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29 janvier 2022 6 29 /01 /janvier /2022 06:01

Palem CandilierThe Beatles. The Beatles. Paris : Éditions Densité, collection Discogonie 2021.

 

Pas de coquille de ma part : ce livre de Palem Candilier est consacré aux Beatles certes, mais spécifiquement à leur double album The Beatles que, depuis 53 ans, tout le monde appelle “ Le disque blanc ”.

 

Je saluerai tout d’abord la maison d’édition Densité qui publie des livres très spécialisés, très pointus et de grande qualité, sur des chanteurs et des œuvres musicales, principalement anglo-saxonnes (notons l’exception de Serge Gainsbourg).

 

On ne s’en étonnera pas, mais la couverture de livre, ainsi que le quatrième de couverture, sont immaculément blancs, contagion oblige. L’auteur, quant à lui, est un musicien autodidacte, présent sur la scène pop depuis 2007. Avant son Beatles, Candilier avait publié Nirvana – In Utero en 2019.

 

« Les Beatles ne jouent pas de la pop, ils la possèdent », a écrit un spécialiste étasunien, cité par Palem Candilier. Avec ce double album, ils embrassent tous les genres et créent des possibles pour tous les pratiquants. Ce qui distingue, entre autres choses, les “ Fab Four ” (ils furent effectivement fabuleux) de toutes les figures marquantes de la pop, c’est qu’ils se sont renouvelés à chaque disque, jusque dans le choix des pochettes. Dans le cas présent – l’auteur développe ce point à maintes reprises – on a affaire à un disque (deux en fait) dont  le moteur, la thématique principale sont l’enregistrement et ses techniques, la création en studio. De leur séjour en Inde, les Beatles sont revenus avec des petites pépites, multiples et extrêmement variées. Ces petits bouts, sont devenues, à deux ou trois exceptions près (sur 30 chansons), des morceaux d’excellente facture qui ont inspiré – et inspirent encore un demi-siècle après – des dizaines de chanteurs et musiciens de par le monde. D’aucuns auraient préféré un tri beaucoup plus sélectif avec, en fin de compte, un seul disque blanc, puis un disque « plus blanc », comme avait plaisanté Ringo. Mais, justement, l’une des forces de cette création est qu’elle est constituée de deux disques, ce qui était rare à l’époque.

 

Cela ne fonctionna pas toujours comme sur des roulettes. Candilier cite le témoignage de leur ingénieur du son, Geoffrey Emerick (auteur d’un passionnant Here, There and Everywhere, My Life Recording The Music of The Beatles) : « John ou Paul arrivaient et jouaient une chanson à la guitare ou au piano […] et puis nous la voyions évoluer avec le temps. Parfois elle devenait meilleure à force d’être retravaillée sans cesse. D’autres fois, elle n’allait nulle part. Cela pouvait devenir incroyablement ennuyeux et déprimant de les entendre jouer la même chanson pendant neuf ou dix heures de suite, particulièrement quand elle devenait de plus en plus mauvaise à mesure qu’ils se défonçaient et partaient dans tous les sens. » Il leur faudrait 137 jours pour enregistrer de double album, contre dix heures pour leur premier 33 tours. Beaucoup dirent en effet comme Emerick que les quatre créateurs étaient partis dans tous les sens. Mais, justement, c’était ça le miracle ! « Partir » en oubliant tous les albums qui avaient précédé, et « dans tous les sens » en explorant tout ce qu’il leur était possible et loisir d’explorer. La chanson (“ chanson ” ?) “Revolution N°9 ”, il fallait tout de même l’oser !

 

Humainement parlant, The Beatles est assurément l’album de la dislocation. Le groupe est en train d’exploser. Irrémédiablement. Plus tard, Paul parlera de « tensions » alors que John, Paul et George, sont en train de se haïr. Ringo, qui veut à tout prix rester ami avec les trois autres (il réussira), les plaque et part en vacances à l’étranger en plein milieu d’une session de travail. Les quatre musiciens ne joueront ensemble que dans seize des trente morceaux de l’album. Ils réussiront à faire déprimer George Martin, leur producteur et arrangeur historique, qui déplorera le « manque de discipline » – doux euphémisme – de cette bande en désagrégation.

 

Ce double album est également un œuvre largement “ méta ” (contrairement à Sgt Pepper qui l’avait précédé) au sens où les Beatles y écrivent l’histoire de la pop music – eux inclus, bien entendu – en détournant, en rendant hommage, en pastichant, en y installant un chaos auquel s’opposent la douceur, des mélodies inoubliables, des odes à la pastoralité, des introspections troublantes et courageuses. Comme exemple d’hommage, on citera naturellement “ Back in the USSR ” (écoutons l’étonnante reprise – cum balalaïkas – par Sigourney Weaver de ce qui restera comme l’un des rocks les plus réussis de l’histoire), affectueuse accolade aux Beach Boys et à Ray Charles. Alors que l’écoute de leurs disques avait été interdite pendant des années en URSS, Paul McCartney, d’abord reçu par Poutine dans ses salons privés du Kremlin, donnera, trente-cinq ans plus tard, un récital historique sur la Place Rouge devant des dizaines de milliers de spectateurs, dont Poutine. “ Back in the USSR ”, déchaîna le public.

 

L’auteur fournit une analyse très fouillée de toutes les chansons du double album. On en retiendra simplement et arbitrairement quelques-unes.

 

L’hommage de Candilier à “ Dear Prudence ” est bienvenu. Prudence, la sœur de Mia Farrow, en stage chez le Maharashi avec la joyeuse bande, recluse dans sa chambre, en pleine méditation transcendantale. Candilier repère « l’orfèvrerie » des « micro-interventions instrumentales qui participent à la réussite de la chanson », comme un ostinato aigu de piano, la montée en puissance de la guitare de George, « l’explosion bouleversante des dernières mesures ». Et puis il y a la magie de la poésie simple et efficace de John : si tu sors de ta chambre, dit-il, « The birds will sing that you are part of everything ».

 

Dans la très déroutante “ Glass Onion ” de John, jamais, peut-être, des créateurs de la scène pop n’étaient allés aussi loin dans la citation et l’auto-dérision,  dans l’optique non pas d’éclairer mais d’obscurcir la compréhension de certaines de leurs chansons passées. Le chanteur se moque de ses “ strawberry fields ”, du “ walrus ” de Paul, du “ fool on the hill ” et de la pauvre “ lady Madonna ” du même Paul qui n’a pas fini de « combler son trou » de Sgt Pepper.

 

La structure de “ Happiness is a Warm Gun ” (étrangement la chanson préférée de Paul qui nécessita 95 prises, plus que sa propre “ I Will ” qui en nécessita soixante-sept) est particulièrement complexe : elle commence comme une folk song en mineur (« She’s not a girl who misses much […] »), se poursuit sur le mode d’un blues éthéré (« I need a fix ’cause I’m going down »), puisse passe à un rythme de rock lent («Mother Superior jump the gun »), avant de s’achever en majeur, John chantant « Happiness is a warm gun», accompagné par ses deux camarades qui, tels les Platters dans les années cinquante, le soutiennent avec des « Bang bang, shoot, shoot ». Le style Platters s’accommode de paroles surréalistes (« She’s well acquainted with the touch of the velvet hand like a lizard on a window pane » et d’une prise de position très nette sur la prolifération des armes à feu aux États-Unis (« Happiness is a warm gun »). Et on sait tous que John mourra d’un “ warm gun ” manipulé par un type dérangé qui se prenait pour lui.

 

Avec “ Blackbird ”, le merle, mais aussi la militante noire, nous rappelle que Paul qui, comme les trois autres, avait toujours refusé de jouer pour des publics ségrégués, était tout aussi conscientisé que John, mais à sa manière :

 

Blackbird toi qui chante au cœur de la nuit

Prend ces ailes brisées et apprend à voler

Toute ta vie

Tu attendais que ce moment advienne

 

La chanson fut enregistrée en plein air, avec de vrais pépiements d’oiseaux en conclusion.

 

Dans “ Piggies ”, George Harrison rompt avec trois années d’inspiration extrême-orientale  et propose un échantillon de sa critique sociale. On pense forcément à Animal Farm d’Orwell, avec, sous la plume de George, des cochons capitalistes « dans leurs chemises blanches amidonnées », « remuant la fange ». Ils sortent le soir avec leurs femmes cochonnes et, en anthropophages qui se respectent, ils mangent leur bacon. Ils ne s’intéressent pas au monde ; il faudrait « leur flanquer une bonne fessée ». On ne reconnaît pas notre Harrison.

 

Reste le problème de “ Revolution 1 ”. Nous sommes en 1968, que diantre ! Même les Rolling Stones viennent de s’y mettre dans “ Street Fighting Man ” avec ce questionnement désabusé : « que peut faire un pauvre gars, sinon chanter dans un groupe de rock'n'roll, car dans les rues endormies de Londres, il n'y a aucune place pour un émeutier », d’autant que, du lieu où il parle, « le jeu à jouer est la solution de compromis ». Avec John, dans cette première chanson franchement politique du groupe, il n’y aura pas non plus d’avancée réelle. Partant du point de vue que les gens dont « l’esprit est plein de haine » sont les manifestants et non les possédants, il laisse le monde sur sa faim – surtout les militants maoïstes et trotskistes qui le pressent de s’exprimer clairement – en chantant dans un même mouvement qu’on peut compter « avec lui » et « sans lui ». Et puis comment prendre au sérieux un discours sur la révolution parsemés de « choubidou wa » digne des chanteurs étasuniens blancs singeant les Platters ? 

