance contre Israël en particulier et contre l’impérialisme occidental en général », explique l’éditorialiste et essayiste algérien Mohamed Saadoune. »

 

 

Pour Jean-Arnault Dérens & Simon Rico, l’Europe a tiré le rideau face aux réfugiés : « Un million de réfugiés ont emprunté la route des Balkans au cours de l’année 2015. Tandis que l’Union européenne s’accorde avec la Turquie pour tenter d’endiguer les départs, les fermetures successives de frontières coupent ce corridor humanitaire informel dans lequel sont encore engagés des dizaines de milliers d’êtres humains fuyant la guerre ou la misère. »

 

 

Pour Francesca Maria Benvenuto, le crédit de l CPI est au plus bas : « Le 21 mars 2016, la Cour pénale internationale a déclaré l’ancien vice-président congolais Jean‑Pierre Bemba coupable de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre en Centrafrique. Mais c’est seulement son quatrième jugement en quatorze ans. Et les péripéties du procès de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, ouvert au début de l’année, entament son crédit déjà fragile. »

 

 

Le Monde Diplomatique consacre un dossier à la diplomatie des armes. Philippe Leymarie évoque la « chasse aux milliards » : « u début des années 1990, la fin de la guerre froide devait vider les arsenaux et mettre fin à la plupart des conflits. Après un net recul, la « guerre contre la terreur », avec les engagements en Afghanistan et en Irak, a redonné du grain à moudre au complexe militaro-industriel américain. »

 

 

Serge Halimi se rit du Figaro émerveillé par un avion : « Il y a (au moins) trois sujets qu’un journaliste du Figaro doit aborder avec prudence, ou déférence, ou révérence : Moët Hennessy Louis Vuitton (LVMH), le groupe de M. Bernard Arnault, puisque le secteur du luxe est l’un des principaux annonceurs de presse ; Publicis et son président-directeur général (PDG) Maurice Lévy, pour les mêmes raisons ; et enfin Dassault Aviation, car — le quotidien conservateur le signale lui-même au bas de chaque article qui traite du Falcon ou du Rafale — « le groupe Dassault est propriétaire du Figaro  ». Autant dire qu’en matière de ventes d’armes, un thème alléchant pour qui s’intéresse aux complicités politiques et aux pots-de-vin, un journaliste du Figaro n’est pas le mieux placé pour décrocher un prix Albert-Londres. »

 

 

Pour Olivier Zajec, la Russie est aussi bonne en Kalachnikov qu’en tueurs de satellites : « Tiraillée entre sa volonté de moderniser son appareil militaro-industriel et la réalité de son économie en panne, la Russie cherche à retrouver son rang stratégique. Malgré des retards technologiques, elle demeure la deuxième exportatrice mondiale d’armes. »

 

 

Thibaut Henneton n’oublie pas la “ Silicon Army ” : « Faut-il considérer les matériels et logiciels estampillés Google, Apple, Amazon… comme des armes ? Les géants américains de la « nouvelle économie » sont intimement liés au ministère de la défense. »

 

 

Camille François suggère de penser la cyberpaix : « Si la guerre a son droit et ses règles, la cyberguerre n’a pas de contours définis. Se pose alors la question : comment réguler un affrontement dont on peine à identifier les protagonistes, et qui se déroule sur un terrain civil, Internet ? »

 

 

Johann Fleuri explique pourquoi les Japonaises sont indésirables au travail : « Près de deux Japonaises sur trois mettent un terme à leur carrière lorsqu’elles deviennent mères. Prise en charge des enfants, manque de perspectives professionnelles, discriminations : les raisons de ce renoncement sont nombreuses. Il plonge le pays dans une situation alarmante : avec le vieillissement de la population, l’Archipel pourrait perdre 6,4 millions de travailleurs d’ici à 2025. »

 

 

Pour Carlos Gabetta, en Argentine, les régimes passent mais la corruption reste : « L’Amérique latine n’a pas attendu le monumental scandale qui chahute l’ensemble du système politique brésilien pour découvrir les dégâts de la corruption. Depuis longtemps, le phénomène accable l’Argentine. Dans ce domaine comme dans les autres, le nouveau président Mauricio Macri promet le changement, qui débute par un vigoureux virage à droite. »

