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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 06:17

 

Ce mercredi 4 novembre, Bénédicte Robert, rectrice de l’académie de Poitiers, aurait pu décider de mettre fin à huit mois d’acharnement institutionnel l’affaire des « 4 de Melle ». Alors même que la communauté éducative se recueille encore pour honorer la mémoire de Samuel Paty, le ministère de l’Éducation Nationale n’hésite pas à attaquer et à sanctionner l’usage d’une liberté d’expression qu’il célèbre bien ironiquement dans les médias depuis plus de deux semaines. Jean-Michel Blanquer et ses plus proches collaborateurs sont aujourd’hui pris en flagrant délit d’hypocrisie !

 

Sylvie Contini est sanctionnée d’une mutation d’office, Cécile Proust est exclue de ses fonctions pour une durée de 15 jours (donc sans traitement), Aladin Lévêque écope d’un abaissement d’échelon et Sandrine Martin d’un blâme. Le rapport de l’enquête administrative préconisait de sanctionner les « 4 de Melle » parce qu’ils restaient dans leur « logique de combat de la réforme », c’est chose faite et les sanctions sont particulièrement lourdes ! Nous ne pouvons qu’être une nouvelle fois indignés face à cet acharnement répressif.

 

Cela fait à présent huit mois que l’affaire des 4 de Melle défraie la chronique et qu’elle suscite l’indignation, non pas seulement de la communauté éducative, mais de l’ensemble des secteurs professionnels. Pour rappel, trois d’entre eux avaient été suspendus à titre conservatoire pour s’être mobilisés contre les E3C et pour avoir dénoncé les faits graves commis par leur administration : pressions et intimidations hiérarchiques, violences physiques sur élèves, étages intégralement barricadés lors de la passation des épreuves de contrôle continu avec portes coupe-feu sanglées et sorties de secours condamnées, mise en danger d’élèves enfermés dans les salles d’examen et non évacués lorsque ces derniers étaient en proie à des malaises. L'administration s’est rendue coupable de l’intégralité de ces actes, et ce sont les enseignants qui se retrouvent incriminés ! Leur suspension de 4 mois, décidée en mars, avait été prolongée de 4 mois supplémentaires en juillet, décision inédite dans l’éducation nationale, et une quatrième collègue avait été ajoutée à la liste des réprimés, convoquée à un conseil de discipline alors qu’elle n’avait pas été suspendue.

 

L’affaire des 4 de Melle est devenue emblématique de l’acharnement répressif que subissent, dans l’éducation nationale, les personnels qui osent contester les réformes.

 

C’est pourquoi pas moins de 1500 personnes sont venues les soutenir devant le rectorat de Poitiers le 12 octobre, jour du premier conseil de discipline, sans compter les nombreux rassemblements qui ont eu lieu partout en France devant les rectorats et les DSDEN. C’est un soutien syndical d’une ampleur inédite qui a été apporté aux 4 de Melle et à tous les personnels victimes de répression : ce jour-là, étaient présents tous les représentants de l’IS nationale de l’Education (CGT, FO, FSU, Sud éducation), ceux de l’IS Fonction Publique, mais aussi les Confédérations Syndicales Solidaires, CGT, FSU et FO : du jamais vu dans un tel cas de répression !

 

Des réprimés d’autres secteurs professionnels, regroupés depuis mi-septembre dans un collectif interprofessionnel contre la répression sont, eux aussi, venus témoigner leur soutien aux enseignants Mellois: Julien du comité de soutien d’Anthony Smith, inspecteur du travail, Éric Bezou de la SNCF, Yann Gaudin de pôle emploi, Alexandre El Gamal de la RATP, Gaël Quirante de la Poste, Anissa Amini, aide-soignante en EHPAD, Boris Mollet, travailleur social.

 

La mobilisation a, sans conteste, contribué à faire reculer le rectorat de Poitiers. Fragilisé par son ampleur inédite mais aussi par les nombreuses irrégularités et contradictions soulevées lors des conseils de discipline, le rectorat s’est parfois vu contraint de modifier, voire d’abandonner, des chefs d’accusation en cours de séance !

 

Lors du premier conseil de discipline, à savoir celui de Sylvie Contini, l’administration, forte de son arrogance, n’a pas hésité à louer le sérieux de l’enquête administrative et a nié toute responsabilité concernant les décisions ayant mis en danger la sécurité des élèves au lycée Joseph Desfontaines de Melle lors de la passation des épreuves d’E3C.

 

Lors des conseils de discipline suivants, cette même administration a fini par se désolidariser officiellement des méthodes de l’enquête administrative dont elle faisait l’éloge en début de semaine, reconnaissant explicitement que cette dernière n’a pas pu permettre l’objectivation des faits reprochés aux enseignants. Elle a même fini par reconnaître et condamner fermement les débordements dont certains de ses représentants se sont rendus coupables lors des passations d’épreuves.

 

 

 

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https://twitter.com/StylosRouges93

Fascisme plus vraiment rampant dans l'Éducation Nationale

 

Sans cesse mis en difficulté, le rectorat de Poitiers a dû se résoudre à proposer des sanctions de plus en plus basses sur l’échelle des sanctions disciplinaires au fur et à mesure de la semaine, ce qui explique leur gradation dans les décisions finales. La différence dans les sanctions apportées ne fait que symboliser le recul progressif de l’administration ; en effet, cette différenciation n’est en rien justifiable puisque les dossiers des quatre enseignants sont, sauf différences très mineures, identiques. Ici, seul l’ordre de passage justifie l’ampleur de la sanction ! Plaisante justice que celle que le hasard et l’aveuglement bornent…

 

Après une semaine de conseils de discipline et pas moins de 32h de séances cumulées (chacun des conseils de discipline ayant duré plus de 7 heures !), aucune proposition de sanction de la rectrice de l’académie de Poitiers n’obtient d’avis majoritaire. Mieux encore, pour Aladin Lévêque, c’est l’avis d’absence de sanction qui obtient la majorité. Le désaveu est de taille pour Mme la Rectrice de l’académie de Poitiers quand on sait à quel point ces procédures sont normalement gagnées d’avance pour l’administration qui y est à la fois enquêtrice, accusatrice et juge.

 

Désavouée par ses propres procédures, Bénédicte Robert n’en a pas moins décidé de passer en force et d’appliquer ces sanctions qu’aucun des conseils de discipline n’a validées !

 

La communauté éducative ne peut tolérer un tel abus de pouvoir ! La mobilisation a déjà fortement contribué à faire reculer le rectorat de Poitiers : il faut aujourd’hui la poursuivre pour qu’aucune sanction ne soit prise contre nos collègues.

 

Nous demandons au ministre de l’Éducation Nationale ainsi qu’à la rectrice de l’académie de Poitiers de bien vouloir entendre et reconnaître l’unanimité du soutien apporté aux 4 enseignants de Melle en abandonnant toute sanction contre eux. Nous exigeons aussi d’avoir la garantie que plus jamais ce ministère ne remettra en question les droits syndicaux et les libertés démocratiques.

 

Les 4 de Melle n’en resteront pas là et useront de tous les recours qui leur sont offerts pour dénoncer ces méthodes et faire annuler ces sanctions. Et nous les soutiendrons dans toutes les démarches entreprises ! Vous pouvez dès à présent leur apporter un soutien financier en participant à la caisse de solidarité : https://www.lepotcommun.fr/pot/n9i5n24r

 

Le comité de soutien aux 4 de Melle

#SoutienAux4deMelle #SoisProfEtTaisToi

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5 novembre 2020 4 05 /11 /novembre /2020 08:59
Il est parti ?

 

NOT YET !

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5 novembre 2020 4 05 /11 /novembre /2020 06:09

Ci-dessous une forte réflexion de Régis de Castelnaud sur l'islam et l'islamophobie.