 

On le sait, le “ disque blanc ”, les chansons “ Helter Skelter ” et “ Revolution 9 ” en particulier, vont déclencher la folie barbare de Charles Manson, piètre musicien pour ce qui le concernait. Le 25 juillet 1969, il torture et assassine un musicien. Le 8 août, quatre de ses affidés abattent une petite dizaine de personnes parmi lesquelles Sharon Tate, la femme de Roman Polanski dont elle porte l’enfant. Le 10 août, Manson tue un couple d’entrepreneurs. Les assassins sont condamnés à mort en 1970, peine commuée en prison à perpétuité.

 

Ayant à peine cinq ans de moins que George Harrisonj’ai la chance d’appartenir à la génération de ceux qui ont vécu la carrière des Beatles en direct, du début jusqu’à la séparation. Et, pour l’anecdote, le bonheur d’avoir assisté à un de leurs concerts. Le jour où j’ai vu sur huit colonnes en page une d’un quotidien britannique « THE BEATLES BREAK-UP », j’ai su qu’une page de ma vie se tournait, que le miracle était terminé, un miracle que, par sa précision, son érudition et son empathie l’auteur a contribué à élucider. Il faut être de ma génération pour comprendre que chaque nouveau disque (45 tours ou 33 tours) était attendu comme une bombe qui nous explosait en pleins sens car quelque chose de complètement nouveau allait advenir. Nous n’avons jamais été déçus, surtout pas moi qui ai pu écouter Sgt Pepper quinze jours avant sa sortie en me demandant, au milieu de la quinzaine d’autres privilégiés qui m’entouraient, sur quelle planète je vivais. Sans parler de l’apothéose d’Abbey Road avec, pour n’évoquer que cela, sa couverture mille fois plagiées.

 

Mais en refermant ce livre indispensable et innovant, j’ai une petite déception : en 2006, j’ai publié un article dans une revue universitaire en ligne intitulé “ Pourquoi le disque blanc des Beatles était-il blanc ? ”. (lorsque l’on tape sur Google « le disque blanc des Beatles », cet article est référencé en cinquième position). J’y évoquais le post-modernisme, le kitsch, le fragment, la déception du sens, les tensions. Cet article n’a pas pu échapper à Candilier qui ne le cite ni le mentionne.

 

Note de lecture (202)
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27 janvier 2022 4 27 /01 /janvier /2022 06:00
 
L'hégémonie de la langue de Shakespeare constitue une menace pour la diversité culturelle de la planète et... c'est un Anglais qui le dit.
 
On n'est parfois jamais si bien servi que par les autres... Donald Lillistone est un Anglais, par ailleurs francophone et francophile. Et parce qu'il parle au moins deux langues, il apprécie la diversité culturelle et ne résout pas à voir un seul idiome, fût-il le sien, devenir hégémonique. Dans un essai rédigé - en français - d'une plume alerte et claire, il alerte donc ses compatriotes de coeur sur les dangers du tout-anglais (1). Et en profite pour démonter avec brio quelques idées reçues. Démonstration.
 
 
-  "L'anglais est une langue simple" C'est tout à fait inexact. "Le seul son [k] s'écrit de neuf manières différentes", rappelle Lillistone. C'est l'anglais d'aéroport qui est simple, mais celui-ci n'a pas grand-chose à voir avec la véritable langue de Shakespeare.
 
-  "J'utilise des mots anglais parce qu'ils sont plus courts". En soi, le postulat de départ est exact - la traduction française d'Harry Potter comprend plus de pages que l'original - mais ce n'est pas la raison du succès des anglicismes. En réalité, ceux qui y recourent à foison le font pour une tout autre raison : ils cherchent à bénéficier de l'image de modernité des Etats-Unis, la puissance dominante de l'époque. Sous la Renaissance, dominée par Venise, Gênes et Florence, les mêmes auraient sans doute multiplié les italianismes.
 
-  "Une langue n'est qu'un outil de communication" Quelle naïveté ! Imposer sa langue, c'est en réalité imposer sa pensée et sa vision du monde. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis le savent très bien, qui ont déclaré ceci dans une conférence tenue en 1961 à Cambridge : "L'anglais doit devenir la langue dominante, remplaçant les autres langues et leurs visions du monde." Aussi Lillistone lance-t-il cet avertissement : "Quoi qu'en disent les partisans du tout-anglais, la prédominance actuelle de l'anglais en Europe ne sert finalement que les intérêts commerciaux, culturels et politiques des Etats-Unis". 
 
-  "Si tout le monde parlait anglais, il n'y aurait plus de guerre" La diversité linguistique est souvent perçue comme une menace pour la paix. Donald Lillistone rappelle utilement aux distraits quelques menues anicroches survenues dans des pays monolingues telles la guerre de Sécession aux Etats-Unis (1861-1865) ou la guerre civile en Angleterre (1640-1649). En réalité, la diversité linguistique est l'un des aspects de la richesse culturelle de l'Humanité, note Lillistone, qui interroge : "Voulez-vous vraiment visiter Rome, Berlin ou Madrid pour prendre un café dans un Starbucks, dîner dans un McDo avant d'aller au cinéma regarder un film hollywoodien tout en échangeant partout en globish ?". Vous, je ne sais pas, mais moi, non.
 
-  "La planète entière parle anglais" Cliché, là encore. Les trois quarts de l'humanité n'en utilisent pas un traître mot.
 
-  "Tout le monde veut parler anglais" Non plus. Dans le monde, beaucoup le voient comme la langue de la "modernité" et des "nouvelles technologies." Mais pour d'autres, l'anglais reste la langue de "l'impérialisme" et du "capitalisme sans foi ni loi". 
 
Les pièges du tout-anglais

 

-  "La domination de l'anglais va croissant". Au contraire, la dynamique est défavorable à la langue de Shakespeare. Le Brésil a ainsi rendu obligatoire en 2005 l'enseignement de l'espagnol tandis que la Chine développe l'enseignement du mandarin en ouvrant un peu partout des instituts Confucius. Quant au russe, à l'hindi, à l'arabe, à l'allemand et au français, ils gagnent sans cesse de nouveaux locuteurs. Le gouvernement britannique l'a d'ailleurs compris, qui a rendu obligatoire en 2012 l'enseignement d'une langue étrangère dans les écoles primaires. Même le ministère des Affaires étrangères britannique a rouvert l'école de langues étrangères qu'il avait fermée en 2007 ! 
 
-  "L'anglais est la langue des affaires". Nuançons : l'anglais est aujourd'hui la langue principale des affaires, ce qui est très différent. Selon les études, cette langue représente certes 30 % du PIB mondial, mais ce pourcentage va mécaniquement baisser avec la montée en puissance de la Chine et des pays émergents. Les jeunes Espagnols sont ainsi de plus en plus nombreux à apprendre l'allemand pour une raison simple : ce n'est pas avec l'anglais qu'ils vont trouver du travail en Allemagne !
 
La conclusion est évidente : puisque la domination de l'anglais va reculer, la priorité devrait être donnée au plurilinguisme. La solution d'avenir ne consiste donc pas à ce que chacun parle seulement deux langues - la sienne et l'anglais - mais trois. Corollaire : la France dispose là d'un atout formidable puisque le français est, rappelons-le, la seule langue avec l'anglais à être pratiquée sur les cinq continents. Encore faut-il que nos élites en prennent conscience.
 
 
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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 06:00

Personnage mythique comme il y en eut peu dans l’histoire du XXe siècle, Eva Peron (María Eva Duarte de Perón), femme du président argentin, débarque un jour de juin 1947 à Madrid, en visite officielle. La chaleur est torride mais elle porte un vison. Ses autres effets sont dans un avion réservé à sa seule garde-robe. Mais autant elle aima paraître, autant elle réussit à faire.

 

Actrice de cinéma née en 1919 dans une petite ville à proximité de Buenos Aires, , elle épouse en 1945 le colonel Juan Domingo Perón. Á la cérémonie, ne manquaient que les généraux Tapioca et Alcazar.

 

Cette fille illégitime d’un propriétaire terrien fut motivée sa vie durant par une névrose de la revanche, tantôt prostituée, tantôt jouant des rôles secondaires dans des feuilletons de seconde zone. Mais celle en qui le peuple argentin se reconnaissait ne fut jamais une potiche. En 1943, elle est l’une des fondatrices du syndicat des travailleurs de la radiodiffusion. En 1943, elle joue pour les victimes d’un tremblement de terre. Le peuple se reconnaît en elle. Après son mariage en 1944, elle est la première épouse d’un homme politique à faire de la politique en luttant pour le droit de vote pour les femmes. « La femme argentine », dit-elle, « a surmonté la période des tutelles civiles. La femme doit affermir son action, la femme doit voter. La femme, ressort moral de son foyer, doit tenir sa place dans le complexe engrenage social du peuple. C’est ce qu’exige une nécessité nouvelle de s’organiser en groupes plus étendus et plus conformes à notre temps. C’est en somme ce qu’exige la transformation du concept même de femme, à présent que le nombre de ses devoirs s’est accru de manière sacrificielle, sans que dans le même temps elle ait réclamé le moindre de ses droits. »

 

 

Puis elle crée des colonies de vacances, elle favorise la pratique du sport dans les quartiers populaires. En 1949, elle fonde le Parti péroniste féminin qui comptera jusqu’à 500 000 membres en 1952 dans un pays de 16 millions d’habitants. Elle devient la voix des sans chemises (descamisados) pour qui elle fait construire des dispensaires, des maisons de retraite des foyers pour jeunes filles et pour orphelins, et pour qui elle assemble un train-hôpital de neuf wagons qui sillonne tout le pays. Elle distribue même des dentiers et des machines à coudre.

 

 

Après l’élection de son mari à la présidence de la République, elle fait distribuer trois millions de portraits du couple (dont l’officiel ci-dessous), sept millions de cartes postales, quatorze millions de brochures.