 

 

Olivier Pironet évoque l’engagement absolu de Simone Weil : « La pensée et la trajectoire fulgurante de Simone Weil (1909-1943) demeurent largement méconnues au-delà d’un cercle de spécialistes. Figure majeure de la philosophie du XXe siècle, dont Albert Camus édita une grande partie de l’œuvre après sa mort, elle fut également une femme de combat. Impliquée dans les luttes et les débats de son temps, elle a marqué de son empreinte la culture politique de la gauche. »

 

 

Pour Pierre Rimbert, les barbares sont parmi nous : « le pays de la liberté a déclaré la guerre à la barbarie. A un empire lointain qui frappe la France et la Belgique, méprise les civils et tue des enfants. « Nous sommes en guerre ! » Soutenus par la population, les dirigeants claironnent leur volonté de détruire l’ennemi. On pavoise. Mais pendant que les soldats combattent, les civils s’activent. L’ennemi ne serait-il pas aussi caché là, sous nos yeux ? Loyaux en apparence, les immigrés et leurs descendants ne formeraient-ils pas une armée d’espions et de traîtres ? »

 

 

A noter un supplément sur les défis sanitaires en Afrique francophone avec, notamment, un article sur la prison d’Abidjan, laboratoire de la lutte contre le VIH-sida.

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6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 05:32

 

J’en ai un peu ras le bol de dénoncer ce travers politiquement correct (donc de droite), mais je doute que ça leur passe avant que ça me reprenne.

 

Dans le n° 32 des Zindigné(e)s ! (sic) que j’adore, on le sait, un article collectif (dont je partage largement l’argumentaire concernant la nécessité de primaires vraiment citoyennes afin de rompre avec la fausse gauche) signé, entre autres, par une collègue dont j’admire la personne et le combat depuis longtemps. Article bourré d’horreurs. Je cite :

 

« l’irruption active des citoyen.nes »

 

« pour désigner un.e candidat.e »

 

« la vainqueur.e »

 

« un.e leader charismatique »

 

« un.e alter-ministre »

 

« ce.tte candidate »

 

« la guerre des chef.fes »

 

« dénicher un.e sauveur. »

 

 

Lorsqu’on se lance dans une logique aussi crétine, même si on est soi-même quelqu’un d’intelligent, on ne va jamais au bout des choses. On prétend innover en français mais on utilise le mot “ expertise ” dans son sens anglais. Et puis on rate son coup. En dénonçant, par exemple, la figure d’« un monarque républicain », qui ne saurait être féminin ou transsexuel, ou de dix membres « dont chacun aura été préalablement sélectionné ». Les femmes passent alors à la trappe.

 

 

 

Certains mots du français n’ont pas de féminins (d’autres n’ayant pas de masculin). C’est le cas de “ vainqueur ”, encore que le mot “ vainqueresse ” a existé. Dans ce cas, on peut prendre un dictionnaire de synonymes pour les nuls et on trouvera “ la gagnante ”.

 

Marre de ce zèle grotesque, de ce désir du beurre et de l’argent du beurre, de cet accaparement symbolique des attributs virils. Récemment, une universitaire signait un article « X, chercheure ». La chercheuse Marie Curie (qui était une tête) a dû se retourner dans sa tombe.

Les violeur.e.s de langue
Les violeur.e.s de langue
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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 05:37

 

La loi LRU votée sous Sarkozy (dois-je rappeler que j’ai écrit plus de 200 articles dans mon blog et sur le site du Grand Soir à ce sujet ?) poursuivait plusieurs objectifs, l’un étant la mise au pas des universitaires et le transfert du pouvoir du corps enseignant vers les administratifs. C’est fait. L’administration n’est plus au service des professeurs et des étudiants : ceux-ci doivent se couler dans le cadre imposé par l’administration selon les directives entrepreneuriales dictées par des conseils d’administration où les enseignants sont minoritaires. Magnifiquement accomplie par Pécresse, la mutation fut peaufinée par sa successeuse Fioraso et les renégats solfériniens. Lorsque la droite historique reviendra au pouvoir en 2017, il lui sera très facile de continuer le travail, dans ce domaine comme dans tous les domaines où la droite honteuse aura sévi : l’université sera entièrement privatisée et financiarisée et les personnels enseignants seront tous recrutés sur statut précaire, le statut de la Fonction publique ayant sauté.