 

 

Lorsque que survient un événement tragique qui produit une émotion nationale, on assiste dans les jours qui suivent à des événements qui sont autant de révélateurs sociologiques, idéologiques et politiques. En 2015, le massacre de Charlie, l’assassinat du policier Ahmed Merabet vu en vidéo quasiment en temps réel et la tragédie de l’Hyper Cacher m’avaient naturellement tétanisé puis plongé dans la colère contre l’attaque qu’une religion dévoyée avait porté à mon pays. Quelques jours plus tard, la brochette de politiques indignes jouant des coudes pour occuper premier rang de la manifestation organisée par François Hollande ramenait à la réalité et en démontrait les enjeux politiques. Dès ce moment-là je n’étais plus Charlie, si être Charlie était de suivre les pyromanes déguisés en pompiers.

 

Comme nous sommes aujourd’hui obligés de le constater, ce consensus démonstratif des couches moyennes urbaines dont les couches populaires et les populations issues de l’immigration étaient absentes a fait long feu. À coup de bougies, de lâchers de ballons, et de « vous n’aurez pas ma haine », toutes les proclamations de l’époque, tous les « plus jamais ça » n’ont eu aucune suite. La lâcheté la complaisance, la gestion des petits et grands intérêts a pris le pas sur tout le reste. Alors bien sûr, la responsabilité de ces couches intellectuelles dévoyées, de ces petit-bourgeois prenant la pose de l’antiracisme de pacotille comme signe extérieur de richesse, est considérable. La gangrène idéologique de ce bloc élitaire à base de libéralisme libertaire, qui s’est répandue dans tant d’endroits comme l’université, où de façon caricaturale dans le service public audiovisuel doit être résolument combattue. Tout comme nous devons être tout aussi résolus dans la lutte contre l’islam politique. Mais il ne faut pas que ce soit l’arbre qui cache la forêt. Ce qui nous arrive a des causes qui remontent pour certaines à loin.

 

Et il est quand même assez détestable de voir ceux qui sont à l’origine de la catastrophe que nous connaissons, prendre la pose, se rengorger et montrer leurs muscles alors que leurs responsabilités sont accablantes. Et ceux-là, leur seule boussole c’est le maintien d’un ordre économique et social injuste, qui est justement à l’origine de nos malheurs. La machine à intégrer et à assimiler ne fonctionne plus, et ceux qui dirigent ce pays en portent les premiers la responsabilité. Actuellement, Jean-Luc Mélenchon a bon dos. Certes, on ne va pas trop le plaindre. Pour des raisons obscures il a incontestablement fait prendre à son mouvement un virage indigéniste, porté par le trio infernal Coquerel/Obono/Autain devenu l’unique emblème de La France insoumise. Les discours erratiques et changeants de Mélenchon l’emmènent dans un corner politique, c’est son problème et cela ne va pas nous faire pleurer.

 

Cependant, on va rappeler que les gens de La France insoumise n’ont pas été au pouvoir depuis trente ans. Ce ne sont pas eux qui ont organisé le regroupement familial, ouvert les vannes d’une immigration incontrôlée, laissé l’éducation nationale s’effondrer, désarmé la justice et les forces de l’ordre dans leurs missions de faire respecter la loi, abandonné des quartiers entiers à la pègre. Pas eux davantage qui ont été achetés par les pétromonarchies et laissé les courants islamistes radicaux prospérer dans notre pays. Ni eux qui ont détruit la Libye à la demande de BHL (créant une situation ingérable) ou financé et armé des groupes djihadistes en Syrie en considérant qu’ils faisaient « du bon boulot ». C’est l’UE qui a négocié avec Erdogan, et ouvert les vannes à des centaines de milliers de migrants. C’est le Conseil constitutionnel, présidé par le socialiste Laurent Fabius, qui a interdit au législateur de sanctionner ceux qui prêtent la main aux nouveaux trafics de chair humaine. Tous ces éléments ont contribué au développement de l’islam politique au sein de populations que la France n’a plus les moyens d’intégrer. Alors certes Jean-Luc Mélenchon et ses amis ont plus souvent qu’à leur tour soutenu ces dérives, mais beaucoup de ceux qui l’accablent aujourd’hui feraient mieux de balayer devant leur porte. Et nous, nous ne devrons jamais faire confiance à ces gens-là.

 

 

Islamisme : ouvriers de la 11ème heure et caricatures-emblèmes

 

Quant à l’utilisation quasi officielle des caricatures de Charlie hebdo par des collectivités locales, pour les projeter sur la façade de bâtiments publics, ou pour les afficher dans les rues des villes, ce sont de mauvaises actions. Et pour plusieurs raisons, d’abord parce que on peut difficilement se prévaloir de la laïcité et renoncer à la neutralité de l’État dont ces collectivités font partie en consacrant des ressources publiques à critiquer, voire insulter la religion d’une partie des citoyens. Ensuite, les droits à la caricature, au blasphème, à l’injure religieuse ne sont pas négociables, et si elles choquent, eh bien tant pis, pas tant mieux. Personnellement, athée radical, j’ai la plus grande aversion pour les religions en général et actuellement l’islam en particulier. Et je pense que l’islamophobie est une liberté fondamentale qui relève des libertés d’opinion et d’expression. L’assimiler au racisme est une imposture. Les caricatures des religions, je revendique le droit absolu pour ceux qui le veulent de les dessiner et de les publier, et pour ceux qui le souhaitent de les voir. Et nous devons être impitoyables avec ceux qui en font les raisons de leurs crimes, et avec ceux qui les encouragent. Mais la caricature religieuse n’est pas l’emblème de mon pays, et elle n’a rien à faire sur ses bâtiments publics.

 

Nous n’avons aucune revanche à prendre sur nos compatriotes musulmans qui respectent notre Nation en appliquant ses règles.

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24 octobre 2020 6 24 /10 /octobre /2020 06:29

par Philippe Arnaud

 

Cette chronique portera sur une absence, sur un nom qui n'a pas été mentionné, sur un lien qui n'a pas été établi. De quoi s'agit-il ?

 

Il s'agit, bien entendu, de l'affreux assassinat de Samuel Paty, ce professeur d'histoire décapité par un terroriste salafiste. Tout le monde a parlé des parents d'élèves sympathisants islamistes qui ont exigé des sanctions à l'encontre de Samuel Paty (pour irrespect envers le Prophète), d'imams qui ont soufflé sur les braises, de mosquées qu'on va fermer, de "fichés S" qu'on va expulser, de réseaux qu'on va surveiller, d'associations qu'on va interdire, etc. Or, dans cette avalanche d'indignations, un nom a brillé par son absence : celui de l'Arabie saoudite.

 

1. L'Arabie saoudite, en effet, est le pays qui assure encore les approvisionnements en pétrole de l'Europe et d'une bonne partie du monde. C'est aussi le pays qui, depuis longtemps, a été instrumentalisé par les Occidentaux pour lutter contre les mouvements communistes en pays musulman, ou les nationalismes de ces pays, qui, parfois, recevaient l'appui de l'URSS. On pense en particulier au plus célèbre d'entre eux, Gamal Abdel Nasser, le président égyptien. Ce dernier, de 1962 à 1970, soutint les républicains du Yémen du Nord qui avaient renversé le roi du Yémen. Et ce dernier, en retour, reçut (déjà !) l'aide de l'Arabie saoudite.

 

2. L'Arabie saoudite, tout au long de la guerre menée par les Soviétiques en Afghanistan, finança les moudjahidines afghans, et contribua également à recruter des volontaires arabes pour combattre les ennemis athées de Kaboul. C'était l'époque où les journaux occidentaux et les intellectuels médiatiques ne tarissaient pas d'éloges sur les "combattants de la liberté" afghans. [Il est vrai qu'on n'était pas loin de la déliquescence de l'URSS, ce qui donnait du tonus à la propagande anticommuniste]. En 1992, après le retrait de l'Armée rouge, Mohammed Najibullah, le dernier président afghan prosoviétique et son frère, qui s'étaient réfugiés dans un bâtiment de l'ONU, en furent tirés - illégalement - par les moudjahidines et abominablement lynchés. Mais on n'a pas souvenir qu'à l'époque les médias français de grande diffusion s'en fussent émus (ils s'économisaient peut-être pour parler de l'incarcération de Carlos Ghosn...). 