 

 

Femmes au pouvoir (14)

Un fort mouvement populaire souhaite qu’elle candidate à la vice-présidence. Le peuple voulait à tout prix qu’elle candidate à cette fonction, comme en témoigne un extraordinaire échange entre elle et une foule de sympathisants (source Wikipédia) : »

 

José Espejo (CGT) : 

 

Madame, le peuple vous prie d’accepter votre poste.

 

Evita : Je demande à la Confédération générale du Travail et à vous, au nom de l’affection que nous professons les uns pour les autres, de m’accorder, pour une décision d’une telle portée dans la vie de l’humble femme que voici, au moins quatre jours.

 

Peuple : Non, non, mettons-nous en grève ! Déclenchons la grève générale !

 

Evita : Camarades, camarades… je ne renonce pas à mon poste de combat. Je renonce aux honneurs. (Pleure). Je ferai, finalement, ce que décide le peuple. (Applaudissements et vivats). Croyez-vous que si le poste de vice-présidente avait été une vraie charge et que si j’avais, moi, été une solution, je n’aurais pas d’ores et déjà répondu oui ?

 

Peuple : Une réponse ! Une réponse !

 

Evita : Camarades, au nom de l’affection qui nous unit, je vous demande s.v.p. que vous ne me fassiez pas faire ce que je ne veux pas faire. Je vous le demande, à vous, comme amie, comme camarade. Je vous demande de vous disperser. (La foule ne se retire pas). Camarades, quand Evita vous a-t-elle trompés ? Quand Evita n’a-t-elle pas fait ce que vous désirez ? Je vous demande une seule chose, attendez jusqu’à demain.

 

Espejo (CGT) : La camarade Evita nous demande deux heures d’attente. Nous allons rester ici. Nous ne bougerons pas avant qu’elle ne nous ait donné la réponse favorable.

 

Evita : Ceci me prend au dépourvu. Jamais dans mon cœur d’humble femme argentine je n’ai pensé que je pouvais accepter ce poste… Donnez-moi le temps pour annoncer ma décision au pays à la radio.»

 

Mais elle renonce car elle sait sa santé déclinante.

 

 

Elle décéde le 26 juillet 1952, après d’atroces souffrances, des suites d’un cancer fulgurant du col de l’utérus (la première épouse de Juan Perón était morte de la même maladie). Pour qu’elle guérisse, des dizaines de messe furent dites dans toutes le pays et un cortège de plus de 1 000 camions roula pour elle. Elle avait 33 ans. Il lui est alors rendu un hommage sans précédent dans le pays. Son corps est embaumé et déposé au siège de la centrale syndicale CGT. Deux millions de personnes suivent son cercueil. À l’avènement de la dictature civico-militaire dite Révolution libératrice de 1955, son cadavre est enlevé, séquestré et profané, puis dissimulé durant seize ans.

 

Après sa mort, parait son livre Mi Mensaje (Mon message) dans lequel on peut lire :

 

« Je me rebelle indignée, avec tout le venin de ma haine, ou avec tout le feu de mon amour – je ne sais encore – contre le privilège que constituent encore les hautes sphères des forces armées et du clergé. Perón et notre peuple ont été frappés par le malheur de l’impérialisme capitaliste. Je l’ai vu de près à travers ses misères et ses crimes. Il se dit défenseur de la justice, tout en étendant les griffes de sa rapacité sur les biens de tous les peuples soumis à sa toute-puissance… Mais plus abominables encore que les impérialistes sont les oligarchies nationales qui se soumettent à eux en vendant ou parfois en offrant, pour quelques pièces de monnaie ou pour des sourires, le bonheur de leurs peuples. »

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 06:01

Laura, lycéenne française, raconte son vécu sur le site canadien du World Socialist Website :

 

« Le plus pesant est le manque de perspective d’amélioration de la situation alors que le gouvernement propose de laisser circuler le virus et de compter uniquement sur le vaccin pour essayer d’empêcher une hécatombe.

 

« On ne voit pas la fin du Covid. On se sent un peu impuissant face à cette situation, on est juste dans la pandémie et on essaie de s’habituer à ça parce qu’on n’a pas trop le choix. On est assez stressés par rapport à notre avenir, par rapport aux études supérieures, comment ça va se dérouler, si le gouvernement va s’adapter au fait qu’on est passé par une situation compliquée comme ça. On va être dans une situation délicate parce qu’on a des lacunes scolaires à cause du Covid. »

 

Elle ajoute : « C’est assez compliqué de revenir en cours et de rattraper tous les jours passés à la maison, parce qu’il n’y a pas de cours à distance. On a six cas contacts dans notre classe. Ils n’ont pas eu le Covid en même temps, alors ils ne reviennent pas en cours en même temps. Du coup le rattrapage, c’est difficile de le mettre en place. »

 

Laura a remarqué l’absence de toute intervention dans les lycées par les syndicats ou les partis politiques établis. Alors que le gouvernement et les directions des écoles font tout pour minimiser les reportages des cas, et ainsi justifier leur abandon des restrictions sanitaires pour laisser circuler le virus. Les jeunes se trouvent dans un flou absolu à propos d’informations essentielles sur ce virus. »

 

Revue de Presse 390

 

Ariane Chemin, dans Le Monde, rappelle l’action de Robert Badinter en faveur de la cause homosexuelle en 1982 : « Infliger des peines aux homosexuels, c’était révoltant. », avait dit le ministre.

 

« Cinq, quatre, trois, deux, un… » Dimanche 10 mai 1981, 20 heures. Le « gay tea dance » du Palace est lancé depuis plusieurs heures quand le visage du nouveau président, le socialiste François Mitterrand, apparaît sur un grand écran. Le patron de la célèbre boîte de nuit parisienne annonce lui-même la nouvelle au millier d’habitués qui se pressent dans la salle. Hurlements de joie. Des roses volent du balcon. On improvise La Vie en rose dans la version de Grace Jones. La fête durera jusqu’au matin.

 

Le prince des nuits homos parisiennes a-t-il senti le vent tourner ? Il affiche depuis quelques semaines un élan pour la gauche qu’on ne lui connaissait pas jusque-là et que ne partagent pas ses clients ou amis les plus en vue, comme le couturier Yves Saint Laurent ou l’homme d’affaires Pierre Bergé. Au Palace, la plupart des « rich and beautiful people » s’inquiètent des promesses de nationalisation ou de l’arrivée de ministres communistes. Ils redoutent surtout de futures hausses d’impôts. Le photographe Helmut Newton s’exilera le premier à Monaco, bientôt suivi par Karl Lagerfeld. »

 

 

Anti-K observe que la commission d’enquête du Sénat a été baladée par le milliardaire Bolloré : « L’essentiel étant que la commission n’aura presque rien dit sur l’empire de Françafrique de Bolloré qui est mais bel et bien l’un des milliardaires français dont la richesse s’est basée sur l’exploitation agricole et des infrastructures dans toute l’Afrique de l’Ouest depuis les années 90. Héritier de la Françafrique et des réseaux de Foccart et Pasqua, Bolloré en aura profité jusqu’au scandale de corruption révélé en 2018 autour des faveurs des dictatures locales à travers l’acquisition des ports de Lomé et Conaky en échange de son soutien aux dirigeants Alpha Condé et Faure Gnassingbé.

 

Bolloré s’inscrit totalement dans les sales affaires de la Françafrique et de tout une partie des grandes richesses françaises dont l’ensemble s’est construit sur la base du colonialisme. Comme le rappelait récemment un rapport de Survie.org, une partie importante du grand patronat français est héritière de la rente coloniale historique de la France en Afrique. C’est aussi dans le contexte de montée d’un sentiment anti-domination française et d’une remise en question de la domination par les grandes entreprises françaises dans la région qu’une partie de ce même patronat se radicalise en faisant la promotion d’une idéologie réactionnaire visant à s’attaquer à toute remise en question de l’impérialisme, du racisme ou de la domination française.

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 06:00

De nombreux médias ont relevé les propos du banquier qui dirige la France en clôture. Du congrès de France Universités (ex Conférence des Présidents d’universités) : « « On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde ».

 

 

Dans ReSPUBLICA, Évariste analyse la poussée de l’extrême droite en France : « Alors qu’une poussée de la gauche a lieu en ce moment en Amérique latine, le recul électoral de la gauche dans les pays développés est patent. Particulièrement en France, où même le parti socialiste ne parvient plus à jouer un rôle dans les élections nationales autre que celui de bouffon. L’abstention majoritaire des jeunes de moins de 35 ans et de la classe populaire ouvrière et employée, depuis 2017 à aujourd’hui, explique en grande partie la marginalisation des gauches et empêche celles-ci d’être un rempart face aux extrêmes droites et de porter le changement social et politique nécessaire.

 

Alors que l’immigration maghrébine des années 60 et le regroupement familial de 1976 n’avaient pas suscité de poussée de l’extrême droite, l’extrême droite s’est développée contre l’immigration maghrébine à partir du milieu des années 80 en France. 

 

La crise du profit démarrée à la fin des années 60 s’est transformée en crise néolibérale en France à partir du tournant de 1983. Aucun gouvernement n’a réussi à combattre cette crise, pire chaque gouvernement a développé cette crise. Nous allons sans doute vers une crise paroxystique globale. Une fois de plus, les forces du capital utilisent l’extrême droite qui instrumentalise l’immigration pour combattre les forces sociales populaires.