 

La LRU a créé ou renforcé des fonctions administratives semblables à celles que l’on trouve dans le privé : on parle plus que jamais de ressources humaines, de direction générale des services. Les Solfériniens ont continué sur la lancée de la droite traditionnelle en faisant des enseignants la principale variable d’ajustement (en alourdissant les services et en multipliant des tâches qui ne sont pas normalement celles de pédagogues et de chercheurs) et en fliquant le monde universitaire comme jamais. Sous Hollande, les courriels professionnels des enseignants peuvent être espionnés et un étudiant qui graffe des toilettes est, sur ordre du président de l’université, capturé par des vigiles qui le remettent à la BAC, ce doux acronyme signifiant Brigade anti-criminalité. Le naturel au galop du social-libéralisme ne répugne pas aux pratiques fascistoïdes.

 

Pour mettre au pas les personnels enseignants, Pécresse décida de balayer les procédures démocratiques dans les établissements. Par exemple, celles encadrant le recrutement des enseignants. Avant (je sais : quand on dit « avant », on est un conservateur frileux, arc-bouté sur ses avantages acquis), les universitaires étaient recrutés par leurs pairs réunis dans des commissions de spécialistes. Ces commissions étaient constituées d’enseignants titulaires élus, éventuellement sur des bases syndicales, pour une période de trois ans. Les commissaires élisaient leur président et deux vice-présidents, et ils cooptaient pour la même période de trois ans un nombre statutairement défini de collègues d’autres universités. Pécresse mit bon ordre à cette pratique démocratique, visible et stable, en instituant des comités de sélection. Ces comités ont la particularité de ne pas avoir d’existence institutionnelle, d’être ad hoc. Lorsqu’un poste est créé, le président de l’université nomme un collègue chargé de constituer un comité. Plus question de spécialistes : un latiniste peut fort bien siéger parmi des physiciens nucléaires, en attendant, demain, le mari de la concierge. Lorsque le recrutement est effectué, le comité disparaît. Mais comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, le président, qui a tout mis en œuvre pour se constituer un comité aux petits oignons, a un droit de veto sur la décision des collègues. Nous sommes dans l’arbitraire, l’abus de pouvoir le plus total. L’ancien système n’était pas parfait, le nouveau peut verser à tout instant dans la pantalonnade du copinage.

 

Le ministère vient de demander à l’Inspection générale de l’administration de l’Education nationale (IGAEN) la rédaction d’un rapport sur « Le recrutement, le déroulement de carrière et la formation des enseignants chercheurs » (l’intégralité du rapport est téléchargeable ici). Ce rapport vient de lui être remis. Un mot sur les inspecteurs généraux. Ce sont toujours des gens de très haut niveau, de grande compétence. Mais leur recrutement est effectué dans l'opacité. Pendant ma carrière (longue, forcément longue), j’ai vu quelques dizaines d’enseignants promus IG parce qu’ils étaient corses, parce qu’ils étaient membres du parti socialiste, parce qu’ils étaient des potes de Chirac ou de Tonton. Ces messieurs et dames nommés bien souvent par le fait du prince étaient donc particulièrement qualifiés pour repenser le recrutement dans l’enseignement supérieur et pour faire la leçon aux aspirants universitaires. Le rapport comporte quatre têtes de chapitre : le contexte statutaire, le recrutement, le déroulement de la carrière et la formation. Il préconise vingt mesures dont je vais reprendre les plus significatives à mes yeux.

 

Il jette la suspicion, dès l’amont, sur les futurs professeurs – et sur ceux déjà en poste – en proposant des « dispositions robustes [ce qui signifie quoi, exactement ?] visant à garantir le niveau des doctorats élevés. » Comme si, ces vingt ou trente dernières années, le niveau des doctorats avaient baissé et comme si les jurys conférant ce grade avaient bradé les titres.