 

3. Par ailleurs, comme l'écrit Pierre Conesa (ancien haut fonctionnaire et collaborateur du Monde diplomatique), le wahhabisme de l'Arabie saoudite ne se distingue guère du salafisme des mouvements djihadistes : l'un et l'autre se caractérisent par une même négation de la loi humaine par rapport à la loi divine. [Ce qu'ont fait précisément tous ceux qui, sur les réseaux sociaux, se sont déchaînés contre Samuel Paty, en considérant que la loi divine devait l'emporter sur le principe français de laïcité]. En Arabie saoudite aucune autre religion n'est autorisée que celle de l'Islam sunnite, en Arabie saoudite, les femmes ont toujours une condition subalterne, les travailleurs étrangers (entendre les ouvriers philippins, indiens ou pakistanais, pas les architectes qui conçoivent des tours ou des résidences de luxe) sont traités comme des esclaves, les gays et lesbiennes sont punis de mort), et on y pratique toujours la décapitation au sabre, la lapidation, la flagellation et l'amputation, voire la crucifixion.

 

4. L'Arabie saoudite est aussi ce pays qui, le 2 octobre 2018, a attiré Jamal Khashoggi, journaliste opposant au régime, dans son consulat d'Istanbul (donc sur un territoire étranger), qui l'a torturé, assassiné, et démembré à la scie avant de disperser ses restes - et ce, au moins avec le silence bienveillant des plus hautes autorités. [Un consul est un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, c'est donc ce dernier, et, au-dessus, son gouvernement, qui endosse la responsabilité de ses actes]. Or, quelle différence y a-t-il entre décapiter Samuel Paty au couteau de boucher et découper Jamal Khashoggi à la scie ? Juste une question de temps et de moyens : il aurait été délicat au meurtrier tchétchène de Samuel Paty d'effectuer à lui seul, en pleine rue, ce que plusieurs barbouzes saoudiens ont fait posément à l'abri de leur consulat d'Istanbul. Mais l'esprit est le même, la barbarie est la même, la sauvagerie est la même : comme on l'a parfois écrit, l'Arabie saoudite, c'est Daesh qui a réussi.

 

5. Mais l'Arabie saoudite, c'est aussi le pays qui investit massivement en France dans l'économie, notamment dans les loisirs, l’hôtellerie de luxe, l'agro-alimentaire. C'est le pays dont les riches ressortissants sont de bons clients des joailliers de la place Vendôme ou de la rue de la Paix : on ne fait pas de misères à des clients qui achètent des montres de luxe à la brouette. Et surtout, c'est un très bon acheteur d'armes, de munitions, de navires de guerre, de sous-marins et des fameux canons de 155 mm Caesar, qui peuvent se déplacer jusqu'à 100 km/h sur route et dont les obus-roquettes portent jusqu'à 50 km. Et dont Florence Parly, notre actuelle ministre des Armées, prétendait, en avril 2019, avec une mauvaise foi en acier chromé, qu'elle n'avait "aucune preuve" [sic] que les armes vendues par la France à l'Arabie saoudite [étaient] utilisées contre des civils" [dans l'actuelle guerre que mène ce pays au Yémen].

 

6. En résumé : pendant que le président de la République, avec des trémolos dans la voix, invite les Français à se rassembler derrière le cercueil de Samuel Paty, sa ministre des Armées ferme les yeux sur l'idéologie et les agissements d'un État précisément à l'origine des crimes et abominations salafistes. Comme le disait Bossuet : "Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes".

Salmuel Paty et l'Arabie saoudite

Je vous propose par ailleurs ce questionnement de Vincent Moret dans les colonnes du Grand Soir :

 

  • Pourquoi le prof, objet de menaces, a-t-il dû aller s’expliquer (lui !) au commissariat ?
  • Pourquoi a-t-on accepté que le père plaignant et sa fille ne répondent pas aux convocations de la police ?
  • Pourquoi le collège n’a-t-il pas publié un communiqué immédiat pour dire que la gamine n’était pas en classe ce jour-là ?
  • Pourquoi la rectrice n’a-t-elle pas publié aussitôt un communiqué de soutien ?
  • Pourquoi était-il prévu qu’un inspecteur d’Académie descende au collège pour recueillir les explications du prof (et éventuellement lui apprendre ce qu’il aurait dû faire dans son cours ?).
  • Pourquoi la principale du collège a-t-elle reçu le parent de la menteuse, sans le prof ?
  • A quel titre un responsable musulman qui n’avait rien à voir avec le collège, accompagnait-il le parent ?
  • Pourquoi la menteuse n’a-t-elle pas été immédiatement interrogée par la police ?
  • Pourquoi nous a-t-on fait croire, jusqu’au jour tragique, que le prof avait demandé aux élèves musulmans de lever la main (de se désigner) et de sortir s’ils le voulaient ?
  • Pourquoi a-t-on laissé entrer en France, sans contrôle, sans enquête, 50 000 à 60 000 Tchétchènes dont beaucoup avaient mené la guerre au nom d’Allah contre les Russes ?
  • Pourquoi avons-nous aimé les djiadistes Tchétchènes jusqu’à nous faire oublier leurs attentats meurtriers à Moscou ?
  • Accessoirement, pourquoi avons-nous oublié les attentats meurtriers des djiadistes ouïghours en Chine et combien allons-nous en accueillir derrière le paravent des fake news sur leur « génocide » ?
  • Pourquoi sommes-nous si hospitaliers avec ces fanatiques et si cruels avec les migrants de Calais et les autres qui se noient en mer, fuyant la guerre que leur fait l’Occident, abandonnant leurs villages détruits pas nous ?

Les réponses sont dans les mots : « America First », atlantisme, nos clients saoudiens, ventes d’armes, plutôt la charia que le Front populaire ».

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20 octobre 2020 2 20 /10 /octobre /2020 05:11

Ci-dessous un article de Reporterre :

 

 

 

Au nom du “ respect des règles de la concurrence ”, les exigences de Bruxelles vont plus loin que le projet gouvernemental Hercule qui vise à démembrer EDF.

 

Lancée quasiment depuis l’entrée en fonction d’Emmanuel Macron à l’Élysée, la réorganisation d’EDF serait sur le point d’aboutir. Début octobre, l’agence Reuters annonçait ainsi la finalisation du projet baptisé « Hercule » dans les prochaines semaines ou mois selon des sources informées.

 

Durant l’été 2020, plusieurs étapes essentielles ont ainsi été franchies. La Commission de régulation de l’énergie (CRE), le « gendarme » du secteur, a publié, fin juillet, un rapport favorable à la réforme de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qui règle le tarif d’accès au nucléaire historique d’EDF.

 

Ce tarif permet aux concurrents de pouvoir acheter jusqu’à 100 terawatts-heures (TWh) par an à un tarif bloqué de 42 euros par mégawatt-heure (MWh). Début septembre, le site d’informations Contexte dévoilait un rapport non publié de la CRE sur le coût de production du nucléaire historique : 48 euros par MWh, alors qu’EDF aurait indiqué au cours d’une réunion un chiffre de 53 euros par MWh. Selon nos informations, la CRE a programmé, le 14 octobre, une réunion avec les fournisseurs alternatifs d’électricité pour leur présenter le futur système qui remplacera l’Arenh.

 

 

La refonte de l’Arenh est considérée par EDF comme un préalable à sa réorganisation et à la mise en œuvre du plan Hercule. Ce plan prévoit la scission du groupe en plusieurs parties : une société baptisée Bleue pour le nucléaire historique, détenue à 100 % par l’État ; Bleue serait actionnaire à 100 % d’une société Azur, qui récupérerait les barrages hydroélectriques, ce qui permettrait d’échapper à la mise en concurrence des concessions échues ; enfin, une société Verte, détenue à 65 % par l’État, dans laquelle seraient logées les énergies renouvelables, la commercialisation, la distribution et les autres activités en concurrence comme Dalkia.