 

Le contrecoup est que même dans l’élite politique et syndicale, les éléments de la classe populaire ouvrière et employée (la moitié de la population française) ont été progressivement éliminés pour disparaître des radars médiatiques et même de la simple représentation. La moitié du peuple sans représentation ne gêne pas la bourgeoisie intellectuelle ! Comme le nez au milieu de la figure, il est pourtant visible qu’au moment de l’explosion du discours sur la nécessaire diversité, la moitié du peuple (la classe populaire ouvrière et employée) est exclue de toute représentation médiatique, dans les directions des organisations syndicales, politiques et associatives, et qu’une partie des couches moyennes intermédiaires subit un déclassement. Et on s’étonnera du mouvement des gilets jaunes…

 

La droite et l’extrême droite feront plus de 70 % des votants tant qu’une gauche n’aura pas compris qu’elle ne peut plus gouverner sans le vote massif de la classe populaire ouvrière et employée et d’une majorité des jeunes de moins de 35 ans ! 

 

C’est dans ce cadre qu’entre en lice le « wokisme » importé de la gauche identitaire étasunienne avec sa police de la pensée, sa compatibilité avec le capitalisme qui vise à tenter de substituer la lutte des identités à la lutte de classe comme axe prioritaire du développement social et historique. L’idéal pour les tenants du capitalisme, c’est de développer ces associés rivaux que sont les droites autoritaires, d’une part, et des identitaires de gauche et d’extrême gauche et de la gauche néolibérale, d’autre part. Cette dernière ayant abandonné la question sociale comme l’a théorisé Terra Nova en 2011.

 

Ce n’est pas l’arrivée subreptice de la gauche sociétale, « wokiste », néolibérale et anti-laïque qui sauvera la gauche ! La présentation médiatique de Christiane Taubira comme sauveuse de la gauche laisse songeur. Elle, qui a soutenu toute la politique antisociale de la présidence Hollande, est une des rares députés de gauche à avoir voté en 2004 contre le retour aux circulaires laïques du Front Populaire interdisant les signes religieux à l’école. Pire, lorsque le conseil départemental de la Guyane a souhaité que le conseil départemental ne paye plus les salaires de l’évêque et des prêtres catholiques comme dans 96 autres départements français, elle a demandé au procureur l’application de l’ordonnance de Charles X de 1828 donnant ce privilège à la seule Église catholique !

 

 

Revue de Presse 389
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10 janvier 2022 1 10 /01 /janvier /2022 06:07

 

Passe sanitaire ou licenciement ? Élisabeth Borne veut lancer une nouvelle offensive contre le monde du travail, selon le site Anti-K :

 

« Le passe vaccinal annoncé par Jean Castex vendredi dernier à l’issue d’un énième conseil de défense, constituait déjà une nouvelle offensive contre les non-vaccinés, renforçant l’autoritarisme sanitaire du gouvernement. Depuis, Olivier Véran a mis sur la table une nouvelle mesure envisagée par le gouvernement, un passe sanitaire en entreprises. La 3 janvier, la Ministre du travail Élisabeth Borne convoquait les organisations syndicales et patronales à une réunion en visioconférence pour en discuter.

 

Ce passe sanitaire en entreprise constitue une véritable attaque contre l’ensemble du monde du travail puisque la mesure consiste à menacer de sanctions, notamment de suspension, les salariés qui n’auraient pas de passe sanitaire à jour : « On ne peut pas empêcher les gens de travailler s’ils ne sont pas vaccinés, mais on peut exiger d’eux qu’ils fassent un test », a précisé le ministre de la Santé. Une façon donc d’étendre à l’ensemble des salariés l’obligation de présenter un passe sanitaire à laquelle sont déjà soumis quelques « 2 millions d’employés travaillant dans les hôtels, bars et restaurants », et donc en contact avec du public, précise Libération. Une façon aussi d’imposer, sous peine de sanctions, la vaccination, puisque la durée de validité des tests a été réduite à 24h et qu’ils constituent un coût plus que conséquent pour les non-vaccinés. »

 

 

Le World Socialist Website revient sur la tentative de coup d’État fasciste du 6 janvier 2021 à Washigton.

 

1. Le 6 janvier a été un tournant et un événement unique dans l’histoire américaine. Il s’agissait d’une tentative en règle du président de renverser l’élection afin de rester au pouvoir et d’établir une dictature personnaliste.

 

2. Cette tentative a presque réussi. La tentative de coup d’État a été extraordinairement proche de réussir à renverser l’élection. Elle a échoué entièrement en raison d’erreurs d’organisation, d’inexpérience et, dans certains cas, d’accidents purs et simples.

 

3. Aucune institution de l’establishment politique ne s’est activement opposée à la tentative d’instaurer une dictature. La police était intentionnellement en sous-effectif et fraternisait souvent avec la foule. L’armée a refusé d’intervenir pendant 3 heures, offrant à Trump une fenêtre pour agir. Le Parti démocrate a refusé de lancer un appel à la population pour s’opposer au coup d’État, de peur de déclencher une explosion de l’opposition sociale.

 

4. Le danger de la dictature demeure bien réel. Les tentatives de minimiser les événements du 6 janvier facilitent les préparatifs en cours de Trump pour de futurs complots.  

 

Le site Initiative Communiste rappelle que le 15 JANVIER marquera le 400ème anniversaire de la naissance de Molière. Il soutient l’initiative de l’association COURRIEL pour la résistance au tout-globish. Ursula von der Leyen fait illégalement de l’anglais la langue de travail unique des institutions européennes. L e tout-globish de la mondialisation capitaliste se substitue de jour en jour à la langue de la République avec la complicité de Macron et des euro-gouvernements successifs. Rivale pseudo-patriote de Macron, Valérie Pécresse est une militante du globish et une adversaire déterminée du français, qu’elle déclare « en déclin ». Ne parlons pas d’Hidalgo qui a « vendu » la candidature de Paris aux J.O. en badigeonnant la Tour Eiffel de slogans débiles en globish. Étant donné qu’aucun des candidats de gauche médiatiquement répertoriés ne lève le petit doigt pour défendre notre langue (on se souvient du tonitruant « PCF IS BACK » de Fabien Roussel…), l’avenir de cette dernière est entièrement dans les mains des militants du mouvement populaire.

Revue de Presse (388)

 

Á propos de son film Twist à Bamako, Robert Guédiguian, dans L’Humanité,  estime qu’il faut redécouvrir ce qui s'est passé au Mali vers 1960. Un souci d'émancipation, et cette voix particulière de développement pour l'Afrique. Une voix envisagée d'ailleurs par les plus rêveurs de ceux qui portaient ce mouvement, ceux qui étaient favorable à ce mouvement socialiste, comme pouvant être un exemple pour le monde. Ce rêve-là, il faut le redécouvrir, parce qu'il pourrait encore rendre pas mal de services aujourd'hui. Je crois qu'il est toujours aussi nécessaire aujourd'hui, on l'a un peu oublié, mais on peut l’assimiler, de manière critique bien sûr. Il faut en garder l'essentiel, c'est à dire le partage, le sens du collectif et le sens de la fête.

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8 janvier 2022 6 08 /01 /janvier /2022 06:00

Comme un enfant de cinq ans qui donne des grands coups de pied dans une porte qui ne veut pas s’ouvrir, le banquier ne supporte pas l’obstacle, la contradiction.

 

L’extrême violence de la police à ses ordres – qui a utilisé des armes de guerre contre des manifestants Gilets-jaunes, ne l'oublions jamais – ne fut (n’est, ne sera ?) que la traduction de son désarroi face à une expression collective hostile qu’il n’avait pas envisagée.

 

« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder » est la dernière des petites phrases assassines sorties de la bouche d’un individu en perpétuelle recherche d’équilibre, et que certains vont jusqu’à qualifier de psychopathe. Mais il s’agit de psychologues étrangers qui ne risquent rien.

 

Alors, récapitulons ce florilège indigne tout en violence, en mépris pour ceux qui s’opposent, mais aussi pour ses soutiens lorsqu’ils ne sont pas assez empressés.

 

En juin 2017, à Mayotte, une île lointaine peuplée de gens sans aucune sensibilité, peut-on penser, il compare les migrants comoriens à des animaux : « « Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ».

 

Toujours en juin 2017, tombe de sa bouche, à la surprise générale, la tristement célèbre (et meurtrière si on y réfléchit bien) métaphore de la gare « un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien ».

 

En août 2017, il s’en prend – à l’étranger – à la France dans sa globalité en pensant accéder aux « rêves de Français » qu’il croit connaitre, lui le petit-bourgeois du quartier chic d’Henriville à Amiens : « La France n’est pas un pays réformable. Beaucoup ont essayé et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes. Transformer le pays en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien, ça, c’est un combat qui fait rêver les Français ».

 

En septembre 2017, il s’en prend aux « fainéants » qui, on le sait depuis le XIXe siècle, sont responsables du chômage car ils ne veulent pas travailler : « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes ».

 

En octobre 1917, il s’en prend à des syndicalistes CGTistes qui accompagnent des salariés licenciés (pour lui, un adhérent de ce syndicat doit être un alien extrêmement malfaisant) : « Certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas ».

 

En juin 2018, dans une vidéo, il déplore qu’on mette « un pognon de dingue dans les minima sociaux » et que « les gens pauvres restent pauvres »« On doit avoir un truc qui permet aux gens de s’en sortir. » Ah, si l’on pouvait gouverner par des « trucs », comme au Café du Commerce…

 

Lors de l’affaire Benalla – qui s’éternise sûrement parce que la Justice veut la décortiquer à la perfection – le banquier éborgneur attaque ceux qui doutent devant ses propres godillots LREM : « On ne peut pas être chef par beau temps et vouloir s’y soustraire lorsque le temps est difficile. S’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher. Et ce responsable, il répond au peuple français, au peuple souverain ».

 

Deux mois plus tard, dans les jardins de l’Élysée, chez lui donc, il suggère à un chômeur horticulteur de rechercher un emploi dans l’hôtellerie, les cafés et la restauration. Et il a le front d’ajouter qu’en traversant la rue il va lui trouver du travail.

