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22 juin 2014 7 22 /06 /juin /2014 05:17

On ne se souvient guère de Joseph Athanase « Paul » Doumer et de sa femme Blanche. On a tort. Doumer ne présidera la République qu’un an, jusqu’à son assassinat, en 1932, par l’émigré russe Paul Gorgulov.

 

Doumer était originaire du Quercy, d’origine très modeste (très tôt orphelin de père, mère femme de ménage). Gorgulov était un Russe blanc d'une famille aisée. Expulsé de France pour exercice illégal de la médecine, il obtient en septembre 1931 un permis de séjour délivré par la principauté de Monaco. Il déclare avoir assassiné le président de la République pour se venger de la France qui n’avait pas voulu se battre contre les bolcheviks en Russie. Sur lui, on trouva un carnet dans lequel était écrit : « Mémoire de Paul Gorgouloff, chef Président des fascistes russes. Qui a tué le Président de la République française ». Son procès dura deux jours. Il fut condamné à mort et guillotiné devant 3000 personnes, boulevard Arago. Pour Ilya Ehrenbourg, correspondant des Isvestia à Paris, le procès de Gorguloff était une introduction psychologique aux dix années qui suivent : « le mot de guerre se fait familier. Les hommes commencent partout à sombrer dans la cause. Plane une odeur de sang. »

Sous les ors de l’Élysée (10)

Doumer est un exemple parfait de l’ascension républicaine. Après avoir obtenu son certificat d’études, il travaille comme coursier à douze ans. Il est ensuite ouvrier graveur. Il suit les cours du Conservatoire national des arts et métiers, passe le baccalauréat puis une licence de mathématiques. En 1877, il est nommé professeur au collège de Mende avant d’obtenir une licence en droit.

 

En 1878, il épouse Blanche Richel, la fille d’un inspecteur primaire, qui lui donnera huit enfants. Quatre mourront pendant la Première Guerre mondiale. Une de leurs filles mourra en 1918. Blanche Doumer portera le deuil jusqu’à sa mort.

 

Doumer entre en politique en 1885 sur une ligne politique radicale de gauche. Il est à l’origine d’un projet de loi sur un impôt sur le revenu. Comme la plupart des radicaux, il défendra la politique coloniale de la France.

 

La France avait eu Doumergue, elle a maintenant Doumer (une variante du même nom qui vient de Dominique). Les chansonniers s’en donnent à cœur-joie :

 

Nous avions Monsieur Doumergu’

Nous avons Monsieur Doumer

Et tout l’monde s’écrit : Ah mergue !

Si chaque fois on en perd

Un tout petit bout,

Un tout petit bout,

L’prochain s’nommera Monsieur Dou

Puis nous n’aurons plus rien du tout.

 

 

Paul Doumer est assassiné le 6 mai 1932, devant sa femme, lors de la vente de livres des Écrivains combattants.

 

Arrivé parmi les premiers à l’hôtel de Rothschild, le visiteur russe Pavel Gorguloff se fait remarquer par son comportement étrange. Après avoir acheté deux livres et s’être présenté sous le faux nom de Paul Brède, il continue en effet de rôder autour du stand de l’écrivain Claude Farrère. On lui demande de s’écarter à l’arrivée du président. D’un geste, Doumer écarte la poignée de policiers censés veiller sur sa sécurité : « J’aime mieux être bousculé que de faire bousculer les autres », dit-il. Le président traverse la première salle. Alors qu’il est sur le point de pénétrer dans la seconde, deux coups de feu se font entendre. Doumer s’écroule. Trois autres coups de feu suivent. L’homme à lunettes noires, prétendument blessé des yeux, continue tranquillement de tirer, sur le président abattu. S’ensuit une confusion indescriptible.

Sous les ors de l’Élysée (10)

Une polémique sur les soins apportés au président après l’attentat ne tarde pas. Un chirurgien anonyme rapporte : « le président de la République française est mort, en 1932, treize heures après sa blessure dans un poste chirurgical moderne, d’une hémorragie artérielle tardivement traitée. Le diagnostic était certain (hémorragie, disparition du pouls). Il fallait lier l’artère d’extrême urgence et faire une ou deux transfusions. La ligature d’une artère est une opération simple, classique. Elle aurait dû être faite immédiatement avant tous les autres soins. Aucune des deux balles n’était mortelle. Un simple pecquenaud ramassé dans la rue et soigné par le plus humble des médecins de campagne s’en fût tiré ».