 

Cette réforme risque fort de faire porter le secteur le plus déficitaire — le nucléaire — à l’Etat, donc au contribuable, tandis que les activités plus rentables — renouvelables et distribution — seraient privatisées. Face à l’opposition des syndicats, EDF et l’État ont promis que ce projet ne remettrait pas en cause l’intégrité du groupe.

 

C’était sans compter avec la puissante Direction générale de la concurrence de la Commission européenne, qui veille au strict respect du dogme de la concurrence pure et parfaite. Bien obligé de venir au secours d’un EDF surendetté (il traîne une dette financière brute de 61 milliards d’euros à fin 2019) alors que le groupe est face à un mur d’investissements, notamment pour maintenir ses vieilles centrales nucléaires et renouveler son appareil de production, l’État doit en effet faire valider le plan de sauvetage de l’électricien par Bruxelles.

 

Et on ne peut pas dire que les services de la Commission soient laxistes.

 

Dans un document rédigé en mai dernier à l’issue de discussions avec la direction générale de la concurrence, que Reporterre a obtenu (lire ci-dessous), l’Agence des participations de l’État, qui porte la participation publique (83 %) au capital d’EDF, a expliqué au pouvoir politique les exigences de l’Europe. Et elles sont ahurissantes.

 

Les titres des deux premiers paragraphes donnent le ton de la position extrémiste de la Direction générale de la concurrence. « La position de la Commission européenne consiste à privilégier une holding sans rôle opérationnel ni contrôle sur ses filiales et une indépendance entre celles-ci […] Cette position entraînerait l’impossibilité de maintenir un groupe intégré et irait au-delà des exigences posées par les textes européens » !

Selon l’auteur de la note, la Direction générale de la concurrence justifierait la désintégration juridique, financière, comptable et opérationnelle du groupe par « l’ampleur de l’aide qui serait octroyée à EDF du fait du SIEG (service d’intérêt économique général, le service public dans le jargon bruxellois) […] afin d’éviter que le soutien au nucléaire régulé ne profite d’une quelconque manière aux autres entités du groupe ». En définitive, si les demandes de l’Europe étaient acceptées par la France, il s’agirait d’un démantèlement pur et simple d’EDF.

 

Selon nos sources, la position de la Commission européenne n’aurait pas bougé de cette ligne depuis cette date. Contactée par Reporterre, la Direction générale de la concurrence a refusé de répondre à nos questions, tout en précisant que les négociations continuaient avec la France à propos de la réforme de l’accès régulé au nucléaire. L’Agence des participations de l’État a refusé, elle aussi, de nous répondre.

 

Mais ce document confirme les craintes des syndicats de l’électricien qui depuis plusieurs mois dénoncent le plan Hercule et ses conséquences (un démantèlement) pour l’entreprise. « L’avenir du secteur électrique, et donc de la transition énergétique, se négocie dans l’ombre à Bruxelles avec un seul crédo : sauvegarder un simulacre de concurrence, en ignorant les enjeux techniques, économiques, écologiques et industriels de ce secteur et malgré le bilan indéfendable de cette politique », déplore ainsi Anne Debregeas, la porte-parole du syndicat Sud Énergie, qui souligne que cette « désoptimisation » forcée du système électrique français se traduira forcément par une hausse des factures d’électricité pour les abonnés. La concurrence est déjà la responsable des dernières hausses du tarif grand public d’EDF.

 

 

L'Union européenne exige le démantèlement d'EDF
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15 octobre 2020 4 15 /10 /octobre /2020 05:05

Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) est une autorité administrative indépendante (AAI) française, chargée de l’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche publique, créée par la loi relative à l'enseignement supérieur et à la recherche de 2013.

C'est donc un lieu très stratégique qui, dans une démocrature comme l'est désormais la France, doit être contrôlé de près.

Ci-dessous une lettre ouverte aux parlementaires dénonçant cet état de fait.

 

La nomination à la présidence du HCERES entachée d’une faute déontologique et d’une atteinte au principe de séparation des pouvoirs

 

La crise sanitaire a mis en évidence l’existence d’une crise de la recherche scientifique, dans son fonctionnement institutionnel comme dans son rapport à la société. En effet, la pandémie n’a pas seulement pris en défaut les instances de pilotage qui avaient renoncé ces dernières années à accorder des financements décisifs à la recherche sur les coronavirus. Les controverses relatives aux mesures sanitaires ont aussi confirmé que l’acceptation démocratique de mesures fondées sur des diagnostics scientifiques était conditionnée à la confiance de la population envers une recherche indépendante et intègre, aux antipodes des bureaucraties cooptées et toujours soupçonnées de conflits d’intérêts.

 

L’un des enjeux de cette crise touche au pilotage de la politique scientifique en France. Depuis quinze ans, ces politiques font abstraction d’une évidence simple : une science au service de la démocratie et des citoyens requiert disputatio, collégialité, autonomie et temps long. A contrario, le pilotage stratégique de la science par l’évaluation quantitative et par une mise en compétition réglée de tous contre tous porte atteinte à la confiance que les citoyens peuvent placer dans une science soucieuse de l’avenir de nos sociétés. C’est pourtant l’optique qui guide toutes les réformes de ces dernières années et qui anime l’actuel projet de loi de programmation de la recherche (LPR). Au cœur de cette évolution qui concourt à faire dévier la science de sa logique d’intérêt général, on trouve une instance : le Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur (HCERES), l’autorité administrative indépendante en charge de l’évaluation de l’ensemble des structures de l’enseignement supérieur et de la recherche.

 

Le 2 octobre dernier, les services de l’Élysée ont officialisé par un communiqué de presse le choix d’Emmanuel Macron de proposer la nomination d’un de ses conseillers à l’Élysée, M. Thierry Coulhon, à la tête de cette autorité censée être « à l’abri de toute pression [...] des autorités gouvernementales » comme le précise, le plus sérieusement du monde, le HCERES sur son site internet. Cette décision vient clore un processus de nomination long et litigieux, engagé fin 2019, après que le mandat du précédent président, M. Michel Cosnard, eut pris fin.

 

L’appel à candidature avait suscité une mobilisation massive de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche française, soucieuse de contribuer activement à la définition des normes de probation de son travail, garantes de son intégrité, de façon responsable et en toute indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, économiques et religieux. Une candidature collective avait ainsi été déposée à l’initiative du collectif RogueESR en janvier 2020, rassemblant 1378 volontaires mobilisés sous la bannière #NousSommesCandidat. Le sens de cette candidature collective à la présidence du HCERES était très clair : garantir l’autonomie et l’indépendance absolue du processus d’évaluation par les pairs du monde universitaire et de la recherche. 

 

Si elle était avalisée par les commissions compétentes de l’Assemblée Nationale et du Sénat, la nomination de Thierry Coulhon serait de nature à aggraver la crise de confiance que traverse actuellement le monde scientifique, et ce au pire moment. Car cette proposition de nomination est entachée de deux problèmes graves, sur le plan de la déontologie professionnelle et sur celui de l’éthique de la vie politique.

 

 

Une faute déontologique.