 

 

 

 

La proposition n° 5 conditionne tout le reste : il s’agit d’« encourager l’ouverture des comités de sélection à des représentants de la gouvernance de l’établissement ainsi que de la composante et du laboratoire concernés par le recrutement ; de faciliter la participation des membres extérieurs, notamment étrangers, en allongeant les calendriers de recrutement des comités de sélection ; d’étudier des solutions de mise en place de comités de sélection dans le cadre de regroupements d’établissements. » Participeront donc au recrutement des maîtres de conférence et des professeurs d’université des « représentants de la gouvernance de l’établissement ». Je passe sur le fait que le mot « gouvernance », adopté de l’entreprise privée anglo-saxonne, n’existe pas dans le langage officiel de l’université française. Cela signifie que des administratifs, des étudiants et, demain, comme je le disais plus haut, le mari de la concierge, évalueront des dossiers scientifiques qui passent à cent coudées au-dessus de leur tête. Ce n’est pas parce que ce type de procédure existe dans d’autres pays (nos inspecteurs généraux sont peut-être malins mais ils n’ont rien inventé) que nous devons nous y soumettre. Pour l’anecdote, j’ai connu plusieurs collègues outre-Rhin ou au Royaume-Uni qui se virent refuser une promotion car, comme ils avaient la réputation de noter un peu sèchement, les étudiants avaient fait pencher le vote en faveur de concurrents plus laxistes. J’ai aussi connu le cas d’un universitaire au dossier en béton qui s’était fait souffler un poste de professeur sur recommandation du ministre de l’Education car l’université manquait de femmes professeurs.

 

La préconisation n° 6 n’est pas absurde en soi : « généraliser dans les établissements la mise en œuvre d’opérations de recrutement correspondant aux pratiques en vigueur au niveau international (visites préalables de candidats potentiels, échanges avec les futures équipes, allongement des temps d’auditions et réalisations de séminaires par les candidats, véritables entretiens d’embauche). » Je glisse rapidement sur le fait qu’« international » signifie en fait Etats-Unis et Royaume-Uni. Le problème est que cette procédure est chronophage et très coûteuse. Dans les pays anglo-saxons, comme en Allemagne ou en Autriche, le salaire des enseignants titulaires est nettement supérieur à celui des enseignants français tandis que leur charge de cours, et surtout leur charge administrative, sont nettement inférieures. Pour leur part, les inspecteurs généraux travaillent rarement plus de 35 heures par semaine.

 

La préconisation n° 7 jette, elle aussi très fortement, le doute sur l’honnêteté des universitaires : « encourager les établissements à faire auditer leurs processus internes de recrutement dans le but d’établir des règles internes propres à garantir un fonctionnement impartial des différentes instances. » Tout comme la n° 8 : « instaurer une procédure de titularisation des enseignants-chercheurs plus formalisée et plus rigoureuse. »

 

 

 

 

La préconisation n° 9 vise à faire fliquer les universitaires par une bureaucratie sans forme, mais avec la caution, tellement honnête et rigoureuse de « personnalités » étrangères : « Mettre en place sous l’égide de la DGRH, un groupe de travail sur l’organisation et le fonctionnement du CNU, auquel participeront la CPCNU et la CPU ainsi que des représentants des EPST et des personnalités universitaires étrangères. »

 

La préconisation n° 11 vise à préférer l’exo-recrutement, tel que cela se pratique dans d’autres pays. Pourquoi pas ? Mais cela reste discutable. Que fait-on lorsqu’après une sélection « rigoureuse » il reste deux dossiers en présence : celui, brillant, d’un candidat local, et celui, médiocre, d’un « exo », même s'il s'agit d'une femme noire, juive et lesbienne ? Ne riez pas, on y est presque.

 

La préconisation n° 14 vise à favoriser les universitaires « mobiles ». Pourquoi pas, mais cela n’a rien à voir avec la qualité scientifique des dossiers.