 

Á la même époque, il critique, à l’étranger, les Français « Gaulois réfractaires au changement ».

 

Je l’ai dit et redit, mais quand je pense à la distinction naturelle avec laquelle sa grand-mère s’exprimait, mes bras ballent. Sacré retour du refoulé chez cet enfant choyé…

 

La violence verbale d’un enfant d'Henriville devenu banquier éborgneur et emmerdeur
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5 janvier 2022 3 05 /01 /janvier /2022 06:00

Un dossier remarquable sur « la gauche qui perd « : « Pour la gauche européenne, c’est l’hiver. Loin des espoirs suscités par leurs débuts, les nouvelles formations critiques envers la social-démocratie, Podemos en Espagne et Die Linke en Allemagne, sont elles aussi affaiblies, tandis qu’en Italie la disparition du Parti communiste, en avril 1991, a laissé le camp progressiste sans boussole . Incapable d’écouter les aspirations populaires et de tirer profit du mécontentement général, la gauche s’enferme souvent dans un discours où le pathos le dispute à la mièvrerie. Elle espère ainsi rassembler grâce à une rhétorique consensuelle des groupes sociaux que dorénavant tout sépare.

 

On a tort de considérer comme acquis, incontournable, le célèbre logiciel Pronote qui a révolutionné la vie des élèves, et aussi des enseignants (Luvie Tourette) : « Utilisé dans plus de deux établissements du second degré sur trois, le logiciel de gestion de la vie scolaire Pronote rend bien des services aux familles et aux communautés éducatives, notamment pour affronter les dernières réformes du lycée. Mais, en faisant de l’immédiateté la norme, il change aussi les métiers en profondeur, ainsi que les relations entre parents, élèves et enseignants. »

 

Pour Ian Urbina, la Libye est un garde-chiourme de l’Europe face aux migrants : « Pour qu’ils retiennent à tout prix les migrants, le Vieux Continent subventionne grassement les pays du pourtour méditerranéen à qui il a délégué le contrôle de ses frontières. Un reportage mené en Libye dans les conditions les plus difficiles dévoile la face cachée de cette hypocrisie. »

 

Le Diplo reprend une conférence de Pierre Bourdieu intitulée “ Imposer une vision du monde ” : « Le  champ politique, le champ des sciences sociales et le champ journalistique sont trois univers sociaux relativement autonomes et indépendants, mais qui exercent des effets les uns sur les autres. Lors d’une soirée électorale à la télévision par exemple, ces champs sont présents, mais sous la forme de personnes. Un historien connu commentera les résultats, à côté d’un journaliste et du directeur de l’Institut des sciences politiques, membre du champ académique et du champ des sciences sociales à travers les instituts de sondage auxquels il donne par ailleurs des conseils. On pourrait faire une description interactionniste, c’est-à-dire limitée aux interactions entre les gens, ou une analyse de discours portant sur la rhétorique employée, les procédés, les stratégies, etc. »

 

Que se passe-t-il en Transnistrie (Loïc Ramirez) ? : « Si un étranger me le demande, je réponds que je suis de quelque part entre l’Ukraine et la Moldavie », rétorque avec malice Mme Loudmila Kliouch. Une tasse de café entre les mains, cette jeune femme de 36 ans sait que prononcer le nom du pays où elle vit laisserait perplexe n’importe lequel de ses interlocuteurs étrangers. Enseignante de français, elle habite Tiraspol, la capitale de la Transnistrie, ce « quelque part » si méconnu. Appelé officiellement République moldave du Dniestr (ou Pridnestrovie), ce proto-État situé dans la partie orientale de la Moldavie, entre le fleuve Dniestr et la frontière ukrainienne, n’est reconnu par aucun membre des Nations unies. […] La Transnistrie est revenue au centre de l’actualité après l’élection, le 16 novembre 2020, de la très europhile Maia Sandu à la présidence de la République de Moldavie (avec 57 % des suffrages), un résultat conforté huit mois plus tard par des élections législatives remportées par sa formation, le Parti action et solidarité (PAS), avec 48 % des voix. Cette ancienne économiste, passée par la Banque mondiale, s’est illustrée dès sa prise de fonctions par un regain d’hostilité à l’égard du voisin sécessionniste. »

 

Selon Christine Lévy, les Japonaises ne veulent plus se taire : « Le triomphe du Parti libéral-démocrate au Japon lors des élections législatives d’octobre 2021 s’accompagne d’une défaite du féminisme, avec un recul du nombre de femmes députées. Pourtant, à la faveur du mouvement #MeToo, les bouches s’ouvrent, les mobilisations se nouent. Mais celles-ci ne franchissent pas encore les portes des entreprises ni des assemblées élues. C’était la première fois que la loi de 2018 « pour promouvoir la participation commune des hommes et des femmes dans le domaine politique » – c’est son nom – s’appliquait à un scrutin législatif. Pourtant, les élections du 31 octobre 2021 se sont soldées par un recul de la proportion de femmes élues à la Chambre des représentants : 45 députées sur 465 sièges, contre 47 quatre ans plus tôt. Le Japon se traînait alors au 164e rang (sur 190 pays) du classement de la parité en politique.Les féministes japonaises avaient réclamé que cette loi inscrive l’obligation d’atteindre une « répartition équitable des candidatures d’hommes et de femmes ».Mais elles se sont heurtées à l’opposition ferme des députés de droite. et la version ratifiée se contente de demander aux partis de faire « autant d’efforts que possible ».

Le Monde Diplomatique (270)

Peut-on désormais penser que tout commence au Chili (Franck Gaudichaud) ? : « Avec presque 56 % des voix, le candidat de gauche Gabriel Boric vient de remporter l’élection présidentielle contre M. José Antonio Kast, nostalgique de la junte d’Augusto Pinochet. Âgé aujourd’hui de 35 ans, M. Boric deviendra le plus jeune président de l’histoire de l’Amérique latine lorsqu’il prendra les rênes de l’État, le 11 mars 2022. Alors, tout restera à faire… »

 

Pour Lakhdar Benchiba et Omar-Lofti Lahlou, on assiste à un bras de fer entre le Maroc et l’Algérie : « Entre Alger et Rabat, le temps de la cohabitation dans l’indifférence semble révolu. La question du Sahara occidental, jamais résolue depuis 1975, envenime de nouveau les relations entre les deux poids lourds du Maghreb. À cela s’ajoute le rapprochement du royaume chérifien et d’Israël, que les autorités algériennes considèrent comme une menace militaire directe contre leur pays. »

 

Be,njamin Lemoine assiste au retour des maîtres chanteurs de la dette : « Candidate du parti Les Républicains, Mme Valérie Pécresse promet de ramener la dette publique française à 100 % du produit intérieur brut. Reviennent ainsi les appels à mettre en place de nouveaux « comités de la hache » pour tailler dans les dépenses publiques, au moment même où les interventions de la Banque centrale européenne réduisent à néant le pouvoir de nuisance des créanciers privés. »

 

Romain Cruse décrit le kaléidoscope antillais : « Fin décembre, les manifestations contre l’obligation vaccinale imposée aux personnels soignants se poursuivaient en Guadeloupe dans le cadre du mouvement social qui balaie les Antilles françaises depuis le mois de novembre 2021. La diversité des revendications et la détermination des protestataires illustrent la profondeur de la crise que traversent ces territoires ultramarins. »

 

Tout schuss : la Chine est le plus grand marché de skieurs débutants : « La Chine a parfois du retard, mais quand les dirigeants et les hommes d’affaires s’y mettent la donne change rapidement. Les sports d’hiver n’existaient pratiquement pas en 1995 ; à l’orée des Jeux olympiques, qui s’y dérouleront en février, le pays totalise près de huit cents stations. Les plus importantes pistes de ski sont couvertes et peuvent accueillir simultanément trois mille pratiquants. »

 

Pascal Bouaziz réfléchit sur la condition de l’artiste aujourd’hui (« je suis un luxe ») : « Qu’est-ce que la vie professionnelle d’un artiste qui est fêté par les critiques et a ses fervents, mais que les radios et télévisions ignorent ? Quelles interrogations, intimes, sociales, politiques, suscitent les limites du succès d’estime ? Un chanteur estampillé « de qualité » en rend compte de l’intérieur. »

 

Allons de ce pas côté cour observer, avec Ma       rie Bénilde, Vincent Bolloré : « Fin 2021, alors qu’un chroniqueur d’extrême droite de la chaîne CNews devenait le candidat du groupe Bolloré à l’élection présidentielle, l’establishment a paru s’étonner qu’un pilier du capitalisme français soutienne ouvertement des thèses aussi réactionnaires. C’est peu dire que le couple formé par MM. Éric Zemmour et Vincent Bolloré embarrasse les élites économiques : à l’opposé d’une extrême droite arriérée contre laquelle il est confortable de se mobiliser, ce tandem personnifie une bourgeoisie conservatrice, raffinée et brutale. Mais assurément moins tapageuse que ses deux porte-flamberge, dont les inclinations politiques proclamées sans détour indisposent l’univers des possédants. Pour la classe dirigeante, l’année 2022 débute par une équation insoluble : comment critiquer Zemmour-Bolloré sans s’éclabousser soi-même ?

 

Célébré par la presse et par ses pairs sous les atours successifs du « petit prince du cash-flow » dans les années 1980 et 1990, de l’industriel « audacieux » et « visionnaire » dans la décennie 2000, du repreneur d’entreprises en vue puis du conquérant d’Afrique, le milliardaire gravite de longue date, tout comme son chroniqueur, à l’intersection des galaxies économique, politique et médiatique. Tous deux se disent marginaux en squattant les positions de pouvoir. D’un côté, le magnat des médias, qui étend son influence à travers les rachats de Havas, Editis, Canal Plus, Prisma et désormais Lagardère-Hachette, incarne un patronat soucieux de s’adapter à la mondialisation en liquidant le service public et en quadrillant l’édition. De l’autre, le journaliste du Figaro Magazine, diplômé de Sciences Po, qui porte depuis deux décennies la voix d’une droite autoritaire et misogyne, dépeignait déjà l’exilé en « envahisseur » le samedi soir sur France 2, sur le plateau de la chaîne i-Télé de l’ère pré-Bolloré ou sur RTL avant sa reprise par M6.