 

En tant que conseiller du Président de la République, M. Coulhon intervient dans les arbitrages sur les politiques publiques et les nominations en matière d’enseignement supérieur et de recherche. Il exerce de facto une autorité réelle sur les administrations et établissements publics qui se trouvent dans son champ de compétences et sur ses dirigeants. Or, à plusieurs reprises au long du processus de désignation du président du HCERES, M. Coulhon s’est placé en position de juge et partie. Le collège de déontologie du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ne s’y est d’ailleurs pas trompé ; dans son avis du 29 mai 2020, il écrivait dans la langue feutrée qui le caractérise : « L’éventuelle nomination à la tête d’une autorité administrative indépendante d’une personne qui exerçait immédiatement auparavant des responsabilités auprès des autorités du pouvoir exécutif est également de nature à susciter des hésitations. »

 

M. Coulhon s’est de nouveau porté candidat lors du second appel à candidature publié en juin dernier. Le conseiller du Président, qui n’a pas jugé opportun de quitter ses fonctions dans l’intervalle, a été auditionné le 28 juillet 2020 comme trois autres candidats servant de faire-valoir, par une commission d’examen présidée par la Secrétaire générale du Gouvernement et composée de quatre personnalités ès-qualités, dont une présidente d’université et un directeur général d’organisme de recherche. Ces derniers sont soumis à l’autorité directe de l’HCERES en matière d’évaluation, ainsi qu’à l’autorité indirecte du conseiller élyséen dans leurs mandats respectifs. Les conflits d’intérêt sont tellement flagrants qu’on a du mal à croire qu’une telle composition de la commission d’examen ait pu paraître judicieuse à qui que ce soit. 

 

Des auditions publiques auraient pourtant permis de lever le voile sur la teneur des échanges et d’apprécier l’équité de traitement des différents candidats.

 

 

Une atteinte au principe de séparation des pouvoirs. 

 

Si le candidat ne semble pas troublé par sa position de conseiller à l’Élysée, ce conflit d’intérêt manifeste est cependant en totale contradiction avec l’ambition d’une « République exemplaire », que défendit lors de la campagne de 2017 l’autorité de nomination, à savoir le Président de la République. En matière d’exemplarité républicaine, cette nomination d’un conseiller élyséen à la tête d’une autorité « indépendante » est d’une tout autre teneur que celle, par exemple, de Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits par François Hollande. Les propos du collège de déontologie furent véritablement inspirés et prémonitoires : tout ceci est bien « de nature à susciter des hésitations. »

 

Précisons pour finir que cette alerte ne vise en rien la personne de M. Coulhon, mais cette volonté tenace de passer outre le principe d’indépendance de l’instance en charge des normes de la science en France. Si l’indépendance n’est pas une condition suffisante pour garantir l’exercice d’une science autonome et désintéressée, telle que la société la souhaite, elle en est cependant une condition nécessaire. Cette nomination à la tête d’une autorité indépendante constituerait un redoutable précédent et assurément une grave infraction au principe de séparation des pouvoirs. Toute notre société pourrait bientôt en payer le prix.

C’est pourquoi nous appelons les députés et sénateurs membres des commissions compétentes à rejeter la nomination de M. Coulhon à la présidence du HCERES.

 

 

Le collectif RogueESR

 

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RogueESR est un collectif de membres de la communauté académique. Il rassemble celles et ceux qui font vivre ses institutions au quotidien, et qui souhaitent défendre un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, ouvert à toutes et tous.

Le banquier éborgneur place ses billes au HCRES
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14 octobre 2020 3 14 /10 /octobre /2020 05:10

 

 

Je reprends ici un article de RT qui répond à la question.

 

Le Premier ministre a profité de l'obtention du Nobel de chimie par la généticienne Emmanuelle Charpentier pour faire l'éloge de l'attractivité internationale de la recherche française. Cette dernière a pourtant financé ses travaux en Allemagne.

 

 

« Sincères et chaleureuses félicitations à Emmanuelle Charpentier. Pour ce prix Nobel, pour les travaux révolutionnaires qu’elle a conduits avec Jennifer Doudna mais aussi pour la recherche française dont on consacre, à nouveau, l’excellence et l’attractivité internationale» : c'est en ces termes que Jean Castex a, le 7 octobre, tenu à féliciter la généticienne française Emmanuelle Charpentier et son acolyte américaine, pour leurs travaux ayant permis de mettre au point une technique permettant d'éliminer et d'ajouter des fractions de matériel génétique, avec une extrême précision.

 

Un message dans lequel le chef du gouvernement n'hésite donc pas à lier un tel accomplissement aux efforts consacrés à la recherche scientifique française.

 

 

Toutefois, la formule de Jean Castex s'est rapidement heurtée au discours tenu dans la foulée par la lauréate en personne, plus nuancée que le chef du gouvernement quant au soutien dont bénéficient les chercheurs en France. 

«Je pense que la France aurait du mal à me donner les moyens que j'ai en Allemagne [...] Les circonstances m'ont amené à Berlin», a notamment déclaré Emmanuelle Charpentier. «La recherche scientifique a besoin d'être soutenue par le gouvernement, par tous les fonds publics et privés. Ca ne l'est pas assez dans le monde [et particulièrement] en France. [...] C'est pas en donnant de l'argent qui permet de payer un étudiant en thèse pour trois ans qu'on peut vraiment faire de la recherche solide», a encore insisté celle qui se définit comme «une scientifique mobile» ou encore «un électron libre». 

Ainsi que le rappelle l'AFP, la Française, installée en Allemagne, a trouvé en 2012 avec l'Américaine Jennifer Doudna, une technique d'édition du génome baptisée CRISPR-Cas9, comparée à des ciseaux moléculaires, apte à éliminer et à ajouter des fractions de matériel génétique avec une extrême précision. 

«Le mécanisme est facile d'emploi, peu coûteux, et permet aux scientifiques d'aller couper l'ADN exactement là où ils le veulent, pour par exemple créer ou corriger une mutation génétique et soigner des maladies rares», peut-on lire dans la revue Sciences et avenir. «Le but ultime [de cette technique] révolutionnaire est de corriger des maladies génétiques humaines», expliquait en 2016 Emmanuelle Charpentier, qui est désormais la troisième chercheuse française à obtenir le prix Nobel de chimie. 

Les ciseaux moléculaires posent cependant d'importantes questions éthiques sur de potentielles dérives eugénistes, comme l'avait souligné Emmanuelle Charpentier elle-même.

 

Un prix Nobel de chimie français qui n'exerce pas en France. Pourquoi ?
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8 octobre 2020 4 08 /10 /octobre /2020 05:06

Lors de la dernière fête de L'Humanité, le secrétaire général de la CGT et le président du Medef ont fait stand commun. Cela en a surpris plus d'un à la CGT et au Parti communiste, mais cela a ravi la classe patronale et ses relais dans les médias. Je propose ici l'analyse de l'événement qu'en a fait le PARDEM, parti de la démondialisation.

 

Lors de la dernière Fête de l’Huma, un débat qualifié d’historique a été organisé entre Philippe Martinez (CGT) et Geoffroy Roux de Bézieux (Medef). Quelle est l’utilité d’une telle opération ? Qui en récolte les bénéfices ? Nombreux sont les adhérents et adhérentes de la CGT à se demander quelle mouche a piqué leur secrétaire général…

 

Le « dialogue social » a franchi une étape significative. Tout du moins symbolique. Les médias les plus anti mouvements sociaux, si prompts à militer contre ce qu’ils jugent les méfaits de la grève, se sont gargarisés de l’info de rentrée : le responsable du Medef invité à la Fête de l’Huma à débattre avec le responsable de la CGT ! Une première. Du sensationnel. D’autant que ce débat, jugé "historique " par les commentateurs de la Fête de l’Humanité, reconfigurée pour cause de pandémie, a été organisé à l'initiative de la direction de la Fête, du PCF qui n'a pu l'ignorer, le tout accepté avec enthousiasme par la direction de la CGT. Une idée de communicant pour exister dans les médias malgré le caractère très rétréci de cette édition 2020… ?


A priori cette alliance de la carpe et du lapin a de quoi sidérer ceux qui décryptent les rapports sociaux à travers le prisme de la lutte des classes. Patrons contre salariés. Syndiqués contre directions patronales défendant des intérêts antinomiques. Exploitation contre émancipation. Bref, classe contre classe. 


Alors comment comprendre que la CGT, syndicat de lutte pour l’abolition du salariat, le Parti communiste français favorable à la sortie du capitalisme dialoguent avec le Medef dominateur, offensif et intraitable depuis des décennies grâce à l’appui des gouvernements successifs et de l’Union européenne… Étrange. Choquant. Déroutant.