 

La préconisation n° 15 ouvre la voie à l’avilissement des enseignants et au règne de la démagogie : « Encourager le développement de l’évaluation des enseignements par les étudiants, notamment dans le cadre de la politique contractuelle. »

 

La préconisation n° 17 m’a ramené plus de trente ans en arrière quand les Solfériniens de l’époque, avec l’aide de la CFDT, ont presque doublé les services des enseignants. Mais comme cela ne suffit toujours pas (les ânes étant toujours mal bâtés, j’imagine), les inspecteurs généraux à 35 heures par semaine, qui ont repéré les procédures existantes (mais officieuses) visant à alourdir la charge de travail, propose de les officialiser en faisant en sorte que plus un seul enseignant n’ait le même service qu’un autre enseignant (un peu comme les caissières de supermarché) : « inciter les établissements à utiliser les dispositifs règlementaires de modulation des obligations réglementaires de service, dont ils disposent, afin, notamment, de diminuer le volume horaire d’enseignement des nouveaux MCF au profit de leur activité de recherche, et inversement de renforcer celui des enseignants-chercheurs qui opteraient pour une réorientation de leur mission dans le sens d’un plus grand investissement dans l’enseignement que dans la recherche. Approfondir la réflexion sur une modification des obligations réglementaires de service d’enseignement des enseignants-chercheurs, dans le sens d’un assouplissement et d’une individualisation du dispositif, et engager des expérimentations dans ce sens. »

 

 

Si les universitaires acceptent ces préconisations comme ils ont accepté la LRU, ils vont souffrir. Moins cependant que ceux qui leur succéderont.

 

Universitaires : l’infantilisation continue

En période de révision d'examens, la bibliothèque universitaire est fermée. Sûr qu'une commissions d'inspecteurs généraux va s'occuper de ce léger désagrément.

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 05:49

 

 

Selon le blog Solidarité internationale PCF, en matière de levée du blocus étasunien de Cuba, le compte n’y est pas.

 

• On ne permet pas d’investissements dans notre pays au-delà de ceux déjà approuvés dans le secteur des télécommunications.

 

• L’interdiction frappant les importations de produits cubains aux États-Unis, y compris de médicaments et de produits biotechnologiques, est toujours en vigueur.

 

• La disposition qui interdit l'accès aux ports nord-américains, pour une période de 180 jours, aux navires de tiers pays qui mouillent dans des ports cubains – ce qui occasionne des pertes au titre des frets –, est toujours en vigueur.

 

Toutes ces restrictions peuvent être éliminées à travers des décisions exécutives.

 

La réalité, c’est que le blocus est toujours en vigueur. Le Secrétaire du Trésor Jack Lew a lui-même reconnu, il y a deux jours, que le blocus limite encore « très, très significativement» le volume des transactions entre Cuba et les États-Unis.

 

Le blocus a aussi des composantes dissuasives et punitives. Voici quelques exemples :

 

• Des entreprises étasuniennes et étrangères ont encore récemment été condamnées à verser des amendes pour avoir offert des services et du matériel d’origine étasunien à Cuba.

 

• Des entreprises étrangères qui commercialisent du nickel et du rhum cubain ont été privées de leurs lignes de crédits, et leurs transferts ont été refusés, même dans des monnaies autres que le dollar.

 

• Des banques étrangères ont fermé les comptes bancaires dans d’autres monnaies à du personnel de la santé cubain qui apporte sa coopération dans des pays d’Afrique.

 

 

Il semble bien que les boîtes courriel des syndicats sont espionnées chez Renault. Le site Mirador raconte l’histoire suivante :

 

L’histoire se déroule en France. Un ingénieur travaillant pour un sous-traitant du constructeur automobile Renault se rend, en dehors de son temps de travail, à la projection du film documentaire satirique « Merci Patron », réalisé par François Ruffin.

 

Cette comédie documentaire retrace le parcours d’un couple travaillant pour une enseigne de prêt-à-porter. L’usine contrôlée par le groupe LVMH, propriété du milliardaire exilé en Belgique, Bernard Arnault, vient d’être délocalisée en Pologne et les deux travailleurs ont été licenciés.

 

Après la projection, l’ingénieur du sous-traitant décide d’informer plusieurs syndicalistes et travailleurs syndiqués du groupe automobile de la projection du film. Le lendemain, le directeur de l’entreprise sous-traitante de Renault appelle par téléphone son employé. Il venait de recevoir un mail qui lui avait été transféré par quelqu’un de chez Renault, accompagné d’un message précisant : « Voici ce qu’a fait votre salarié, merci de lui faire quitter le site au plus vite ».