 

On envisage de faire entrer Doumer au Panthéon, la brutalité de sa mort effaçant sans doute sa courte présidence de onze mois. Blanche Doumer s’y oppose : « Je vous l'ai donné toute sa vie. Laissez-le-moi maintenant ». Doumer sera inhumé près de ses fils au cimetière de Vaugirard.

 

Blanche Doumer se retire de la vie publique. Désespérée, elle ne survit qu'un an à la mort de son époux. Renversée par une voiture en avril 1933, elle décède des suites de ses blessures dans des souffrances abominables.

Sous les ors de l’Élysée (10)

On ne saura vraisemblablement jamais avec certitude si l’assassin de Doumer a agi seul ou si son bras a été armé par des comploteurs d’extrême droite ou d’extrême gauche.

 

Outre celui de Paul Doumer, la Troisième République aura connu de nombreux assassinats politiques. Avant lui, Sadi Carnot fut poignardé le 25 juin 1894 à Lyon par l’anarchiste italien Caserio. Le président Loubet échappa miraculeusement, à sa sortie de l’Opéra rue de Rohan le 31 mars 1905, à un attentat alors qu’il accompagnait le roi Alphonse XIII, visé par la bombe. Le 14 juillet 1922 avenue des Champs-Élysées, l’anarchiste Charles Jouvet tira plusieurs coups de revolver sur la voiture du préfet de police, qu’il confondit avec celle d’Alexandre Millerand, président de la République. Jean Jaurès fut assassiné le 31 juillet 1914 au Café du Croissant à Paris par le nationaliste Raoul Villain. Louis Barthou, ministre des Affaires étrangères, mourut le 9 octobre 1934 à Marseille lors de l'attentat commis contre le roi Alexandre 1er de Yougoslavie.

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21 juin 2014 6 21 /06 /juin /2014 05:31

 

Guillaume III d’Angleterre prince d’Orange (en néerlandais Willem) et Guillaume II d’Écosse et d’Irlande (14 novembre 1650 – 8 mars 1702) (Roi d’Angleterre – en anglais William – de 1689 à 1702). Il épousa sa cousine (germaine) Marie II (Stuart) d’Angleterre. Ils régnèrent en tandem, une première dans l’histoire de ce pays. La pauvre Marie fut enceinte à plusieurs reprises mais ne put avoir d’enfants. Guillaume ne la poursuivait pas vraiment de ses assiduités, lui préférant sa maîtresse officielle, Elizabeth Villiers, dame de compagnie de sa femme, comme par hasard. Guillaume attendit tout de même trois ans avant d’entamer ses amours interlopes. Il mit fin à sa relation deux ans après la mort (de la variole) de sa femme.

Maîtresses et amants des rois d’Angleterre (et d’Écosse) (12)

Il n’est pas exclu que le roi ait été bisexuel. Son page hollandais Hans Willem Bentinck fut fait comte de Portland tandis que son jeune page d’honneur Arnold Joost van Keppel, de vingt ans plus jeune que lui, fut nommé comte d’Albermarle (anglicisation du nom d’Aumale, Albamarla) et reçut de nombreuses terres. Il combattit vaillamment dans les guerres contre Louis XIV. À propos de la proximité entre Guillaume et Arnold, Portland écrivit au roi : «  la bienveillance dont votre Majesté a pour un jeune homme et la manière dont vous semblez d'autoriser ses libertés … poussent le monde à dire des choses que j'ai honte d'entendre. »

 

En 1702, le cheval du roi trébucha sur une taupinière. Le roi chuta lourdement et se fractura la clavicule. Une pneumonie s’ensuivit qui l'acheva.

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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 05:00

Alexandre Millerand était le fils d’un négociant en drap. Il fut le premier ministre socialiste (indépendant) de l’histoire de la République. Avec les années, il évolua vers la droite.

 

Comme beaucoup d’hommes politiques de la IIIe République, il était licencié en droit. Il fut un avocat d’affaires brillant, proche de Clémenceau.

 

Le 26 octobre 1898, il épouse Jeanne Levayer, fille d’un négociant en bois. Ensemble, ils auront quatre enfants, dont un proche de la banque Lazard.