Mais pourtant… ce débat bien élevé a bien eu lieu au sein du sein : la Fête de l’Huma, historiquement temps et espace populaire de la lutte de classes ! Et le tout en pleine période d’écrasement des luttes sociales et de contre-réformes anti sociales touchant au cœur même du système social des Français !


La question est lancinante, obsédante. Pourquoi débattre avec le syndicat patronal assoiffé de délocalisations, Bridgestone à Béthune, après bien d’autres, comme PSA-Aulnay, Alstom, Technip, etc. Le Médef toujours avide de privatiser et de supprimer des emplois, partenaire idéal du gouvernement Macron qui se charge de réprimer les syndicalistes, de briser le droit du travail et d’éborgner des Gilets jaunes. 


Alors que nous sommes pris dans une guerre sans pitié entre salariés et patrons, convaincus par la réalité sociale qu’une contradiction irréconciliable existe entre les premiers, pieds et poings liés dépendants des seconds, en "état de subordination" comme le dit le droit bourgeois du travail et les seconds, seuls détenteurs de la "valeur actionnariale" et de la propriété des moyens de production, ce débat est obscène !

 

Oui, nous pensons que la lutte des classes existe encore et que la CGT, malgré sa tiédeur de ces dernières années en portait encore le flambeau tandis que le débat entre "partenaires sociaux" n'était qu'une mascarade de propagande incarnée par la CFDT, l'assistante sociale du Capital. 


Pourquoi le numéro 1 de la CGT entretient-il l'illusion qu’un compromis est possible avec le fondé de pouvoir de la classe des dominants qui organise le chômage, la précarité, les bas salaires, les licenciements massifs, le travail aliéné, la destruction du droit du travail, au nom du droit divin de propriété des actionnaires ?


Il nous vient alors de sombres pensées. Le débat à la Fête de l’Huma serait-il en fait une nouvelle étape de la dérive réformiste de la CGT ou encore le lent mais irrépressible abandon de son rôle de défense des intérêts des ouvriers, des employés, de tous ceux qui refusent d’abdiquer, de se rendre ? 


Les preuves s’accumulent. Adhérente à la Confédération européenne des syndicats (CES), courroie de transmission du Capital œuvrant à la corruption idéologique du salariat, la CGT a partie liée avec l’Union européenne, ses institutions et ainsi complice de fait avec ses politiques néolibérales. Voilà les vrais points de convergence entre P. Martinez et G. Roux de Bézieux (qui ose durant le débat - sans être repris par l’intéressé - apostropher le secrétaire général de la CGT par son prénom...). 


Il est légitime de se demander quand sera acceptée la cogestion à l’allemande ? A quand la complète collaboration de classes ? "Philippe" remerciera-t-il "Geoffroy" des bons services rendus aux salariés : délocalisations, chômage, bas salaires, précarité, licenciements massifs, destruction du droit du travail, matraquage des syndicalistes, répression des manifestations, instrumentalisation de la pandémie en outil de la dictature du capital et de la tyrannie bourgeoise avec Macron ? 


Pour de nombreux militants de la CGT, du PCF et des lecteurs de l'Humanité, comme pour les militants d'autres organisations anticapitalistes, l’organisation de ce débat témoigne de la confusion idéologique à gauche et de la décomposition totale du système politique et syndical. 


De ce pathétique événement il faut tirer toutes les leçons et ne pas croupir dans nos désillusions. Les luttes, pour être victorieuses, doivent être menées directement par le salariat et les classes populaires de ce pays. L’irruption des Gilets jaunes en atteste une fois encore s’il en était besoin. 


Enfin il appartient aux adhérents de la CGT de décider si la direction de leur syndicat doit changer ou s’ils cautionnent le dialogue social « à la Martinez » ! Vite ! Avant la prochaine université du Medef où Philippe Martinez sera certainement invité !

 

Quand “ Philippe ” et “ Geoffroy ” dialoguent
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2 octobre 2020 5 02 /10 /octobre /2020 05:00

 

 

Depuis un petit moment, je suivais sur Facebook le dénommé Gilles Casanova, que je ne connaissais ni des lèvres ni des dents. J’aimais – pardon : je “ likais ” – les billets de cet homme de ma génération, pondéré et plutôt original. Et puis, patatras ! Le bon Gilles n’a pas apprécié, mais pas du tout,  cette brève publiée par moi le 27 septembre :

 

CEUX QUI PROTESTENT CONTRE LA FERMETURE DES BARS A 22 HEURES

MANIFESTENT MOINS CONTRE LA BAISSE DES CREDITS A L’HOPITAL

 

J’aurais pu ajouter, mais je suis moi aussi pondéré dans mes écrits (ma première publication date d’il y a 52 ans), que ces djeuns’, qui râlent pour pas grand chose, ont eu pour grands-parents des djeuns’ qui ont subi l’occupation allemande avec des contraintes légèrement plus irritantes que celles qu’ils subissent aujourd’hui du fait d’une épidémie, rappelons-le, mortelle.

 

Le bon (je dis « bon » car sur la photo on lui donnerait le bon Dieu sans confession) Gilles a qualifié ma courte prise de parole de « stupide ». Alors que – et j'en étais ravi – une dizaine de mes “ followers ” habituels, en gros de gauche, avaient apprécié l’idée, somme toute assez banale, que j’avais alors exprimée.

 

J’ai alors demandé au bon Gilles de ne pas se contenter de ce lapidaire jugement et d’expliciter. Ce qu’il ne fit pas. Il réitéra le mot « stupide », à deux reprises. En me faisant la leçon, en latin s’il vous plait : « Errare humanum est, perseverare diabolicum », puisque je m'étais enfoncé dans une série d’âneries.

 

J’ai développé une réponse circonstanciée :

 

« Je vous suivais avec intérêt depuis quelque temps et j'avais fait l'erreur de penser que vous n'étiez pas dogmatique. Vous ne savez qu'affirmer, même en latin. Vous possédez la science d'un “ consultant pour la communication et la prospective ”, ce qui en jette évidemment mais n'a que peu à voir avec l'essence de la politique. Vous avez soutenu Jean-Luc Benhamias, l'un des personnages politiques les plus volatils du paysage français. En 2015, le journal L'Opinion vous a consacré un article flatteur mais qu'il a malheureusement sous-titré : “ Du trotskisme au centre-gauche, en passant par Chevènement et Sarkozy, l'incroyable destin d'un stratège recherché ”. Il vous qualifie d'éminence grise. Le gros vilain ! Je n'en crois pas un mot. Vous avez également conseillé Cambadélis et Bockel, deux sacrées pointures d'arriviste. Quel “ incroyable destin”, en effet ! Soit dit en passant, nous avons un point commun : Vincennes, où nous avons étudié à peu près à la même époque (j'ai cinq ans de plus que vous) et où j'ai enseigné trois ans. Nous n'en avons pas retiré les mêmes enseignements. Ne vous fatiguez pas à répondre, ce serait une affirmation péremptoire de plus, je masquerais votre commentaire. »

 

Dans son article de 2015, L'Opinion en rajoutait quelques couches : après avoir titré  « Gilles Casanova, éminence grise de la gauche qui voudrait sortir de l’ombre » (il était temps en effet de sortir de l’ombre puisqu’il avait 62 ans à l’époque), la journaliste, à peine facétieuse, nous informait que le grand communicant était « l’homme qui a convaincu Jean-Christophe Cambadélis de ne plus lire ses discours ». Fou, non ? Malheureusement, ce merveilleux conseil n'a pas empêché “ Camba ” de finir dans les poubelles de l'histoire du PS. Mieux encore : le bon Gilles avait « suggéré à Jean-Luc Bennahmias d’organiser une université d’été du Front Démocrate à La Rochelle juste avant celle du PS. [Il avait] mis en garde l’ancien socialiste Jean-Marie Bockel, ministre de Nicolas Sarkozy au début du précédent quinquennat, contre la fin de « l’ouverture », quelques mois avant qu’elle ne survienne. [Il] a façonné la stratégie de Jean-Pierre Chevènement à la présidentielle de 2002. [IL] a compris avant tout le monde, au début des années quatre-vingt-dix, que la question européenne allait percuter la gauche. » Bref, des idées à jet continu, à tomber de l'armoire. Pour son ami Michel Suchod, précisait l’article, cela faisait du bon Gilles un « intellectuel organique, au sens de Gramsci».