 

Les mails des syndicalistes de Renault étaient en fait surveillés par la direction du groupe. L’ingénieur en question, qui témoigne sur une vidéo postée sur le net, a été mis à pied pour une dizaine de jours sans pouvoir revenir sur son lieu de travail ni être payé.

 

Revue de Presse (162)

Dans Le Monde, Didier Daeninckx revient sur les attentats terroristes : Je vis, dans mon quartier, avec le sentiment d’être pris en étau  : d’un côté, la menace mortelle des nihilistes ; de l’autre, la faillite des institutions. Les choses les plus insignifiantes sont aujourd’hui gorgées de sens et de sang. Un kiosque où l’on achète le journal du mercredi, une table ronde et deux chaises. Les signes avant-coureurs de la catastrophe étaient visibles. En ce qui me concerne, depuis trois ans, ici, j’ai vu les corps s’éloigner, les embrassades se raréfier, les barbes et les voiles pousser, les regards s’aiguiser, les murs s’élever. Il a fallu s’habituer à croiser des imams rétrogrades installés dès le petit matin dans les commerces, pour y faire pression sur les fidèles.

 

De plus en plus, l’écriture m’apparaît comme un espace de résistance, de ré-existence. Continuer à interroger l'Histoire au moyen de la fiction, immerge des personnages dans les villes chancelantes, aller à la rencontre des habitants provisoires des décharges de Calais pour y entendre les traumatismes centenaires nés des tracés franco-anglais des frontières… Ramasser les éclats du temps un à un. Une écriture qui ambitionnait de changer le monde et qui peine, aujourd’hui, à simplement le dire.

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2 avril 2016 6 02 /04 /avril /2016 05:46

 

György Lukács fut l’un des plus grands penseurs du XXe siècle. Ses ouvrages de sociologie de la littérature sont à jamais des classiques. Je citerai simplement L’Âme et les formes, La Théorie du roman, Histoire et conscience de classe, Balzac et le réalisme français.

 

Ce Hongrois de langue allemande était né en 1885 dans la bourgeoisie juive de Budapest. Il avait obtenu son doctorat ès lettres à l’âge de 21 ans à l’université de Berlin. En 1917, il adhéra au parti communiste de Hongrie et devint commissaire à l’Instruction de la République des conseils de Hongrie, dirigée par Béla Kun. Après l’échec de cette République, il s’exila en Autriche et à Moscou. Il revint en Hongrie en 1945 et fut le ministre de la Culture du gouvernement d’Imre Nagy en 1956. Après l’insurrection de Budapest, il s’exila en Roumanie, revint en Hongrie en 1957 et se consacra alors exclusivement aux questions d’esthétique et de théorie littéraire.

 

Il fonda les études sociologiques sur la littérature, le roman en particulier. Son objectif fut de replacer systématiquement l’œuvre dans son contexte social et historique. Il défendit le réalisme au détriment du modernisme incarné par Kafka ou Joyce. Merleau-Ponty considérait son Histoire et conscience de classe comme l’œuvre fondatrice du marxisme occidental. Il dénonça l’idéologie bourgeoise en ce qu’elle prolongeait la conscience de classe des dominants. Pour lui, le marxisme ne se résumait pas à une accumulation de thèses à embrasser mais à une dialectique en perpétuel mouvement.

 

 

On ne s’étonnera pas que la Hongrie nationaliste de Viktor Orbán, ce délicieux pays où des policiers à la retraite surveillent les allocataires d’indemnités-chômage effectuant des travaux d’intérêt général et qui impose aux diabétiques des contrôles de leur régime alimentaire, ait entrepris de pulvériser le souvenir de György Lukács dans le cadre de l’éradication de la culture marxiste de son pays. Le régime tente actuellement de faire disparaître les archives Lukács à Budapest. L’Académie des sciences de Hongrie va les fermer, vendre l’appartement où habitait le philosophe et va mettre à la retraite les chercheurs qui s’efforçaient de faire vivre ce patrimoine unique. Les Archives Lukács comportent des milliers de livres et des correspondance inédites avec, par exemple, Thomas Mann ou Jean-Paul Sartre.

 

Une pétition internationale contre la fermeture des archives est à signer ici.