Sous les ors de l’Élysée (9)

Député de 1885 à 1919, Millerand se situe à l’extrême gauche. Il fait adopter les décrets portant son nom qui réduisent le temps de travail et garantissent un temps de repos hebdomadaire (aujourd'hui, les socialistes font le contraire). En 1892, il préconise la nationalisation de toutes les mines (aujourd'hui, pour les socialistes, le mot "nationalisation" est un mot cochon).

 

Millerand devient « patriote » à partir de 1914. Il crée la Fédération des gauches, puis la Ligue républicaine nationale. En 1920, il est président du Conseil, puis président de la République après la démission de Deschanel.

 

Il fait front au président du Conseil Aristide Briand qui souhaite une politique d’apaisement avec l’Allemagne alors que lui préconise la fermeté. Il s’oppose au Cartel des gauches et finit par démissionner. Il redevient simple sénateur.

 

À l’Élysée, Madame Millerand fut une femme à la fois discrète et distinguée. Dans les bals officiels, elle interdit les danses modernes comme le tango.

Sous les ors de l’Élysée (9)

Millerand accueille le Négus Haïlé Sélassié à l'Hôtel de Ville de Paris en 1924.

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13 juin 2014 5 13 /06 /juin /2014 05:36

Jacques II d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse était à moitié français puisque sa mère n’était autre qu’Henriette Marie de France, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis, qui donna son nom à l’État du Maryland aux États-Unis. Jacques II régna de 1685 à 1688. Jacques eut une première épouse (Ann Hyde, une roturière) qui lui donna huit enfants et une seconde qui lui en donna sept. Quatre seulement survécurent.

 

Jacques eut de nombreuses maîtresses, dont Arabella Churchill et Catherine Sedley, pendant que sa première femme se mourait d’un cancer du sein. Ancêtre de Winston, Arabella Churchill donna au roi quatre enfants, surnommés « Fitz-James-Stuart » (fils de Jacques Stuart), d’où le nom de la petite ville de l’Oise. Catherine Sedley lui donna une fille. Elle est l’ancêtre des six célèbres sœurs Mitford, un aréopage unique dans l’histoire du Royaume-Uni.

 

Le roi s’occupait beaucoup de ses enfants, légitimes, bâtards reconnus ou pas. Il se convertit secrètement au catholicisme.

 

Maîtresses et amants des rois d’Angleterre (et d’Écosse) (11)

Jacques fut renversé par la Glorieuse Révolution de 1688. Il s’exila en France au château de Saint-Germain-en-Laye. Il mourut d’une hémorragie cérébrale le 16 septembre 1701. Anne, la plus jeune fille de Jacques (et de Ann Hyde), monta sur le trône à la mort de Guillaume III en 1702. L’Acte d’établissement de 1701 spécifiait que si la ligne de succession s’épuisait la couronne serait transmise à la maison de Hanovre. Anne était à moitié aveugle. Elle vouait une amitié très forte à Sarah Churchill (ancêtre de Winston), épouse du duc de Marlborough, le célèbre Malbrouk qui s’en va-t-en-guerre. Bien que 17 fois enceinte, aucun de ses enfants ne lui survécut. Elle fit des fausses couches, donna naissance à une douzaine d’enfants morts-nés. Quatre de ses enfants qui vécurent ne dépassèrent pas l’âge de 2 ans. Ajoutons que la reine souffrait continûment de la goutte.

 

Et c’est pour cela que la famille royale britannique est allemande.

Maîtresses et amants des rois d’Angleterre (et d’Écosse) (11)
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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 05:42

Quel fut l’apport de Dylan durant ces riches années ?

 

En premier lieu, l’œuvre du chanteur se pose comme une synthèse habile du blues et de la musique traditionnelle blanche. Dylan a voulu intégrer le blues au patrimoine musical de son pays en l’utilisant comme un genre “ folk ” parmi d’autres. En greffant le blues comme un anticorps. La synthèse blues-folk et le transfert qu’opéra Dylan entre ces deux genres débouchèrent sur une vision du monde complexe, contradictoire. Dans ses folks “ bluesés ” et dans ses blues “ folklorisés ”, le créateur mit l’accent sur deux points importants : la culture, le “ way of life ” étasunien sont oppressifs et aliénants ; et pourtant personne n’y peut rien car la fatalité dans tout son déterminisme règle nos vies. Par certains côtés, Dylan justifia les espoirs délirants que de nombreux contestataires avaient mis en lui. Mais on peut voir aussi une bonne partie de son œuvre de l’époque comme lénifiante, voire récupératrice.