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3 janvier 2022 1 03 /01 /janvier /2022 05:29

Seul de la toile française, Le Grand Soir consacre de nombreux articles au calvaire de Julian Assange. Ici, un extrait d’un texte publié par Edward Snowden : 

 

« Ce Noël pourrait bien être le dernier que le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, passera hors des geôles américaines. Le 10 décembre, la Haute Cour britannique s’est prononcée en faveur de l’extradition d’Assange vers les États-Unis, où il sera poursuivi en vertu de l’Espionage Act pour avoir publié des informations véridiques. Il est clair pour moi que les accusations portées contre Assange sont à la fois sans fondement et dangereuses, dans une mesure inégale - sans fondement dans son cas personnel, et dangereuses pour nous tous. En cherchant à poursuivre Assange, le gouvernement américain prétend étendre sa souveraineté à la scène mondiale et tenir les éditeurs étrangers responsables des lois américaines sur le secret. Ce faisant, le gouvernement américain créera un précédent pour poursuivre toutes les organisations de presse du monde entier – tous les journalistes de tous les pays – qui s’appuient sur des documents classifiés pour rendre compte, par exemple, des crimes de guerre commis par les États-Unis, du programme de drones américain ou de toute autre activité gouvernementale, militaire ou de renseignement que le département d’État, la CIA ou la NSA préféreraient garder enfermés dans le secret, loin de la vue du public et même de la surveillance du Congrès. »

 

 

Dans le World Socialist Website, Martin Kreickenbaum s’est livré à un décompte macabre : « Près de 300 réfugiés se sont noyés en Méditerranée au cours de la semaine précédant Noël. Au cours de la semaine qui précède Noël, près de 300 réfugiés se sont noyés dans plusieurs accidents de bateau en mer Méditerranée. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, au moins 200 personnes sont mortes au large des côtes libyennes et des dizaines d’autres ont péri en mer Égée. Selon les données officielles, au moins 1 887 personnes se sont noyées en Méditerranée cette année alors qu’elles cherchaient l’asile. Comme dans le cas de la pandémie, les décès massifs en Méditerranée sont le résultat de politiques délibérées prises sur les piles de cadavres qui s’accumulent. Les pays européens riverains de la Méditerranée ont largement interrompu les missions de sauvetage en mer. Les réfugiés désespérés qui se retrouvent en détresse en mer et demandent de l’aide sont souvent dirigés vers la garde côtière libyenne formée par l’UE et hautement équipée. Cette dernière est essentiellement composée de milices dirigées par des seigneurs de guerre et est notoirement connue pour ses graves violations des droits de l’homme. »

Revue de Presse (387)

Dans son blog, El Diablo revient sur la tragédie minière de Liévin, en 1974 : « Il y a quarante ans, au fond d’une galerie de la fosse 3, dite Saint-Amé du siège 19 du groupe de Lens-Liévin, 42 mineurs ont trouvé la mort. Un drame qui n’était pas dû à la fatalité :

 

« Les organisations syndicales ont décidé l’arrêt de travail pour le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. En ce qui concerne notre fédération nationale du sous-sol CGT hier nous avons appelé les mineurs de France à rendre le jour des obsèques un dernier hommage aux victimes et à exiger plus d’hygiène et de sécurité dans les mines… Nous ne croyons pas à la fatalité. Quand il y a une catastrophe comme celle que nous avons connue hier, une véritable tragédie, il y a incontestablement des causes. Nous voulons qu’elles soient décelées, recherchées afin que pareille tragédie ne se reproduise plus. Mardi prochain, lors des funérailles des victimes, les mineurs du Nord-Pas-de-Calais et de nombreux mineurs d’autres bassins vont rendre, par une grève de vingt-quatre heures, hommage aux victimes. » Achille Blondeau, secrétaire de la fédération des travailleurs du sous-sol CGT, a le ton grave. La veille, le 27 décembre 1974, à 6 h 30 du matin, un violent souffle dévasta à 710 m de profondeur une part de la fosse 3, dite Saint-Amé de Lens-Liévin, à Liévin. Une cinquantaine d’hommes se trouvaient au fond, exécutant des travaux préparatoires pour l’exploitation future de ce chantier. Quarante-deux gueules noires y laissèrent leur vie, le plus jeune avait vingt-cinq ans, le plus âgé cinquante-quatre : à cet instant, cent quarante enfants devinrent orphelins ! L’émotion fut considérable. La catastrophe de Liévin en ce Noël 1974 était la plus grande tragédie que connaissait le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais depuis les 1 099 victimes de la tragédie de Courrières en mars 1906. Tout d’abord les responsables évoquèrent un coup de poussier. L’utilisation du marteau-piqueur et plus encore des haveuves mécaniques augmentait considérablement la présence de fines particulières de carbone dans les mines. Hautement inflammables, elles favorisaient les explosions dévastatrices. Mais, très vite, les experts acquirent une autre conviction. Les 42 corps remontés du fond avaient été autopsiés : les autopsies révélèrent la présence de grisou. L’accident était donc lié à un coup de grisou. Composé de 90 % de méthane, inodore et invisible, le grisou était le gaz redouté des mineurs.  »

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28 décembre 2021 2 28 /12 /décembre /2021 06:05

 

Alors que la campagne présidentielle 2022 est lancée et que les médias des milliardaires et de son régime Macron saturent les ondes et les unes de leur haine xénophobe pour faire diversion, il est un sujet qui mérite un débat urgent : celui de la diversité linguistique alors que le globish du Wall Street English est imposé partout pour mieux faire primer l'idéologie de l'impérialisme des États-Unis. C'est pourquoi les communistes du PRCF, parmi les 30 mesures d'urgence qu'ils proposent pour 2022 ne font pas l'impasse sur la promotion de la langue française et la promotion de la francophonie internationale.

 

En violation de l’article II de la Constitution qui dispose que « la langue de la République est le français », et de la loi Toubon de 1994 qui stipule que le français « est la langue du travail, de l’enseignement, des échanges commerciaux et des services publics », le tout-globish promu par le MEDEF, l’Union européenne (et tout particulièrement ces derniers temps, par le Parquet européen, la Cour des comptes européenne et la Commission européenne) et les traités néolibéraux transatlantiques, avance à pas de géant en France dans le cadre d’une inavouable politique générale de substitution de l’anglo-américain managérial à la langue française. Tous les domaines sont contaminés : publicités, enseignes et produits, communication interne et externes des grandes entreprises, système éducatif de la maternelle au troisième cycle universitaire, voire communication des collectivités territoriales, des services publics (SNCF, Poste, EDF...) et même des ministères. Dans le même temps, la France officielle désinvestit sur tous les plans (économique et culturel notamment) l’espace francophone mondial, notamment africain, pourtant riche de près de 900 millions de personnes parlant ou comprenant peu ou prou notre langue commune.

 

Cette tentative inavouée, soustraite par les média et les gouvernements successifs à toute forme de débat démocratique, de « désétablir » le français et de contourner, puis de changer, la Constitution et la loi existante (loi Toubon d’août 1994) pour basculer notre pays au tout-anglais, va de pair avec l’offensive délétère des forces euro-régionalistes et eurofédéralistes qui, tout en ignorant les langues de l’immigration de travail, et plus encore le chinois, première langue parlée au monde, dévoient la défense, légitime en elle-même, des langues régionales pour établir l’Europe fédérale des régions et détruire l’espoir d’une République française souveraine, sociale, démocratique, laïque, une et indivisible.

 

Héritier du grand PCF patriote et internationaliste qui, sous l’Occupation, porta haut le drapeau de la langue et des « Lettres françaises » clandestines, prenant le contrepied du PCF-PGE actuel qui déclare veulement, par la voix de son secrétaire national Fabien Roussel, que « PCF is back ! », le PRCF appelle à résister au tout-globish aliénant, à défendre et à promouvoir la langue française, à soutenir la Francophonie sur des bases internationalistes, à enseigner les langues régionales sur des bases républicaines sans mettre en cause le monopole administratif national du français et à élargir à tous l’accès, via l’Education nationale, aux langues étrangères dans toute leur diversité.