 

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29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 05:52

Je reprends ici de larges éléments d’un article d’Henri Maler et Yves Rebours (pour le site Acrimed) sur la dérive procapitaliste du discours pournalistique en temps dez grèves et de manifestations.

 

I. Consensus sous surveillance

 

« Réforme » : Ne plus dire : « les travailleurs combattent les politiques libérales qui favorisent chaque jour davantage les revenus du capital et dissolvent l’Etat social ». Ecrire : « Une autre chose dont on peut être sûr – et qui nourrit l’antienne d’un pays impossible à réformer, c’est la nature difficile des rapports sociaux en France. La conflictualité l’emporte sur le consensus. Vieil héritage de la culture ouvrière revendicative du XIXe siècle du côté des organisations syndicales, crispées sur la défense des droits acquis [...]. » (Le Monde Economie, mardi 7 juin 2005, page I). 

 

 « Modernisation » : Le modernisme s’oppose à l’archaïsme. Seuls des esprits archaïques peuvent s’opposer à la modernisation. D’ailleurs, « LA modernisation » est indifférente à la justice sociale, que la modernité a remplacée par l’« équité ».

 

« Concertation » : Se dit des réunions convoquées par un ministre pour exposer aux organisations syndicales ce qu’il va faire et pour écouter leurs doléances, de préférence sans en tenir aucun compte.

 

« Pédagogie » : Devoir qui, pour les journalistes communicants, s’impose au gouvernement (plus encore qu’aux enseignants...). Ainsi, le gouvernement fait preuve (ou doit faire preuve...) de « pédagogie ». Tant il est vrai qu’il s’adresse, comme nos grands éditorialistes, à un peuple d’enfants qu’il faut instruire patiemment.

 

 

II. Déraison des foules

 

 « Égoïsme » : Frappe les chômeurs, les travailleurs précaires, les classes populaires en général. Exemple : le refus du dumping social est un symptôme évident d’égoïsme. Vice dont sont dépourvus les bénéficiaires de stock-options.

 

« Corporatisme » : Mal qui menace n’importe quelle catégorie de salariés qui défend ses droits, à l’exclusion des tenanciers des médias.

 

III. Paroles, paroles

 

 « Témoins » : Exemplaires de la foule des grévistes et manifestants, interrogés en quelques secondes à la télé ou en quelques lignes dans les journaux. Le « témoin » témoigne de ses affects, jamais de ses motifs ou du sens de son action. Seuls les gouvernants, les « experts » et l’élite du journalisme argumentent, connaissent les motifs, et maîtrisent le sens. L’élite pense, le témoin « grogne ».

 

 « Opinion publique » : S’exprime dans les sondages et/ou par l’intermédiaire des « grands journalistes » qui lui donnent la parole en parlant à sa place.

 

« Contribuables » : Nom que porte l’opinion publique quand elle paie des impôts qui servent au service public. Quand l’argent public est dépensé pour consentir des avantages fiscaux aux entreprises, cet argent n’a plus d’origine identifiée. On dira : « les régimes de retraites du secteur public sont payées par les contribuables ». On ne dira pas : « les exonérations de charges consenties aux entreprises sont payées par les contribuables.

 

IV. Mouvements des troupes

 

 « Usagers » : Se dit de l’adversaire potentiel des grévistes.

 

« Otages » : Synonyme d’« usagers ». Terme particulièrement approprié pour attribuer les désagréments qu’ils subissent non à l’intransigeance du gouvernement, mais à l’obstination des grévistes.

 

« Galère » : Se disait (et peut se dire encore...) des conditions d’existence des salariés privés d’emploi et des jeunes privés d’avenir, vivotant avec des revenus misérables, de boulots précaires en stages de réinsertion, assignés à résidence dans des quartiers désertés par les services publics, sans loisirs, et subissant des temps de transports en commun démesurés. Phénomène presque invisible à la télévision, ses responsables ne sont pas identifiables. « Galère » se dit désormais des difficultés de transports les jours de grève : on peut aisément les mettre en images et les imputer à un coupable désigné, le gréviste.

 

« Violence » : Impropre à qualifier l’exploitation quotidienne, les techniques modernes de « management » ou les licenciements, le terme s’applique plus volontiers aux gens qui les dénoncent, et aux mots qu’ils emploient pour le faire.

 

 

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