 

Dans “ A Hard Rain’s Gonna Fall ” (The Freewheeling Bob Dylan), Dylan projetait le présent dans l’avenir et l’on tressaillait à la vue d’images (objectives et subjectives) qui étaient à la fois des visions futuristes et des constats axés sur le présent.

 

 

Oh, where have you been, my blue-eyed son?

Oh, where have you been, my darling young one?

I've stumbled on the side of twelve misty mountains,

I've walked and I've crawled on six crooked highways,

I've stepped in the middle of seven sad forests,

I've been out in front of a dozen dead oceans,

I've been ten thousand miles in the mouth of a graveyard,

And it's a hard, and it's a hard, it's a hard, and it's a hard,

And it's a hard rain's a-gonna fall.

 

 

Où as-tu été, mon fils aux yeux bleus?

Où as-tu été, mon cher petit?

J'ai trébuché sur le bord de douze montagnes brumeuses,

J'ai marché et j’ai rampé sur six routes tordues,

J'ai marché au cœur de sept forêts tristes,

Je me suis retrouvé devant une douzaine d'océans morts,

J'ai marché dix mille miles dans la bouche d'un cimetière,

Et c'est une pluie torrentielle qui va tomber.

 

[…]

 

I saw a newborn baby with wild wolves all around it

I saw a highway of diamonds with nobody on it,

I saw a black branch with blood that kept drippin',

I saw a room full of men with their hammers a-bleedin',

I saw a white ladder all covered with water,

I saw ten thousand talkers whose tongues were all broken,

I saw guns and sharp swords in the hands of young children,

 

J'ai vu un nouveau né entouré de loups sauvages,

J'ai vu une route de diamants avec personne dessus,

J'ai vu une branche noire dégoulinante de sang,

J'ai vu une pièce pleine d'hommes avec leurs marteaux qui saignaient,

J'ai vu une échelle blanche toute couverte d'eau,

J'ai vus dix mille bavards dont la langue était brisée,

J'ai vu des fusils et des épées effilées dans la main de jeunes enfants

Le mélange d’onirisme et de réel était saisissant sans que l'on sache très bien où Dylan voulait nous emmener (l’échelle blanche couverte d’eau). La pluie torrentielle renvoyait-t-elle au danger nucléaire ou à l’image biblique d’un déluge qui noierait toutes les iniquités du monde ?

 

Autre chanson « engagée » : “ The Lonesome Death of Hattie Caroll ” (The Times they Are-a-Changing). Dans un bar (histoire vraie), un Blanc tue une serveuse noire qui ne lui avait pas amené son bourbon assez rapidement. Il sera condamné à six mois de prison. Dylan expose les faits froidement mais émaille sa chanson de détails larmoyants qui auraient fait pleurer les lecteurs de Harriet Beecher-Stowe : elle avait donné naissance à dix enfants, ne s’asseyait jamais à table.

 

On retiendra néanmoins le rôle de catalyseur, d’éveilleur de consciences de Dylan, même s’il fit l’objet de manipulations et de récupérations.

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10 juin 2014 2 10 /06 /juin /2014 05:41

Lui, c’est pour son nom qui me faisait rigoler quand j’étais gosse : Pichegru. Charles pour les dames. Celui qui pile le gruau. Traître à la République, traître à Bonaparte, factieux complice de Cadoudal. On lui promet 200 000 francs pour une première trahison. Il est condamné à la déportation à Cayenne d’où, paraît-il, il reviendra un peu basané. Il s’évade au Suriname et revient à Londres. Nous sommes en 1798. Il passe en Allemagne.

 

Il se rapproche du prince de Condé et des monarchistes. Il rejoint Cadoudal, mais il est à son tour trahit par d’anciens officiers.

 

Il est dénoncé le 28 février 1804 et incarcéré. Le 5 avril, il fait un tourniquet avec un petit bâton dans sa cravate en soie et s’étrangle. Certains avancèrent l’hypothèse que Napoléon avait impulsé ce suicide. Il s’en défendit : « Quant à l’inculpation relative à la mort de Pichegru, qu’on assurait avoir été étranglé par les ordres du premier Consul, Napoléon disait qu’il serait honteux de s’en défendre, que c’était par trop absurde. Que pouvais-je y gagner ? faisait-il observer. Un homme de mon caractère n’agit pas sans de grands motifs. M’a-t-on jamais vu verser le sang par caprice ?… Ceux qui me connaissent savent que mon organisation est étrangère au crime. Tout bonnement, Pichegru se vit dans une situation sans ressources ; son âme forte ne put envisager l’infamie du supplice ; il désespéra de ma clémence ou la dédaigna, et il se donna la mort. » (Mémorial de Las Cases)

 

Pichegru fut inhumé au cimetière des suppliciés. La Constituante de 1790 avait accordé aux suppliciés le droit d’être enterrés décemment.