 

1 – UN CONSTAT LINGUISTIQUE ACCABLANT

 

Arrachage délibéré du français, substitution systématique de l’anglo-américain des affaires au français dans un nombre croissant de domaines, basculement précipité du pays et des pays européens voisins au tout-globish, le peuple français subit une politique linguistique inavouable que les forces capitalistes dominantes refusent de mettre en débat, préférant imposer si possible ce basculement linguistique subreptice de manière « ludique » et inconsciente par les pubs, les chansons, le cinéma, le bain linguistique en globish dès la maternelle et la petite musique pernicieuse permanente, serinée dès la Maternelle, selon laquelle l’anglais serait la seule langue d’avenir. Cette « ligne » linguistique n’émane pas du peuple, encore moins du monde du travail. C’est au contraire le MEDEF qui se déclare officiellement « ready for the future » lors de son congrès de 2003, c’est le Baron Sellières, ex-président du MEDEF et ancien président du syndicat patronal européen qui déclare en 2004, devant le Conseil européen des chefs d’Etat : « je ne vous parlerai plus désormais qu’en anglais, la langue de l’entreprise et des affaires ». Ce sont aussi les grandes entreprises privées « françaises », PSA et Renault en tête qui, imitant Volkswagen, ont basculé toute leur communication technique interne à l’anglais, portant un coup énorme au « français technique ». Ce sont les pubs aux heures de « prime time » (grande écoute) qui sacrifient grossièrement et laidement le français au globish. Ce sont les réformes successives (Pécresse, Fioraso, Darcos, Vidal...) autorisant les universités, voire les écoles, collèges et lycées à dispenser des cours en anglais (délivrés par des professeurs francophones à des étudiants francophones : il n’est pas question ici bien sûr des cours d’anglais eux-mêmes...). C’est l’obligation désormais faite aux Universités de n’inscrire en licence que des étudiants affichant une certification en anglais (au détriment des autres langues étrangères, espagnol, arabe, russe, chinois, arabe, italien, portugais...) ou, de manière encore plus grossièrement anticonstitutionnelle et illégale, la nouvelle « carte nationale d’identité », ou le « passe sanitaire » covid ornés d’un drapeau européen et comportant des mentions en français suivie de leur traduction uniquement en anglais (rupture majeure avec tout le droit administratif, confirmé par la Révolution française, depuis 1539, et avec la loi Toubon qui impose la traduction en au moins deux langues).

 

Quant aux services « publics » en voie d’euro-privatisation, ils sont hélas en pointe dans la politique d’anglicisation, l’Etat français qui domine leurs conseils d’administration fermant les yeux, voire facilitant l’anglicisation des enseignes et autres « produits » commerciaux : « Ma French Bank », dit la Poste, « ouigo » ou « SNCF connect » répond la SNC« F », « Pulse » poursuit ED« F », « Blue Sky », dit « Airfrance », et tout à l’avenant... Quant aux émissions de radio et de télévision, elles se nomment, dans la parfaite impassibilité du CSA chargé de veiller sur notre langue, « The Artists », « The Kid Voice », « Super Fail », « Soft power », et tout à l’avenant.

 

Plus grave encore, le chef de l’Etat censé garantir la Constitution et exécuter la loi est le premier à les violer en organisant, en France même, des évènements mondiaux titrés en anglais : « Make the planet great again », « Choose France ! », « French Tech », etc.

 

Sur le plan des régions et des « territoires », outre la rapide érosion du français par le tout-globish cher aux caciques (« In Annecy Mountains », « Only Lyon », « O my Lot ! », carte de transports « Navigo Easy » mise en place par Valérie Pécresse qui prétend porter la « Fierté française »), on assiste à une alliance du Parti Maastrichtien Unique (composé des partis LR, LREM, UDI, PS, EELV...) avec les euro-séparatistes locaux, bretons, corses, alsaciens, catalans, etc. ; leur but commun, défendu notamment par Bayrou, est de co-officialiser les langues régionales, d’abolir l’article II de la Constitution (« la langue de la République est le français ») et de mettre en place dans la « Charte européenne des langues minoritaires et régionales » promue par Berlin et par Bruxelles. Ces euro-destructeurs de pays et d’acquis démocratiques est de « désétablir » le français de son rôle structurant de premier service public de France et de langue commune à tout le territoire national ; et ce faisant, de « dépasser » l’idée même de territoire national (« euro-régions transfrontalières »), d’ethniciser la citoyenneté française, de passer subrepticement d’une citoyenneté universaliste à une représentation figée des minorités ethniques. Cette brèche majeure dans le droit linguistique français vise moins à établir l’usage administratif quotidien des langues régionales, qui n’a en réalité presque pas existé (le latin a précédé le français dans ce rôle), qu’à aider l’UE à établir subrepticement l’anglais comme unique « lingua franca » en France, puis, comme « langue auxiliaire » du pays (à la manière de ce qui s’est passé en Irlande, et qui a fini par marginaliser le gaélique).

 

Il s’agit aussi, à la faveur d’un basculement linguistique généralisé (une « babélisation » de la France), de rendre plus en plus « gazeux » les bases de la citoyenneté française et l’idée même d’un territoire national régi par une seule loi, garantie politico-juridique, sinon socioéconomique, de l’égalité formelle entre les citoyens, mais aussi, par un seul Code du travail, un seul SMIG, un seul Code des pensions, une seule Sécu, un seul statut national (des fonctionnaires, des cheminots, des électriciens-gaziers, etc.), avec des services publics d’Etat unifiés, un Plan national d’aménagement du territoire, etc.

 

A plus ou moins brève échéance, cette contre-révolution culturelle et linguistique remontant le film de l’histoire de France jusqu’à Villers-Cotterêts (1539), ne peut manquer de produire d’énormes conséquences funestes pour la paix civile : on le voit depuis des décennies en Belgique où les prétendues « querelles linguistiques » alimentées par l’oligarchie ont conduit à la quasi « évaporation » de ce pays ami ainsi qu’à son ingouvernabilité chronique sur fond de noises pseudo-linguistiques incessantes.

 

On le voit aussi dans toute l’Europe où, sur fond de généralisation du tout-anglais porté par l’UE-OTAN, une balkanisation des Etats-nations et des Etats multinationaux historiquement constitués s’est opérée, souvent sur des bases pseudo-linguistiques et « ethniques », pour diviser l’URSS et discriminer les populations russophones (Est de l’Ukraine, Pays baltes), scinder la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie, etc.. Ce processus sourdement inspiré de la devise impérialiste classique « diviser pour régner », a d’abord percuté les ex-pays socialistes pour toucher désormais de plus en plus, à partir de problèmes nationaux bien réels mais dévoyés dans un sens euro-séparatiste, les pays de l’Ouest (Italie, Espagne, France). Sauf l’un d’eux qui s’est « réunifié » et qui domine aujourd’hui le continent...

 

 

2 – LES CAUSES : UNE POLITIQUE INAVOUABLE D’ARRACHAGE LINGUISTIQUE

Les enjeux de classes politiques, sociaux et culturels de ce démontage linguistique généralisé sont énormes.

 

Il s’agit d’abord pour l’oligarchie de détruire les Etats-nations qui composent l’UE pour installer, sous le nom d’Europe fédérale des régions, un Empire euro-atlantique qui ne cache même plus son nom (le mot « empire européen » est désormais utilisé couramment de Le Maire à Strauss-Kahn). La France est particulièrement ciblée car c’est sa Révolution qui a enclenché en Europe le « mouvement des nationalités » fondé sur le principe anti-impérialiste du droit des nations à disposer d’elles-mêmes. Le grand capital, la CAC 40 et le MEDEF « français » affichent d’ailleurs cyniquement leur « besoin d’aire », c’est-à-dire leur volonté d’étendre leur nouvel « espace vital », celui de la quête du profit maximal, à l’échelle, quitte à liquider la France [1] et à mettre en place ce que les oligarques appellent un « Empire ». Et pour cela, comme l’a dit Rudolph Von Thadden, longtemps préposé par Bonn aux affaires franco-allemandes, « pour faire l’Europe il faut un peu défaire la France », le mot « un peu » enjolivant un processus destructif pour la souveraineté, la démocratie, la casse généralisée du produire en France et l’ensemble des acquis populaires.

 

Il s’agit ensuite, à travers le tout-globish [2] de promouvoir, moins une langue véritable qu’un code déculturé, le globish, qui s’affiche cyniquement comme la langue du « management » néolibéral mondial : énormes effets néfastes en termes d’hégémonie culturelle capitaliste car aucune langue, et moins encore aucun code normalisé par le grand patronat, n’a jamais été idéologiquement et politiquement neutre, la langue n’était pas seulement un instrument de communication, mais bien une infrastructure (jusqu’ici plurielle) de la pensée et de la production même des concepts...

 

Il s’agit surtout, pour ceux que Michel Serres appelait les « collabos de la pub et du fric », de désegmenter sauvagement, sur le plan linguistique et à l’échelle transcontinentale, le marché de l’emploi. Si l’anglais devient la seule langue permettant d’être « employable », d’une part les discriminations à l’embauche à l’encontre des non-anglophones deviendront gigantesques (un francophone ou un germanophone non anglicisant seraient moins bien placés en France ou en Allemagne pour obtenir un emploi que ne le serait un « English Mother Tongue » – anglais langue maternelle : ce qui instituerait une préférence nationale... à l’envers !). En outre, pour chaque emploi soumis par le patronat à l’offre et à la demande par la numérisation tentaculaire en marche du travail (un processus complémentaire du tout-globish, avec l’uberisation des emplois), il n’y aura plus dix, mais 100, mais 1000 candidats en concurrence : énormes effets délétères prévisibles sur les salaires et les protections sociales arrachées par les luttes dans le cadre des Etats nationaux, les langues nationales mises en extinction cessant brutalement de jouer le rôle de paliers régulateurs entre les marchés nationaux de l’emploi, les « passages » s’opérant jusqu’ici au moyen de l’apprentissage des langues étrangères.

 

Enfin, le basculement à la langue unique continentale, voire mondiale, aurait des effets proprement exterministes de contre-révolution anthropologique : en effet, le propre de l’homme est que son langage n’est pas inné et instinctif : nous ne parlons pas « le langage » (comme feraient deux pigeons venus l’un d’Espagne, l’autre de Chine ; de si loin qu’ils arrivent, ils se « comprendront » immédiatement sur une place de Paris, leur « langage » étant pour l’essentiel instinctif), mais des langues toutes liées à une culture et à une histoire parfois millénaire. Finie alors la diversité des langues et des cultures, facteur de diversité des écoles scientifiques, philosophiques, artistiques, etc. Danger majeur de totalitarisme culturel capitaliste-impérialiste par la destruction de toute forme d’« ailleurs » linguistique, de toute recherche d’altérité conceptuelle, de toute construction internationaliste (et non supranationaliste) reposant, non sur l’uniformisation culturelle du monde derrière Mac Donald, les GAFAM et Disney, mais sur le partage stimulant des diversités. Bref, derrière le tout-anglais d’apparence si « open », un monde monocolore inquiétant se met en place dont l’uniformité formelle n’empêchera même pas les querelles intestines entre grands ensembles monopolistiques. Dès lors, on ne peut que s’étonner du fait que certains, qui se disent écologistes et défendent à juste titre la biodiversité comme moteur indispensable à l’écosystème planétaire, passent leur temps à promouvoir l’uniformisation linguistique et culturelle de la planète – c’est-à-dire en fait, sous couvert d’ « internationalisation » -, l’américanisation générale des modes de vie, des modes de penser et des modes de consommation au seul profit des transnationales et de la marchandisation généralisée des activités humaines, voire des humains eux-mêmes...