 

Atteint de tuberculose osseuse, Antonio Gramsci passa les 11 dernières années de sa vie en détention. Il fut libéré deux jours avant sa mort. Pour sa part, le bon Gilles réside à l’hôtel Claridge de Paris (150 euros minimum par jour).

 

Toujours un rien moqueuse, la journaliste de L’Opinion s’apitoyait sur le destin du bon Gilles : « Gilles Casanova est cependant l’unique rejeton des mouvements lycéens d’extrême gauche des années soixante-dix à ne pas avoir accédé aux responsabilités à ce jour. Comme si son parcours à la Talleyrand était rédhibitoire. Pauvre chou ! « On m’a souvent dit que j’étais Jean Poiret dans La gueule de l’autre », rapporte Gilles Casanova. Dans ce film de Pierre Tchernia, Jean Poiret incarne le fidèle conseiller du président d’un parti centriste. Celui qui tire les ficelles en coulisse, et fomente un improbable stratagème pour sauver son patron. Pas très présentable au grand public. De fait, « Casa » passe aisément, à son grand dam, pour le conseiller occulte spécialisé dans les mauvais coups. » Éminence grise un jour...

 

Tout  cela est bien triste. Et tellement intéressant...

 

Du coup, le bon Gilles a décidé de me rayer de ses cadres. Depuis que je suis sur Facebook, c’est la première fois que je reçois le message bien connu :

 

« Ce contenu n’est pas disponible pour le moment

Ce problème vient généralement du fait que le propriétaire ne l’a partagé qu’avec un petit groupe de personnes, a modifié qui pouvait le voir ou l’a supprimé. »

 

Ont également disparu les échanges, pourtant fructueux et éclairants, mentionnés plus haut.

 

Et c'est ce type qui me faisait la leçon...

 

Il a bien fait de disparaître de mon champ de vision !

 

 

Gilles Casanova : un communicant qui ne communique plus
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1 octobre 2020 4 01 /10 /octobre /2020 05:09

Un peu technique mais à lire absolument au moment où le banquier éborgneur est en train de détruire le service public, dans l'enseignement supérieur comme partout ailleurs.

 

 

Chères et chers collègues,

 

Au sortir du confinement, nous vous avons proposé de répondre à une consultation en ligne sur l’état de l’enseignement supérieur et de la recherche et ses perspectives d’avenir. En moyenne, un peu plus de 2500 personnes ont répondu à chaque question. Voici comme promis la synthèse des résultats. Le mail ci-dessous en donne un bilan général et vous trouverez ci-dessous une fiche de synthèse contenant les éléments chiffrés les plus significatifs.

 

L’enjeu d’une telle consultation est de savoir où “nous” en sommes, c’est-à-dire “où en est le Nous” de la communauté scientifique. Tout, dans la dynamique amorcée il y a une quinzaine d’années, concourt à briser la collégialité et à faire diverger les intérêts. La rhétorique de la “co-construction”, le système d’allocation des moyens, les dispositifs de précarisation subjective et objective, entretiennent notre atomisation. Le sondage en porte la trace : la défiance vis-à-vis des représentants élus, y compris des instances collégiales, est spectaculaire ; les intercesseurs traditionnels comme les sociétés savantes ne sont plus considérés par les répondants comme des acteurs ayant pris la mesure des problèmes majeurs auxquels nos métiers font face ; la majorité des répondants, eux-mêmes titulaires à 75%, reconnaissent aux titulaires une part de responsabilité dans le développement de la précarisation. Ces résultats sont le signe d’une prise de conscience individuelle qu’il s’agit maintenant d’articuler collectivement : nous constatons en nous-mêmes combien la mécanique de dépossession nous englue dans des positions professionnelles et éthiques divergentes et contradictoires, empêchant l’affirmation d’un dessein qui dépasserait les clivages entre corps de métier, statuts, entre disciplines et établissements. Redisons-le ici : cette fragmentation n’est pas un à-côté de ces réformes, mais elle en est le cœur. Reconnaître cette situation douloureuse fait donc partie du diagnostic à poser pour savoir quoi construire.

 

Il est d’autant plus intéressant de voir que plusieurs propositions recueillent des taux d’assentiment supérieurs à 90 voire à 95% et agglomèrent des groupes dont les réponses divergent sur d’autres sujets. Sans surprise, un tel rassemblement s’opère sur la question des recrutements sur des postes pérennes, sur celle des moyens budgétaires en général et sur le rejet de la LPPR. Notons que la concentration d’une éventuelle hausse des moyens financiers sur l’ANR, qui induirait un surcroît de précarisation, fait l’objet d’un rejet tout aussi massif que la LPPR elle-même. Le consensus est également écrasant pour affirmer que la précarisation n’est aucunement neutre du point de vue de la démarche scientifique collective et en obère la qualité, un constat diamétralement opposé au point de vue du ministère et de la direction du CNRS. Il en va de même pour affirmer la centralité de l’élection, le cas échéant panachée avec des modes de désignation autre que la nomination, dans la composition des instances supervisant les normes de probation savante. 

 

Ces premières convergences sont autant de bornes sur lesquelles la dynamique d’atomisation vient buter : tout en étant conscients de la déconstruction effective de l’intérêt commun dans les réformes, nous réaffirmons notre volonté de rester une communauté solidaire dont les pratiques sont fondées sur l’égalité statutaire, sur le règlement démocratique du dissensus, sur l’exigence de rigueur, la patience et l’écoute. L’élaboration d’une méthode de répartition des moyens, non bureaucratique et scientifiquement fondée, prenant en compte les spécificités disciplinaires, en constitue l’illustration concrète. Nous voulons l’autonomie avec les conditions matérielles qu’elle présuppose. Mais dans le même temps, nous réfutons le sophisme qui voudrait que l’autonomie savante soit l’irresponsabilité, car c’est dans les mêmes proportions que les répondants déclarent vouloir repenser leurs pratiques pour tenir compte de la crise écologique et climatique, qui impose un nouveau fonctionnement savant, plus lent, plus raisonné, plus intègre, plus lucide sur lui-même - en un mot, plus en phase avec l’idéal qui n’aurait jamais dû cesser d’être celui de la science.

 

Cette convergence de principes fournira la trame des réflexions que nous vous invitons à lancer sur vos lieux de travail et dans vos villes à partir de cet automne. Les journées “Refonder l’université et la recherche” du 25-26 septembre le coup d’envoi de cette réagrégation théorique d’un “Nous”.

 

Le collectif RogueESR

 

 

Synthèse du sondage

 

Les répondants

 

2500 personnes ont répondu au sondage ; 52% des répondants sont enseignants ou enseignants-chercheurs titulaires (dont trois présidents d’université ou d’établissement), et 24% sont chercheurs titulaires. 14% sont doctorants (contractuels, vacataires ou non-financés). Les personnels administratifs et techniques représentent 9% des répondants. Sur le plan disciplinaire, 42% des sondés exerçant une profession académique sont issus du domaines des Lettres, Langues et SHS, 19% des sciences biomédicales et 39% du groupe science, technologie, ingénierie et mathématiques. 44% se sont déclarés femme, 54% homme. 19% ont moins de 35 ans, 60% ont entre 36 et 55 ans, 21% ont 56 ans ou plus.