 

(Pudor/Subtractio)

En finir ! (72)

Une très grand poétesse (ou « une très grande poète », pour écrire en  politiquement correct), un destin tragique : Sylvia Plath.

 

Maniaco-dépressive. Première tentative de suicide à 19 ans, à moto. « Mourir, c’est un art comme tout le reste. J’y réussis de façon exceptionnelle. » Son père meurt de la gangrène. « Je ne parlerai plus jamais à dieu », dit-elle.

 

En 1956, elle obtient une bourse pour étudier à Cambridge où elle rencontre le jeune poète Ted Hughes. Ils se marient, ont des enfants. Elle fait passer la carrière de son mari avant la sienne. Ils se séparent.

 

Le 11 février 1963, elle prépare le petit-déjeuner de ses enfants, elle ouvre le gaz dans la cuisine calfeutrée, tout en attendant les sauveteurs à qui elle laisse consigne de contacter son médecin. Ils arriveront trop tard. Ted ne s’en remettra jamais. Elle avait trente ans. Dans le poème “ Edge ”, très vraisemblablement son dernier, elle avait eut la prémonition de sa mort :

 

 

The woman is perfected.

Her dead
Body wears the smile of accomplishment,

The illusion of a Greek necessity

Flows in the scrolls of her toga,

Her bare
Feet seem to be saying:

We have come so far, it is over.

Each dead child coiled, a white serpent,

One at each little
Pitcher of milk, now empty.

She has folded

Them back into her body as petals

Of a rose close when the garden

Stiffens and odors bleed

From the sweet, deep throats of the night flower.

The moon has nothing to be sad about,

Staring from her hood of bone.

She is used to this sort of thing.

Her blacks crackle and drag.

 

(Impatienta doloris)

En finir ! (72)

Rien à voir, mais toutes les morts se valent, Georgica Popa condamna le 25 décembre 1989 les époux Ceausescu à mort au terme d’un procès où l’on entend sa voix mais où l’on ne le voit jamais. Est-ce parce que ce général estimait avoir conduit un procès très expéditif, est-ce parce qu’il fut lâché par les autorités roumaines, est-ce pour des raisons personnelles ? On ne sait trop. Il se tira une balle dans la tête dans le ministère de la Justice. Il avait 56 ans.

 

(Impatienta doloris)

En finir ! (72)
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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 05:01

Raymond Poincaré. « Si c’est rond, c’est Poincaré », disions-nous dans nos cours d’école. Dixième président de la République française. C’est lui qui appela Clémenceau à la présidence du Conseil en 1917. Fils d’un polytechnicien, petit-fils d’un doyen de faculté de médecine. Cousin du grand mathématicien Henri Poincaré, précurseur (entre autres) de la relativité restreinte : « Ainsi l'espace absolu, le temps absolu, la géométrie même ne sont pas des conditions qui s'imposent à la mécanique ; toutes ces choses ne préexistent pas plus à la mécanique que la langue française ne préexiste logiquement aux vérités que l'on exprime en français. » Sacrée famille.

 

Grand avocat (celui de Jules Verne), Raymond Poincaré fut ministre à trente-trois ans, académicien français à quarante-neuf ans. Président du Conseil à cinquante-deux ans, il est candidat à la présidence de la République, choisissant donc un relatif effacement du pouvoir. Modéré, mais classé à un peu à gauche au moment de son accession à l’Élysée. Il avait été dreyfusard et était laïc.

Sous les ors de l’Élysée (7)

Poincaré a une épouse un peu « différente », mais dont il sera toute sa vie très amoureux. Henriette Benucci est la fille d’un cocher italien, née hors mariage en 1858, puis légitimée en 1863. Elle reçoit une bonne éducation religieuse, épouse un aventurier irlandais au sortir du couvant, dont elle divorce. Elle se remarie à un industriel dont elle est bientôt veuve. Elle rencontre Poincaré dans le salon où elle reçoit hommes politiques et intellectuels. Elle devient l’épouse du futur président en 1904.