 

3 – PROPOSITIONS POUR UNE RESISTANCE LINGUISTIQUE A ASSOCIER AUX LUTTES SOCIALES

 

De manière générale, il faut cesser de voir uniquement les langues comme des compétitrices s’affrontant sur un « marché » linguistique mondial, donc comme un simple « capital » marchand s’offrant aux individus comme de simples marchandises. Elément constitutif de la personnalité des nations, notamment de la nôtre, qui a largement construit son identité sur le fait littéraire [3], socle commun et diversifié à la fois de la Francophonie internationale et de l’ouverture de la France sur l’Europe et le monde [4], l’Afrique, l’Amérique, l’Océanie et l’Asie, le français doit redevenir, non plus seulement en droit mais en fait « la langue de la République » dans le cadre d’une politique linguistique et culturelle générale associée au rétablissement et à l’extension, jusqu’au socialisme, au communisme et au fusionnement internationaliste des nations, de la République souveraine, laïque et indivisible, sociale, démocratique, populaire et centrée sur le monde du travail, de la reconstruction du produire en France et des services publics, d’une diplomatie française pacifique, internationaliste et anti-impérialiste et non alignée, ouverte au dialogue avec les peuples de tous les continents, excluant à la fois une attitude néocoloniale et paternaliste envers l’Afrique et, symétriquement, une attitude servile de néo-colonisé à l’égard de Berlin et de Washington.

 

A) Protection, développement et promotion du français

 

La politique linguistique, pas plus que la politique culturelle, ne doit être abandonnée à la « loi du marché » elle-même fortement encadrée par les monopoles capitalistes. La loi Toubon sera renforcée et strictement appliquée de manière que le français redevienne effectivement, sauf cas très exceptionnel, la langue du travail, des services, des échanges, de l’enseignement, des services publics, et a fortiori, celle de l’administration, des institutions et des documents officiels. Tout citoyen pourra porter plainte contre une infraction linguistique à la loi Toubon renforcée. Ces infractions seront fortement sanctionnées sur le plan financier, voire pénal quand elles émaneront d’acteurs publics ou semi-publics.

 

Les « rappels à l’ordre » incessants de Bruxelles et de la « justice » européenne visant à invalider la législation linguistique française pour promouvoir le tout-anglais sous couvert de « libre concurrence » seront catégoriquement refusés.

 

Les dispositifs scélérats Fioraso, Darcos, Vidal seront abrogés et le français redeviendra la langue de l’enseignement et de l’Université sauf cas très exceptionnels.

 

Le patronat, les médias et les publicitaires promouvant le tout-anglais subiront de lourdes amendes abondant un fonds permanent pour la création francophone en tous domaines (sciences, chanson, cinéma, technologies, etc.). Le travail des commissions officielles de terminologie existantes sera systématiquement promu et le peuple français et sa jeunesse seront démocratiquement associés à l’évolution des usages.

 

Les quotas de chanson francophone seront relevés et les subventions d’Etat ou de collectivités publiques seront réservées aux chansons en français ou dans les diverses langues régionales du pays. Il en ira de même pour les films et spectacles.

 

Le français redeviendra la seule langue de l’armée, à l’exception bien entendu des nécessités de la traduction.

 

Tout article scientifique devra d’abord paraître en français, fût-il ensuite traduit en plusieurs langues, de manière à être compris de tout francophone doté des compétences scientifiques requises.

 

La France sortira en outre de l’UE et de l’OTAN mais, dès à présent, elle ne tolèrera plus que les institutions européennes ou atlantiques s’adressent à elle en anglais (y compris sous la plume d’eurocrates français comme Moscovici), tous les textes européens devant être rédigés dans l’ensemble des langues nationales des pays membres. Bref notre pays devra associer la défense de sa langue à celle des autres langues nationales d’Europe et du monde, la défense du français étant un aspect de la défense de la pluralité linguistique mondiale contre l’uniformisation en cours.

 

Le CSA fortement réformé sera tenu de veiller enfin au respect de la langue française sur les ondes du service public ainsi que sur les radios privées, la création en français étant systématiquement aidée et promue.

 

Sur le plan éducatif, les réformes progressistes à venir de l’Education nationale abonderont le nombre d’heures de cours consacrées à l’étude et à la maîtrise sur tous les plans de la langue française (vocabulaire, grammaire et orthographe, rédaction, littérature, théâtre...) de l’école primaire à la terminale au rebours des contre-réformes qui se sont succédé de Giscard d’Estaing à Blanquer en passant par Jospin-Allègre, et qui n’ont cessé de diminuer les horaires scolaires dévolus au français et aux lettres françaises.

 

B) Les langues régionales seront considérées comme un patrimoine indivis de la Nation et les partis et organisations antirépublicains prétextant desdites langues pour fomenter l’euro-séparatisme régionaliste seront combattus.

 

L’Education nationale sera dotée des moyens d’enseigner les langues régionales dans un cadre laïque, et hors de toute propagande séparatiste, dès lors qu’une demande significative de cet enseignement se manifestera dans tel ou tel département.

 

Toutes les prétendues « lois organiques » permettant aux collectivités territoriales, au nom du « Pacte Girondin », de déroger à la loi nationale, y compris sur le plan linguistique, seront abrogées. La Charte européenne des langues régionales sera définitivement refusée.

 

Une exception sera toutefois faite pour les langues nationales ou créoles de l’outre-mer dans la mesure où ces territoires, s’ils demeurent de plein gré dans la République française, devront faire l’objet d’un processus complet de décolonisation et faire largement place, à côté de l’enseignement du français, aux cultures locales.

 

C) Les langues de l’immigration de travail pourront être enseignées comme LV 1 ou 2 partout où une demande suffisante se manifestera.

 

D) L’enseignement de l’anglais (et non « en anglais ») et les autres langues vivantes retrouveront dans le second degré les volumes horaires dont les ont privés les contre-réformes austéritaires. Le plurilinguisme sera favorisé et la France dialoguera avec tous ses voisins pour que le plurilinguisme soit favorisé à parité dans notre pays et dans les pays limitrophes dans une démarche impliquant la réciprocité. Le privilège linguistique systématique conféré à l’anglais, seule langue inculquée aux enfants à l’école primaire, voire à la maternelle, sera supprimé.

 

E) Des alliances seront nouées à l’échelle européenne et mondiale entre la Francophonie, l’Italophonie, l’Hispanophonie, la Lusophonie et les autres langues d’origine latine ;

 

F) L’enseignement du chinois, première langue parlée au monde, sera promu en France dans le cadre d’accords de réciprocité avec la République populaire de Chine ;

 

G) Les langues anciennes, latin et grec, qu’ont marginalisées, voire exclues du second degré, les contre-réformes antihumanistes successives, seront remises à l’honneur ; celles et ceux qui voudront les étudier devront pouvoir le faire sérieusement, sans se limiter à une forme de vernis culturel pseudo-humaniste.

 

H) Dans toutes les disciplines d’enseignement, y compris scientifiques et techniques, sera remise à l’honneur la maîtrise de la langue française écrite et parlée.

 

I) Les recherches scientifiques et techniques menées en France, qu’elles émanent de l’Université, du CNRS ou des entreprises, devront d’abord être publiées et enseignées en français, un service public de la traduction en langues étrangères étant mis en place et financé notamment par l’argent des contraventions frappant les infracteurs à la législation linguistique.

 

J) La Francophonie internationale sera réformée dans un sens internationaliste exclusif de tout esprit de domination néocoloniale, de tout paternalisme, et surtout, en mettant au premier plan de son cahier des charges la promotion de la langue française. La France proposera qu’une Académie internationale de la Francophonie assure la mutualisation des créations et des évolutions linguistiques de tous les pays francophones d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie.

 

K) Des relations culturelles, économiques, techniques et politiques dynamiques et égalitaires seront proposées aux pays de l’Afrique francophone, au Québec, à Bruxelles et à la Wallonie, à la Suisse romande, etc.

 

Des prix et des concours internationaux en français seront créés (chanson, cinéma, théâtre, sciences, techniques, philosophie...).

 

*Rédigée par Georges Gastaud et adoptée par le comité de campagne pour l’Alternative rouge et tricolore animé par Fadi Kassem.

 

[1] Mitterrand le sous-entendait subliminalement quand il déclarait : « la France est notre patrie, l’Europe est notre avenir ».

[2] Qu’il faut distinguer de l’anglais en tant que langue ancrée, comme toute autre, dans une culture et une histoire nationales. Nous sommes, non pas « contre l’anglais », ce qui ne voudrait rien dire, ni bien évidemment contre les Anglais, mais contre le « tout-anglais ».

[3] Cf ce manifeste hautement politique qu’écrivit le grand poète Joachim du Bellay au XVIème siècle à l’époque où entrait en vigueur l’Ordonnance de Villers-Cotterêts : Défense et illustration de la langue française.

[4] Le français est la langue seconde la plus enseignée au monde...

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