 

Situation sanitaire dans l’enseignement supérieur

 

Les premières questions du sondage demandaient une appréciation de la situation sanitaire du supérieur en période de déconfinement et en prévision de la rentrée. 70% des personnes interrogées ont fait part de leur pessimisme sur la rentrée, jugeant l’organisation d’une rentrée satisfaisante difficile voire impossible. La perspective du télétravail (“distanciel”) est jugée négativement par 57% des répondants, et seulement 13% expriment une opinion positive sur cette éventualité. 80% des répondants jugent que l’enseignement et l’évaluation à distance répondent à d’autres finalités que l’enseignement et l’évaluation “en présentiel”. Enfin, 85% jugent impossible ou difficile d’organiser une rentrée respectueuse des normes sanitaires requises sans recrutements supplémentaires, non-prévus par le ministère.

 

Bilan des politiques menées depuis 15 ans

 

Le bilan scientifique tiré de la vague de réformes amorcées il y a une quinzaine d’années dans toute l’OCDE confirme leur échec aux yeux des scientifiques : il ne sont qu’un tiers à considérer que la qualité des publications scientifiques a augmenté, dans le monde et en France (34% et 35%) ; une courte majorité absolue parle de stagnation voire de régression. Ce sentiment de stagnation et de régression est plus marqué concernant la France (54%) que concernant le reste du monde (50%).

 

Sans surprise, un grand consensus se dégage sur la question des moyens : neuf répondants sur dix jugent les moyens alloués à la recherche et à l’université insuffisants ou très insuffisants (89% pour la recherche, 91% pour l’université). Mais le consensus est tout aussi marqué sur la question du mode de management promu par les réformes, jugé négatif par 94% des répondants pour la recherche et 89% pour l’université. Dans ce contexte où 80% des répondants se déclarent suffisamment bien, voire très bien, informés sur le contenu de la Loi de Programmation Pluriannuelle pour la Recherche (LPPR), le volet managérial et statutaire de la LPPR est expressément rejeté à 81%.

 

Emploi et précarité

 

Trois questions visaient à estimer l’ampleur de la précarisation des professions scientifiques, par corps de métiers (enseignants et/ou chercheurs, personnels administratifs, personnels techniques). Au final, ces questions ont surtout permis de prendre la mesure de l’invisibilisation de cette question, avec à chaque fois plus de 30% des répondants se déclarant incapables d’estimer l’ampleur de la précarité sur leur lieu de travail - un constat qui souligne l’urgence de bilans sociaux sincères à tous les échelons, et d’une communication sur ce sujet. Cette invisibilisation de la précarité n’empêche pas 64% des répondants d’affirmer que les cursus universitaires ne seraient pas viables sans les enseignants précaires ; ils sont 70% à penser que des tâches vitales au fonctionnement de l’ESR reposent sur des personnels non-titulaires 85% des répondants pensent que la précarité d’une partie des personnels affecte la production scientifique de l’ensemble ; et 40% déclarent avoir vu des recherches dans leur unité affectées par le turn-over des précaires. En conséquence, ils sont plus de 90% à rejeter les termes avancés par le ministère dans ses négociations avec certains intercesseurs syndicaux et avec les sociétés savantes (augmentation du budget de l’ANR en échange d’un soutien au volet RH de la LPPR). Enfin, seuls 6% des répondants jugent que le ministère a été à la hauteur des difficultés rencontrées par les précaires durant le confinement.

 

Concernant la prise en compte de ces difficultés par les représentants de la communauté, si les deux tiers des répondants pensent que les syndicats ont suffisamment pris la mesure du problème, un tiers seulement considère qu’il en va de même des sociétés savantes, et moins d’un quart des répondants considère que les instances élues des universités et organismes ont perçu l’importance de ce sujet.

 

Concernant la responsabilité de cette situation, 96% des répondants attribuent une responsabilité forte à écrasante au ministère, mais également 75% aux directions des universités et organismes de recherche et aux agences de pilotage. A l’inverse, 85% jugent que les précaires n’ont aucune responsabilité ou une responsabilité minime dans leur situation, tandis qu’ils ne sont que 9% à dédouaner de la même les personnels titulaires du sort fait aux précaires (rappelons que 76% des répondants sont eux-mêmes titulaires).

 

Bureaucratie ou démocratie

 

Le sondage confirme l’état très inquiétant de la démocratie universitaire et scientifique : 83% des sondés se jugent insuffisamment associés aux décisions budgétaires de leur établissement d’exercice, et 60% ne sont pas associés du tout. 60% des sondés sont insuffisamment associés aux décisions pédagogiques à l’université, et 67% aux décisions scientifiques.

 

Si le principe même de l’existence d’une instance d’évaluation comme le HCERES est critiqué par la moitié des répondants, contre un quart qui le juge positif, son mode de composition actuel, sans élection, ne satisfait que 2,4% des répondants. Les deux tiers des participants (65%) défendent soit l’élection intégrale, soit le panachage entre élection et tirage au sort.

 

Nous avons également demandé aux répondants d’estimer le nombre d’évaluations qu’ils devaient rendre chaque année pour ces instances, ce qui a fait apparaître un gouffre entre les 2,4% de répondants rendant 10 évaluations ou plus, avec un pic à 60, et le reste de la communauté, à commencer par les 55% de répondants pour qui la réponse est aucune.

 

Plus de 90% des répondants attribuent au ministère une responsabilité forte à écrasante dans cette situation, à parité avec les directions des universités et des organismes de recherche, tandis qu’ils ne sont “que” 86% à mettre en cause les agences et le HCERES. A noter également que 37% des répondants considèrent que les personnels scientifiques titulaires occupant des fonction de pilotage ont une responsabilité dans cette évolution.

 

Répartition des moyens

 

L’estimation des coûts de production d’un article scientifique, hors salaires, témoigne de la possibilité de répartir rationnellement les moyens de sorte que tous les chercheurs puissent travailler, en évitant la chronophagie, la bureaucratie et le conformisme inhérents aux appels à projets. Ainsi, les répondants reconnaissent une gradation des besoins depuis les lettres et sciences humaines (quelques milliers d’€) jusqu’aux sciences du vivant (centaine de milliers d’euros €), selon une croissance qui suit la part de travail d’expérimentation nécessitant du matériel coûteux. Le nombre de signataires moyens suit la même progression entre disciplines. La variabilité des réponses témoigne de ce qu’une distribution strictement déterminée par le champ disciplinaire demeure, possiblement, légèrement sous-optimale. Cependant, elle constitue une première approximation qui permettrait de répartir efficacement l’essentiel des moyens.

 

Publications

 

Le diagnostic sévère porté sur l’évolution qualitative des publications trouve son corollaire dans le fait que la moitié des répondants (50%) avoue publier épisodiquement ou régulièrement des travaux inaboutis. 14% déclarent aussi l’avoir fait “une fois”. Plus des deux tiers (68%) disent ne pas avoir le temps de suivre l’état de la recherche dans leur domaine.

 

Concernant le financement des publications, près des deux tiers des répondants (64%) n’ont jamais fait payer de frais à leur institution pour publier un article dans une revue. Concernant les revues en Open Access, ils sont 53% à n’avoir jamais payé pour être publié, sur 85% de répondants ayant déjà publié en Open Access. Ce modèle de prédation reste donc largement extérieur aux pratiques scientifiques en France. Il est d’ailleurs jugé négativement par 89% des répondants. 

 

A contrario, 57% des répondants se sont déjà procuré des publications sur des sites de piratage et 63% souhaiteraient que les associations savantes reprennent le contrôle des publications, quitte à en supporter les coûts (ils ne sont que 6% à s’y opposer).

 

Les métiers scientifiques et la crise écologique

 

La dernière série de questions visait à sonder la communauté scientifique sur la prise en compte de la crise écologique dans la formulation des priorités d’une politique scientifique.

 

Il en ressort que 84% des répondants pensent que la crise écologique et climatique doit entraîner une modifications des pratiques scientifiques ; 76% pensent que les pratiques actuelles induisent des déplacements trop nombreux et 81% estiment que la réduction de l’empreinte carbone des activités scientifiques doit devenir une priorité dans l’établissement des politiques universitaires et de recherche. 

 

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