 

En 1917, elle est agressée dans le parc de l’Élysée par un orang-outang (ou un chimpanzé) échappé d’un cirque. L’animal tente de l’entraîner dans un arbre. La presse n’aura pas le droit d’évoquer ce rocambolesque enlèvement raté.

 

Pendant la Grande guerre, Madame Poincaré sera la marraine d’au moins 12 000 « filleuls ».

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7 juin 2014 6 07 /06 /juin /2014 14:45
Prégnance de l'Histoire
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5 juin 2014 4 05 /06 /juin /2014 05:51

Charles II d’Angleterre régna de 1660 à 1685. Il était le fils de Charles Ier, exécuté en 1649 pendant la première révolution anglaise. Il fut un grand protecteur des scientifiques (Isaac Newton en particulier). Il n’eut pas d’enfant légitime avec sa femme Catherine de Bragance, une austère portugaise qui faillit épouser Louis XIV. Elle ne put pas être couronnée reine puisque, catholique, elle ne pouvait prendre part à un service religieux anglican. Aucune des grossesses n’arrivèrent à terme.

 

Charles reconnut les douze enfants (il en eut quelques autres) qu’il eut avec sept de ses maîtresses. Lady Di descendait de deux fils illégitimes de Charles, Henry Fitzroy, 1er duc de Grafton et Charles Lennox, 1er duc de Richmond. Le fils de Diana, William, sera le premier monarque descendant de Charles II. Sarah Ferguson (l’épouse du prince Andrew) était également une descendante d’un des bâtards de Charles. Tout comme Camilla Parker-Bowles (inceste quand tu nous tiens !), ainsi que Samantha Cameron, la femme de l’actuel Premier ministre.

Maîtresses et amants des rois d’Angleterre (et d’Écosse) (10)

La légende veut que ce roi étalon, qui aimait les femmes « audacieuses et désinhibées », selon l’historien Derek Wilson, ait été dépucelé à l’âge de 14 ans par son ancienne gouvernante. Charles fut très généreux pour ses maîtresses, à la grande fureur du peuple qui dut payer de lourds impôts pour l’entretien de ces dames.

 

À noter que Louise-Renée de Pénancoët de Kéroual (ascendante de Lady Di, qui est donc bretonne, Pénancoët signifiant « bout de bois ») qui – tous les soirs – partagea la couche du roi pendant quinze ans, œuvra comme espionne de Louis XIV à la cour d’Angleterre. Louise-René inventa la robe à panier. William, un prochain souverain du Royaume-Uni, sera donc breton !

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 04:54

On glose régulièrement sur la baisse supposée du niveau des élèves. Je n'ai pas d'opinion bien arrêtée sur le sujet (alors que je ne suis pas le plus mal placé pour m'exprimer sur le sujet : je suis retraité de l'enseignement, fils d'enseignant, petit-fils d'enseignant et je suis né dans une école !). Une question toute bête : est-il important que ma petite dernière, qui va quitter le CM2 dans un mois, n'ait jamais entendu parler, en cinq ans d'études élémentaires, de Napoléon Ier ? Une réponse négative serait tout de même difficile à argumenter.

 

Autre question : est-ce qu'à son âge je possédais plus ou moins de vocabulaire que cette enfant qui aura passé comme moi les dix premières années de sa vie dans un foyer d'enseignants ? S'il est difficile de répondre, une chose est sûre : elle ne possède pas le même vocabulaire que moi au même âge.

 

Un abonné de Twitter a posté récemment un document qui permet de nous forger une opinion : une page du Club des Cinq qu'il lisait enfant, et la même page dans l'édition que découvre sa fille actuellement.

 

Enid Blyton a vendu plus de 400 millions d'ouvrages, les plus populaires étant justement la série du Club des cinq, publiée de 1942 à 1963, en France par la Bibliothèque rose.

 

Les choses sont claires et les carottes sont cuites. L'édition d'il y a trente ans comportait au moins un tiers de pages en plus que l'édition actuelle, mais surtout la langue a beaucoup perdu de sa richesse dans la version d'aujourd'hui (en va-t-il de même dans l'original et dans les 40 traductions de la série ?).

 

Qu'on ne me bassine pas sur l'absence de nivellement vers le bas de la culture pour tous !

Le Club des Cinq aujourd'hui
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